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29 août 2013 4 29 /08 /août /2013 06:50

Jean-Bouin.jpgUne toile géante tissée aux pieds du parc des princes, le Stade Jean-Bouin

En mai 2012, le blog avait commenté la rénovation massive du stade Jean-Bouin. Situé face au Parc des princes, le nouveau stade Jean-Bouin sera inauguré ce vendredi 30 août 2013 à l’occasion du match de rugby Stade-Français-Biarritz. Une enceinte rénovée dont l’esthétique se différencie de celle de son voisin le Parc.

Passant d’une capacité de 5 000 à 20 000 spectateurs, le nouveau Stade Jean Bouin dessiné par Rudy Ricciotti fait le pari de la légèreté et de la lumière. Cette résille ondulante de 23 000 m2, qui enveloppera dès 2013 dans son cocon de béton les fans de rugby, constitue une première mondiale et synthétise un ensemble de défis technologiques.

« La transparence découlant de la résille alvéolaire installe un dialogue entre le complexe sportif et son environnement. » Rudy Ricciotti, architecte

Depuis sa construction à Paris en 1925, le Stade Jean Bouin accompagne l’histoire du rugby et plus particulièrement celle de l’un de ses clubs mythiques : le Stade Français. Pour ce quartier résidentiel qui accueille trois des plus importants équipements sportifs de la capitale française (Roland Garros, le Parc des Princes et le Stade Jean Bouin), l’enjeu pour son concepteur Rudy Ricciotti, était « de prendre le contre-pied d’une architecture massive en se dédouanant d’un impact brutal sur le paysage urbain ».

Il en résulte une enveloppe totalement dissymétrique, qui ondule dans les trois dimensions pour qu’ici « la structure soit suggérée et que l’enveloppe de béton à ultra-hautes performances contienne l’édifice, telle une peau sur un corps » précise son architecte.

« Seule une maille triangulaire permettait de composer cette nappe à double courbure », explique Romain Ricciotti, cofondateur de Lamoureux Ricciotti Ingénierie, le bureau d’études structures en charge du projet.

Jean Bouin3

3 600 triangles autoportants en Ductal®, de 8 à 9 m de long par 2,5 m de large, et 4,5 cm d’épaisseur en moyenne, constituent cette enveloppe de 23 000 m2  dont 12 000 m2  assurent en couverture la protection de l’ensemble des spectateurs.

Car si en façade les panneaux dessinent une résille poreuse et légère, en toiture, le dessin se simplifie pour que les vides intègrent des inclusions de verre protecteur et lumineux. Si cette association verre-BFUP donne toute son originalité au projet, elle n’en a pas moins constitué un des défis techniques les plus novateurs pour assurer une enveloppe étanche qui recouvre l’intégralité de la surface du stade (hors pelouse).

Fabriqués par Bonna Sabla au rythme de 18 par jour, les panneaux sont livrés sur site en flux tendus et posés suivant un ordre très précis pour être liaisonnés aux fléaux de la charpente métallique par des attaches rotulées permettant de résister aux assauts du vent.

L’isolation phonique a, elle aussi, fait l’objet d’une attention toute particulière. Les caractéristiques géométriques du stade et la disposition enveloppante des gradins concentrent l’énergie sonore vers le public, assurant simultanément ambiance festive à l’intérieur de l’enceinte et confort pour le voisinage.

Ce respect de l’environnement urbain a conduit toute la démarche de l’architecte. « La transparence découlant de la résille alvéolaire installe un dialogue entre le complexe sportif et son environnement. En s’affranchissant de clôtures et de façades totalement opaques, notre proposition fait le choix de la convivialité et de l’élégance », déclarait Rudy Ricciotti lors du rendu de concours.

Nul doute que, même à mi-parcours de la pose de cette enveloppe, son essai est transformé.

Jean Bouin1

Propos recueilli Ductal…

Entretien avec Romain Ricciotti Co-fondateur de Lamoureux Ricciotti Ingénierie

En quoi l’enveloppe mise en œuvre pour le nouveau Stade Jean Bouin peut-elle être caractérisée d’enveloppe “intelligente” ?

Romain Ricciotti : Cette enveloppe répond aux deux grands partis pris de l’architecte :

- une enceinte de stade qui délimite directement le rapport à la rue. Ici c’est l’enveloppe qui définit l’emprise urbaine.

- une enveloppe dont la morphologie à double courbure, directement liée à l’emprise urbaine en élévation, exploite toutes les hauteurs constructives maximales en respectant son environnement.

Le défi technique était de recréer cette morphologie complexe en définissant une structure et une enveloppe étanches qui assurent une protection des spectateurs contre la pluie et le vent et un écran acoustique à la hauteur de l’enthousiasme de 20 000 spectateurs. Elle devait aussi assurer le drainage et l’évacuation des eaux et le rendu architectonique.

Des contraintes qui fixent un niveau de qualité plaidant pour un BFUP. Toute la réflexion a été de substituer à une conception classique avec plusieurs corps d’état, une conception monolithique avec une unique épaisseur constructive. Ou pour le dire plus simplement, faire en sorte qu’un panneau de couverture inclut l’ensemble des épaisseurs et des étapes constructives. Chaque pièce intègre à la fois la structure pri- maire et la structure secondaire, le drainage des eaux, la peau architectonique et surtout l’imperméabilité via les inclusions de verre au coulage.

Au-delà de cette “intelligence technique”, cette approche permettait aussi de réussir économiquement en compilant toutes les étapes constructives en une seule.

Le recours à un seul matériau, le Ductal®, nous permet de limiter toutes les interfaces avec pour conséquences, plus de durabilité, moins de joints de recouvrement des pièces intermédiaires, moins de temps de pose, plus de sécurité puisque toutes les pièces constructives de l’enveloppe sont exécutées en atelier…

Une performance économique qui s’accompagne aussi d’une performance environnementale. En effet, en « compactant » la conception on utilise moins de matériaux, on dépense donc moins d’énergie primaire, le tout pour une plus longue durée de vie sans maintenance lourde.

Enfin, le volet « territorial » de nos ouvrages relève des choix de conception dont les effets induits sont, pour nous, décisifs : les filières des matériaux sont essentiellement locales, les technologies et les métiers sont tous hérités de filières à la fois françaises et de haut niveau. En conséquence, elles induisent une redistribution locale des montants des travaux et donc des richesses et des savoirs-faire. Le transit et la localisation des coûts de construction pour la charpente métallique ou pour d’autres types d’enveloppe sont beaucoup moins clairs.

Ici, l’enveloppe BFUP fait appel à des ressources d’une part plus durables et, d’autre part, portées par des métiers de haut niveau, français et non délocalisables.

De mon point de vue, à intention architecturale équivalente, le rapport offert par le BFUP est décisif.

En quoi est-ce une première ?

R. R. : À ma connaissance une enveloppe de 23 000 m2  en béton dont 12 000m2 de couverture étanche, cela n’existe pas. Cette « cathédrale de béton » est le résultat de 3 années d’études notamment pour définir la solution de verre inclus qui a nécessité des études avec prototypes à échelle 1 testés pendant plusieurs mois au CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment). Tests de fatigue, tests d’étanchéité, tests physico-chimiques de vieillissement accéléré, tests de chocs mécaniques et thermiques, tous ont été menés dans l’objectif d’obtenir une ATEx (Appréciation Technique d’Expérimentation) que nous avons présentée en amont de la consultation des entreprises, sur une solution constructive innovante mais fiable.

Nous travaillions ici sans filet réglementaire et nous nous devions de lever tous les aléas pour les entreprises. À la réalisation de ces nouveaux systèmes constructifs, sont également associés de nouveaux modes de conception, conjuguant études théoriques et sur prototype, tests en soufflerie numérique, modélisation 3D...

Ils induisent une ingénierie de haut niveau en conception et en travaux qui nécessitent un partenariat intense entre bureaux d’études, préfabricant, poseurs, entreprises, bureau de contrôle (Qualiconsult), et bien sûr le CSTB. C’est ce travail d’équipe qui, j’en suis persuadé, rendra le BFUP incontournable à l’avenir.

 

L’Appréciation Technique d’expérimentation a été créée à l’initiative du CSTb (Centre Scientifique et Technique du bâtiment). il s’agit d’une procédure rapide d’évaluation technique formulée par un groupe d’experts sur tout produit, procédé ou équipement ne faisant pas encore l’objet d’un avis technique afin de faciliter la prise en compte de l’innovation dans la construction (Source : CSTb).

 Jean Bouin5

 

Maître d’ouvrage : ville de paris

Maître d’œuvre : Rudy Ricciotti

Bureau d’études généraliste: Bérim

Bureau d’études Charpente : Groupe ALTo / marc malinowsky

Bureau d’études Structure et enveloppe : Lamoureux et Ricciotti

Ingénierie entreprise : Léon Grosse

Charpente : Cabrol

Préfabricant : bonna Sabla

SHOB: 70000m2

Terrassements: 90000m3

Béton: 35000m3

Aciers: 3500 tonnes

Charpente métallique: 2500 tonnes

Couverture BFUP: 22000m2

Crédits photographiques © Leon Grosse   

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Published by LV_RM - dans Complexes sportifs
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