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12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 08:36

Marais PoitevinUn établissement public pour « la Venise verte », le marais poitevin

Deuxième zone humide de France après la Camargue, le Marais poitevin est un paysage vert parcouru par des chemins d’eau, qui s’étend sur 100 000 hectares au cœur de la façade Atlantique. Par ailleurs, suite à la décision ministérielle en mai 2010 d’accorder le label grand site de France au Syndicat mixte du Parc Interrégional du Marais Poitevin  marque la reconnaissance d’un patrimoine exceptionnel.

A l’ouest, deuxième zone humide quant à sa superficie, entre l’océan, les plaines de Vendée au Nord, la plaine de Niort (Deux Sèvres) à l’Est et la Plaine d’Aunis (Charente Maritime) au Sud.

Un territoire d’exception qui est né à l’an 1000 par des moines asséchant le marais au sol fertile pour y cultiver des céréales. Ainsi de nombreux canaux ont été réalisés, ainsi que des portes à flot (système de bascule laissant l’eau s’écouler vers la mer à marée basse et se fermant à marée haute).6 000 hectares de marais furent asséchés en deux siècles.

Au cours de la guerre de Cent-ans, le marais fut abandonné, ainsi les travaux engagés furent abandonnés, les canaux s’obstruèrent, les cultures disséminées. Une telle situation qui amena la famine.

La reconquête de la région par Du Gesclin vers 1360 apportera un nouvel élan au territoire marécageux. En 1409, un vaste programme de réaménagement du marais est lancé. Ainsi le marais voit ses travaux reprendre par les moines de Maillezais. Malgré des incartades répétitives freinant l’avancée du réaménagement, Louis XI après son couronnement en 1465, ordonna des pouvoirs aux Religieux Maillezais pour organiser et agencer les travaux dans le marais.

Même si les travaux n’ont pas pu avancer de manière plus significative, notamment durant la période de François Ier, qui se désintéressa de la région, c’est sous le règne de Henri IV que des travaux d’assèchement furent entrepris.

Une succession d’assèchement du marais furent engagés et virent la réalisation de près de 75 km de canaux par Pierre Siette, ingénieur rochelais et géographe du roi Louis XIII.

Mais c’est au cours du XVIIème siècle qu’une grande partie de l’assèchement des Marais Desséchés fut accompli.

Cependant, les Marais Mouillés avaient été oubliés : ils inondaient les Marais Desséchés lors des fortes crues de la Sèvre Niortaise. Des digues furent alors érigées pour contenir les crues en amont des Marais Desséchés et vers 1660, des canaux (bot et contrebot de Vix) furent creusés pour déverser les eaux dans la mer.

Puis plus rien jusqu’au milieu du XVIIIe siècle et Louis XV, pour apercevoir, les Huttiers parcourir le marais et s’installer en périphérie.

Sous l’empire (1804-1814), Napoléon Bonaparte rédigea le statut de la Sèvre Niortaise qui devint de fait voie navigable, appartenant toujours à l’Etat aujourd’hui.

A la chute de l’Empire, l’avenir de la Sèvre Niortaise était déterminé contrairement à celui des Marais Mouillés. C’est seulement sous le règne de Louis Philippe en 1830 que fut créée la première association des Marais Mouillés en 1832 qui scellera son avenir.

Des travaux furent entrepris : redressement de la Sèvre, ouverture de la grande rigole longue de 12 km allant du canal de La Garette au canal du Mignon, ouverture de conches et petits fossés…

Beaucoup de Huttiers rejoignirent alors la civilisation. Les Marais Mouillés passaient d’une végétation inextricable à des pâturages et à des terres de culture. C’est ainsi que les maladies (paludisme) liées aux régions marécageuses disparurent.

 Marais Poitevin1

 

Territoire d’exception, abritant une faune et une flore particulièrement riche, l’anguille du marais véritable emblème du marais présente dans les fossés creusés. Son séjour maraîchin commence quand les alevins nés dans la mer des Sargasses parviennent en baie de l’Aiguillon. Passant des eaux saumâtres aux eaux douces, les pibales (civelles) deviennent anguille jaunes (pibas) qui remontent rivières et canaux jusqu’au dédale de la Venise Verte. Brochet, sandre, perche, tanche, carpe, gardon, ablette, goujon, .. et d’autres fourmillent le long des lacets du marais. Les martins-pêcheurs creusent leurs nids dans les berges, les poules d’eau et foulques se régalent des vers du marais, tandis que la bécassine des marais, le vanneau huppé, le courlis cendré enfouissent leurs becs dans le sol du marais. Les hérons cendré, pourpré et bihoreau parcourent eux aussi les prairies du marais Poitevin. Enfin, la loutre qui participe à l’édification des berges.

 

Une survie grâce aux hommes qui façonnent ses cours d’eau et entretiennent les espaces ainsi dessinés. Résultat d’un équilibre sans cesse réajusté entre l’eau et la terre, il nécessite une protection attentive.

Afin de coordonner la gestion de l’eau et la préservation de la biodiversité dans ces lieux, un établissement public pour le Marais poitevin est aujourd’hui créé.

« Depuis 2002 au travers du plan gouvernemental pour le Marais Poitevin, l’Etat œuvre à la préservation de ce patrimoine aussi remarquable que fragile. Le marais perdure depuis des siècles grâce à l’action permanente des hommes. Ce plan a permis par exemple à la « Venise verte » de retrouver son vaste réseau de canaux fonctionnels, où les vaches maraîchines sont conduites en barque dans les prairies, au cœur du marais mouillé. Ce nouvel établissement public va permettre à tous les partenaires du marais de donner un élan nouveau aux actions déjà engagées. Nous poursuivrons le travail des moines de Maillezais », s’est réjouie Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.

 

Issu de la loi Grenelle 2, cet établissement public vise à concilier une activité économique indispensable à la vie de ce territoire de 100 000 habitants, et la préservation de ses milieux remarquables. Son espace d’action est plus vaste que le Marais en lui-même, puisqu’il doit animer la concertation et coordonner l’ensemble des interventions sur les 630 000 hectares qui constituent les bassins versants d’alimentation du Marais poitevin, qui s’étendent sur quatre départements: la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres, la Vendée et très partiellement la Vienne. Ce nouvel organisme doit œuvrer selon deux axes :

􏰀 la gestion de l’eau, à l’exception de l’eau potable et de la prévention des inondations. La régulation optimale des niveaux d’eau au sein de la zone humide est une préoccupation majeure. L’établissement public animera notamment deux commissions            consultatives            qui            réuniront l’ensemble des parties prenantes, l’une pour le suivi de la gestion opérationnelle des niveaux d’eau, et l’autre chargée de proposer la répartition des prélèvements d’eau dans les nappes et les cours d’eau du bassin versant.

􏰀 la préservation de la biodiversité : Natura 2000, servitudes imposant des pratiques aux gestionnaires du terrain, droit de préempter ou d’acquérir à l’amiable un bien foncier font partie de ses attributions.

Implanté dans le sud Vendée, à Luçon, l’établissement public pour le Marais poitevin est présidé par le Préfet de Poitou-Charentes, préfet coordonnateur pour les actions de l’Etat dans le Marais poitevin.

Marais Poitevin2

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Published by Lucvieri - dans Patrimoine
3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 07:00
Le 2 mars 2014, le Château de Versailles ouvre sa Galerie des Sculptures et des Moulages

Le 2 mars 2014, le Château de Versailles ouvre sa Galerie des Sculptures et des Moulages

Ouverte le 2 février dernier, la Galerie des Sculptures et des Moulages sera rouverte pour le 2 mars prochain.

Elle y dévoilera notamment des trésors exceptionnels. Parmi les œuvres à découvrir : des moulages d'après les plus illustres sculptures antiques et des œuvres originales des jardins de Versailles.

Une collection exceptionnelle de moulages d’après l’antique
Installée à la Petite Ecurie, la gypsothèque (collection de moulages d’après l’Antique) du musée du Louvre se distingue par son ampleur, par la présence de tirages anciens des XVIIe et XVIIIe siècles et par un riche fonds d’architecture, qui comprend un ensemble unique d’ordres grecs et romains.

Les œuvres originales des jardins de Versailles
Les sculptures en marbre présentées dans la rotonde du manège et dans la grande galerie axiale proviennent des jardins du château de Versailles. Afin de mettre un terme au processus d’érosion qui les affecte inéluctablement lorsqu’elles sont exposées en plein air, elles ont été mises à l’abri et remplacées par des copies, pour la plupart à partir de 2008, dans le cadre de la campagne de sauvetage des chefs-d’œuvre sculptés des jardins de Louis XIV.

Crédit photographique : © EPV / D. Saulnier

Le 2 mars 2014, le Château de Versailles ouvre sa Galerie des Sculptures et des Moulages

Apollon servi par les nymphes et les Chevaux du Soleil

Ces trois groupes ont été réalisés entre 1666 et 1675 pour orner la grotte de Téthys, située à l’emplacement actuel de l’aile Nord du Château. En 1684, au moment de la destruction de la grotte, ils ont été installés dans les jardins du Château. En 1781, lors de l’aménagement du bosquet des Bains d’Apollon sous la direction du peintre Hubert Robert, ils ont été placés sur le rocher artificiel du nouveau bosquet.
Ces trois groupes forment sans aucun doute le chef-d’œuvre de la sculpture française du XVIIe siècle. Le principal d’entre eux, Apollon servi par les nymphes, est dû aux sculpteurs François Girardon (1628-1715) et Thomas Regnaudin (1622-1706) : il représente le repos du dieu solaire auprès des nymphes de la déesse marine Téthys.
Les deux autres groupes représentent Les Chevaux du Char du Soleil, assoiffés et ivres de la liberté qui leur est provisoirement offerte chaque soir : le premier a été réalisé par Gilles Guérin (1611-1678), le second par les frères Marsy, Gaspard (1624-1681) et Balthasar (1628-1674).
Mis à l’abri en 2008 afin d’assurer leur sauvegarde, ils ont été restaurés et remplacés dans les jardins par des copies grâce au mécénat de The Versailles Foundation, Inc.

Crédit photographique : © EPV / D. Saulnier

Le 2 mars 2014, le Château de Versailles ouvre sa Galerie des Sculptures et des Moulages

Callisto, dite aussi Compagne de Diane
Callisto, compagne de Diane, la déesse de la chasse et la sœur du dieu Apollon, avait fait vœu de virginité. Séduite par Jupiter, elle fut transformée en ourse par Diane, furieuse de son infidélité. Le sculpteur Anselme Flamen (1647-1717) l’a représentée en train de chasser, tenant un filet et accompagnée d’un lévrier. Sculptée à l’origine en 1696 pour les jardins de Marly, Callisto fut transférée en 1705 dans les jardins du château de Versailles, au bosquet des Dômes.

Ce groupe a été mis à l’abri entre 2011 et 2012 et remplacé dans les jardins par une copie grâce au mécénat de The Versailles Foundation, Inc.

Le Point du Jour
Exécutée par Pierre Legros (1629-1714) entre 1686 et 1696, cette figure apollinienne brandit le flambeau matutinal tout en esquissant un mouvement quasi chorégraphique. L’élégance presque intemporelle de l’œuvre est composée par l’agitation du drapé, qui traduit le caractère fugace de l’instant.

Entre 2010 et 2011, cette sculpture a été mise à l’abri et remplacée dans le bosquet des Dômes par une copie grâce au mécénat de The Versailles Foundation, Inc.

Crédit photographique : © EPV / D. Saulnier

Le 2 mars 2014, le Château de Versailles ouvre sa Galerie des Sculptures et des Moulages

Latone et ses enfants
C’est une des œuvres les plus célèbres de Versailles. Elle fut réalisée entre 1668 et 1670 par les frères Gaspard et Balthasar Marsy pour orner le bassin de Latone, au centre de la grande perspective est-ouest des jardins.

L’épisode représenté est tiré des Métamorphoses d’Ovide. Pour échapper à la jalousie de Junon, Latone s’enfuit en Lycie avec ses deux enfants, Diane et Apollon. Elle s’arrête au bord d’un étang pour se désaltérer, mais des paysans l’empêchent de boire. Elle implore alors le secours de Jupiter, le père de ses enfants. Aussitôt, les paysans lyciens sont transformés en grenouilles et en crapauds.

Victime d’un acte de vandalisme en 1980, le groupe a été mis à l’abri et remplacé par une copie dans les jardins. L’original en marbre a été restauré en 2012.

La rivalité entre Latone et Junon

Latone, assimilée à Léto dans la mythologie grecque, est la fille du titan Koios et de la titanide Phœbé. Devenue la maîtresse de Jupiter, elle conçoit avec lui deux enfants, Diane et Apollon.

Lorsqu’elle apprend cette grossesse, Junon, la femme de Jupiter, entre dans une colère noire. Elle décrète l’exil de l’univers pour sa rivale, interdisant à aucune terre d’accueillir son accouchement. Condamnée à une fuite perpétuelle, Latone entame un périple sans fin à travers la Terre, parvenant à trouver un refuge provisoire sur l’île de Délos où elle donne naissance à Apollon et à Diane.

A peine ses deux jumeaux ont-ils vu le jour que Latone doit reprendre sa fuite pour échapper au courroux de Junon. Son périple la conduit jusqu’aux confins de la Lycie, où se tient l’épisode illustré au cœur du jardin de Versailles.

La rencontre entre Latone et les paysans de Lycie

Au cours de sa fuite, Latone parvient un jour en Lycie, région d’Asie Mineure située au sud de l’actuelle Turquie. Epuisée, assoiffée, elle décide de s’y arrêter et aperçoit au fond d’une vallée un étang au bord duquel des paysans sont occupés à ramasser des joncs et des algues. Attirée par les eaux limpides de cet étang, elle s’en approche pour s’y désaltérer. Alors qu’elle se penche vers l’eau, les paysans s’opposent à elles, lui interdisant de boire. Surprise, Latone tente de les apaiser et leur répond ainsi.

« Pourquoi me défendez-vous ces eaux ? Les eaux appartiennent à tous. La nature, bonne et sage, fit pour tous l'air, la lumière et les ondes. Je ne veux que jouir d'un bien commun à tous et, cependant, je vous le demande comme un bienfait. Mon dessein n'est pas de rafraîchir mon corps épuisé mais d’apaiser ma soif. Ma bouche est desséchée et je peux à peine parler. Cette onde sera pour moi égale au nectar ; permettez m'en l'usage et j'avouerai que je vous dois la vie. Ah ! Laissez-vous toucher par ces deux enfants qui, suspendus à mon sein, vous tendent leurs faibles bras ».

Insensibles à ces supplications, les paysans persistent dans leur refus. Ils intiment à Latone l’ordre de quitter les lieux et, pour s’assurer qu’elle ne puisse boire, se jettent dans l’étang. Ils en piétinent le fond de leurs pieds, en agitent l’eau de leurs bras, soulevant jusqu’à la surface une épaisse couche de vase.

La colère de Latone et la métamorphose

De colère, Latone en oublie sa soif et, élevant ses mains vers le ciel, pousse un cri. « Puissiez-vous vivre à jamais dans la fange de votre étang !». Aussitôt, son vœu est entendu et la métamorphose commence.

Comme pris de folie, les paysans s’élancent subitement vers l’étang : ils y plongent, en ressortent, y plongent à nouveau, nagent au fond, remontent à la surface, pointant leur tête hors de l’eau avant d’y disparaître une nouvelle fois. Ce faisant, ils continuent d’invectiver Latone et, même sous l’eau, leurs cris d’injure se font entendre encore. Déjà leurs voix changent, leurs gorges s’enflent, leurs bouches s’élargissent, leurs têtes s’enfoncent dans leurs épaules, leurs dos verdissent, leurs ventres s’arrondissent et blanchissent. Devenus grenouilles, les paysans de Lycie vivront à jamais, ainsi que Latone les y a condamnés, dans la fange de leur étang.

C’est donc cet épisode de la rencontre entre Latone et les paysans de Lycie qui est représenté sur le bassin de Latone, au cœur du jardin de Versailles.

Au sommet, le groupe sculpté a été réalisé en marbre blanc. Les deux enfants, Apollon et Diane, tendent leurs bras suppliants vers les paysans. Latone a déjà les yeux levés vers le ciel et sa bouche entrouverte suggère la malédiction proférée à l’encontre des paysans. La blancheur éclatante du groupe offre un contraste saisissant avec les figures de plomb doré installées sur les étages inférieurs.

Mi-hommes mi-grenouilles, six paysans sont en cours de métamorphose. Certains ont encore, presqu’intacte, leur apparence humaine. D’autres ont presqu’achevé leur transformation : leurs bouches sont larges et rondes, leurs mains se sont transformées en palmes… Les jets d’eau qu’ils crachent évoquent les injures adressées à Latone et qui ont abouti à leur métamorphose.

Crédit photographique : © EPV / D. Saulnier

INFORMATIONS PRATIQUES

Dimanches 2 février et 2 mars 2014
De 10h à 17h

La galerie des Scultptures et des moulages est située dans la Petite Ecurie (voir plan ci-contre)

Accès gratuit

Attention, en raison de travaux, le REC C ne dessert pas la gare de Versailles Rive Gauche le 2 février.
Pour venir à Versailles, empruntez les trains SNCF arrivant aux gares de Versailles Chantiers (depuis Paris Montparnasse) ou de Versailles Rive droite (depuis Paris Saint Lazare).

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29 juin 2015 1 29 /06 /juin /2015 13:29

MuseeBalBelle rénovation du Musée de l’Evêché de Limoges…

Situé au pied de la cathédrale dans le quartier historique de la Cité, le musée des Beaux-Arts de Limoges occupe l’ancien palais épiscopal édifié à la fin du XVIIIe siècle, aujourd’hui classé Monument historique. Cet édifice majestueux, situé au cœur de jardins dominant la vallée de la Vienne, accueille le musée depuis 1912. En granit, en forme de U, il est accompagné de deux pavillons d’entrée et d’une orangerie. La chapelle, dans une des ailes, a conservé l’essentiel de son décor intérieur des XVIIIe et XIXe siècles, il a été réalisé par Joseph Brousseau, entre 1766 et 1774, et reste l’une des rares traces de l’architecture classique à Limoges. Le musée abrite diverses collections liées à l’histoire, à la culture et au rayonnement de Limoges, mais également les collections de sculptures, peintures et dessins, dont les fonds historiques de la ville, qui ornaient les bâtiments publics (dont les anciens hôtels de ville). Ces fonds formèrent l’amorce du musée municipal dès la première moitié du XIXe siècle. Il s’agit à ce titre du musée des Beaux-Arts de la ville.

Après quatre années de travaux, le nouveau musée des Beaux-Arts de Limoges, le Bal, a rouvert ses portes au public le 4 décembre.

Entre 2006 et 2010, la Ville de Limoges a mené une complète restructuration de son musée : la rénovation des bâtiments anciens et la construction d’extensions ont fait du musée un lieu vivant où chacun est invité à venir et revenir au fil de ses envies… 



La ville a investi 25 M€ d’euros pour réaménager le musée (rénovation des bâtiments anciens et construction d’extensions) afin d’améliorer la présentation des collections et d’agrandir l’espace d’expositions temporaires.

Des travaux nécessaires à cet établissement afin d’assumer pleinement son rang parmi les plus grands musées du centre et sud-ouest de la France :

MuseeBal1

Le redéploiement des collections permanentes sur les trois niveaux du bâtiment principal sur 2 000 m2 ; La création d’une salle d’expositions temporaires ; La création d’une salle audiovisuelle de 60 places ; La création d’une galerie souterraine reliant les pavillons aux collections permanentes du bâtiment principal.

Le bâtiment majestueux a été rendu à sa splendeur grâce au cabinet d’architectes Philippe Charles Dubois et Associés – également chargé de la réhabilitation du musée Toulouse-Lautrec à Albi-.

Entièrement rénové, le palais a retrouvé l’authenticité et l’harmonie de ses volumes d’origine et offre désormais aux visiteurs un parcours clair et équilibré à la découverte des collections permanentes dont l’accès reste gratuit.



Parallèlement, de nouveaux espaces ont été créés afin de permettre au musée de remplir la totalité de ses missions à l’égard des collections et du public : une salle d’expositions temporaires de 400 m², modulable, percée d’échappées sur l’extérieur, un hall d’accueil vaste et lumineux conduisant à un escalier monumental orné par Stéphane Calais d’une fresque murale (1% culture), des salles pédagogiques afin d’assurer l’organisation d’ateliers pour le jeune public, une bibliothèque, un auditorium, des réserves et des ateliers de restauration.

La restauration des parties classées parmi les Monuments historiques a été confiée à l'architecte en chef des Monuments historiques territorialement compétent : ainsi les décors de la chapelle, en grande partie du XIXe siècle, les boiseries Louis XV (en remploi) de l'ancienne bibliothèque, la rotonde d'entrée, l'escalier d'honneur, l'ensemble des parquets et des boiseries du palais ont fait l'objet de méticuleuses rénovations par des entreprises spécialisées après renforts des structures du bâtiment et reprise de tous les réseaux techniques. Il en va de même de l'ancien salon d'honneur, dont le décor (boiseries, stucs, portraits des évêques) est pourtant entièrement du xixe siècle. La conservation et les ateliers et annexes ont déménagé en 2008 vers les pavillons d'entrée, ce qui permet de libérer la totalité du corps principal.

Ayant doublé sa surface d’exposition (de 1500 m2 à 3000 m2), le musée dévoile des collections organisées autour de quatre grands pôles d’exposition : les émaux, les antiquités égyptiennes, l’histoire de Limoges et les Beaux-Arts.

MuseeBal3

Les collections présentées sont réparties en quatre grands pôles : 



La collection d’émail assure la singularité et la renommée du musée : elle offre un large panorama de la production des ateliers limousins du XIIe siècle à nos jours et un aperçu de la création internationale. Un trésor à découvrir. Comptant plus de 600 pièces illustrant la production des ateliers limousins du XIIe siècle à nos jours, la collection d’émaux offre un panorama de la création de la création internationale en matière d’émail. Assurant la renommée du musée, la collection est divisée en quatre parties : les émaux champlevés, les émaux peints de la Renaissance, ceux de l’époque moderne et la période contemporaine.

Encore largement méconnue, la collection Beaux-Arts propose des peintures de la Renaissance italienne aux grands maîtres du XXe siècle comme Renoir ou Valadon. Elle propose en outre un remarquable ensemble d’estampes et dessins, complété par des sculptures modernes et contemporaines. 



Le musée doit sa belle collection d’antiquités égyptiennes, riche de près de 2000 pièces, à la générosité de Jean-André Périchon, un industriel originaire du Limousin qui fit carrière en Moyenne Egypte au début du XXe siècle. Rythmée par une série de maquettes, l’histoire de Limoges, depuis sa création à l’époque gallo-romaine jusqu’au début du XXe siècle, est illustrée notamment par du mobilier archéologique, des sculptures romanes et gothiques ou encore des peintures… Un voyage dans le temps servi par des œuvres remarquables.


Une galerie de liaison, permettant de relier le palais de l’Evêché au pavillon ouest (où se trouve l’accueil et la librairie), la galerie de liaison abrite des vitraux réalisés par le maître verrier Francis Chigot (1879-1960).

Une exposition inaugurale, la réouverture du musée avec la présentation de plusieurs œuvres de la collection des Beaux-Arts dont La maison carrée et les arènes de Nîmes d’Hubert Robert, le Tournoi près des fossés du château de Steen d’Eugène Delacroix ou les Gorges d’Apremont de Théodore Rousseau.

MuseeBal2 

Musée des Beaux-Arts, palais de l’Évêché

Place de la Cathédrale

87000 Limoges

www.museebal.fr

MuseeBal4 

HORAIRES & TARIFS

Jours et heures d’ouverture

Du 1er avril au 30 septembre
ouvert tous les jours (sauf le mardi)
de 10h à 18h 

Du 1er octobre au 31 mars
ouvert tous les jours (sauf le mardi et le dimanche matin)
de 10h à 12h et de 14h à 17h 

Fermeture annuelle : les 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 décembre

Tarifs

Accès aux collections permanentes GRATUIT pour tous et toute l’année.

Tarifs des activités encadrées : 

5 € plein tarif 

3 € tarif réduit (moins de 18 ans, étudiants, demandeurs d’emploi, bénéficiaires des minima sociaux, handicapés)

Réserver une activité 

Par téléphone : 05 55 45 98 10 

Par courriel : musee-bal@ville-limoges.fr

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Published by Lucvieri - dans Patrimoine
7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 11:04
Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

Le HWK est un éperon rocheux pyramidal dans le massif des Vosges. Il surplombe de ses 956 mètres la Plaine d’Alsace, au pied duquel se trouve le col du Silberloch où un Monument national a été construit en souvenir des combats de la Grande Guerre.

Constituant un champ de bataille stratégique durant la Première Guerre mondiale, c’est un lieu de mémoire classé monument historique en 1921. On y dénombre la construction de 6 000 abris, 90 kilomètres de tranchées. Les combats ont fait 60 000 victimes françaises et allemandes dont 25 000 morts, 1 264 tombes sont regroupées dans le cimetière national. La crypte abrite plusieurs milliers de soldats français inconnus.

Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

Construction du monument

Le monument du Hartmannswillerkopf (HWK) est l'un des quatre monuments nationaux de la Grande Guerre (1914-1918), statut de "haut lieu" français qu'il partage avec Douaumont dans la Meuse, Dormans dans la Marne et Notre-Dame de Lorette en Artois.

En 1920, sous l’égide du Souvenir français, le général Tabouis, ancien commandant de la 9° division d'Infanterie qui avait pris d’assaut le sommet, imagina le projet du monument et, en 1921 à partir des comités de Thann et de Mulhouse, il constitua un seul comité dont il fut désigné président fondateur avec l’accord du ministre de la guerre et de celui de l’instruction publique et des Beaux-Arts, le site ayant été classé comme « monument historique » parmi les tous premiers en France. Déclaré d’utilité publique et pris en compte par l’Administration des Beaux Arts, le projet fut présenté en 1925 à Paris au Président de la République Gaston Doumergue qui l’approuva et lui accorda son patronage officiel, toujours reconduit depuis.

Sous l’impulsion énergique du général Tabouis, le Comité fit un exceptionnel travail de promotion (présentation d’une maquette dessinée par Danis alors notamment directeur des Beaux-Arts en Alsace-Lorraine à l’Exposition nationale des arts décoratifs et industriels modernes à Paris en 1925) et lança une souscription nationale dont le succès fut à la hauteur des sacrifices consentis au HWK et permit de construire le monument sans participation de l’Etat.

Le monument fut solennellement inauguré en 1932 par le Président de la République Française, Albert Lebrun, entouré des Maréchaux, tous membres du Comité. A la suite du Président Paul Doumer qui avait soutenu le projet dès son lancement, il marquait ainsi la sollicitude de la Nation envers un lieu qui fut un enjeu tant militaire que de prestige, et dont la réputation sanglante de « Montagne de la Mort » ou de « Mangeur d’hommes » fut terrible des deux côtés du Rhin.

Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

Nouveau comité

Fin 2003, le général Bernard Cochin, ancien chef de corps du 152° régiment d'Infanterie de Colmar (1994-1996) dont les soldats ont gagné le surnom de Diables Rouges donné par les Allemands au HWK en 1915 et payé le plus lourd tribut qui soit, a été élu président du Comité, septième président depuis sa création, M. Jean Klinkert, notamment directeur de l’Agence de Développement Touristique de Haute-Alsace, prenant alors la fonction nouvellement créée de vice-président délégué compte tenu de ses compétences, de sa connaissance intime des lieux et des moyens dont il dispose pour faire fonctionner le Comité.

Pour associer les efforts au meilleur niveau et donner les impulsions nécessaires, trois vice- présidents non délégués du Comité ont été élus : le président du Conseil Général du Haut- Rhin, M. Charles Buttner, le député-maire de la Communauté de Communes de Cernay et Environs, M. Michel Sordi et, de droit, les chefs de corps successifs du 152.

En 2004, la Croix sommitale fut restaurée et remise en lumière au cours d'une cérémonie franco-allemande, grâce aux efforts conjugués de la Communauté de communes, de la Région, de la fédération Maginot, de l’UNC, d’EDF, de l’amicale du GMA et de l'Association des Amis du HWK qui ont fourni une main d’oeuvre bénévole pour entièrement refaire la ligne électrique entre la route des crêtes et le sommet. Ce fut, la première action visible de la revivification du site.

Le Comité a simultanément lancé une opération générale de réhabilitation du site historique qui comprend trois grands sous- projets complémentaires à l’Abri-Mémoire d’Uffholtz :

- la restauration du Monument National

- la création de parcours scénographiés du champ de bataille

- la création du premier historial franco-allemand de la grande-guerre.

Un appel à souscription publique a été lancé en janvier 2008 auprès de 40 000 personnes et organismes et a connu un certain succès qui a permis de faire mieux connaître le site du Hartmannswillerkopf en France.

Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

Le 90e anniversaire de l’Armistice de 1918 fut commémoré en grande cérémonie au HWK dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne et des premières rencontres européennes de la mémoire organisées à Mulhouse et sur site les 9 et 10 novembre 2008 en présence de M. Jean-Marie BOCKEL, Secrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combattants et de la majorité de ses homologues européens, manifestations couvertes par la presse régionale, nationale et européenne.

Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

La restauration du Monument National : les travaux ont commencé à l’automne 2009 et ont été achevés à l’automne 2012. Ils ont bénéficié du soutien du Ministère de la Défense, du Conseil Régional d’Alsace, du Conseil Général du Haut-Rhin, du Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (VdK), de l’Union Européenne, des donateurs privés (particuliers, mécénat) qui constituent à ce jour le tour de table des financeurs de l'ensemble du projet, auxquels pourraient s'adjoindre la Fondation Entente Franco Allemande et des fondations étrangères (USA, République Tchèque, Autriche...).

Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

La création du parcours scénographié du champ de bataille

Une étude pour la mise en valeur du champ de bataille a été réalisée par l’ONF ainsi qu’une étude du sous sol par le BRGM afin de garantir la sécurité des parcours et enfin une étude Natura 2000 concluant à une incidence nulle voire positive pour certaines espèces.

Ce projet englobe la signalétique sur le site via 45 panneaux trilingues explicatifs historiques, naturalistes, paysagers. Ont été réalisés un traitement paysager du site, une mise en valeur des ouvrages, une mise en sécurité des sentiers et des ouvrages, une sécurisation de la maçonnerie des murs et des abris, un cheminement sécurisé, la réfection du chemin technique, des protections garde-corps, etc.

Il s’agit d’un circuit balisé et sécurisé de 4,5 KM, avec une première boucle dans la zone des combats, une deuxième dans la zone allemande et un plateau mémoriel sur le sommet. Il permet la découverte d’environ 150 points de grand intérêt : abris, tranchées, éléments ferreux, ouvrages qui sont restés quasiment en leur état depuis la Grande Guerre.

Une application pour smartphone vient compléter ce dispositif didactique.

Ce projet s’inscrit dans le cadre du Pôle d’Excellence Rurale « Tourisme de mémoire 14-18 » interdépartemental 68/88. Il bénéficie du soutien de l’Etat et des collectivités locales permettant de créer une synergie nouvelle entre 11 sites de la Grande Guerre, de les mettre en réseau et d'adopter un univers graphique commun.

Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »
Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

La construction du premier Historial franco-allemand de la Grande-Guerre

Le HWK, qui a été retenu par le Ministère de la Défense pour former un réseau national dédié à la mémoire 14-18 et qui participe également au Pôle d’Excellence Rurale « Tourisme de mémoire 14-18 », ne dispose pour le moment d’aucune infrastructure muséographique ni même d’accueil alors que 400 000 personnes passent chaque année devant le site et qu’environ 10 % s’y arrêtent.

Situé à proximité du monument, la construction d’un historial s’avère donc indispensable, point de départ ou d’arrivée de la visite du champ de bataille, en synergie avec l’abri-mémoire d’Uffholtz, situé dans la vallée et donc ouvert toute l’année.

Point de départ ou d'arrivée des parcours scénographiés pour les visiteurs, l'historial sera organisé en cinq pôles (Le Reichland, le front des Vosges et HWK 14-18, l'organisation du champ de bataille français et allemand, la vie quotidienne des combattants français et allemands et de la population civile, le HWK depuis 1918). L'image et le son seront privilégiés sur l'objet. Il aura une capacité d'accueil simultané d'une centaine de personnes. Une section accueil-entretien-information d'une trentaine de bénévoles vient par ailleurs d'être créée par le comité et initie la professionnalisation des conditions d'accueil sur le site.

L’historial est également prévu pour servir au sens large les intérêts et besoins pédagogiques locaux notamment en période estivale.

D’une architecture paisible et puissante, reprenant les principes définis par l’architecte du Monument National, il sera ouvert du 1er avril au 11 novembre, l’objectif de sa fréquentation moyenne étant de 50 000 à 80 000 visiteurs pendant les huit mois d’ouverture au public.

Un conseil scientifique regroupant des experts franco-allemands a été créé sous la présidence de l’historien mulhousien Eugène RIEDWEG avec l’appui du Dr Horst RHODE et du Professeur Gerd KRUMEICH.

Débutée en 2011, la phase de programmation a abouti en juin 2013 au choix et à la validation du pré-programme détaillant les intentions fonctionnelles du maître d’ouvrage (bâtiment à créer, fonctions et espaces), les intentions environnementales, la trame muséographique, l’approche touristique et économique du projet et l’enveloppe financière.

Lors d'un comité de pilotage qui a réuni en juin l'ensemble des parties prenantes sous la présidence du préfet de Région à Strasbourg, un projet a été choisi parmi quatre présentés. Il s'agit d'un bâtiment unique d'environ 720 m2 couverts qui abritera l'historial proprement dit, un espace accueil-information-boutique, un espace muséographique (salle audiovisuelle et salle d’exposition temporaire et permanente), un espace restauration, une salle hors-sac et un espace sanitaires.

Les parties extérieures d'environ 300 m2 seront aménagées et en partie couvertes pour le bien-être des promeneurs.

Le jury pour le choix de la maîtrise d’œuvre s’est réuni à deux reprises et a retenu au final le cabinet INCA de Grenoble assisté des cabinets ARTELIA de Schiltigheim (architecte cotraitant, structures et fluides) et LECONTE/NOIROT de Paris (muséographe et scénographe) parmi 45 offres; un avant-projet sommaire sera remis pour l’automne et les travaux pourront démarrer au printemps 2015 avec une ouverture au public au printemps 2017. Les anciens bâtiments ont été démolis laissant place nette à la construction de l’Historial.

Le besoin financier est de 3 000 000 € auxquels se rajoutent les études pour un montant de 235 000 € (demande de soutien auprès de l’Etat, collectivités locales, Allemagne, Europe, mécénat, dons privés et fondations) et 150 000 € HT de frais de réseaux d’eau et d’assainissement (demande de prise en charge par la Communauté de Communes de Thann/Cernay).

La première pierre de l’Historial sera posée le 3 août prochain par M. François HOLLANDE, Président de la République française et M. Joachim GAUCK, Président de la République fédérale d’Allemagne, dans le cadre des commémorations du Centenaire de la Grande Guerre. Le parcours scénographié du champ de bataille sera également inauguré à cette occasion. Il s’agira d’une grande manifestation franco-allemande sur le site du HWK, lors de laquelle les présidents dialogueront avec plus de 100 jeunes français et allemands invités par l’Office franco-allemand pour la Jeunesse, le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge e.V. et le CMNHWK, sur la partie sommitale du champ de bataille, à proximité de la Croix de l’Europe qui éclaire la Plaine d’Alsace et la Forêt-Noire.

Le Hartmannswillerkopf « Vieil Armand » « De la mémoire à l’histoire »

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 09:46
Simplification des procédures de travaux pour le bâti adossé aux monuments historiques
Simplification des procédures de travaux pour le bâti adossé aux monuments historiques

Un nouveau décret paru au J.O. le 04 novembre 2014 en date du 31 octobre 2014 définit la simplification et la clarification du régime des travaux sur les immeubles adossés aux monuments historiques ou situés dans leur champ de visibilité.

Ainsi, le décret n° 2014-1314 du 31 octobre 2014 se porte sur les articles L.621-30 et L.621-31 du code du patrimoine dont les termes précisent, pour le premier, qu’« Est considéré, pour l'application du présent titre, comme étant situé dans le champ de visibilité d'un immeuble classé ou inscrit tout autre immeuble, nu ou bâti, visible du premier ou visible en même temps que lui et situé dans un périmètre de 500 mètres », pour le second, il indique que « lorsqu'un immeuble est situé dans le champ de visibilité d'un édifice classé au titre des monuments historiques ou inscrit, il ne peut faire l'objet, tant de la part des propriétaires privés que des collectivités et établissements publics, d'aucune construction nouvelle, d'aucune démolition, d'aucun déboisement, d'aucune transformation ou modification de nature à en affecter l'aspect, sans une autorisation préalable. La même autorisation est nécessaire lorsque l'immeuble est situé dans le champ de visibilité d'un parc ou d'un jardin classé ou inscrit ne comportant pas d'édifice, si le périmètre de protection de ce parc ou de ce jardin a été délimité dans les conditions fixées aux deuxième ou troisième alinéas de l'article L. 621-30-1. Si cet immeuble est classé au titre des monuments historiques, l'autorisation est celle prévue au premier alinéa de l'article L. 621-9. Si l'immeuble n'est pas classé, le permis de construire, le permis de démolir, le permis d'aménager ou l'absence d'opposition à déclaration préalable tient lieu de l'autorisation si l'architecte des Bâtiments de France a donné son accord ».

Le décret n° 2014-1314 du 31 octobre 2014 harmonise ces régimes spécifiques. afin de tirer les conséquences des modifications du code du patrimoine résultant de l'article 106 de la loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l'allégement des démarches administratives, le décret refond et harmonise le régime applicable aux travaux effectués sur un immeuble adossé à un immeuble classé au titre des monuments historiques et celui applicable aux travaux effectués sur un immeuble situé dans le champ de visibilité d'un immeuble classé ou inscrit. Il introduit également un mécanisme de péremption des autorisations de travaux délivrées au titre du code du patrimoine et modifie l'instruction des procédures de création et de modification des périmètres de protection. Le décret prévoit l'articulation de ces modifications avec les dispositions du code de l'urbanisme qu'il modifie en conséquence. Il adapte, en outre, l'organisation administrative dans le domaine du patrimoine en conséquence de la réforme de l'administration territoriale de l'Etat. Il codifie, enfin, certaines dispositions du décret n° 2009-751 du 22 juin 2009 relatif aux missions et aux rémunérations des techniciens-conseils agréés pour les orgues protégés au titre des monuments historiques.

En somme, la procédure se simplifie, lorsqu’elle ne concerne pas des travaux pour lesquels le permis de construire, de démolir ou d’aménager ou une déclaration préalable est nécessaire au titre du Code de l’urbanisme, la demande d’autorisation prévue par l’article L.621-32 du Code du patrimoine tient lieu de la déclaration exigée (article L.621-27). Le régime des travaux est également clarifié : par exemple, l’autorisation pour un immeuble classé est périmée si les travaux sont interrompus pendant plus d’un an ou s’ils ne sont pas entrepris dans le délai de trois ans à compter de la notification de la décision ou de la date à laquelle la décision tacite est intervenue (nouvel article R.621-16-1 C. patr.).

La création d’un périmètre de protection adapté est proposée par l’architecte des bâtiments de France (ABF). Elle fait l’objet d’une instruction conduite sous l’autorité du préfet du département dans lequel se situe l’immeuble classé ou inscrit. Dans le cas d’une modification du périmètre, également proposée par l’ABF, l’instruction est conduite, soit sous l’autorité du préfet (enquête publique du Code de l’environnement), soit par l’autorité compétente en matière de plan local d’urbanisme ou de carte communale (enquête publique du Code de l’urbanisme).

Enfin, le décret précise le dossier de demande d’autorisation exigée pour les travaux sur immeubles adossés à un immeuble classé ou situé dans le champ de visibilité d’un édifice protégé. Deux cas sont envisagés, selon que le projet vise à édifier ou modifier une construction ; ou une infrastructure ou un aménagement des sols, hypothèse dans laquelle des plans de coupe et une notice environnementale devront compléter le plan-masse. Si un immeuble classé est concerné, plusieurs documents doivent être joints permettant d’apprécier l’impact architectural et technique de l’opération. Lorsque le dossier est complet, le silence gardé par le préfet pendant plus de quarante jours à compter du dépôt de la demande vaut décision de rejet. L’ABF dispose d’un délai d’un mois à compter de sa saisine pour faire connaître son avis au préfet. A défaut, il est réputé avoir émis un avis favorable.

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1 mars 2015 7 01 /03 /mars /2015 07:52
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Quelle gouvernance concernant le rétablissement maritime du Mont Saint-Michel pour mettre fin au "tourisme de cueillette"

2ème volet du rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable, à l’Inspection générale de l’administration, à l’Inspection générale des affaires culturelles et à l’Inspection générale des finances sur une mission d’appui aux services de l’État ainsi qu’au syndicat mixte chargés du projet de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel, missionnée par le ministère de l’égalité des territoires et du logement ainsi que le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, le ministère de la culture et de la communication et le ministère délégué au budget, en février 2013.

Conformément à la lettre de mission, un premier rapport a été rendu en octobre 2013 portant sur le bouclage financier du projet, sur l’équilibre de la délégation de service public relative au stationnement et au transport des visiteurs et sur les mesures à prendre pour mettre la comptabilité du syndicat mixte en conformité avec les recommandations de la chambre régionale des comptes. Le rapport relevait en particulier la fragilité juridique de la délégation de service public.

Ce second rapport porte sur « la question de la gouvernance la plus appropriée pour l’après- 2015 » (date de la fin des travaux du rétablissement du caractère maritime - RCM) selon les termes de la lettre des ministres, qui assigne à la mission « l’objectif (...) de permettre à chacun des acteurs concernés de disposer d’une feuille de route et d’un mode opératoire pour la période postérieure à l’année 2015 ».

Le rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel constitue une grande réussite, tant sur le plan technique qu’esthétique. Toutefois, la fin des travaux va mettre en pleine lumière un certain nombre de difficultés ou de faiblesses inhérentes au Mont Saint- Michel, qui existent déjà mais que l’importance de l’enjeu technique et la mobilisation des acteurs en faveur de ce grand projet avaient jusqu’à présent reléguées au second plan. La mission s’est attachée à en faire l’inventaire.

En premier lieu, la mission a relevé un manque patent de vision stratégique, sur le plan touristique, culturel, économique, pour ce lieu emblématique, de renommée internationale, qu’est le Mont Saint-Michel. En effet, tout se passe comme si la réussite du projet technique, d’une part, la rente de situation que créent les 2,5 à 3 millions de visiteurs annuels, d’autre part, dispensaient d’une réflexion sur la mise en valeur du Mont Saint-Michel. Or, non seulement cette réflexion n’a jamais eu lieu mais la mission a mis en évidence la prééminence constante des intérêts commerciaux sur toute vision culturelle et touristique d’envergure. Les tribulations dans le choix du lieu de départ des navettes permettant l’accès au Mont en constituent, d’ailleurs, l’exemple le plus marquant – mais non le seul – dans ce lieu où les conflits d’intérêt sont récurrents.

Or, la rente de situation dont jouit le Mont Saint-Michel n’est pas acquise comme le montre la baisse de 9 % de la fréquentation de l’abbaye depuis 2011 (alors que, dans le même temps, la fréquentation de sites touristiques majeurs comme Chambord diminue à peine et que celle du château et du domaine de Versailles augmente sensiblement).

En deuxième lieu, la mission fait le même constat que l’UNESCO en 2011 : le Mont Saint- Michel est « un labyrinthe d’organisations responsables », tant sont nombreux les acteurs qui interviennent sur le site. On peut citer notamment :

* le syndicat mixte de la baie du Mont-Saint Michel, responsable des travaux au titre du RCM, de leur gestion et de leur entretien ;

* les collectivités locales qui interviennent chacune dans le cadre de leurs compétences de droit commun, certaines d’entre elles venant à se chevaucher : ainsi, en matière de tourisme, interviennent les régions de Basse-Normandie et de Bretagne, les départements de la Manche et de l’Ille-et-Vilaine et de nombreuses communes ou regroupement de communes comme la nouvelle communauté de communes d’Avranches-Mont Saint-Michel ;

* les services de l’État, au niveau national (quatre ministères sont principalement concernés : le ministère de la culture et de la communication (MCC), le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE), le ministère de l’intérieur, celui chargé du tourisme) et au niveau déconcentré ;

* les deux opérateurs que sont le centre des monuments nationaux (CMN) et le conservatoire du littoral.

Ce qui est vrai aujourd’hui du projet RCM le sera ensuite pour tout projet volontariste de mise en valeur du site sur le plan culturel, environnemental et touristique : aucun acteur ne peut porter l’intégralité du projet mais chacun est en mesure de l’influencer, directement ou indirectement. Quant aux instances de coordination comme la DATAR ou le préfet de Basse- Normandie, nommé « préfet coordonnateur », elles ne peuvent jouer un rôle véritablement moteur.

En troisième lieu, la mission relève qu’à la multiplicité des acteurs correspondent la multiplicité et l’enchevêtrement des procédures, notamment en matière de protection. On peut citer en particulier : la protection au titre des monuments historiques et des monuments classés (loi de 1913) ; la protection au titre des sites classés (loi de 1930) ; la protection du littoral (loi de 1986); les espaces protégés par différentes dispositions des codes de l’urbanisme et de l’environnement (sites Natura 2000, sites d’intérêt communautaire(SIC), zones de protection spéciale (ZPS), etc.). Last but not least, le Mont Saint-Michel est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et cette organisation joue un rôle essentiel dans la protection du site comme l’a montré l’affaire des éoliennes en 2010.

Il convient de noter que la complexité qui en résulte n’est l’effet que de dispositifs de droit commun, applicables sur tout le territoire national: en effet, aucune organisation administrative spécifique ni aucun outil juridique spécial n’ont jamais été mis en œuvre. Mais leur accumulation sur un même territoire est exceptionnelle, voire unique.

La multiplicité des intervenants et décideurs potentiels -collectivités locales, État, opérateurs de l’État-conjuguée à la complexité des procédures et à leur enchevêtrement, pour ne pas dire leur chevauchement, qui relèvent pour l’essentiel des ministères en charge de la culture et de l’environnement, lesquels peinent à se coordonner, conduisent à de graves blocages voire, parfois, à la paralysie - et ce d’autant plus que l’État apparaît aujourd’hui en retrait et que les collectivités locales concernées ont des points de vue souvent très différents voire opposés. On peut citer trois exemples principaux de blocage :

* alors que depuis 1978 les États ont l’obligation de doter leurs biens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO d’un « plan de gestion » garantissant la préservation de la valeur universelle du bien et sa mise en valeur, celui du Mont Saint-Michel n’existait toujours pas en 2012 et le document remis en février 2013 était davantage un projet qu’un plan de gestion achevé ;

* il existe actuellement trois zones de protection juridiquement distinctes dont les périmètres ne coïncident pas et dont l’instruction (pour les deux dernières) n’est pas terminée : la zone d’exclusion des éoliennes et l’aire d’influence paysagère ; le périmètre de protection modifié ; la zone classée au titre de la loi de 1930 ;

* la charte d’aménagement du lieu-dit La Caserne, en raison de la multiplicité des acteurs aux intérêts divergents, est bloquée depuis deux ans. Or, c’est un dossier majeur pour la gestion du site, la qualité architecturale et paysagère de ce lieu, porte d’entrée du Mont Saint-Michel, étant indigne d’un site empreint d’une haute spiritualité, classé au patrimoine mondial et qui accueille entre 2,5 et 3 millions de visiteurs par an.

Dans ces conditions, la mission ne peut que faire sienne les remarques d’un rapport de l’UNESCO qui, en 2005, notait « les points faibles de gestion du site : le problème de coordination (...) et de mise en cohérence de nombreuses politiques de gestion de l’espace, l’absence d’un gestionnaire unique (...) ainsi que le problème de la gestion des flux touristiques ». En conséquence, elle formule les propositions suivantes :

1. La mission suggère tout d’abord de mettre fin au « tourisme de cueillette », dont l’absence d’ambition autre que purement commerciale est culturellement inadmissible et économiquement dangereuse, pour lui substituer un projet ambitieux, à l’échelle de la renommée internationale du site et de son classement au patrimoine mondial, reposant sur une vision partagée des différents acteurs. Ce projet, qui devra associer étroitement patrimoine et environnement, jouera un rôle moteur dans le développement économique des régions concernées en intégrant le Mont Saint-Michel, La Caserne et la baie dans une vision globalisée. Pour ce faire, il conviendra notamment de définir une véritable stratégie touristique dont l’objectif devrait être de donner à l’accueil des touristes le caractère d’exemplarité que la qualité architecturale et environnementale du site, son histoire et sa renommée internationale, ainsi que l’ampleur des investissements qui y ont été consentis, justifient pleinement. Les grands axes de cette stratégie sont les suivants :

-Ÿ requalifier le site : mieux appliquer les réglementations de protection au Mont et à La Caserne ;

- a minima définir une charte de qualité de service et d'accueil avec l'ensemble des acteurs économiques ;

- statuer sur la charte d'aménagement de La Caserne ;

- mettre en place une politique de « premier accueil » présentant les informations de façon exhaustive ;

- définir un vrai projet pour le nouveau centre d’information touristique (CIT) ;

- améliorer l'information sur le fond ;

-Ÿ élaborer un cahier de gestion commun pour le périmètre de protection modifié (PPM) et le site classé ;

- définir les équipements nécessaires au développement touristique ;

-Ÿ définir un objectif de fréquentation compatible avec les exigences de protection du site, avec la qualité de l’accueil des visiteurs et avec la sécurité, ce qui suppose une réflexion sur la régulation des flux ;

- faire l'analyse de la demande et, pour ce faire, mettre en place un observatoire permanent capable d’analyser la situation actuelle et de faire de la prospective ;

- élaborer une stratégie de communication associant l'ensemble du territoire et intégrant la dimension internationale.

La définition de cette stratégie doit faire appel au savoir-faire et à l’ingénierie des praticiens du domaine, au premier rang desquels les organismes régionaux et départementaux de tourisme (les CDT et CRT) mais aussi l’opérateur national qu’est Atout France.

2. Sur le plan administratif, la mission considère qu’il est indispensable, a minima, de simplifier les procédures dans une approche interministérielle, de créer un guichet unique pour l'instruction des dossiers, de déconcentrer les autorisations. Dans le cadre de la politique de simplification administrative en cours, il conviendrait plus particulièrement d’expérimenter le rapprochement des politiques de gestion de l'espace et des procédures au titre des codes du patrimoine et de l'environnement.

3. Pour mettre en place un projet ambitieux pour le Mont Saint-Michel et promouvoir une véritable gouvernance adaptée aux enjeux de ce site exceptionnel, il paraît indispensable de procéder à un recentrage des pouvoirs de décision et de mettre fin à leur éclatement actuel entre une multitude d’acteurs, dont les points de vue sont souvent divergents voire opposés. Dans cette perspective, la mission a étudié plusieurs hypothèses (le renforcement du syndicat mixte, le regroupement des communes concernées, le renforcement de la coordination sous l’égide du préfet de région, la mise en place d’un contrat de destination ou d’une « opération grand site »), qu’elle a écartées parce qu’elles ne sont à la hauteur ni des difficultés actuelles ni des enjeux à venir. La mission privilégie donc la mise en place d’une structure ad hoc, clairement identifiée, capable de gérer le projet dans sa globalité et dotée de réels pouvoirs. C’est pourquoi la mission préconise la mise en place, sur le périmètre inscrit par l’UNESCO, d’une «opération d’intérêt national » (OIN), qui correspond pleinement, telle que définie par le code de l’urbanisme, aux enjeux et au projet du Mont Saint-Michel : réaliser des opérations d’aménagement dans le cadre d’une stratégie de développement touristique, fondée sur la préservation du site mais aussi sur sa mise en valeur patrimoniale et environnementale et sur son développement économique, et susceptible de renforcer son caractère attractif sur le plan international. L’OIN comporte, en outre, l’avantage d’associer fortement l’État et les collectivités locales dans un partenariat durable et d’autoriser la mise en place de régimes dérogatoires en matière d’aménagement, dont on peut escompter une simplification des procédures et, partant, une harmonisation et une accélération des prises de décision.

4. Pour être pleinement efficace, la mise en place de l’OIN devrait, selon la mission, être accompagnée de la création d’un établissement public national, dont le périmètre d’intervention serait identique à celui de l’OIN. Il ne s’agirait pas d’un établissement public d’aménagement, comme il en existe déjà, mais d’une nouvelle catégorie d’établissement public, dont la création exige l’intervention du législateur et qui, au-delà de la problématique propre au Mont Saint-Michel, viendrait combler une lacune actuelle : l’absence d’organisation permettant la gestion de grands espaces dont l’intérêt est à la fois patrimonial et environnemental. En effet, cette préoccupation, encore relativement récente, devient prégnante avec l’évolution de la notion de patrimoine, comprise dans une acception large : bien au-delà de la simple préoccupation de la conservation de monuments historiques, le patrimoine devient un instrument de valorisation culturelle et de développement économique. Toute l’évolution récente des inscriptions de biens au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO conforte ce point du vue et cet intérêt. On est donc fondé à penser que la création de cette nouvelle catégorie d’établissement public répondrait à de nombreux besoins. Rappelons, par ailleurs, que la transformation du Louvre et de Versailles en établissements publics s’est accompagnée par une progression spectaculaire de la fréquentation, saluée par la Cour des comptes dans son rapport de 2011 sur les musées nationaux.

5. Selon la mission, il conviendrait, dans cette perspective de :

-Ÿ de remettre en dotation au nouvel établissement public les équipements du RCM et le charger de leur gestion après dissolution du syndicat mixte ;

Ÿ- le charger d’élaborer un projet global de territoire sur le périmètre de l’OIN ;

Ÿ- le charger de la politique d'accueil globale sur le site (sous réserve de l'avenir de la DSP) ;

Ÿ- le charger d'unifier les travaux d'élaboration des différentes chartes : le plan urbain de La Caserne et le plan de gestion demandés par l'Unesco, en cohérence avec les différentes chartes d'aménagement (La Caserne et l'ensemble du site) ;

Ÿ- envisager des transferts de compétences au titre des codes de l'urbanisme, de l'environnement et du patrimoine et la création du « guichet unique » en son sein ;

Ÿ- attribuer au directeur certains pouvoirs de police spéciale ;

Ÿ- confier de préférence la présidence de l'établissement de façon alternée à l’un des deux présidents de région ;

Ÿ- associer au sein du conseil d'administration l'État et le CMN, les collectivités locales et des personnalités qualifiées ; créer des conseils spécialisés, dont un conseil scientifique et un conseil pour le développement territorial et la promotion touristique ;

Ÿ- assurer les dépenses par voie de subventions publiques dans le cadre d'un protocole de financement ; envisager le recours au mécénat et à un fonds de dotation ;

Ÿ- mettre en place une mission de préfiguration pour 12 à 18 mois.

Ces préconisations ont pour objectif de remédier à la difficulté de trouver, dans notre corpus juridique, une réponse appropriée à la spécificité de la gestion d’un lieu comme le Mont Saint- Michel.

Si le dispositif préconisé par la mission pouvait être créé, renouvelant la conception de la gestion du patrimoine pour l’insérer dans une logique plus globale de développement durable, nul doute qu’il pourrait apporter des réponses aux préoccupations de nombreux gestionnaires de grands sites en région, souvent, au demeurant, inscrits eux aussi sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le projet actuel de « loi patrimoine » pourrait constituer le support législatif de la création de cette nouvelle catégorie d’établissement public.

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1 mars 2015 7 01 /03 /mars /2015 07:50
Des défaillances majeures dans le suivi financier du projet pour le rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel

Des défaillances majeures dans le suivi financier du projet pour le rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel

Missionné par le ministère de l’égalité des territoires et du logement ainsi que le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, le ministère de la culture et de la communication et le ministère délégué au budget, en février 2013, le Conseil général de l’environnement et du développement durable, à l’Inspection générale de l’administration, à l’Inspection générale des affaires culturelles et à l’Inspection générale des finances ont mené une mission d’appui aux services de l’État ainsi qu’au syndicat mixte chargés du projet de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel.

Ses premiers travaux ont conduit la mission interministérielle à établir sept constats généraux :

• le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel (projet RCM) est unanimement considéré comme une belle réussite technique, avant même son achèvement qui n’interviendra qu’en 2015 1 ;

• le projet RCM se caractérise par un nombre élevé de parties prenantes dont la coordination s’avère particulièrement laborieuse : la collaboration des différents acteurs s’effectue dans un contexte de tension et de défiance mutuelle qui ne contribuent pas à faciliter l’avancement du projet ;

• l’État n’est jusqu’à maintenant pas parvenu à trouver un mode de coordination de ses propres services et un mode de coopération avec les collectivités locales qui lui permettent de peser sur les décisions stratégiques du projet à hauteur de la contribution financière qui est la sienne, en particulier sur les arbitrages relatifs au système d’accueil des visiteurs ;

• alors même qu’il a pour objectif de protéger et de mettre en valeur un site naturel exceptionnel (la baie) au centre duquel se trouve le Mont Saint-Michel, le projet RCM est resté essentiellement un projet technique porté par des ingénieurs et n’a été accompagné d’aucune stratégie de mise en valeur touristique et culturelle du Mont Saint-Michel ;

• le fonctionnement du site en général et le dispositif d’accueil des visiteurs en particulier ne visent pas à assurer la satisfaction des visiteurs mais sont au contraire définis en fonction des contraintes et des objectifs propres aux différentes parties prenantes du site ;

• l’ensemble des dysfonctionnements du dispositif d’accueil des visiteurs (parc de stationnement et système de transport jusqu’au Mont) relevés par la mission l’amène à douter qu’une véritable expertise technique, touristique et financière ait été mobilisée au cours des travaux préparatoires à la mise en place de la délégation de service public ;

• la mission s’interroge sur le caractère judicieux des offres commerciales faites en 2009 par l’entreprise délégataire, qui a ainsi proposé un dispositif dont la réussite technique et l’équilibre économique reposaient sur des compétences et sur une expertise qu’elle ne possédait pas en interne (en particulier l’exploitation à grande échelle de navettes hippomobiles).

Conformément à la lettre de mission, la mission interministérielle s’est attachée dans ce premier rapport à :

• préciser les conditions de bouclage financier du projet RCM ;

• préciser les conditions pour que la délégation de service public relative au parc de stationnement et au système de transport des visiteurs reste à l’équilibre ;

• proposer les améliorations à engager par le syndicat mixte pour se mettre en conformité avec les règles de la comptabilité publique, suite au rapport de la chambre régionale des comptes.

Dans un second rapport, la mission fera des propositions concernant l’organisation générale du site du Mont Saint-Michel après l’achèvement du projet RCM.

Tout d’abord, la mission a identifié des défaillances majeures dans le suivi financier du projet RCM et conclut que le syndicat mixte ne maîtrise pas réellement la dimension financière du projet. Toutefois, le point d’étape financier établi par la mission indique que le projet RCM doit pouvoir être achevé dans le respect de l’enveloppe financière actuelle (184,74 millions d’euros courants). Par ailleurs, les charges de fonctionnement du syndicat mixte pour la période postérieure à l’achèvement du projet RCM peuvent être estimées en première analyse à 4,3 millions d’euros courants par an. Ces conclusions doivent néanmoins être fiabilisées par un travail technico-financier visant à identifier et évaluer les aléas possibles.

Ensuite, la mission considère que ces défaillances du suivi financier du projet RCM sont la cause essentielle des dysfonctionnements de la gestion comptable et financière du syndicat mixte que la chambre régionale des comptes a mis en évidence dans un rapport récent. Cette situation appelle des changements immédiats dans le fonctionnement du syndicat mixte : clarification des responsabilités, mise en place de procédures de reporting, renforcement de la fonction comptable et financière du syndicat mixte.

Outre cette amélioration du suivi financier du projet RCM, la mission formule des recommandations visant à mettre la gestion comptable et budgétaire du syndicat mixte en conformité avec les règles de la comptabilité publique :

• le syndicat mixte doit mettre en place au plus vite une comptabilité d’engagement pluriannuelle, avec l’appui méthodologique de la direction régionale des finances publiques ;

• la structure du financement du projetRCM doit être précisée par une clarification de la maquette financière de référence, de façon à permettre l’élaboration d’un plan d’amortissement ;

• le syndicat mixte doit proposer une évaluation précise de ses charges de fonctionnement pour la période postérieure à l’achèvement du projet RCM avant l’été 2014.

Enfin, la mission a analysé la délégation de service public décidée en 2006, conclue en 2009 et mise en œuvre en 2012 portant sur la construction et la gestion du parking ainsi que sur l’exploitation du système de transport. A l’usage, il s’avère que le recours à une DSP n’est sans doute pas le dispositif juridique le plus souple pour un projet nécessitant des ajustements réguliers d’organisation. Au processus initial de consultation qui n’était pas exempt de défauts s’est ajoutée une série d’avenants qui ont fragilisé par leur ampleur cumulée la solidité du cadre contractuel de la DSP. Le suivi insuffisant exercé par l’autorité concédante comme les difficultés majeures rencontrées par le délégataire ont provoqué des retards et des dysfonctionnements significatifs.

Le dispositif actuel présente deux fragilités qui conduisent la mission à s’interroger sur sa viabilité :

• sur le plan juridique : il fait peu de doute que l’avenant n°5 bouleverse l’économie générale du contrat dans un sens très favorable au délégataire, ce qui pose dès lors la question de sa légalité ; sans préjuger de la décision du juge administratif, la probabilité que la procédure lancée contre l’avenant n° 5 aboutisse à son annulation est élevée, ce qui fait peser un risque juridique majeur sur l’ensemble du dispositif ;

• sur le plan financier : l’incapacité du délégataire à mettre en service des navettes hippomobiles conformes au contrat initial induit une perte de recettes considérable et permanente qui déséquilibre l’économie générale de la concession ; dans le dispositif actuel, seul un hypothétique redressement de la fréquentation du site permettrait au délégataire de parvenir à un équilibre financier pour la durée restante de la concession.

Dans l’immédiat, la mission recommande aux deux parties :

• d’engager conjointement une stratégie commerciale répondant prioritairement aux attentes de la clientèle touristique,

• d’améliorer la grille tarifaire en tenant compte de l’étude produite pour le compte du syndicat mixte et des recommandations émises par les diverses consultations organisées par celui-ci,

• de ne pas considérer que la question du matériel de transport est réglée par les solutions actuelles mais de porter réellement la capacité de transport au niveau fixé par le contrat,

• de mettre en place une adaptation saisonnière aux contraintes des salariés du dispositif actuel des navettes montoises et d’explorer toutes les solutions techniques à même de répondre à leurs préoccupations.

La mission recommande au syndicat mixte :

• de clarifier rapidement la répartition des responsabilités entre lui-même et le conseil régional de Basse-Normandie en matière de suivi du contrat de DSP,

• d’engager un audit des comptes de l’exploitant pour disposer d’un état fiable de la situation financière de la DSP,

• d’initier une réflexion sur les conditions dans lesquelles il serait possible de mettre de fin à la délégation de service public sous sa forme actuelle.

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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 07:52
CELEBRATION DU PATRIMOINE, LA 24e EDITION DU GRAND PRIX PÈLERIN FETE SES LAUREATS

CELEBRATION DU PATRIMOINE, LA 24e EDITION DU GRAND PRIX PÈLERIN FETE SES LAUREATS

Le Grand prix Pèlerin du patrimoine a pour objectif de contribuer au maintien ou à la restauration d’œuvres majeures ou plus modestes d’un patrimoine profane ou religieux, dans l’intérêt général - historique, artistique, culturel, social ou scientifique - de la collectivité.

Le Grand prix Pèlerin du patrimoine se donne également pour mission de favoriser l’émergence et l’installation de jeunes artisans d’art.

Depuis la création du Prix en 1990, un an avant la naissance des Journées du Patrimoine. En 24 éditions, 250 projets ont été distingués dans 21 régions par le magazine Pèlerin et ses partenaires, permettant aux œuvres sélectionnées d'être restaurées et de retrouver une visibilité ou un usage pour la communauté.

Pour l’édition 2014, le Grand prix Pèlerin du patrimoine a pris un virage inédit à l’aube de ses 25 ans en 2015. Anciennement connu sous le nom Concours Pèlerin « Un patrimoine pour demain », ce prix a été rebaptisé, cette année, Grand Prix Pèlerin du Patrimoine, marquant ses nouvelles ambitions.

Nouveau nom, nouveau logo et création d’un site internet dédié (www.pelerin-patrimoine.com), ce coup de frais s’inscrit dans une volonté de redimensionner un événement qui s’adresse à un public de plus en plus nombreux, et notamment un public attaché à son patrimoine régional.

« Le patrimoine est notre héritage et notre devenir, notre histoire et notre inspiration », rappelle Anne Ponce, directrice de la rédaction du journal Pèlerin.

Cette 24e édition du Grand prix Pèlerin du patrimoine se veut exceptionnelle, tant dans sa forme que dans son contenu :

- elle se déroule sous le haut parrainage d’Hélène Carrère d’Encausse, historienne et Secrétaire perpétuel de l’Académie française ;

- la cérémonie de remise des prix s’est tenue, le 21 novembre 2014, à l’Abbaye de Fontevraud, haut lieu du patrimoine mondial ;

- huit projets lauréats, sélectionnés par le jury et par les lecteurs du magazine Pèlerin parmi 90 projets retenus, sont récompensés par huit prix spécifiques, dont un prix d’excellence, le Grand prix Pèlerin du patrimoine.

Aujourd’hui, la responsabilité du patrimoine ne relève plus exclusivement de l’Etat ou de propriétaires de bâtiments classés.

Pour Philippe Bonnet, président du jury de la 24e édition du Grand Prix Pèlerin du Patrimoine, Conservateur en chef du patrimoine, « l’impérieuse obligation d’assainir les finances publiques réduit régulièrement les crédits affectés à l’entretien et à la restauration de nos monuments et oeuvres d’art, et l’on voit de plus en plus d’institutions muséales lancer des souscriptions afin de pallier ce désengagement. Pèlerin avait anticipé cette évolution en imaginant en 1990 le concours « Un patrimoine pour demain » qui, au fil des ans, a permis de sauver de l’oubli – voire de la disparition pure et simple – des dizaines d’oeuvres et d’édifices, authentiques « chefs-d’oeuvre en péril » ou éléments plus modestes d’un patrimoine de proximité, qui inscrivent chacun de nous dans une Histoire commune. »

Les citoyens ont pris conscience de l’intérêt pour eux, sur le plan local, communal, citadin, etc. de réfléchir au devenir de bâtiments ou d’œuvres anciennes habitant leur territoire et de s’investir dans la prise en charge de leur restauration.

Restaurer les vitraux d’une église, faire revivre un chemin de croix, remettre en état un moulin capable de produire de l’électricité pour plusieurs hameaux, restaurer un tableau exhumé des caves d’un hôpital ou la façade d’un couvent devenu école, autant de projets qui s’insèrent dans une dynamique collective, conjuguant intérêt artistique et intérêt public. Au service de tous, ils contribuent bien souvent à renforcer l’attractivité d’un territoire et à faire du patrimoine, un vecteur de développement local.

Qui peut concourir au Grand prix Pèlerin du patrimoine ?

Peuvent concourir les projets portés par un ensemble de citoyens (village, association...) pour la restauration d’une œuvre ou d’un monument emblématique de leur histoire collective. Sont également privilégiés les dossiers qui favorisent le lien intergénérationnel, la transmission d’une histoire ou d’un savoir-faire. Les inscriptions pour présenter un projet sont entièrement gratuites.

Devenez l’un des lauréats du Grand prix Pèlerin du patrimoine 2015 ! Les inscriptions pour la 25e édition sont ouvertes jusqu’au 31 mars 2015 via le magazine Pèlerin et sur le site www.pelerin-patrimoine.com (dossier de candidature et règlement accessibles en ligne).

LES PRIX ET LES LAUREATS

Huit distinctions ont été remises, pour encourager la transmission du patrimoine culturel dans toute sa diversité.

Grand prix Pèlerin du patrimoine en partenariat avec Le Jour du Seigneur/CFRT Lauréat : Pascal Pecchioli, maire de Préaux-du-Perche - Orne

Prix Pèlerin « Ensemble pour le patrimoine » avec la Fondation du Patrimoine Lauréat : Alain Sauvageot, président de l'association de gestion de l'école Notre-Dame, Ham - Somme

Prix du patrimoine contemporain soutenu par les Chantiers du Cardinal Lauréat : Benoit Mercier, sculpteur, peintre à Léhon – Côtes-d'Armor

Prix Pèlerin de la transmission et du partage avec la Sauvegarde de l’art français Lauréat : Lucien Penacchio, secrétaire de l’association de défense du patrimoine de Aytua – Pyrénées-Orientales

Prix Pèlerin des croix et chemins avec l'association Notre-Dame de la Source Lauréat : Suzanne Carbonell, secrétaire de l’association pour la restauration du petit patrimoine de la Tarentaise – Sainte-Foy Tarentaise

Prix spécial de la rédaction Pèlerin avec le soutien de la Sauvegarde de l'art français Lauréat : Régis Cauche, maire de Croix - Nord

Prix des lecteurs de Pèlerin Lauréats : Mme Luce Lagacherie, maire adjointe, et Alain Frisoni, maire de Saint-Béat - Haute-Garonne

Prix du jeune artisan d’art Lauréat : Emma Groult, vitrailliste – Rouen – Seine- Maritime

CELEBRATION DU PATRIMOINE, LA 24e EDITION DU GRAND PRIX PÈLERIN FETE SES LAUREATS

GRAND PRIX PELERIN DU PATRIMOINE

Lauréat : Pascal Pecchioli, maire de Préaux-du-Perche “MEMOIRE DE VERRE, MEMOIRE DE GUERRE” ORNE(61) / REGION BASSE-NORMANDIE

Ce prix met l’accent sur un projet majeur de restauration ou de conservation du patrimoine. Décerné par l’ensemble du jury, c’est le prix d’excellence du concours.

Le projet :

Restaurer 10 vitraux consacrés à la mémoire des villageois de Préaux (30 noms, 18 portraits) tombés au champ de bataille pendant la Première Guerre mondiale ainsi qu’à l’abbé Riguet, né à Préaux et au chanoine des Préaux. Signés par la plus prestigieuse famille de vitraillistes de l’époque, l’atelier Champigneulle, ils ornent l’église Saint-Germain de Préaux-du-Perche dans l’Orne, un village de 574 habitants. La restauration sera eectuée par Hervé Loire, à Chartres, grand maitre verrier français.

Avec le soutien du CFRT / Le Jour du Seigneur.

CELEBRATION DU PATRIMOINE, LA 24e EDITION DU GRAND PRIX PÈLERIN FETE SES LAUREATS

PRIX SPECIAL DE LA REDACTION PELERIN

Lauréat : Régis Cauche, maire de Croix EGLISE SAINT-MARTIN NORD (59) / REGION NORD-PAS-DE-CALAIS

Ce prix est le coup de cœur des journalistes du magazine Pèlerin. Il souligne l’engagement de la rédaction sur les questions de patrimoine.

Le projet :

Restaurer des peintures murales néo-gothiques ainsi qu’un riche décor polychrome datant de 1927-1928, qui ornent l’église Saint Martin de Croix, dans le Nord,. C’est la première église néo-gothique construite par l’architecte Charles Leroy (contemporain d’Eugène Viollet-le-Duc, 1814-1879) avec des matériaux économiques tels que la brique, le bois, la pierre blanche, le zinc, l’ardoise.

Avec le soutien de Pèlerin et de la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art français.

CELEBRATION DU PATRIMOINE, LA 24e EDITION DU GRAND PRIX PÈLERIN FETE SES LAUREATS

PRIX “ENSEMBLE POUR LE PATRIMOINE”

Lauréat : Alain Sauvageot, association de gestion de l’école Notre-Dame ANCIENNE ABBAYE DE HAM (ECOLE) SOMME (80) / REGION PICARDIE

Ce prix récompense les eorts et la volonté d’une communauté (un village, un quartier, une association) solidairement réunie pour sauvegarder une œuvre ou un bâtiment important pour la collectivité.

Le projet :

Restaurer des façades en pierres et en briques de l’ancienne abbaye de Ham, dans la Somme, abimée par des éclats d’obus de la Deuxième Guerre mondiale. L’histoire de ce monument remonte aux Carolingiens. Détruite sous Charles VII, brûlée, restaurée en 1701, l’abbaye a eu l’occasion d’accueillir en son sein Louis XIV, qui y séjourna à plusieurs reprises. Vendue comme bien national à la Révolution, transformée en hôpital pendant la Première Guerre Mondiale, l’abbaye est aujourd’hui un établissement scolaire, qui accueille 650 élèves de la maternelle jusqu’au collège. Parents et enseignants se mobilisent aujourd’hui pour restaurer les façades.

Avec le soutien de la Fondation du Patrimoine.

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PRIX PELERIN DES CROIX ET CHEMINS

Lauréat : Suzanne Carbonell RETABLE DE LA CHAPELLE DU MIROIR SAVOIE (73) / REGION RHÔNE-ALPES

Ce prix concourt à la sauvegarde du patrimoine populaire d’œuvres simples et accessibles à tous. Croix au bord des chemins, oratoires, chapelles de campagne, art statuaire local, autant de symboles qui célèbrent la mémoire des communautés.

Le projet :

Restaurer un retable du XVIIe siècle, encadré de deux statues sous une poutre de gloire, abrité dans une chapelle rurale au coeur du massif de la Tarentaise en Savoie. Consacrée à deux saints honorés localement, Saint Ours et Sainte Brigide, sainte irlandaise invoquée contre les tempêtes, la chapelle est située dans un site classé, le hameau du Miroir, qui dépend de Sainte-Foy-Tarentaise, commune de 770 habitants.

Avec le soutien de l’association Notre-Dame de la Source.

CELEBRATION DU PATRIMOINE, LA 24e EDITION DU GRAND PRIX PÈLERIN FETE SES LAUREATS

PRIX PELERIN DE LA TRANSMISSION ET DU PARTAGE

Lauréat : Lucien Penacchio - Association de défense du patrimoine de Aytua CHAPELLE SAINTE-CHRISTINE D’AYTUA PYRENEES-ORIENTALES (66) / REGION LANGUEDOC-ROUSSILLON

Ce prix encourage la volonté commune des jeunes et de leurs ainés d’entretenir et de transmettre un patrimoine par-delà les générations.

Le projet :

Restaurer une chapelle du XVIe siècle située sur le hameau d’Aytua, traversé par un chemin ancestral des Pyrénées. Elle s’intègre dans un ensemble comprenant un Musée de la mine, des sentiers de randonnée en cours de labellisation FFRP et un gîte d’étape-bistrot de pays, créé dans une ancienne école. La restauration de la chapelle permettra de maintenir en vie ce hameau reculé des Pyrénées-Orientales, dépendant d’Escaro, commune de 40 habitants.

Avec le soutien de la Fondation pour la Sauvegarde de l’art français.

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PRIX DES LECTEURS PELERIN

Lauréats : Luce Lagacherie, maire adjointe, et Alain Frisoni, maire de Saint-Béat

SAINT JEAN-BAPTISTE

HAUTE-GARONNE (31) / REGION MIDI-PYRENEES

Pendant tout l’été, les lecteurs du journal Pèlerin ont été appelés à voter pour soutenir l’une des deux œuvres proposés à la restauration: une statue en bois polychrome, conservée dans le trésor de l’église de Saint-Béat, et endommagée par une inondation lors d’une crue de la Garonne, ou un ensemble de statues de l’église de Courville dans la Marne.

Les lecteurs se sont prononcés pour le trésor de Saint-Beat et ce que l’on croyait être un Christ en majesté du XVIIe siècle. Les premiers travaux de restauration ont permis de découvrir qu’il s’agit en fait d’une représentation de Saint Jean-Baptiste que l’on peut dater du XVe siècle..

Le projet :

Restaurer une statue en bois polychrome et doré du XVe siècle.Conservée pour restauration au Musée Massey, à Tarbes, elle provient de l’église de Saint-Béat et a été très abimée par une inondation due à la crue de la Garonne en 2013. L’humidité a rongé la main droite et son attribut, la couronne est endommagée et elle présente des altérations de surface.

Avec le soutien de Pèlerin.

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PRIX PELERIN DU JEUNE ARTISAN D’ART

LAUREAT 2014 : EMMA GROULT, restauratrice de Vitraux SEINE-MARITIME (76) / REGION HAUTE-NORMANDIE

Ce prix aide de jeunes talents à devenir les grands restaurateurs et artisans d’art de demain.

Le projet :

Aider Emma Groult, une jeune restauratrice de vitraux originaire de Rouen, à lancer son entreprise: installer son atelier et acquérir le matériel technique nécessaire. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués avec félicitation du jury, elle est titulaire d’un Master de restauration / conservation des biens culturels à Paris 1 Panthéon/Sorbonne, spécialité vitrail. Elle a dejà eu l’occasion de travailler sur les vitraux de la Sainte-Chapelle, du Musée de Cluny, ou encore de la cathédrale de Chartres.

Avec le soutien de Pèlerin.

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PRIX DU PATRIMOINE CONTEMPORAIN - CHANTIERS DU CARDINAL

LAUREAT 2014 : BENOIT MERCIER - SCULPTEUR CRETEIL (94) / REGION ILE-DE-FRANCE

Ce prix récompense un projet qui pense l’avenir, le construit et inscrit le patrimoine dans la modernité.

Le projet :

Réaliser une sculpture monumentale d’un « Christ accueillant », en acier et laiton patinés destiné à la nouvelle cathédrale de Créteil en cours de construction. L’atelier de Benoît Mercier, sculpteur choisi pour ce projet, est installé à Léhon, petite commune des Côtes-d’Armor, en Bretagne.

Avec le soutien des Chantiers du Cardinal.

LA QUALITE DES PROJETS LAUREATS EXPERTISEE PAR UN JURY DE SPECIALISTES

Les projets de restauration, distingués par le Grand prix Pèlerin du patrimoine 2014, ont été élus par un jury d’experts reconnus, présidé par Philippe Bonnet, Conservateur en chef du patrimoine, et animé par Catherine Lalanne, rédactrice en chef du magazine Pèlerin.

Les membres du Jury :

􏰛 Philippe Bonnet, président du jury, Conservateur en chef du patrimoine 􏰛 Frère Yves Combeau, Dominicain et historien du C.F.R.T / Le Jour du Seigneur 􏰛 Arielle Courty, Directrice de la communication pour les Chantiers du Cardinal 􏰛 Maxime Cumunel, Délégué Général à l'Observatoire du patrimoine religieux 􏰛 Dominique Dandrael, Conservatrice du musée du Hiéron, chargée du patrimoine pour la ville de Paray-le-Monial 􏰛 Béatrice Destresse, Directrice de la communication et des partenariats à Pèlerin 􏰛 Marie-Pierre Etienney, Responsable des projets immobiliers du Diocèse de Créteil pour les Chantiers du Cardinal 􏰛 Franck Ferrand, Ecrivain, journaliste chroniqueur 􏰛 Jean-Louis Hannebert, Architecte des Bâtiments de France 􏰛 Félicité Lagier, Chargée des publics internationaux du Centre International du Vitrail à Chartres 􏰛 Catherine Lalanne, Rédactrice en chef à Pèlerin 􏰛 André Larané, Créateur et éditeur du site Herodote.net 􏰛 Sophie Laurent, Journaliste, Secrétaire générale de l'Association des journalistes du patrimoine 􏰛 Nicole Marquet, Association Notre-Dame de la Source 􏰛 Olivier de Rohan Chabot, Président de la Sauvegarde de l'art Français 􏰛 Philippe Royer, Grand reporter culture et patrimoine 􏰛 Benoit de Sagazan, Créateur du Blog Patrimoine en blog, rédacteur en chef du Monde de la Bible 􏰛 Guy Sallavuard, Directeur des relations institutionnelles et de l'action internationale à la Fondation du patrimoine

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4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 07:50
Un nouvel éclat pour la Grande Arche

Un nouvel éclat pour la Grande Arche

Le bail emphytéotique administratif (BEA) de réhabilitation des propriétés de l’Etat de la grande Arche de La Défense à été confié à la société Eiffage, lauréat de la consultation lancée en 2012. Les travaux débuteront en janvier 2015 et concerneront à la fois l’extérieur et l’intérieur de la paroi sud et du toit: façades, organisation fonctionnelle et aménagement des espaces collectifs et des bureaux.

La réhabilitation des propriétés de l’État dans l’Arche se fera via un bail emphytéotique administratif (BEA), signé le 30 septembre. Cette opération permet de confier au groupement le financement et la réalisation des travaux. En contrepartie, un bail civil de longue durée est signé entre l’État et le groupement pour une durée de 20 ans. Au delà de cette période, l’État recouvrera la pleine propriété du bâtiment.

D’un montant d’environ 200 millions d’euros, les travaux porteront principalement sur la remise à niveau complète des équipements techniques et fonctionnels, la rénovation des façades, l’amélioration de l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, la réhabilitation du toit en prévision de la réouverture de l'accès au public. Une exigence particulière sera apportée à l’exemplarité en matière de développement durable, notamment du point de vue énergétique.

Au terme de cette opération, en janvier 2017, les services de l’administration centrale du ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie et du ministère du Logement, de l’Egalite des territoires et de la Ruralité seront ainsi répartis sur deux immeubles à La Défense : la tour Séquoia et la paroi sud de l’Arche.

A partir des années 1960, les présidents de la République successifs G. Pompidou et V. Giscard d'Estaing entretiennent l'ambition de bâtir une œuvre architecturale monumentale sur l'axe prestigieux parisien : Louvre - Obélisque - Arc de triomphe. Après plusieurs projets non aboutis, c'est finalement sous la présidence de François Mitterrand que se concrétise ce projet, sous le nom de projet Tête Défense. En 1982, un concours international d'architecture est lancé. Ce grand concours comprend un règlement, un programme et des directives générales d'urbanisme insistant particulièrement sur la notion "d'axe" dans l'urbanisme parisien ainsi que sur le caractère grandiose et historique du projet mis en compétition. De plus, la vue lointaine devait offrir au regard une silhouette de "porte" marquant l'entrée dans le troisième millénaire.

Plus de 400 architectes du monde entier répondent à ce concours par des propositions variées... Lorsqu'il s'inscrit en 1982 pour participer à ce concours parisien, Otto Von Spreckelsen est âgé de 53 ans ; il enseigne l'architecture à l'Académie royale des Beaux-Arts de Copenhague. Parallèlement à cette activité professorale, il participe à quelques concours. Ainsi remporte-t-il, entre 1967 et 1971, des premiers prix pour des projets d'urbanisme et d'habitations. Entre 1970 et 1980, il construit un petit nombre d'édifices, dont trois églises dans la périphérie de Copenhague. Celles-ci sont des réalisations assez modestes, peu coûteuses et caractérisées par leur intégration dans le paysage. Son œuvre demeure cependant méconnue à l'étranger lorsqu'il participe à ce concours dont le règlement stipule l'anonymat des projets présentés par les concurrents. Spreckelsen présente l'esquisse d'une gigantesque arche qui attire l'attention du jury par sa simplicité et sa force. L'architecte danois choisit un compatriote, l'ingénieur Erik Reitzel, pour faire les études techniques. Celui-ci est également professeur à l'Académie royale des Beaux-Arts. Le 28 avril 1983, le jury présente au Président Mitterrand les deux premiers prix et deux autres projets remarqués. C'est finalement le projet d'Otto Von Spreckelsen qui est retenu... Le chantier durera quatre ans. Spreckelsen, décédé à 58 ans en 1987, ne verra jamais la réalisation de son œuvre.

La grande Arche est un cube évidé en son centre d'une fenêtre plus étroite. Ce vide, en résonance au Carrousel du Louvre et à l'Arc de Triomphe, laisse "passer" l'axe historique. Ce cube monumental, symbole de solidité et de pureté, garde cependant un caractère aérien et dynamique. Comme cela avait été voulu par Napoléon pour l'Arc de Triomphe, la Grande Arche prolonge la vision d'un alignement presque parfait des plus grands monuments de Paris : Le Musée du Louvre, la Pyramide du Louvre, L'Arc de Triomphe du Carrousel, le Jardin des Tuileries, la Place de la Concorde et l'Obélisque de Louxor, l'Avenue des Champs Elysées, l'Arc de Triomphe... La Grande Arche de la Défense, version "XXème siècle" des autres arcs, est davantage le symbole de l'avancée humaine et de ses idéaux plutôt que celui de victoires militaires.

De 1983 à 1985, Otto Von Spreckelsen peaufine son projet. Erik Reitzel, de son côté, analyse les solutions constructibles envisageables. Le problème des fondations est résolu par un décalage d'environ 6° par rapport à 'l'axe", qui permet d'éviter de construire sur le réseau des voies SNCF et automobiles. Ce pivotement du bâtiment renvoie également à celui du Louvre dont l'axe de symétrie diffère lui aussi de quelques degrés par rapport à celui qui passe sous l'Arc de Triomphe.

Le chantier durera 4 ans et emploiera 2000 ouvriers. Le poids total de l'édifice est de 300 000 tonnes. Une construction sur vérins hydrauliques lui permet de ne pas s'enfoncer. Ce cube évidé est surmonté d'un toit en terrasse de plus d'un hectare reposant sur douze piliers supportant chacun plus de trois fois le poids de la Tour Eiffel. Le vide central pourrait contenir la Cathédrale Notre Dame de Paris. Le béton constitue le matériau essentiel de cet édifice recouvert de plaques de marbre et de plaques de verre de 50 cm d'épaisseur, capables de résister à de forts coups de vent. Le vide central est habité par un "nuage", œuvre de Paul Andreu et de l'ingénieur Peter Rice.

Ce monument gigantesque a été inauguré en 1989 à l'occasion du bicentenaire de la Révolution. Il abrite aujourd'hui le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du développement durable et de la Mer, la Fondation Internationale des Droits de l'Homme, le Musée de l'Informatique, divers espaces culturels et événementiels, deux écoles supérieures, un restaurant gastronomique... Aujourd'hui, de nombreux immeubles de grande hauteur côtoient la Grande Arche, constituant le plus grand quartier d'affaires européen par sa quantité de bureaux (3 millions de m2). Le quartier de La Défense tient son nom de la statue : la Défense de Paris, œuvre en bronze de Louis-Ernest Barrias, célébrant les soldats ayant défendu Paris lors de la guerre franco-allemande de 1870.

Auteur : Architecte : Johann Otto von Spreckelsen Ingénieur concepteur : Erik Reitzel

Titre : La Grande Arche de la Défense

Date : 1983 - 1989

Technique : Béton, granit gris, plaques de marbre, plaques de verre

Dimensions : Hauteur : 110 m / longueur : 108 m / largeur : 112 m

Lieu : Commune de Puteaux, région parisienne

Nature : Architecture

Sujet : Cube évidé (arche)

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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 07:52
Le centenaire de l’Hôtel Camondo, chef-d’œuvre architectural de René Sergent

Le centenaire de l’Hôtel Camondo, chef-d’œuvre architectural de René Sergent

Les Arts Décoratifs ont décidé de célébrer en 2014 les cent ans d’un chef d’œuvre architectural qu’est l’Hôtel Camondo. C’est le 5 décembre 1910 que commence la destruction de l’hôtel particulier du comte et de la comtesse Nissim de Camondo, 63 rue de Monceau. Leur fils Moïse vient d’hériter de cette demeure familiale, construite en 1864 par un entrepreneur de travaux publics, M. Violet, et achetée en 1870 par ses parents peu après leur installation en France.

Collectionneur et esthète, mais aussi raffiné et exigeant, Moïse de Camondo est passionné par le XVIIIe siècle français. Jusque-là installé en location, il réside alors au 19, rue Hamelin dans un vaste hôtel particulier qu’il a décoré et aménagé suivant ses goûts. C’est sans doute dans ce cadre, premier réceptacle de ses œuvres d’art, qu’il mûrit son projet de « reconstitution d’une demeure artistique du XVIIIe siècle », écrin parfait et définitif de ses collections répondant également aux exigences du confort moderne.

Pour concrétiser son rêve, il choisit l’architecte René Sergent (1865-1927) qui s’est fait une spécialité du « néo-Louis XVI » et excelle dans la construction d’hôtels particuliers confortables, inspirés par l’œuvre d’Ange-Jacques Gabriel. Durant l’été 1910, il dessine pour le comte de Camondo le plan d’un hôtel classique entre cour et jardin, librement inspiré du Petit Trianon. De l’ancien hôtel Violet, il ne conserve que les caves et les communs qu’il réaménage. Après l’acceptation du projet, les compagnons d’une quarantaine de corps de métiers se succèdent sur le chantier pendant trois ans et plus de deux millions de franc-or1 sont dépensés pour construire ce nouvel hôtel. Le comte Moïse de Camondo, ses enfants Nissim et Béatrice ainsi qu’une vingtaine de domestiques, s’y installent pendant l’été 1913. Au printemps 1914, la demeure est terminée et plusieurs réceptions célèbrent son achèvement.

Les façades

L’ordonnancement classique de la façade sur la cour d’honneur qui bénéficie du soleil fait directement référence à son illustre modèle : élévation à trois niveaux, rez-de-chaussée traité en bossages, étage noble et attique. Un entablement surmonté d’une balustrade couronne l’édifice. Les trois travées centrales sont soulignées par des pilastres d’ordre corinthien. Les autres éléments décoratifs – encadrements des baies, balustres et entrelacs –, sont semblables à ceux du Petit Trianon. Mais pour épouser l’arrondi de la cour, le corps central du bâtiment a été resserré entre deux avancées reliées par une travée en quart de cercle. La composition est ainsi construite sur sept travées, et non cinq, comme à Trianon.

Du côté du jardin, René Sergent a ouvert le plan en deux ailes perpendiculaires, de part et d’autre d’une rotonde centrale. Neuf travées offrent ainsi une vue sur le parc Monceau, suivant le souhait de Moïse de Camondo. L’élévation de la façade est proche de celle du Petit Trianon et rehaussée des mêmes ornements. Exécutée sur place par le sculpteur Jules Visseaux, une frise d’enfants en bas-relief anime la rotonde. Peu visibles ou du moins difficilement accessibles à l’œil, les façades est et ouest de l’hôtel ne reçoivent, en revanche, aucun décor.

Le musée Nissim de Camondo, façade sur la cour d’honneur, 2012. Photo Luc Boegly, Les Arts Décoratifs, Paris

Elévation de la façade sur jardin par René Sergent. 1911 Diazotype sur papier vélin  Paris, musée Nissim de Camondo. Inv. CAM 1156.6 _ © DR

Elévation de la façade sur jardin par René Sergent. 1911 Diazotype sur papier vélin Paris, musée Nissim de Camondo. Inv. CAM 1156.6 _ © DR

Le gros œuvre

Après les travaux de terrassement, le gros œuvre démarre dès l’obtention du permis de construire reçu le 1er juin 1911. Dès lors, le chantier est minutieusement suivi par Moïse de Camondo qui se rend sur place très fréquemment. L’entreprise de « Travaux Publics et Particuliers Michau et Douane » remporte le marché de la construction qui dure un peu plus d’un an. Fin septembre 1912, les maçons hissent le drapeau final du chantier. Après l’achèvement de la charpente et des planchers, la couverture en zinc et les huisseries extérieures sont posées. On peut donc penser que le gros œuvre est achevé à la fin de l’année 1912. Le temps presse, en effet. Moïse de Camondo écrit à René Sergent : « Veuillez bien, par un ordre de service auquel je vous prie de tenir la main, en informer tous vos entrepreneurs afin que les travaux soient poussés très activement. Il faut absolument, en effet, qu’à la date du 1er juillet 1913 mon nouvel hôtel soit complètement achevé pour que je puisse y emménager. »

Les plans

Comme au Petit Trianon, René Sergent a créé une différence de niveau entre la façade sur cour et celle sur jardin. Ceci lui permet d’affecter la majeure partie du rez-de-chaussée bas, semi enterré du côté du parc Monceau, aux espaces de service : cuisine, laverie, « salle des gens », frigorifique, garde-manger, offices du chef et du maître d’hôtel. L’espace qui donne de plain-pied sur la cour d’honneur est occupé par le vestibule où le maître de maison accueille ses visiteurs. Sous la volée de l’escalier monumental, une deuxième entrée qui communique par une grille en fer forgé avec « la descente à couvert d’automobiles » est empruntée par les invités en cas d’intempéries. Construit en pierre de taille, le grand escalier dessert l’ensemble du rez-de-chaussée haut qui est affecté aux pièces de réception. D’échelle plus réduite, un escalier particulier à deux révolutions conduit vers le premier étage réservé aux appartements privés. Enfin, l’organisation horizontale et verticale de la demeure permet des circulations parallèles afin que les « gens de maison » travaillent et vivent dans des espaces séparés de ceux des maîtres.

Plan du rez-de-chaussée haut par René Sergent (René Bétourné, René Sergent architecte. 1865-1927, Paris, Horizons de France, 1931, p. 20). Photo Les Arts Décoratifs, Paris

Plan du rez-de-chaussée haut par René Sergent (René Bétourné, René Sergent architecte. 1865-1927, Paris, Horizons de France, 1931, p. 20). Photo Les Arts Décoratifs, Paris

L’installation du confort moderne

Le comte de Camondo désire que son hôtel bénéficie de toutes les installations nécessaires au bon fonctionnement du service domestique et au confort quotidien : éclairage électrique, chauffage central, eau courante et stérilisée, ascenseurs, système de nettoyage par le vide, cuisine moderne et salles de bain hygiéniques. C’est vraiment dans ce domaine que transparaît son goût de la modernité. Hormis le charbon utilisé pour le chauffage et la cuisson des aliments, toutes les autres sources d’énergie sont distribuées par réseaux : l’eau, le gaz et le téléphone, par la Ville de Paris ou par l’Etat; l’électricité pour l’éclairage, et l’air comprimé pour les ascenseurs, par des compagnies privées. Sur place, l’énergie nécessaire aux services des sonneries et du téléphone provient de piles Leclanché montées en batterie dans des placards du sous- sol. Dirigées par des ingénieurs centraliens, des entreprises très performantes sont chargées des travaux : Mildé installe l’électricité ainsi que les services des sonneries et du téléphone ; Cubain exécute les travaux de fumisterie et livre fourneaux et équipements pour la cuisine et ses dépendances ; enfin, Kula met en place la plomberie et l’équipement sanitaire. Dans ces espaces modernes et fonctionnels, peinture « Ripolin », ou carrelages et revêtements céramiques, recouvrent les sols, les murs, voire le plafond dans la cuisine.

Le fourneau de la cuisine livré par la maison Cubain en 1912. Photo Jean-Marie del Moral, Les Arts Décoratifs, Paris

Le fourneau de la cuisine livré par la maison Cubain en 1912. Photo Jean-Marie del Moral, Les Arts Décoratifs, Paris

Le décor intérieur

Les travaux d’aménagement intérieur commencent au début de l’année 1913. Pour les réaliser, René Sergent s’adjoint la collaboration des meilleurs artisans d’art. C’est surtout dans ce domaine que s’exprime le sens aigu du détail chez Moïse de Camondo. Durant l’année 1911, il acquiert de nombreux lambris anciens pour le décor des pièces principales de son hôtel. Ces panneaux déterminent la hauteur des étages et parfois la forme des salles, bien qu’ils ne soient pas remontés à l’identique. Chez Lemoine et Leclerc, tapissier-décorateur, le comte achète ainsi la boiserie du grand salon.

Lorsque certains éléments anciens sont introuvables sur le marché, il les fait copier d’après des modèles historiques. Il commande, par exemple, à la maison Baguès la reproduction d’une rampe pour l’escalier d’honneur. Enfin, entre en scène la prestigieuse maison Decour qui cumule les fonctions de décorateur et tapissier. Fondée en 1834, elle a travaillé pour plusieurs résidences des Rothschild, notamment à Waddesdon Manor près de Londres, ou encore à New-York, pour Henry Clay Frick. Ses compagnons sont à l’œuvre rue de Monceau à partir de janvier 1913. Ils commencent par poser les bâtis nécessaires au remontage des boiseries anciennes, puis mettent en place les ornements des corniches. Souvent retaillés, toujours complétés et parfois décapés ou dorés, les lambris sont remis en état. Dans le même temps, au sein des ateliers Decour, on découd, retaille et confectionne les drapés, les stores et les rideaux des croisées après avoir démonté et nettoyé ceux de la rue Hamelin. On regarnit des sièges, on fournit ou restaure des sommiers et matelas. Sur place enfin, on fixe les tentures, on habille de soieries les tiges des lustres et on garnit d’étoffes les armoires et les vitrines.

Musée Nissim de Camondo, le grand salon, 2013. Photo Jean Tholance, Les Arts Décoratifs, Paris

Musée Nissim de Camondo, le grand salon, 2013. Photo Jean Tholance, Les Arts Décoratifs, Paris

Le jardin

Pour la création de son jardin, Moïse de Camondo s’est adressé à Achille Duchêne, architecte paysagiste attitré de la haute société à partir de la fin du XIXe siècle. Celui-ci lui remet plans et devis en juin 1912. Conservé au musée des Arts décoratifs, un projet dessiné au crayon noir compte sans doute parmi ses premières propositions. Les principes de base sont déjà en place : jardin à la française près de l’hôtel, et jardin à l’anglaise en bordure du parc Monceau. Au cours du printemps 1913, un devis est accepté pour « l’établissement de deux parterres de couleurs sur la terrasse, plantation de buis au pied du mur de la terrasse et fourniture complémentaire d’arbres ».

Lorsque la guerre éclate en août 1914, acomptes d’honoraires et règlements définitifs des travaux sont encore en cours. René Sergent s’est occupé jusqu’à son décès en 1927 de l’entretien et des transformations de l’hôtel. Puis, ses associés L. Fagen et R. Bétourné ont pris sa suite. A la réception de l’ouvrage commémoratif sur l’architecte2 paru en 1931, Moïse de Camondo l’a ainsi remercié : « Monsieur Sergent était un artiste, le digne successeur des grands architectes des XVII et XVIIIe siècles et l’hôtel qu’il m’a construit, à mon entière satisfaction, a eu le plus grand succès. »

 Projet d’Achille Duchêne, dessin au crayon, s.d. Paris, musée des Arts décoratifs, inv. CD 3027.39. Photo Les Arts Décoratifs, Paris

Projet d’Achille Duchêne, dessin au crayon, s.d. Paris, musée des Arts décoratifs, inv. CD 3027.39. Photo Les Arts Décoratifs, Paris

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 07:58
A Chambéry, la Fontaine des Éléphants se refait une cure de Jouvence

A Chambéry, la Fontaine des Éléphants se refait une cure de Jouvence

La fontaine des éléphants va faire l’objet d’une restauration totale entre le 17 décembre 2014 et le 8 mai

2015. Les quatre éléphants vont être emmenés en atelier, pendant qu’en parallèle, des travaux seront réalisés sur place à Chambéry.

La fontaine des Éléphants a été érigée en 1838 par la Ville de Chambéry en mémoire du général de Boigne. Le monument rappelle sa carrière militaire.

Benoît Leborgne nait en 1751 dans une famille de marchands de pelleterie. Jeune homme, il est tenté par les armes et l'aventure. Une raison demeurée obscure le contraint à quitter Chambéry. Sa mère lui achète une commission d'enseigne dans le régiment de Lord Clare, célèbre brigade irlandaise au service du roi de France, stationnée dans le nord de la France. Là, il apprend le métier de soldat. C’est sans doute à cette époque qu’il prend le nom de de Boigne.

En 1771, son régiment est envoyé à l'île de France (actuellement île Maurice). À partir de ce moment, Benoit Leborgne n'aura de cesse de connaître l'Asie. Après leur retour en France et la mort de Lord Clare en 1773, le régiment est dissout et Benoît s'engage dans l'armée russe. En 1774, sur l'île de Ténédos en Grèce, il est fait prisonnier par les Turcs. Libéré au bout de quelques mois, il part pour Saint-Pétersbourg.

Il envisage pour le compte de Catherine II l'exploration du Turkestan, pour cela il doit rejoindre l'Inde.

Sa première tentative par voir de terre échoue, il prend donc la mer mais son bateau fait naufrage devant les bouches du Nil. Il réussit à s'embarquer pour Madras et débarque en Inde en janvier 1778.

Il est d'abord professeur d'escrime puis s'engage dans l'armée de l'East India Compagny. Soupçonné, à tort, d'espionnage pour la France, il quitte l'armée en 1782. Il remonte vers le nord pour rejoindre le Turkestan. À Gwalior a lieu la rencontre décisive avec Sindhia au service duquel il rentre en 1784. À partir de 1740, les armées mogholes aux effectifs considérables subissent de cuisantes défaites infligées par une poignée de soldats et "cipayes" européens. Souverains et chefs militaires indiens perçoivent des éléments nouveaux dans l'art de faire la guerre. La confédération Marathe pour mener à bien son dessein de contrôle de l'Hindoustan doit se doter d'une armée moderne et pour cela avoir recours à des hommes d'armes européens.

D'anciens officiers de l'armée française, dont de Boigne, entrent alors au service d'Etats indiens indépendants. De Boigne implante une "culture de la guerre européenne" en Hindoustan. Son apport va être multiple : avancées technologiques, réformes de l'infanterie, formation des troupes... Après la mort de Sindhia en 1794, de Boigne demeure encore deux ans en Inde.

Il retourne en Europe en 1796. Il s'installe d'abord à Londres, où il épouse Adélaide d'Osmond. En 1801, il décide de revenir vivre à Chambéry. À partir de 1817, il lègue une grande partie de sa fortune pour des œuvres charitables et des projets d'embellissement de la ville, parmi lesquels la construction d'asiles pour les vieillards, les indigents, les aliénés, la construction du théâtre, le percement de la rue à arcades qui porte aujourd'hui son nom.

La fontaine des Eléphants, un monument à la mémoire du Comte de Boigne

Après le décès du général de Boigne en 1830, la Ville de Chambéry décide de rendre hommage à ce

Chambérien au destin hors du commun. Un concours est lancé pour l’érection d’un monument. Dix-sept projets sont présentés devant le Conseil de Ville. Le choix se porte sur celui de Pierre-Victor Sappey pour son importance et son originalité, alliées à son faible coût ! La colonne est inaugurée le 10 décembre 1838. C’est un monument qui se compose de trois parties :

• la fontaine au niveau de la base avec les éléphants

• la colonne et les trophées

• la statue du général de Boigne

Image : © Ville de Chambéry, Archives municipales, 52WNC

A Chambéry, la Fontaine des Éléphants se refait une cure de Jouvence

Les multiples restaurations effectuées dans les années 1980, il y a maintenant une trentaine d’années, ont atteint leurs limites en terme de durée de vie. A priori la restauration a permis de prolonger la vie des éléphants mais pas de façon aussi pérenne qu'espéré. À l’époque, les techniques utilisées n’étaient pas des techniques de restauration complètes comme aujourd’hui. Les techniques utilisées dans ces années là n'ont pas toujours été judicieuses. Le diagnostic effectué en 2012 par l’architecte en chef des monuments historique met en évidence un nombre de désordres important. La fontaine des Éléphants a souffert des outrages du temps, elle se dégrade et doit faire l’objet d’une reprise globale.

Le souhait de cette restauration est celui d’une restauration pérenne. C’est aussi le symbole de l’engagement de la Ville et des Chambériens envers un patrimoine emblématique afin de lui redonner toute sa place.

La dépose des éléphants le mercredi 17 décembre

Le mercredi 17 décembre, les quatre éléphants vont être désolidarisés un à un de la fontaine. Ils vont être déposés à l’aide d’une grue sur camion qui va les emmener dans l’atelier de la fonderie Vincent, à Brignais, dans le Rhône, entreprise retenue pour réaliser les travaux.

Evénement exceptionnel, les éléphants vont ainsi chacun leur tour, s’élever dans les airs à l’aide d’une grue. Cela n’était pas arrivé depuis 1985, date de la dernière restauration.

Avant dépose l’entreprise fera un relevé précis pour repositionner les éléphants aux mêmes emplacements.

INFORMATIONS PRATIQUES

Le public est invité à venir assister à la dépose des éléphants et plus particulièrement, celui situé dans l’axe de la rue de Boigne le mercredi 17 décembre après-midi pour bénéficier des meilleures conditions de visibilité et de sécurité. La circulation sera temporairement interdite à cette occasion.

Un accueil spécifique sera proposé aux journalistes afin d’effectuer des prises de vue dans les meilleures conditions.

Les travaux réalisés en atelier :

Une fois transportés dans les ateliers de la fonderie Vincent, les quatre éléphants seront scannés, afin de conserver en mémoire leur morphologie et toutes les particularités concernant chaque éléphant.

En fonction de son état, chacun sera repris partiellement ou totalement. Les plus abimés semblent être les éléphants Est et Ouest.

A priori, deux éléphants seront repris. Ils seront désassemblés et nettoyés. Les fissures seront ressoudées. Les éléments trop abîmés seront refondus à l’identique, réassemblés et repeints avant leur retour.

Les deux autres éléphants seront très vraisemblablement totalement refondus.

Le choix de la couleur des éléphants aura pour objectif de retrouver leur couleur d’origine.

Ce travail sera réalisé sous couvert de la CRMH (Conservation Régionale des Monuments Historiques) et de l’architecte des bâtiments de France.

Les bas-reliefs de la fontaine seront également emmenés en atelier pour être restaurés.

Les travaux réalisés sur place

En parallèle, d’autres opérations auront lieu sur place à Chambéry. La colonne va faire l’objet d’un gommage et être nettoyée. Les pierres trop abîmées seront remplacées, les autres consolidées si besoin. Le système de la fontainerie va lui être entièrement refait. La fosse de la fontainerie située sous la chaussée va être agrandie. Le bassin repris et étanché.

L’électricité va être également entièrement revue.

©Gilles Garofolin Le 18 novembre 2013, la statue entièrement restaurée était de retour sur son socle.

©Gilles Garofolin Le 18 novembre 2013, la statue entièrement restaurée était de retour sur son socle.

La première phase de rénovation réalisée à l’automne 2013 : des travaux de sécurité sur la statue du général de Boigne

La première phase de la rénovation de la fontaine des Eléphants réalisée à l’automne 2013 a consisté en des travaux de sécurité sur la statue du Général de Boigne.

Le 21 octobre 2013, la statue a été déposée et emmenée dans les ateliers de la Fonderie Vincent à Brignais dans le Rhône pour être restaurée et consolidée.

Elle a été sablée, ce qui a permis de la nettoyer et d’éliminer l’oxydation, lui donnant une belle couleur dorée. Le socle a été refait avec une pierre de même aspect mais non gélive, c’est-à-dire ne subissant pas de dégradations dues au gel. Les trous ont été rebouchés, soit par brasage (soudure avec un autre métal), soit par masticage. Puis la statue a été patinée. L’objectif était de conserver la teinte bronze de la statue en accélérant son vieillissement pour lui donner l’aspect qu’elle aurait obtenu naturellement après des années à l’extérieur, mais avec une teinte uniforme. Pour obtenir cet effet, les parois ont été chauffées au chalumeau et du nitrate de cuivre a été appliqué pour donner une couleur verte. Un vernis a également été posé pour protéger l’ensemble de l’humidité.

Le 18 novembre 2013, la statue entièrement restaurée était de retour sur son socle.

Fiche travaux

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Chambéry

Maîtrise d’œuvre : Agence Grange Chavanis, architectes monuments historiques, 69006 Lyon

Réparation du socle : Établissement Comte, 42607 Champdieu Restauration statue : Fonderie Vincent, 69530 Brignais

Montant des travaux : 56 600 € HT

©Gilles Garofolin

©Gilles Garofolin

Les précédentes restaurations de la fontaine des Éléphants

Un ravalement à la fin des années 1970. Dès 1977, la Ville de Chambéry s’est activement préoccupée des dispositions à prendre pour sauvegarder la fontaine des Éléphants. En 1978, un ravalement des Éléphants est décidé, il est effectué par l’entreprise Radiani en 1979. Durant l’année 1980, année du patrimoine, des travaux sont effectués pour garantir la solidité du monument. De nombreuses entreprises sont ensuite contactées, aucune ne peut présenter de solution satisfaisante pour sa restauration, la soudure au plomb sur fonte faisant pratiquement partie des techniques abandonnées. Dans sa séance du 5 décembre 1980, le Conseil Municipal de Chambéry demande le classement de la fontaine en monument historique pour pouvoir faire appel à la filière des restaurateurs spécialisés travaillant habituellement pour le compte des monuments historiques. Le classement est accepté le 7 mai 1982 par arrêté.

En septembre 1984, un premier éléphant est déposé et emmené à la fonderie Vincent à Brignais dans le Rhône pour être diagnostiqué. L’état est très préoccupant. Outre le fait que la réalisation manque de finition, et que l’épaisseur de la fonte est réduite à quelques millimètres par endroit, l’éléphant a été « rafistolé » par endroit par des emplâtres de fer eux-mêmes recouverts d’une dizaine de couches de peinture. De plus certaines parties, dont notamment une jambe, ont été remplies de béton, amalgame pierreux qu’il faut dégager à la broche et à la massette.

D’anciennes réparations sont donc supprimées (béton coulé à l’intérieur), puis la fonte est nettoyée par brossage et grenaillage fin pour ôter la rouille. Des moulages des parties défectueuses sont réalisés puis les éléments sont refaits avec une résine. Certaines parties ont été doublées de fibre de verre et l’ensemble a été repeint.

Fin mars 1985, le premier éléphant est de retour.

L’opération envisagée en 1985 comporte donc :

- la dépose-repose et traitement en atelier des trois éléphants restants selon les techniques similaires que celles utilisées pour le premier éléphant.

- le traitement des éléments secondaires du monument. Les plaques et trophées ont fait l’objet d’un nettoyage et d’une réparation. La statue du général de Boigne a fait l’objet d’un nettoyage.

- la remise en état du corps du monument en pierre de taille.

Les trois éléphants sont déposés le 13 novembre 1985. Après un traitement identique à celui subit par leur congénère, les éléphants, remis en état, ont repris leur place.

© Ville de Chambéry, Archives municipales, 52WNC

© Ville de Chambéry, Archives municipales, 52WNC

Fiche travaux

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Chambéry

Maîtrise d’œuvre :

- Agence Grange Chavanis, architectes monuments historiques, 69006 LYON

- Cabinet Philippe TINCHANT – économiste - 38500 VOIRON

- Cabinet DILUVIAL - BET Fontainerie - 44123 VERTOU

Coordinateur SPS (santé protection sécurité) : Travaux Consul’t – 73300 St JEAN DE MAURIENNE Réalisation : la liste de l’ensemble des entreprises sera communiquée ultérieurement

Lot 01 - Echafaudage - Maçonnerie – pierres de taille: 181 000 € Installation de chantier, échafaudage, travaux de restauration de la colonne par nettoyage, gommage, remplacement d’éléments fragilisés ou délités, pose de greffe ou goujons. Reprise, nettoyage du bassin en pierre. Agrandissement du local technique fontainerie existant sous chaussée.

Lot 02 : Fonderie/ serrurerie : 477 000 € Repérage des éléments déposés. Dépose en transport des éléphants en atelier, scan d’un des éléphants, restauration des éléments en fonte cassés ou manquants, suppression des anciennes couches de peinture, nettoyage par brossage et grenaillage fin, traitement anti corrosion. Renforcement et consolidation de la structure des éléments creux des éléphants. Repose de l’ensemble des éléments restaurés ou refaits à neuf.

Lot 03 : Fontainerie : 30.500 € Dépose de l’ensemble du système de fontainerie existant. Mise en œuvre d’un nouveau réseau de distribution et de circulation de la fontaine en lien avec les différents autres lots.

Lot 04 : Electricité : 87 000 € Dépose de l’ancienne installation. Mise en œuvre d’un nouveau système d’alimentation électrique et d’éclairage de la fontaine (bassin, trophées, statue).

Planning prévisionnel : 6 mois de travaux hors préparation et repli 17 décembre 2014 : dépose des éléphants 18 au 22 décembre 2014 : installation de l’échafaudage et dépose des trophées et bas-reliefs De janvier à avril 2015 : dépose des existants, intervention sur colonne, agrandissement local technique sous chaussée 8 mai 2015 : retour de 2 éléphants au moins Mai 2015 : retour des 4 éléphants Juin 2015 : fin des travaux (fontainerie, éclairage..)

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 07:56
L’homme de Tourville-la-Rivière, vestiges d’un pré-Néandertalien

L’homme de Tourville-la-Rivière, vestiges d’un pré-Néandertalien

Une équipe d’archéologues de l’Inrap a mis au jour, sur le site préhistorique de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime), les vestiges d’un pré-Néandertalien. Cette découverte a fait l’objet d’une publication dans la revue internationale PLOS ONE par un groupe de chercheurs du CNRS, de l’Inrap, de l’université nationale australienne, du Centre national de recherche sur l’évolution de l’Homme à Burgos (Espagne) et du département d’Anthropologie de l’université Washington à Saint Louis.

Malgré les nombreux sites très anciens exhumés depuis la fin du XIXe siècle, les fossiles humains du Pléistocène moyen (781 000 - 128 000 ans) restent extrêmement rares en Europe du nord-ouest. En effet, hormis les deux crânes fragmentaires de Biache-Saint-Vaast dans le nord de la France, les rares fossiles humains de cette période proviennent de dix sites entre Allemagne et Angleterre. L’individu de Tourville-la-Rivière constitue une découverte majeure en Europe pour la connaissance de cette lignée humaine.

Le pré-Néandertalien de Tourville-la-Rivière

Les vestiges humains fossiles se composent des trois os longs du bras gauche d’un même individu (humérus, cubitus et radius). L’étude paléoanthropologique et les analyses morphologiques et métriques permettent de les attribuer à la lignée néandertalienne. Le fossile et l’occupation humaine sur le site de Tourville-la- Rivière sont datés entre 236 000 et 183 000 ans. Cinq échantillons d’os humains ont été analysés par les isotopes radioactifs de la série de l’Uranium 238 et huit dents animales par la même méthode et celle de l’Electro spin raisonnance (ESR). S’il est impossible de déterminer le sexe de l’individu, en raison des dimensions des diaphyses des trois os, ils pouvaient appartenir à un « grand » adolescent ou à un adulte.

L’absence de preuves d’une intervention humaine ou de carnivores sur les ossements laisse envisager un scénario : le bras entier de ce pré-Néandertalien a été charrié par la Seine avant de se déposer, avec ou sans la main, sur les berges ou sur des bancs de sable au pied de la falaise crayeuse de Tourville-la-Rivière

image : © Denis Gliksman, Inrap

© Denis Gliksman, Inrap

© Denis Gliksman, Inrap

Un néandertalien atteint d’enthésopathie ?

L’Homme de Tourville est le premier fossile humain aussi ancien qui révèle, sur son humérus, une crête inhabituelle à l’endroit de l’attache du muscle deltoïde. Cette anomalie résulte, selon toute vraisemblance, de la sollicitation du muscle deltoïde postérieur par un mouvement répétitif – peut-être celui du lancer – qui peut être comparable à celle observée chez certains athlètes professionnels contemporains.

Bien que cette anomalie ait eu probablement peu d'influence sur la survie de l'individu, elle pose des questions sur le comportement individuel et collectif, la vie quotidienne des homininés du Paléolithique moyen.

Tourville la rivière il y a 200 000 ans

Site préhistorique et paléontologique, Tourville-la-Rivière est situé dans un des nombreux méandres de la vallée de la Seine, à 14 km au sud de Rouen. Il offre une imposante séquence, de plus de 30 m de haut, reposant sur la basse terrasse de la Seine. La stratigraphie se compose de nappes d’alluvions qui se sont accumulées entre 350 000 et 130 000 ans avant notre ère. En 2010, la fouille d’un hectare s’est focalisée sur celles riches en vestiges et caractéristiques de la fin d’une période interglaciaire, datant d’environ 200 000 ans.

© Denis Gliksman, Inrap

© Denis Gliksman, Inrap

Une faune de climat tempéré

Les espèces animales présentes sont caractéristiques de ce contexte de fin de période interglaciaire : outre le cerf, on trouve l’aurochs et deux espèces d’équidés (dont l’hydrontin). Avec ces herbivores grégaires, il y a également du sanglier et du rhinocéros. Ils sont accompagnés de plusieurs carnivores : le loup, le renard, l’ours et la panthère. En plus de cette grande faune abondante, le site livre également des petits mammifères (chats sauvages) ou des rongeurs (castor, lièvre). Cette accumulation résulte, pour une large part, de phénomènes naturels : des carcasses animales, entières ou partielles, charriées par le fleuve, viennent se déposer sur les berges ou sur des bancs de sable de Tourville-la-Rivière.

Des outils particulièrement élaborés, remarquablement performants

L’industrie en silex est peu abondante au regard de la surface fouillée (500 objets seulement sur un hectare). Ce sont des lames et des éclats produits selon un processus particulier et complexe, la technique Levallois. Par exception, une petite aire de débitage concentre, sur moins de 3 m2, 300 objets. Elle offre de précieuses informations sur les objectifs de production recherchés par les tailleurs pré- Néandertaliens. Les éclats et lames Levallois, remarquablement performants du point de vue fonctionnel, répondent à des besoins immédiats d’outils spécifiques et permettent de prélever des matières animales (viande, tendons, peaux...) sur la faune déposée naturellement sur les berges de la Seine.

© Denis Gliksman, Inrap

© Denis Gliksman, Inrap

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 07:56
A Saint-Etienne, le Nouveau Couriot s’ouvre sur six siècles d’aventure minière

A Saint-Etienne, le Nouveau Couriot s’ouvre sur six siècles d’aventure minière

OUVERTURE DES NOUVEAUX ESPACES D’EXPOSITION - DU 3 DÉC. 20H30 > 7 DÉC. 18H30 (SAINTE-BARBE)

Lieu de mémoire emblématique du territoire de la plaine du Forez, le nouveau Couriot s’ouvre sur six siècles d’aventures minières qui constituent des plus belles pages du développement industriel stéphanois. Longtemps connue comme étant la ville « de l'arme, du cycle et du ruban », le nouveau musée évoque aussi avec émotion, à chacun, qu’un parent, qu’un ami a travaillé au Puits Couriot ou pour la société des Mines de la Loire : avec son chevalement métallique, qui brille désormais de mille feux la nuit tombée, c’est tout un pan de l’histoire extraordinaire de ces hommes, de ces travailleurs qui est présenté en héritage.

Classé Monument Historique avec ses deux crassiers (terrils), le Puits Couriot est un ensemble patrimonial exceptionnel à deux pas du centre-ville de Saint-Étienne, dont le cœur s’étend sur un peu plus de 10 hectares.

Dernier grand témoin de l’aventure minière du bassin stéphanois avec son chevalement métallique de 1913, il abrite depuis 1991 le Musée de la Mine de Saint-Étienne.

Le musée achève aujourd’hui une nouvelle phase de son aménagement, et renouvelle profondément ce qu’il propose à ses visiteurs (environ 55 000 aujourd’hui), au sein d’un projet plus vaste, celui du Parc-musée, à l’échelle de l’ensemble du site minier.

À partir du 3 décembre, 20h30, 1 000 m2 d’espaces d’exposition font comprendre l’aventure minière de Saint-Étienne, et présentent des éléments phares des collections du musée, dont le grand plan-relief du bassin présenté à l’Exposition universelle de 1889, tandis que le parcours patrimonial est revu et augmenté, et les conditions de visite améliorées.

Cette ouverture marque l’achèvement de la première phase d’aménagement du site.

Image : Le chevalement illuminé © Pierre Grasset - Ville de Saint-Étienne

Parc-musée de la mine © Pierre Grasset - Ville de Saint-Étienne

Parc-musée de la mine © Pierre Grasset - Ville de Saint-Étienne

Un lieu de mémoire qui se partage

Couriot n’est pas un musée ou un monument historique ordinaire.

Il est d’abord un très grand emblème de Saint-Étienne et de la mine, mais aussi du travail, et maintenant un vaste poumon vert de 10 hectares à deux pas de la ville. Un lieu où la vigueur et la rudesse de la mine et du travail se ressentent encore partout avec émotion, même si elle s’est éteinte ici en 1973, et si aujourd’hui le calme et la tranquillité dominent le lieu.

Un haut-lieu de Saint-Étienne et un grand site minier

Mis en service fin 1919 par la société des Mines de la Loire, le puits Couriot a longtemps été le puits le plus puissant du bassin. Ces installations occupaient plusieurs dizaines d’hectares à Couriot et à ses abords. À la fin des années 1930, le puits remontait 900 000 tonnes de charbon par an, soit le quart de la production du bassin, et employait plus de 1 000 mineurs. En sommeil à partir de 1965, le puits ferme définitivement en 1973, 10 ans avant la fermeture totale du bassin. Les bâtiments qui encombraient le plâtre ont été démolis en 1969.

Depuis, le chevalement et ses deux crassiers (les premiers en France à être classés au titre des Monuments historiques) trônent en majesté à deux pas de la ville, juste au-delà du boulevard urbain et de la ligne de chemin de fer, entourés d’un vaste espace dorénavant dégagés où abondent les traces de la mine, et que le vert a désormais dans une large mesure reconquis.

En sentinelle isolée dominant la ville, Couriot rappellent l’importance de la mine dans la construction du territoire stéphanois, tout entier construit au 19e siècle autour du fait industriel (mines, rubans, métallurgie et constructions mécaniques, armes, verreries, cycle...). Une histoire encore bien vivante, car Saint-Étienne demeure un grand territoire industriel.

Point de vue sur le chevalement, strate haute© Droits réservés - Ville de Saint-Étienne © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

Point de vue sur le chevalement, strate haute© Droits réservés - Ville de Saint-Étienne © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

Un musée vivant où l’émotion se ressent à chaque pas

Le musée de la mine de Saint-Étienne s’est naturellement installé dans ce haut-lieu en 1991.

Il s’est d’abord constitué autour d’une émouvante galerie minière reconstituée, et de la visite de quelques bâtiments remarquables simplement aménagés : le grand lavabo des mineurs (la « salle des pendus »), la salle de la machine d’extraction, la salle d’énergie et la lampisterie, la grande cour et son Monument aux morts et victimes du devoir...

Les bâtiments du puits ont conservé leur authenticité. Les espaces intérieurs avec leurs machineries impressionnantes et le grand lavabo des mineurs n’ont pas été transformés, et font ressentir le travail des hommes.

Les expositions, festivals, concerts, installations artistiques, la Fête du parc-musée (mise en place pour la première fois cette année en juillet) et la Fête de Sainte-Barbe (décembre) font de Couriot un lieu de vie et de culture de premier plan, qui est aujourd’hui le musée le plus fréquenté de la Loire avec plus de 55 000 visiteurs par an.

Un double emblème

Avec la Cité du design, installée dans l’ancienne Manufacture nationale d’armes, et le stade Geoffroy-Guichard, Couriot constitue l’un des trois grands emblèmes de l’image de Saint-Étienne.

Mais Couriot porte aussi des valeurs plus universelles. Le Mineur est dans nos représentations la figure emblématique du travailleur, et du travail tout court, par la dureté de son travail, les luttes qu’il a mené, les dangers qu’il affronte. Dans le monde qui est le nôtre, Couriot fait ainsi d’autant plus sens, en nous parlant de notre héritage, et en suscitant dans sa découverte des questionnements sur nos devenirs.

1 000 m2 de nouveaux espaces muséographiques

Couriot proposait déjà un parcours de découverte singulier, avec sa galerie reconstituée et la découverte d’une série de salles patrimoniales. Tout entier tourné sur la découverte du site, des techniques minières, et de la vie des hommes au travail, il ne permettait pas de découvrir les collections du musée et d’explorer pleinement l’aventure minière du bassin et ses liens avec le territoire stéphanois.

Les 1 000 m2 de nouveaux espaces muséographiques qui ouvrent le 4 décembre vont enfin répondre à la curiosité des visiteurs, et donnent une nouvelle dimension à Couriot.

La Figure du mineur

Rappelez-vous le Germinal de Zola (1885)... Le héros, Lantier, n’appartient pas au monde de la mine. Il le découvre par hasard en cherchant un nouvel emploi après avoir perdu le sien. Le monde qu’il découvre est terrifiant. Travaillant dans des conditions exécrables, avec des salaires de misère, confrontés à la dureté des compagnies, et au terrible grisou, les mineurs et leur famille en perdent presque leur humanité.

Soixante années plus tard, le Mineur est devenu le « premier ouvrier de France », et il est toujours aujourd’hui la grande figure du monde du travail, à la fois héros et victime, même si aujourd’hui la mine s’est refermée, et que l’on sent bien que le monde industriel tel qu’il a existé jusque dans les années 70 est en train de s’effacer.

Dans l’ancienne première lampisterie, La Figure du Mineur raconte cette transformation progressive, à deux pas du Monument aux morts et victimes du devoir de Couriot, qui met en scène le Mineur comme héros du travail de l’arrière durant la Grande guerre, et qui, alors que le Soldat se repose, travail à la reconstruction de la France.

La Grande aventure de Couriot

La Grande aventure de Couriot fait explorer dans les pas de la compagnie minière le développement de ce grand puits.

Une maquette tactile permet de mesurer l’importance du site à son apogée, un diaporama de revivre les grandes étapes de développement de Couriot et la grande cimaise retrace pas à pas les moments-clés de son histoire.

Dans les collections présentées, la part belle est faite aux objets que la société anonyme des Mines de la Loire a mis en avant pour se représenter : plan relief exposé à l’Exposition universelle de 1855, coupes colorées exposées en 1867 qui permettent de comprendre l’exploitation du sous-sol, mais aussi médailles et jetons de la compagnie. Un dispositif de théâtre animé de trois mètres d’ouverture permet de suivre en 9 tableaux la manière dont le paysage de Couriot s’est transformé.

Photo de mineurs dans la galerie souterraine © Droits réservés - Ville de Saint-Étienne

Photo de mineurs dans la galerie souterraine © Droits réservés - Ville de Saint-Étienne

Six siècles d’aventure minière

Profitant du plus grand espace disponible de l’ancienne chaufferie, parvenue jusqu’à nous sans ses gigantesques chaudières, Six siècles d’aventure minière raconte sur plus de 600 m2 l’aventure houillère et ses liens avec le développement du territoire stéphanois.

Un grand audiovisuel animé, de plus de 20 m de long, retrace en dix minutes cette histoire.

De grandes vitrines permettent d’aborder les usages du charbon. Deux d’entre-elles regroupent des objets de travail et du quotidien des mineurs, de l’énorme cuffat par lequel les mineurs descendaient dans le 19e siècle dans la mine jusqu’aux boîtes de pastille qu’ils emportaient avec eux pour affronter le fond. On peut y découvrir le drapeau du puits Pigeot, le dernier du bassin, sauvé à sa fermeture en 1983 par un employé qui l’a soigneusement plié et rangé dans l’armoire familial, que son fils a donné au musée à sa mort.

Mais la pièce majeure de cet espace est le grand-plan relief du bassin (plus de 10 m2) présenté à l’Exposition universelle de 1889, celle de la Tour Eiffel, et restauré avec soin pour l’occasion.

Conçu par la société des Houillères de Saint-Étienne, avec le soutien des autres grandes compagnies du bassin (les Mines de la Loire, mais aussi les Houillères de Montrambert-La Béraudière et les Mines de Roche-la-Molière et de Firminy), ce plan-relief est exceptionnel par ses dimensions, sa qualité et son état de conservation.

Une galerie a, pour finir, été prévue pour abriter par roulement la présentation d’œuvres trop fragiles pour être exposées longuement, ou des expositions thématiques. Elle accueillera pour commencer une sélection d’une dizaine de grandes affiches sur le thème de la mine, extraites de la riche collection du musée, avant d’accueillir, dans le cadre de l’exposition temporaire de l’été 2015, une série de tirages photographiques de Félix Thiollier.

La galerie souterraine © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

La galerie souterraine © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

Un parcours patrimonial élargi avec l’ouverture de nouvelles salles

Le parcours patrimonial de Couriot fait découvrir les principales salles du puits Couriot sur les pas des mineurs : le grand lavabo (le vestiaire des mineurs), avec leurs paniers pendus au plafond et l’interminable salle des douches, la lampisterie, mais aussi la salle de la machine d’extraction, avec la guérite du machiniste et la grande machine qui commandait la marche des cages, et la salle d’énergie.

Deux nouvelles salles sont désormais ouvertes à la visite : l’atelier des locomotives électriques et l’impressionnante salle des compresseurs, avec ses énormes machines aujourd’hui assoupies qui permettaient de donner vie aux marteaux-piqueurs.

L’ensemble de ce parcours respire la présence des hommes. Le visiteur est simplement immergé dans les lieux tels qu’ils nous sont parvenus. Un simple et discret système de pupitre entièrement renouvelé l’accompagne dans sa découverte.

À partir des cours et des passerelles de Couriot, le parcours patrimonial fait également comprendre l’organisation du site, l’architecture des bâtiments et leurs fonctionnalités, tout en offrant de remarquables points de vue sur la ville.

Salle des compresseurs © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

Salle des compresseurs © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

La galerie souterraine en visite guidée

La galerie souterraine reconstituée constitue naturellement l’un des temps forts de la visite de Couriot. Créée à l’ouverture du musée, son ambiance a été particulièrement soignée. Dans une semi pénombre, il faut se faufiler entre les étais, par moments baisser la tête, et ainsi ressentir pleinement l’atmosphère et les conditions de travail du fond de la mine.

Plébiscité par les enfants, un petit train de la mine emmène alors jusqu’au bout du « travers-banc », l’artère principale de la mine, jusqu’à la succession de chantiers où les techniques d’extraction et le travail des mineurs sont expliqués par les guides du musée. Elle s’achève notamment par la découverte de l’écurie, où jusque dans les années 1920, les chevaux qui travaillaient au fond étaient regroupés le soir.

Et aussi les lieux historiques du parc-musée

Le grand lavabo

Appelée également « salle des pendus », cette image associe à la dangerosité de la mine le système très particulier de vestiaire qui permettait aux mineurs d’échanger vêtements de travail et vêtements propres : ces paniers situés à grande hauteur et reliés chacun par une chaîne aux bancs métalliques.

La lampisterie

Cet espace était destiné à abriter, entretenir, réparer et distribuer les lampes nécessaires au travail du fond. Il permet également le pointage des mineurs. Dans l’organisation de la mine, chaque mineur se voit attribuer une lampe personnelle, identifiée par son numéro de matricule.

La recette jour

La recette jour est avec la recette fond un endroit stratégique dans la marche de la mine : c’est là que se croisent au rythme incessant des cordées les hommes, les bennes vides et les bennes pleines, ainsi que le matériel (étais...) nécessaire à l’extraction.

La salle de la machine et la salle des énergies

La grande machine d’extraction à poulie Koepe entraîne le câble qui permet la circulation dans le puits. La salle d’énergie regroupe les convertisseurs qui permettaient d’alimenter en courant continu la machine d’extraction.

Le chevalement

Placé sur l’orifice du puits après le creusement ou « fonçage » de celui-ci, il porte deux grandes roues ou « molettes » sur lesquelles reposent le câble d’extraction, accroché à ses deux extrémités à chacune des deux cages.

Les crassiers

Le contenu des bennes remontées au jour est fait de tout venant résultant de l’abattage : le charbon est mêlé de schistes, les « stériles ». Les « stériles » récupérés tout au long de la chaîne de lavage / triage étaient ensuite entassés au jour sur l’arrière du site c’est leur accumulation qui forme les « crassiers ».

Un accueil entièrement renouvelé, accessible à tous pour un nouveau confort de visite

Couriot, tout du moins pour ses espaces au jour, est dorénavant totalement accessible aux visiteurs à mobilité réduite : un nouvel ascenseur articule les deux niveaux et permet d’éviter l’ascension des marches qui conduisent au grand lavabo.

En accord avec les associations, seule la découverte de la galerie demeure impossible pour les personnes à mobilité réduite.

Par ailleurs, une maquette tactile du site, des systèmes de fiches et d’autres éléments aident à la découverte des nouveaux espaces pour ceux qui ont des difficultés de vue, et les dispositifs animés et audiovisuels disposent tous d’un système de sous-titrage.

La grand lavabo ou Salle des pendus © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

La grand lavabo ou Salle des pendus © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

MÉMOIRES DE LA MINE

À découvrir sur le mur d’images des nouveaux espaces scénographiques

On ne descendra plus

Depuis 1983, la mine s’est arrêtée ici. Les mineurs ne descendent plus, le charbon ne remonte plus. Les pompes ont cessé de fonctionner, l’eau s’est répandue lentement dans les galeries. Peu à peu, le pétrole a évincé le charbon. Le bassin houiller a entamé une profonde mutation. En moins de 30 ans, l’activité industrielle du bassin a été bouleversée. Les puits sont scellés, les galeries remblayées, alors que la mémoire de la mine est encore fumante.

Quelques chevalements de mine se dressent encore. Quand les hommes célèbrent la Sainte-Barbe, ils servent de point cardinal à leur procession. Au fil des décennies, la végétation a entrepris l’ascension des crassiers. Lentement, la nature a repris ses droits. La ville noire s’éloigne. L’aventure houillère du territoire s’achève comme elle avait commencé, il y a plusieurs millions d’années.

S’engouffrer dans la terre & exploiter à grande échelle

Saint-Étienne est bien l’un des plus vieux bassins houillers d’Europe, et le plus vieux de France, dont l’exploitation a démarré au 14e siècle. Les hommes doivent s’engouffrer dans d’étroits boyaux, creuser plus profond. Ils sortent en rampant des fosses, un sac de charbon à la main. Les mineurs affrontent l’eau, qui oblige à abandonner l’exploitation, et à recommencer un peu plus loin. Ici et là, des trous béants perforent le sol.

À partir du milieu du 18e siècle, le développement du bassin connaît un nouvel essor. Le charbon est progressivement domestiqué par l’industrie. Le charbon stéphanois est de plus en plus demandé. Chaque année le tonnage extrait ne cesse d’augmenter. L’intensification de l’exploitation et la multiplication des cheminées bouleversent le paysage. Le territoire stéphanois connaît alors un extraordinaire développement. Chevalements, forges, hauts- fourneaux, atelier de construction mécanique et d’armement, se multiplient, mais aussi les ateliers de rubans et les teintureries, grâce à la proximité de Lyon. Saint-Étienne dépasse les 100 000 habitants en 1870, contre à peine 15 000 un siècle plus tôt. Saint-Étienne est alors la capitale de la Révolution industrielle, la Ville noire par excellence.

« Plus on s’enfonçait dans le sous-sol, plus je me rapprochais du corps de mon cheval, l’odeur et la chaleur humide de son poil m’aidaient à avoir moins peur et me raccrochaient aux images du jour du dehors, de mon enfance qu’il me semblait être en train de perdre. »

Paul Peyrache

Photo de mineurs dans la galerie souterraine © Droits réservés - Ville de Saint-Étienne

Photo de mineurs dans la galerie souterraine © Droits réservés - Ville de Saint-Étienne

Les Gueules noires

Plus que quiconque, le mineur incarne la figure de l’ouvrier. La réalité de son travail est souterraine. Chaque jour il affronte les ténèbres pour en retirer l’emblème du progrès que constitue le « diamant noir ». Mais il est aussi exposé à de très dures conditions de travail, à la merci des explosions de grisou, et connaît des conditions de vie misérables.

La grande série de catastrophes que connaît le bassin à partir des années 1870 frappe les esprits : Chatelus, Verpilleux, Pélissier... Près de 1 500 morts en 20 ans... Les mineurs se révoltent devant la dureté de leurs conditions de travail et leurs salaires de misère. Les grandes grèves se succèdent, jamais vraiment définitivement victorieuses. Le Germinal de Zola fait date : le mineur est soumis à la prédation du patronat comme à celle du ventre de la mine. Son existence n’est qu’une succession de tragédies.

Les mines sont l’un des foyers majeurs du syndicalisme. À l’avant garde des grèves, les mineurs s’organisent, et arrachent progressivement de nouveaux droits. En acquérant leur dignité et leur reconnaissance, les mineurs deviennent aussi dans les années 20 une icône patriotique et productiviste dans l’Europe entière. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les mines sont nationalisées en France, et les mineurs mis avant comme les héros de la Reconstruction. Les Gueules Noires sont devenues les premiers ouvriers de France.

Jusqu’à devenir inerte

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le pays a besoin d’énergie. La « Bataille du charbon » s’engage. Les mines sont nationalisées. L’effort des mineurs mis en avant. Mais les conditions de travail sont difficiles. Face à la détérioration de leurs conditions d’existence, les mineurs s’unissent dans la grève d’octobre 1948. Pendant sept semaines, 320 000 mineurs cessent le travail dans toute la France. Le gouvernement répond par la force. Au Puits Cambefort, à Firminy, une fusillade éclate. Antonin Barbier est tué, Marcel Goïo décède de ses blessures quelques années plus tard.

À partir des années 60, la fermeture des mines s’engage. Le bassin de la Loire ferme parmi les premiers. Couriot se tait en 1973.

Percevoir les empreintes

Les traces de 600 ans d’aventure houillère disparaissent. La végétation change peu à peu les crassiers en collines ordinaires. La fumée qui recouvrait autrefois la ville est dissipée. Mais Saint- Étienne est toujours un territoire industriel.

À nous de percevoir les empreintes que la mine nous a léguées, bien plus nombreuses qu’il n’y paraît.

Les lieux qu’elle laisse derrière elle ne sont pas vides. Saint-Étienne demeure un territoire cosmopolite et singulier, les sociétés amicales et les jardins ouvriers font toujours parties du quotidien. Savoir-faire, manières de vivre et de penser, constituent un héritage invisible et profond, comme ces centaines de kilomètres de galeries qui perforent toujours le sol.

Cet héritage compose un réseau complexe qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre. Il féconde et nourrit le Saint-Étienne d’aujourd’hui.

Photo de mineurs dans la galerie souterraine © Droits réservés - Ville de Saint-Étienne

Photo de mineurs dans la galerie souterraine © Droits réservés - Ville de Saint-Étienne

UN PARC OUVERT SUR LA VILLE

L’équipe de maîtrise d’œuvre

Désignée en 2010 à l’issue d’une procédure de marché de définition, la maîtrise d’œuvre est composée d’une équipe pluridisciplinaire dont le mandataire est l’agence d’architecture et d’urbanisme Gautier+Conquet (Dominique Gautier et Pascal Hendier), associés au paysagiste Michel Corajoud (Prix André Le Nôtre, grand prix national du paysage et de l’urbanisme), aux architectes du patrimoine ARCHIPAT (Laurent Volay) et aux muséographes de SCENE. Récompensé par le trophée EDF Rhône-Alpes du Patrimoine Rhône- alpin cette année, la mise en lumière du chevalement est l’œuvre de COBALT. La signalétique et le graphisme ont été conçus par les designers stéphanois de l’Atelier Cahen&Gregori (+ P-N Bernard).

Coût total de la 1ère tranche des travaux du parc-musée de la Mine : 10 millions d’euros TTC

La première tranche des travaux a permis de réaliser :

> l’aménagement du parc,

> la restauration d’une partie des bâtiments classés Monuments Historiques,

> la création de 3 nouveaux espaces d’exposition : 1 000 m2,

> la réhabilitation de l’accueil et la mise en place de la boutique,

> l’aménagement de nouveaux bureaux, de vestiaires et d’une salle de repos,

> la mise en lumière des bâtiments.

Maître d’ouvrage : Ville de Saint-Étienne Parc : 63 000 m2 Musée de la mine : 3 000 m2

Tout est là

« Tout est là », écrit Michel Corajoud, en parlant de Couriot, de son rapport à la ville et au temps, et de la valeur qu’il a pour la vie d’aujourd’hui.

L’aménagement du site a été conçu comme un seul et même ensemble. Il a simplement été décidé d’accompagner, de mieux révéler et faire ressentir, de conforter l’identité du lieu, de permettre de nouveaux usages simples et respectueux. En d’autres termes, d’aménager de manière attentionnée et sensible l’emblème que constitue Couriot et les traces de l’activité minière que le temps nous a légué pour faciliter sa mise en relation avec ce que nous sommes.

La présence de la ville toute proche, qui symbolise la vie d’aujourd’hui, est aussi importante dans la démarche d’ensemble que la qualité patrimoniale proprement dite de Couriot. C’est le regard posé sur le jeu entre la modernité et l’héritage qui fait le projet et sa qualité.

La ville d’aujourd’hui doit respecter ce qui l’a fondée. Couriot et le grand coteau vert de Montsalson, cette « paume de la main qui tient Saint-Étienne en son creux », doivent « être habités et cultivés ».

A Saint-Etienne, le Nouveau Couriot s’ouvre sur six siècles d’aventure minière

Entre héritage et modernité

L’héritage du site conserve toute son identité. Le projet s’est interdit toute construction neuve visible depuis la ville et les plates-formes basses du parc.

Les interventions menées avec soin se sont uniquement attachées à résoudre les problèmes structurels du bâtiment, qui conservent leur patine, la diversité de leurs carreaux et de leur apparence.

La modernité doit s’affirmer en revanche clairement côté ville, contre le chemin de fer.

C’est là que sont regroupés les nouveaux aménagements mis en place. Le grand quai équipé de bancs, le grand dispositif de jeux pour enfants et ses tables de pique-nique, le petit canal qui amène une eau rare à Saint-Étienne et les pelouses à l’herbe bien verte qui l’accompagnent, y développent une vie qui chaque jour montre que le parc est bien approprié, notamment par les habitants du quartier.

L’espace qui entoure le chevalement est une « zone de silence ». Pavages dont on se sait où ils commencent et où ils finissent, murets à la fonction indéfinissables, grand rectangle de goudron dont on ignore la fonction passée, mousses et arbustes qui poussent là où peut-être existait une installation minière... Toutes les traces de la mine y ont été scrupuleusement conservées, ainsi que la nature telle qu’elle s’est emparée du plâtre à cet endroit.

Le choix s’est naturellement imposé de ne pas parsemer le parc de panneaux explicatifs. Seul un pupitre placé sur le grand quai permet de lire le paysage de Couriot. Quelques bornes sonores font sortir du sol des chansons et poèmes de la mine à mi-distance entre la rive de la modernité et le chevalement.

Les aménagements du musée

Tous les aménagements nécessaires à l’accueil du public et au développement des espaces d’exposition ont été glissés discrètement dans les espaces existants, en tenant compte de la qualité de ce qu’ils nous avaient légués.

Les deux nouveaux espaces majeurs d’exposition permanente, La grande aventure de Couriot et Six siècles d’aventure houillère, ont été aménagés dans l’ancienne grande chaufferie, restée depuis longtemps sans machinerie. Des galeries en bois massif sombre et sobres y ont été simplement posées au sol, en respect aux lieux, et abritent collections et dispositifs scénographiques dans les conditions climatiques adéquats.

La lumière vient des vitrines et des lutrins. Leurs dimensions et celle du grand audiovisuel, qui s’étire sur 20 m de long, sont à l’échelle de la puissance de la mine et de son épaisseur.

La construction du parcours a été en permanence attentive à la qualité des lieux et aux points de vue qu’offre Couriot sur la ville. L’aménagement de la plate-forme haute qui conduit aux deux nouvelles salles patrimoniales profite de points de vue sur le chevalement, la colline des Pères toute proche et le Pilat. Le revêtement sombre des sols extérieurs accompagnent l’architecture des bâtiments, mais aussi le vert de la nature qui le jouxte.

Placée dans la première lampisterie, la partie de l’exposition permanente consacrée à La figure du Mineur joue pour sa part d’une autre manière avec l’héritage. Ouverte sur la grande cour, elle donne à voir simultanément le Monument aux morts et aux victimes du devoir qui en occupe le centre, et l’allégorie du monde industriel qui se lève que constitue la reproduction du grand tableau de Jean-Paul Laurens, Les mineurs.

Parc © Charlotte Pierot - Ville de Saint-Étienne

Parc © Charlotte Pierot - Ville de Saint-Étienne

Achever la mise en résonance : les développements à venir

Conforter le dialogue entre la vie d’aujourd’hui et l’emblème que constitue Couriot passe nécessairement par l’amélioration de son accès depuis la ville.

Précédé d’un parvis prolongeant un espace à urbain à requalifier, une passerelle longue et fine desservant le parc et l’entrée du musée est à l’étude, et sa réalisation changera radicalement la perception de Couriot. Le parc attend également de nouveaux aménagements, notamment au niveau du coteau de Montsalson afin de le rendre plus accessible à pieds ou en vélo.

Demeure enfin la question de l’accès aux deux crassiers. Les « deux mamelles de Saint-Étienne » sont aujourd’hui interdits d’accès libre, en raison des fumées qui s’échappent encore de leur sommet. Leur découverte guidée et sécurisée viendrait compléter l’ensemble singulier que constitue déjà le Parc-musée de la mine.

La nouvelle mise en lumière quotidienne du puits a été récompensée par le trophée EDF Patrimoine Rhône Alpin cet automne. Le dispositif de pilotage programmable permettra dans l’avenir de passer des commandes artistiques.

DONNÉES & CHIFFRES CLÉS

> 8,5 hectares de parc

> 55 000 visiteurs par an pour le musée

> 1h15 de visite guidé en petits groupes (19 personnes) dans les principaux bâtiments et la galerie reconstituée

> 3h de visite pour les plus courageux !

> 450 m de galerie souterraine

> 7 000 m2 de parcours patrimonial en visite libre : le grand lavabo, la lampisterie, la recette jour et ses cages, la salle d’énergie, la salle de la machine d’extraction, la salle des compresseurs, l’atelier de réparation des locomotives, la grande cour et son monument aux morts et aux victimes du devoir...

> 1000 m2 de nouveaux espaces d’exposition permanente > 3 nouveaux espaces scénographiés : La Grande aventure

de Couriot, La Figure du mineur, Six siècles d’aventure houillère.

> 2 festivals par an (Avatarium en avril ou mai, Festival des musiques innovatrices)

> 4 temps forts événementiel annuels : La Nuit des musées, la Fête du Parc-musée (début juillet), les Journées du patrimoine et la Sainte-Barbe (1er week-end de décembre)

Nouveaux espaces muséographiques © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

Nouveaux espaces muséographiques © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne

INFOS PRATIQUES :

Parc-musée de la mine

3 Boulevard Franchet d’esperey 42000 Saint-Étienne Service accueil et réservation Tél : 04 77 43 83 23

Courriel : museemine@saint-etienne.fr

Horaires

Tous les jours sauf le lundi matin et les 1 / 01, 1 / 05, 14 / 07, 15 / 08, 01 / 11 et 25 / 12. De 9h à 12h45 et de 14h à 18h d’octobre à juin De 9h30 à 12h45 et de 14h à 18h30 de juillet à septembre Réservation obligatoire pour les groupes Départs en visites guidées de la galerie : se renseigner à l’accueil

Tarifs

Visites guidées site + galerie : Tarif Plein 6,40 € / Tarif Réduit 4,70 € Visites libres : Tarif Plein 4,50 € / Tarif Réduit 3 € Pass annuel 2 musées (Musée d’Art et d’Industrie + Parc-Musée de la Mine) Tarif Plein 17 €

Spectacles Soirée Couriot : Tarif Plein 6,40 € / Tarif Réduit 4,70 €

Scolaires et centres de loisirs

Forfait stage ou projet spécifique par enfant (primaires Saint- Étienne) 5 € Séance de stage ou projet spécifique par enfant (autres) 5 € Scolaires hors Saint-Étienne et Saint-Étienne Métropole 3 € Scolaires Saint-Étienne et Saint-Étienne Métropole 2 €

Visite libre Gratuit

Contacts

Parc-musée de la mine

Philippe Peyre, directeur du musée Tél : 04 77 43 83 23 Courriel : philippe.peyre@saint-etienne.fr

A Saint-Etienne, le Nouveau Couriot s’ouvre sur six siècles d’aventure minière

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18 novembre 2014 2 18 /11 /novembre /2014 07:42
Roland Garros, des serres sacrifiées sous une parodie de consultation…

Roland Garros, des serres sacrifiées sous une parodie de consultation…

Neuf serres détruites contenant des collections rarissimes de quelque 10 000 plantes tropicales et subtropicales, ainsi que l'arrachage d'une quarantaine d'arbres et arbustes dont plusieurs dits "remarquables" ne sont mentionnés dans le rapport de la commissaire-enquêteur de l'enquête publique unique sur l'extension de Roland-Garros qui vient enfin d'être rendu public par la Mairie de Paris sur son site le 12 novembre dernier.

Aucune évocation au très grand nombre de contributions émanant d'associations et personnalités éminentes telles que : ICOMOS-IFLA, association internationale conseil de l'UNESCO ; Philippe Toussaint, président de Vieilles Maisons Françaises et Alexandre Gady, président de la Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France, deux associations nationales reconnues d'utilité publique portant notre projet alternatif; François Loyer, historien d'art Grand Prix du Patrimoine 1999; Denis Grozdanovich, écrivain et ancien Champion de France junior de tennis; Frédéric Dhié, animateur du site Internet Nouvelle Calédonie Presse, etc, etc.

De nombreuses associations, plus de 60.000 signataires, ainsi que les descendants de Jean-Camille Formigé (1845-1926), architecte-paysagiste emblématique de Paris, appellent à protéger l’intégrité du Jardin des serres d’Auteuil, alors que les organisateurs du tournoi de Roland-Garros prévoient d’y construire un stade de tennis.

1165 correspondances et diverses observations émanantes du public, ont été adressées au commissaire enquêteur sur le projet d’extension de Roland Garros, mais elles n’auront pas suffi puisqu’un avis favorable a été annoncé sur les trois permis de construire déposés par la Fédération Française de Tennis (FFT) :

- le premier, valant permis de démolir, porte sur le « triangle historique » qu’occupe actuellement le stade;

- le second, valant également permis de démolir, porte sur l’implantation prévue dans le jardin des serres d’Auteuil ;

- et le troisième, à titre précaire, permet la construction d’un bâtiment provisoire pour une durée de 23 mois, afin d’accueillir l’ensemble du personnel chargé de l’organisation des tournois pendant les phases principales des travaux de modernisation du site.

L’unique réserve du commissaire-enquêteur porte sur la réduction par la FFT de la durée d’utilisation du jardin japonais situé au nord des serres techniques : 6 semaines de privatisation seront accordées à la FFT, au lieu des 9 prévues initialement. Une restriction qui apparaît comme « une provocation et un reniement à tous les arguments solides portés par les défenseurs du jardin », s’est émue hier Agnès Popelin auprès de qui nos associations ont mené la bataille depuis 2011.

Quant à la couverture partielle de l’A13 au Nord du site, proposée par la SPPEF et VMF, elle est présentée dans le rapport comme « une alternative séduisante mais ne pouvant réunir les conditions nécessaires à sa mise en oeuvre ».

Dans son avis, publié sur le site internet de la Ville de Paris, le commissaire enquêteur Marie-Claire Eustache s’attache à lever les inquiétudes des associations concernant la destruction d’une partie des serres du jardin d’Auteuil pour construire un nouveau court semi-enterré de 5.000 places. Elle s’emploie également à démontrer les nombreux inconvénients qu’aurait, selon elle, la solution alternative à cette destruction, à savoir la couverture partielle de l’autoroute A13.

Didier Rykner a, pour sa part, tiré dans une excellente tribune les conclusions qui s’imposent, à savoir : « l’inutilité absolue qu’il y a à prendre part sérieusement à ce genre d’enquête, ce qui contribue en partie à les légitimer ? »

Et de poursuivre « lorsque nous sommes nous même venu donner notre opinion, nous avions été un peu interloqué d’entendre le commissaire enquêteur répondre aux interrogations avec les mêmes arguments que la Ville de Paris et la Fédération Française de Tennis. L’enquête n’en était pourtant qu’à son début. Est-il utile de renforcer ces parodies de concertation en acceptant d’y participer ? La question mérite assurément d’être posée. »

Roland Garros, des serres sacrifiées sous une parodie de consultation…

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 07:50
Vers la Nouvelle Bibliothèque Humaniste de Sélestat avec Rudy Ricciotti

Vers la Nouvelle Bibliothèque Humaniste de Sélestat avec Rudy Ricciotti​

Sélestat a été l’un des foyers de l’humanisme rhénan aux XVe et XVIe siècles. La Bibliothèque Humaniste reste le témoin de cet âge d’or dans l’histoire culturelle du Rhin Supérieur.

L’ancienne Halle aux Blés, construite en 1840, abrite depuis 1889 ce joyau de la ville de Sélestat, constitué de la bibliothèque de l’école latine de Sélestat, berceau de l’humanisme rhénan et de la bibliothèque personnelle de Beatus Rhenanus, grand humaniste sélestadien, anobli par l’empereur Charles Quint et ami d’Erasme de Rotterdam, qui légua sa bibliothèque à la ville de Sélestat en 1547.

La bibliothèque de Beatus Rhenanus a été inscrite au registre de la Mémoire du Monde de l’UNESCO le 26 mai 2011.

La Bibliothèque Humaniste conserve 450 manuscrits, 550 incunables et 2 500 imprimés du XVIe siècle. De quoi ravir les passionnés de livres et d’histoire !

Parmi ces ouvrages d’une valeur inestimable se trouve le livre le plus ancien conservé en Alsace : un lectionnaire mérovingien du VIIe siècle et les premiers livres imprimés en Alsace par Jean Mentel, premier imprimeur alsacien contemporain de Gutenberg.

Autre ouvrage phare des collections : la Cosmographiae Introductio, imprimée en 1507 à Saint Dié, qui contient « l’acte de baptême de l’Amérique ».

Reconnue pour être une vitrine de l’humanisme rhénan avec ses remarquables collections que constituent la bibliothèque de l’école latine et celle du savant Beatus Rhenanus, la Bibliothèque Humaniste est le témoignage précieux de l’effervescence intellectuelle qui gagna Sélestat et le Rhin supérieur à la Renaissance en lien avec l’essor du livre imprimé, à l’aube des temps modernes.

Installée depuis plus de 120 ans dans l’ancienne halle aux blés, le bâtiment actuel ne permet toutefois plus de conserver dans de bonnes conditions cet ensemble de renommée internationale et d’accueillir convenablement les publics, lecteurs comme visiteurs.

Un centre du livre et de l’humanisme à dimension européenne

À partir de janvier 2014 jusqu’à l’automne 2016, la Ville de Sélestat s’engage à travers son projet de requalification du centre urbain, dans un vaste chantier de restructuration de la Bibliothèque Humaniste qui devra lui permettre de répondre aux nouveaux défis du XXIe siècle.

Ce projet s’inscrit dans une démarche volontariste visant notamment à élargir son audience et à positionner le nouvel établissement comme centre européen du livre et de l’humanisme, autour d’une bibliothèque d’étude et de conservation en lien avec des pratiques muséales.

Cette Nouvelle Bibliothèque Humaniste est amenée à devenir un véritable outil de promotion et de rayonnement touristique ayant vocation à renforcer l’attractivité de Sélestat et du Centre Alsace.

La Ville a donc sélectionné Rudy Ricciotti et le groupement Demathieu & Bard pour porter son projet de nouvelle Bibliothèque humaniste. L’exiguïté de l’ancienne Halle aux blés a poussé la ville de Sélestat à engager une refonte en profondeur du bâtiment et une requalification de son environnement urbain. «Notre volonté est d’inscrire l’établissement dans son siècle, en l’ouvrant sur la ville et en facilitant la découverte de ce patrimoine à de nouveaux publics», résume Vincent Husser, chargé de projet à la ville de Sélestat.

© Agence Ricciotti - Perspective depuis la rue du Sel

Vers la Nouvelle Bibliothèque Humaniste de Sélestat avec Rudy Ricciotti

La Nouvelle Bibliothèque en 10 points :

1. Amélioration de la sécurité des collections Aménagement de réserves appropriées d’une capacité de 3200 ml avec des réserves de 150 m2 pour les collections mobilières. Aménagement d’un atelier de reliure - restauration

2. Amélioration de l’accueil des publics Permettre tout particulièrement l’accessibilité des personnes en situation de handicap : aménagements et médiations appropriées.

3. Extension des surfaces - de 1000 à 2500 m2 Rationalisation des espaces et des fonctions.

4. Valorisation des collections patrimoniales Création d’un parcours muséographique grand public permettant de découvrir la richesse et l’universalité des collections précieuses.

5. Promotion de la recherche et du rayonnement scientifique Amélioration notable de l’accueil des chercheurs (création d’une salle de lecture de 16 postes informatisés), soutien aux jeunes chercheurs (résidence d’étude) développement de partenariats en lien avec les projets de recherche universitaires, accueil de conférences.

6. Développement d’outils d’action culturelle Création d’un espace d’expositions temporaires de 120 m2 et d’un auditorium de 140 places.

7. Renforcement de l’action pédagogique Aménagement d’une salle pédagogique de 100 m2.

8. Mise en œuvre d’outils de médiation modernes et innovants Dispositifs multimédias, services et ressources en ligne / web interactif.

9. Création de nouveaux services Cafétéria, boutique : favoriser l’appropriation et la convivialité du lieu.

10. Mise en valeur urbanistique du quartier Projet architectural et réaménagement du site en lien avec la cour des Prélats et la place Gambetta.

Le projet présenté par Rudy Ricciotti devine un complet réaménagement de l’intérieur pour révéler les volumes du site et en améliorer la fonctionnalité. La suppression de certains planchers intermédiaires s’accompagnera d’un dédoublement de la charpente métallique afin d’assurer la résistance antisismique sans peser sur les façades historiques. La rationalisation des espaces, une meilleure exploitation des sous-sols et la création d’une extension de style contemporain de 600 m² doivent permettre d’accroître les surfaces utiles de 1000 à 2500 m². Le réaménagement sera aussi l’occasion de développer les espaces à destination du public (auditorium de 140 places, salle d’exposition de 120 m², salle pédagogique de 100 m², cafétéria et boutique). Dispositifs multimédias et postes informatisés pour les chercheurs font leur apparition, ainsi qu’un espace muséographique, confié à l’Atelier A. Kiko, destiné à mieux valoriser la richesse des collections.

Le saviez-vous ?

Retour aux origines

Qu’appelle-t-on véritablement incunables ? C’est un terme spécifique que l’on attribue aux tous premiers ouvrages imprimés entre 1450 ( date vraisemblable de l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles ) et le 1er janvier 1501. Passée cette date, on parle d’imprimés. Etymologiquement, incunable signifie lange de bébé et par extension berceau, enfance, ou encore origine.

© Agence Ricciotti

© Agence Ricciotti

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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 06:54
Les Visions de Viollet-le-Duc à la Cité de l’architecture… à partir du 20 novembre

Les Visions de Viollet-le-Duc à la Cité de l’architecture… à partir du 20 novembre

Du 20 novembre 2014 au 9 mars 2015

À l’occasion du 200e anniversaire de la naissance d’Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), la Cité de l’architecture & du patrimoine, avec la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, présente une exposition rétrospective de l’œuvre singulière de ce grand architecte, théoricien et restaurateur, fondateur du musée de Sculpture comparée dont le musée des Monuments français est l’héritier. L’exposition se déroule en sept séquences définissant les aspects de son travail et de sa personnalité.

Eugène Viollet-le-Duc est l'un des rares architectes du XIXe siècle dont les travaux de restauration et l’œuvre font toujours référence pour les professionnels de l'architecture, malgré des polémiques. Son génie a marqué de son empreinte l’histoire du patrimoine et de l’architecture du Moyen Âge. Longtemps, les historiens se sont attachés à mettre en perspective sa science archéologique, sa doctrine en matière de restauration et son activité au service du patrimoine. À partir des années 1970, les idées qu'il avait exprimées en matière de création architecturale furent à leur tour objet d’étude et de controverses. Aujourd'hui, trente ans après la dernière exposition monographique qui lui fut consacrée à Paris, ce sont les aspects les moins connus et les plus inattendus de cet artiste aux talents multiples qui sont présentés au public, pour témoigner de la richesse et de la complexité de sa personnalité. L’exposition dévoile ici le côté visionnaire de sa démarche et illustre l’alliance de positivisme et de délires romantiques, sources mêmes de son génie. Surgit peu à peu une personnalité étrange et complexe, hyperactive et féconde, mobilisant un savoir encyclopédique au service d’un projet politique tout autant qu’esthétique. Une figure majeure du XIXe siècle français.

Portrait(s)

Cette séquence donne corps au personnage par des portraits (sculptures, gravures et photographies) réalisés à diverses périodes de sa vie. Des documents restituent le contexte culturel et politique que l'architecte traverse de la Restauration jusqu’à la Troisième République. Ils livrent aussi une image de l’homme, fait d’évidente gravité et d’une fantaisie dont témoignent ses caricatures. On y retrouve son cercle familial, son entourage intellectuel mais aussi professionnel et politique comme Ludovic Vitet ou Prosper Mérimée. Viollet-le-Duc traverse un siècle marqué par une instabilité politique et sociale d’une rare intensité. Il laissera des témoignages de tous ces évènements, depuis les Trois glorieuses en 1830 jusqu’à son engagement au service de la Défense de Paris en 1870. Sa proximité constante avec les pouvoirs successifs pose la question de sa sensibilité ou de ses convictions politiques, de la sincérité de ses engagements. Viollet-le-Duc apparaît aujourd’hui comme un homme de réseaux dont la carrière n'aura connu aucune interruption dans un siècle mouvementé. Cette partie de l'exposition permettra aussi d’évoquer un quotidien fait d’habitudes, de goûts et de convenances sociales grâce à des documents d’archives, de la correspondance, des objets personnels, des livres de compte...

Le voyage, voir et rêver

Sa formation, non académique pour l’époque, est faite de voyages qui sont autant de parcours Initia- tiques dont il livre des impressions et des observations servies par un art consommé du dessin. Son journal de voyage et son abondante correspondance viennent éclairer, presque quotidiennement, ses découvertes. À la manière des voyageurs du Grand Tour du siècle précédent, il part en quête du Beau universel, du Beau idéal mais s'intéresse aussi à des périodes moins connues, comme le Moyen Âge et la Renaissance. Dans l’esprit du Romantisme contemporain, il se forge une idée de la « couleur locale », selon la formule de Prosper Mérimée, un patrimoine pittoresque, dépositaire des identités nationales. Le contexte romantique de la jeunesse de Viollet-le-Duc sera évoqué grâce aux personnalités qu'il a pu rencontrer.

Le voyage est aussi propice à rêver, à voir au-delà des réalités. Au Palais des Doges, à Venise, il perçoit les formes et les structures au-delà des murs ; à Rome, au Colisée, il redonne vie à l'édifice et assiste aux jeux antiques ; au-delà des ruines, il reconstruit en imagination le château de Pierrefonds.

Sur le chantier de la Sainte-Chapelle

Viollet-le-Duc décide très jeune de devenir architecte sans pour autant en suivre le parcours officiel. Son travail commence dans des agences comme celle de Jean-Jacques Huvé, mais il profite surtout de l'expérience acquise sur les premiers chantiers de restauration de monuments. Il livre ainsi des souvenirs émus de la Sainte-Chapelle de Paris, à la restauration de laquelle il participe en tant que second inspecteur des travaux à partir de 1840, auprès de Jean-Baptiste Lassus.

De la nature à sa métamorphose

Viollet-le-Duc manifeste un grand intérêt pour l’étude de la géologie, de la botanique, de l’anatomie et des sciences de la nature. Il y voit des figures étranges et fantastiques propres à nourrir ses réflexions et ses créations. Ses qualités de dessinateur, l’importance accordée à la précision et à la rigueur du trait sont fondatrices de sa pratique. En homme moderne, il saura faire usage des procédés de son époque pour gagner encore en précision. Grand amateur de montagne, il dresse ainsi une carte du Massif du Mont-Blanc toujours d’actualité.

Dans les études anatomiques, il trouve les clés de lecture et de compréhension des modèles structurels de l’architecture, presque vus comme des organismes vivants. Sa pratique du dessin d’architecture, reposant sur un registre de représentations très étendu, est liée à cette capacité de percevoir le squelette sous la peau.

Cette curiosité insatiable pour des matières et des domaines extrêmement variés, ce goût pour une certaine forme d'ésotérisme, d'étrangeté, le portent à s'intéresser aussi à d'autres civilisations et cultures lointaines (Mexique et arts précolombiens, Turquie et architecture islamique, Russie orthodoxe).

Le chantier de Notre-Dame de Paris

Ce chantier-phare du XIXe siècle est un éclatant manifeste des idées de Viollet-le-Duc en matière de restauration, de décoration et d’aménagement urbain. Sa vision globale de la restauration le conduit à formuler un projet portant sur l’édifice lui-même et ses abords (jardin, cloître, archevêché...). Viollet-le-Duc commence à mettre en pratique ses conceptions et théories de la restauration, celles qui lui font écrire dans son Dictionnaire raisonné que «restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné ».

Cette séquence présente une maquette exceptionnelle de la cathédrale Notre-Dame, réalisée en 1843, avant le début des travaux, qui permet de mesurer l’ampleur et la nature du travail accompli. L’architecte propose aussi une restitution des décors, extérieurs et intérieurs, depuis les grilles du chœur, la statuaire et les décors peints jusqu’au mobilier et à l’orfèvrerie liturgiques. De nombreux documents (études, planches, dessins à grandeur d'exécution, Journal des travaux, photographies, documents techniques...) et des œuvres réalisées (prêt exceptionnel d’objets conservés à Notre-Dame de Paris...) donnent corps à ce chantier. Son quotidien sera évoqué notamment à travers des compagnons et artisans (Ouradou, Denuelle, Geoffroy-Dechaume, Bellu, Gérente...) qui forment la petite armée de la restauration.

Un Moyen Âge retrouvé

Cette séquence décrit la manière dont Viollet-le-Duc réussit par ses études, ses publications et ses interventions, à faire émerger un patrimoine national et identitaire.

Viollet-le-Duc œuvre à reconstituer un Moyen Âge religieux, comme en témoignent les cathédrales de Bayeux et de Lausanne. Il participe aussi, par la conception de certains décors, à la mise en scène d’un decorum religieux autour de nouvelles figures de dévotion, comme à Amiens pour le retour des reliques de sainte Theudosie.

Son talent d’inventeur est également mis au service de l’architecture et du décor civils comme au château de Pierrefonds dont les décors intérieurs sont exemplaires par leur souci d’authenticité et d’unité de style. Cette capacité visionnaire et cette connaissance érudite de l’architecture médiévale le conduisent à définir et proposer des types architecturaux, aujourd’hui entrés dans l’imaginaire collectif comme le château-fort et la cathédrale idéale. Il n’hésite pas non plus à travailler pour ses contemporains et les wagons du train impérial de Napoléon III attestent de sa volonté de faire profiter ses commanditaires des inventions les plus modernes et les plus pratiques.

Un homme de pédagogie

Notoirement opposé à la manière dont sont enseignées l'architecture et l'histoire de l'art en France sous la férule de l'Académie et de l'École des beaux-arts, Viollet-le-Duc se consacre à la transmission de son savoir à l'intention d'un public professionnel et varié, voire des enfants. À l’aube de la IIIe République, Jules Ferry saura définir le projet de toute une vie, celui d’une nécessaire transmission du savoir, « d’une infatigable et triomphante défense des grands monuments de notre histoire contre le double vandalisme de la spéculation et de l’ignorance». (Éloge funèbre de Viollet-le-Duc par Jules Ferry, 1879).

L’enseignement et l’édition

Cette transmission a pu prendre la forme d’un enseignement comme celui des cours de dessin d’ornement qu’il dispense à la Petite école de dessin à partir de 1834, ou de son engagement au sein de l’École centrale d’architecture.

Elle a également pris celle de la publication d’ouvrages ayant connu une grande diffusion, aventure éditoriale hors du commun. Pour diffuser ses théories et ses modèles, Viollet-le-Duc publie notamment Le Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle (10 volumes, 1854-1868) ou le Dictionnaire raisonné du mobilier français de l’époque carolingienne à la Renaissance (8 volumes, 1858-1875). Il écrit également des ouvrages à l’intention de la jeunesse, tous les volumes Histoire de..., publiés par Hetzel, l'éditeur des œuvres de Jules Verne.

Le musée de Sculpture comparée

Dès 1848, il conçoit le projet d’un musée de repro- ductions de sculptures, expression de ses théories sur l’évolution de la sculpture médiévale française. Ce projet entend matérialiser, en volume et à échelle, le travail de sélection et de classification à la base même de son œuvre. Le musée de Sculpture comparée affirme la valeur de ce patrimoine national, par un discours historique et stylistique destiné à le faire connaître et reconnaître par tous. Le musée verra le jour, en 1882, après la mort de l’architecte. Cette séquence décrit le musée sur le mode de la reconsti- tution de deux de ses salles : la méthode comparatiste appliquée à la sculpture de la Renaissance et la mise à disposition typologique d'un répertoire de formes dans la salle d'ornementation (XIIe- XIIIe siècles). C’est ainsi que nous devons à Viollet-le-Duc la galerie des moulages de la Cité de l’architecture & du patrimoine, elle-même héritière des missions que s’était donné l’architecte de diffuser la culture architecturale auprès des professionnels et du grand public.

InformatIons pratIques

Cité de l’architecture & du patrimoine

Galerie des expositions temporaires

1 place du Trocadéro Paris, 16e

Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11h à 19h le jeudi jusquʼà 21h

Plein tarif : 9€/TR: 6€

Ouvrier marchant sous les arcs-boutants du chevet de l'église abbatiale du Mont-Saint-Michel, 1835. Collec-tions Médiathèque de l'architecture & du patrimoine MAP

Ouvrier marchant sous les arcs-boutants du chevet de l'église abbatiale du Mont-Saint-Michel, 1835. Collec-tions Médiathèque de l'architecture & du patrimoine MAP

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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 06:54
Une importante nécropole du Néolithique moyen à Fleury-sur-Orne

Une importante nécropole du Néolithique moyen à Fleury-sur-Orne

Une équipe d’archéologues de l’Inrap, plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe, mène actuellement, sur prescription de l’État (Drac Basse-Normandie), une fouille de 20 hectares à Fleury-sur-Orne, dans le cadre de l’aménagement de quartiers d’habitation par Normandie Aménagement et l’agglomération de Caen-La-Mer. Le site révèle une importante nécropole du Néolithique moyen (4500 avant notre ère) contenant une vingtaine de monuments funéraires dont un tertre encore intact.

Il y a 6500 ans, une architecture funéraire monumentale

Au cours du Néolithique moyen, de nouveaux types de monuments funéraires apparaissent : des constructions de terre et de bois, dont la longueur varie de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres. Ces sépultures monumentales, les premières du genre sont dénommées « de Passy » – du nom du site éponyme dans l’Yonne. Ces grands monuments allongés sont délimités par des fossés auxquels peuvent être associée une palissade. Elle enserre un tertre abritant la tombe de défunts remarquables. En rupture avec les traditions antérieures, ces monuments funéraires suggèrent une nouvelle hiérarchisation de la société.

À Fleury-sur-Orne, une vingtaine de ces tombes monumentales a été repérée par les archéologues. Leur taille et leur morphologie sont variées : de 12 m à 300 m de longueur, enserrés de fossés de 20 cm à plus de 15 m de large.

Photo : Vue aérienne du site © François Levalet / Inrap

Reconstitution hypothétique de la plaine occupée par la nécropole © Laurent Juhel / Inrap

Reconstitution hypothétique de la plaine occupée par la nécropole © Laurent Juhel / Inrap

Un tertre encore intact

Il y a 6500 ans, ces sépultures étaient recouvertes d’un tertre de terre, une élévation que l’agriculture moderne a généralement fait disparaître. À Fleury, l’un deux a été exceptionnellement fossilisé par un chemin antique. Son mode de construction est très original : des murs en « mottes de gazon », édifiés à partir de plaques de tapis herbeux empilées. L’étude des éboulements suggère que ce tertre, ou tumulus, devait atteindre, à l’origine, plus de 2 m de haut. De tels tumuli étaient encore visibles dans le paysage de Fleury jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

© François Levalet / Inrap

© François Levalet / Inrap

Sous les tertres, les sépultures.

Chaque monument est conçu pour abriter quelques sépultures, souvent un seul défunt. Les sépultures les plus caractéristiques sont très grandes – 3,5 à 4 m de long – et contiennent un homme en armes. Peut-être un arc, assurément des flèches dont seules les pointes nous sont parvenues. Des moutons entiers sont placés en guise de viatique auprès du défunt. Contemporaines des grands dolmens des rives de l’Atlantique, les tombes monumentales de Fleury ont mobilisées des énergies considérables au bénéfice de quelques-uns et signent l’émergence d’une différentiation sociale.

Ces fouilles déboucheront prochainement sur une série d’analyses, paléo- génétiques, isotopiques, parasitologiques, pour en savoir plus sur la lignée de ces groupes humains, mais aussi sur leur alimentation, les maladies dont ils souffraient.

© François Levalet / Inrap

© François Levalet / Inrap

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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 06:58
Le 18e aux sources du design - CHEFS-d'œuvre du mobilier 1650 à 1790 - 21 octobre 2014 - 22 février 2015, au Château de Versailles

Le 18e aux sources du design - CHEFS-d'œuvre du mobilier 1650 à 1790 - 21 octobre 2014 - 22 février 2015, au Château de Versailles

Salles d'Afrique et de Crimée

Le château de Versailles présente les chefs-d'œuvre du mobilier de 1650 à 1789, comme autant d'exemples emblématiques de la richesse créative de cette époque. Portant sur le génie d'hier un regard d'aujourd'hui, elle met en relief le caractère novateur et précurseur du mobilier 18e en matière de formes, de techniques, de décors et de matériaux. Jamais une telle exposition consacrée au mobilier n'avait été réalisée depuis 1955.

Une centaine de chefs-d'œuvres de mobilier issues des collections des plus riches amateurs d'art de l'époque - la famille royale et son entourage, l'aristocratie et les financiers - témoigne de la révolution que le XVIIIe a opéré dans l'histoire du meuble. Tous les grands noms de la création d'alors sont représentés : André-Charles Boulle, Antoine-Robert Gaudreaus, Charles Cressent, Bernard II Van Risen Burgh, Jean-François Œben, Jean-Henri Riesener et George Jacob.

À côté des pièces majeures provenant des collections du château de Versailles, du musée du Louvre, des Arts Décoratifs, du château de Fontainebleau, mais également du Getty Museum, des meubles non connus de collections privées, sont présentés pour la première fois au public.

Le parcours de l'exposition conduit le visiteur à la découverte de l'évolution des formes : des grands cabinets du milieu du XVIIe siècle jusqu'aux lignes droites de la fin du XVIIIe siècle, en passant par le jeu des courbes du style Louis XV.

Dans une scénographie contemporaine et épurée, la profusion créative et les savoir-faire exceptionnels du XVIIIe sont dévoilés. À la différence de la peinture, le meuble ne se laisse pas seulement voir, il doit être interprété et expliqué. Tel un laboratoire optique, chaque pièce est présentée en tant qu'œuvre d'art et non comme une composante d'un décor homogène ; elle est expliquée grâce à différents outils visuels, allant de la loupe à l'imagerie numérique, qui permet de mettre en évidence son architecture, son dessin, son épiderme, ou son estampille.

Des interventions de l'École Boulle permettent au public et notamment aux jeunes générations de comprendre le processus de naissance et de développement d'un meuble d'ébénisterie (une table à écrire) et de menuiserie (un siège). Le lien est ainsi établi entre le patrimoine et la tradition vivante des métiers d'art aujourd'hui.

Un XVIIIe siècle design :

C'est en 1712 que Shaftesbury introduit dans la théorie de l'art le mot et le concept de design unifiant "le dessein" et "le dessin", le processus de conception et de mise en forme de l'œuvre. Pour la première fois, le mobilier est pensé, les meubles sont créés avec une intention particulière, la forme est adaptée à la fonctionnalité et au confort. L'élaboration du meuble au XVIIIe s'inscrit bien aux sources du design, autant dans sa conception d'un projet global que dans sa recherche d'harmonie entre forme et fonction.

La transformation du mobilier accompagne l'évolution de la société du XVIIIe, où les commanditaires des grandes pièces de mobilier sont davantage désireux de confort et de luxe. La proximité du concepteur, architecte, ornemaniste (ancêtre du designer), et de l'artisan très qualifié annonce notre moderne design d'auteur. Les marchands merciers jouent alors un nouveau rôle d'intervention égal aux décorateurs d'aujourd'hui, suggérant de nouvelles applications au mobilier.

Métamorphose du mobilier :

La recherche sur les formes n'a jamais été aussi aboutie qu'au XVIIIe, où la silhouette du mobilier se métamorphose. Des trésors d'inventivité se déploient et de nouvelles formes apparaissent : consoles, commodes, secrétaires en pente et en armoire. Le mobilier aux formes rigides prend des formes courbes, devient galbé, droit à pieds galbés, reposant sur quatre, six, huit pieds. Les pièces de mobilier se dotent de mécanismes et transformations, et peuvent combiner plusieurs usages.

Audace de matériaux et de couleurs :

La même recherche caractérise les matériaux : les meubles se couvrent de bois exotiques, de laque, de vernis, d'écaille, de nacre, de bronze, de laiton, de plomb, de porcelaine, de paille, d'acier, de marqueterie de pierres. On s'assied sur du tissu, du jonc, du cuir. Devançant largement les audaces de couleurs des XXe et XXIe siècles permises par les matières plastiques, le XVIIIe a vu naître des meubles rouge, jaune jonquille, bleu turquoise, vert pomme, partiellement dorés ou argentés ... on a aussi, à l'inverse, réduit la gamme colorée aux seuls noirs et or du laque et du bronze, aux seuls motifs naturels du matériau pur, comme l'acajou.

Informations pratiques :

Exposition ouverte tous les jours sauf le lundi, de 9h à 18h30 jusqu'au 31 octobre 2014, puis de 9h à 17h.

Tarifs

Billet château : 15€, tarif réduit 13€, gratuit pour les moins de 26 ans, résidents de l'Union européenne.

Passeport donnant accès au Château, aux jardins, aux châteaux de Trianon et domaine de Marie-Antoinette , aux expositions temporaires : 18€

les jours de Grandes Eaux Musicales : 25€

Passeport 2 jours donnant accès pendant deux jours consécutifs au Château, aux jardins, aux châteaux de Trianon et domaine de Marie-Antoi- nette, aux expositions temporaires et aux Grandes Eaux Musicales : 30€

Audioguide compris.

Renseignements

01 30 83 78 00 www.chateauversailles.fr

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19 septembre 2014 5 19 /09 /septembre /2014 06:54
Les Journées Européennes du Patrimoine 2014 « Patrimoine culturel, patrimoine naturel »

Les Journées Européennes du Patrimoine 2014 « Patrimoine culturel, patrimoine naturel »

Les 20-21 septembre 2014 marquera la 31ème édition des Journées européennes du patrimoine avec comme thème « Patrimoine culturel, patrimoine naturel ».

Associer dans un même intitulé patrimoine culturel et patrimoine naturel, c’est évoquer les liens qui unissent définitivement le patrimoine sous toutes ses formes à l’environnement – minéral, végétal, urbain, littoral ou champêtre – qui le côtoie, l’abrite ou le sublime. Les deux notions sont étroitement imbriquées.

C’est également reconnaître une définition plus large de la notion stricto sensu d’objet patrimonial en l’ouvrant à celle de site ou de paysage. Celle donnée par l’UNESCO du paysage culturel dès la Convention de 1972 évoque ce patrimoine mixte, composé d’« œuvres conjuguées de l'être humain et de la nature », qui expriment « une longue et intime relation des peuples avec leur environnement ».

Elle illustre le dialogue évident qui se noue depuis des siècles entre les activités/créations de l’homme et son environnement naturel, entre les monuments (œuvres architecturales, sculptures, peintures, structures ou éléments archéologiques, grottes, etc.) et les sites ou zones naturelles (monuments naturels, formations géologiques et géomorphologiques, éléments fossiles, etc.).

Journées européennes du patrimoine 2014

Grand Site de France - Solutré Pouilly Vergisson  Chèvres alpines chamoisées en pâturage/Arnaud Bouissou/MEDDE-MLETR

Grand Site de France - Solutré Pouilly Vergisson  Chèvres alpines chamoisées en pâturage/Arnaud Bouissou/MEDDE-MLETR

Le thème « Patrimoine culturel, patrimoine naturel » s’inscrit dans la continuité d’un siècle de protection dont l’une des évolutions capitales réside dans l’extension du champ patrimonial. La notion de « patrimoine » n’a aujourd’hui plus la même définition, ni le même champ d’action. La conscience de sa diversité comme de sa valeur citoyenne, économique et sociale a inévitablement modifié sa perception auprès du public mais aussi les actions pour sa protection, sa conservation ou sa mise en valeur, ainsi que sa gestion par les pouvoirs publics.

Tandis que la loi cadre sur la biodiversité était adoptée en 2013, celle sur la protection du patrimoine sera présentée cette année au Parlement afin notamment de relever le défi de l’aménagement des territoires, en proposant un dispositif législatif actualisé, simplifié et enrichi.

C’est dans ce cadre que les relations d’interaction et d’interdépendance qui existent entre patrimoine naturel et patrimoine culturel (matériel et immatériel) doivent être considérées comme un thème d’avenir.

Grand Site de France - Puy de Dôme  Panorama depuis le col des Goules/Arnaud Bouissou/MEDDE-MLETR

Grand Site de France - Puy de Dôme  Panorama depuis le col des Goules/Arnaud Bouissou/MEDDE-MLETR

« Patrimoine culturel, patrimoine naturel » propose de placer le patrimoine au cœur d’un spectre allant du monument historique aux espaces protégés en prenant en compte les vastes domaines et espaces naturels abritant du patrimoine, ou encore les éléments naturels eux-mêmes faisant véritablement patrimoine.

Ce thème est une invitation à l’échange d’idées, au jeu et au croisement des regards et des métiers. Il doit permettre de mettre en lumière certains enjeux cruciaux pour l’avenir en matière culturelle, sociale et environnementale.

Cette 31e édition pourra ainsi s’articuler autour de quelques thématiques fortes, susceptibles d’embrasser l’ensemble des enjeux traversant un thème riche et stimulant :

Former le regard, sensibiliser les esprits : le rôle de la protection et de ses acteurs

Le paysage, mariage de tous les patrimoines

Entre patrimoine urbain et patrimoine rural

Jardins et domaines, lieux de dialogue

Les objets de nature : des monuments de culture ?

Les techniques et les savoir-faire à l’honneur

Quand la Nature reprend ses droits...

Grand Site de France - Pont du Gard  Classé au Patrimoine mondial de l’humanite/Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

Grand Site de France - Pont du Gard  Classé au Patrimoine mondial de l’humanite/Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

Former le regard, sensibiliser les esprits : le rôle de la protection et de ses acteurs

Ces deux journées de célébration de notre environnement culturel et naturel permettront de mobiliser chaque citoyen, engagé ou non en faveur de la protection. Elles seront également l’occasion d’échanges avec les institutions, les associations, les acteurs de la protection, celles et ceux qui œuvrent quotidiennement pour protéger, retrouver, identifier, renouveler, transmettre et créer.

Multipliant tout au long de l’année les actions de protection, de valorisation du patrimoine et de sensibilisation, les réseaux patrimoniaux parmi lesquels les Villes et Pays d'art et d'histoire, les Services territoriaux de l’architecture et du patrimoine, les Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement, les services en région chargés de l'Inventaire, services archéologiques des collectivités, Institut national de recherches archéologiques préventives, etc. sont des acteurs majeurs et incontournables des Journées européennes du patrimoine.

Grand Site de France - Pointe du Raz en Cap Sizun  Phare de la Vieille/Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

Grand Site de France - Pointe du Raz en Cap Sizun  Phare de la Vieille/Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

Une nouvelle fois, ils seront force de proposition pour élaborer des parcours ludiques et pédagogiques sur leurs territoires culturels.

La mobilisation des Écoles nationales supérieures d’architecture (ENSA), des Services territoriaux de l’architecture et du patrimoine (STAP) et des Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) pourrait ainsi permettre de sensibiliser aux thématiques en jeu, parfois complexes, sur les espaces protégés : qualité des territoires et du cadre de vie, abords des monuments historiques, autant de sujets pour lesquels la cohabitation concertée entre patrimoine bâti, environnement urbain et espaces naturels est un pivot essentiel.

Les nombreuses associations seront des relais de première importance dans la mise en place d’animations, d’ateliers et d’espaces de sensibilisation à leurs actions et à leur engagement, à échelle locale ou nationale. Parmi celles-ci, la Fondation du patrimoine qui fédère toutes les énergies, collectives et individuelles, pour la conservation des éléments bâtis témoignant de l’architecture d’une région et des générations qui s’y sont succédées. La Fédération Patrimoine-Environnement, elle aussi reconnue d’utilité publique, aura dans ce cadre un rôle clé à jouer au regard de son engagement en faveur de la protection et de la mise en valeur de l’environnement, du patrimoine archéologique, architectural et touristique de la France, et de l’amélioration du cadre de vie des Français.

Grand Site de France - Sainte-Victoire  Bassin minier/Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

Grand Site de France - Sainte-Victoire  Bassin minier/Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

Les musées auront pleine vocation à ouvrir leurs portes pour mettre en lumière le travail et les sources d’inspiration des artistes liés aux grands thèmes du paysage et de la Nature dans l’histoire des arts. Il s’agira également de mettre en avant la richesse des collections des muséums d’histoire naturelle, acteurs importants de la connaissance du patrimoine naturel, sans oublier les écomusées et les musées de sociétés et leurs missions pluridisciplinaires de conservation et de transmission de la connaissance des modes de vie et des milieux.

Si elle a su engager des mouvements de fond (le courant des Physiocrates en 1750, la Loi Beauquier – première proposition de loi pour la « protection des sites pittoresques » – ou encore l’organisation du premier congrès sur la protection du paysage en 1909), la France a su aussi lancer des initiatives porteuses, comme la définition de « périmètre sensible » dès 1959 ou la création du premier ministère de l’Environnement en 1971.

Cet élan a donné la preuve de son extraordinaire vitalité dans toute l’Europe et cette jeune histoire de la protection de l’environnement pourra être présentée par différentes institutions culturelles (archives nationales, départementales et municipales, etc.) ayant gardé la mémoire dans leurs collections de cette prise de conscience décisive d’une Nature à protéger.

Grand Site de France - Marais poitevin  Promenade en barque/Thierry Degen/MEDDE-MLETR

Grand Site de France - Marais poitevin  Promenade en barque/Thierry Degen/MEDDE-MLETR

Parmi les progrès décisifs réalisés pour la sauvegarde et la valorisation des patrimoines bâti et naturel, les Parcs nationaux français, les Parcs naturels régionaux (PNR), institués dès 1967, et le Conservatoire du Littoral, créé en 1975 et aujourd’hui 4e propriétaire de monuments historiques en France, occupent une place essentielle dans le paysage de la protection patrimoniale française. De la même manière, l’Office national des Forêts (ONF) s’inscrit à la croisée de cette double dynamique en faveur d’un développement durable et de la protection du patrimoine bâti, particulièrement dans le cadre de co-gestions au sein des grands Domaines, comme Chambord, Compiègne, Chantilly ou Fontainebleau, mais aussi dans celui de la restauration de ruines de château inscrits ou classés au sein de milieux forestiers à préserver.

Ces structures aux missions essentielles comptent parmi les tous premiers propriétaires et gestionnaires de France au regard des milliers d’hectares d’espaces naturels qu’elles gèrent avec les collectivités territoriales, les associations ou certains établissements publics. Elles contribuent à l’attractivité des territoires qu’elles protègent, en proposant des solutions d’aménagement permettant leur découverte par le grand public – ou leur exploitation par l’agriculture, les activités de pêche et les acteurs touristiques – tout en faisant du maintien de la biodiversité une priorité. Elles seront ainsi, naturellement, des partenaires privilégiés au cœur du thème de cette édition 2014.

Les Journées européennes du patrimoine seront enfin l’occasion de distinguer les « Grands Sites », héritiers des lois de 1930 et 1957 pour la protection des sites naturels présentant un « intérêt artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque ». Considérés comme remarquables pour leurs qualités paysagères, naturelles et culturelles, ils développent une démarche partenariale de gestion durable pour en conserver le caractère exceptionnel et mettre en place un projet de mise en valeur concerté et équilibré.

C’est le cas, parmi d’autres, de la Camargue gardoise, des falaises d’Étretat, des Gorges du Tarn ou du Verdon, du Marais Poitevin, de la Vallée de la Restonica ou de la montagne Sainte-Victoire, mais aussi de sites mêlant directement patrimoine naturel et patrimoine bâti à l’image de la ville de Brouage, du village de Saint-Guilhem-le-Désert dans la vallée de l’Hérault, du Pont du Gard ou du site archéologique de Bibracte.

Grand Site de France - Camargue gardoise  Chevaux de race Camargue/Arnaud Bouissou/MEDDE-MLETR

Grand Site de France - Camargue gardoise  Chevaux de race Camargue/Arnaud Bouissou/MEDDE-MLETR

Le paysage, mariage de tous les patrimoines

Bien qu’elles obéissent à des temporalités parfois difficiles à concilier, les politiques de protection des patrimoines culturel et naturel se retrouvent sur un même point : elles s’appliquent sur un dénominateur commun, le paysage.

À la fois espace naturel et espace habité, territoire construit et (ré)interprété, le paysage est le carrefour où se croisent les données naturelles d’un site ou d’une région et les aménagements des communautés humaines liées au développement des activités économiques et des relations sociales entre leurs citoyens.

L’adaptation des hommes aux atouts comme aux contraintes d’un paysage naturel montrent l’imbrication étroite entre ces deux notions de patrimoine naturel et de patrimoine culturel. Le patrimoine bâti que l’on entretient et que l’on visite s’est souvent construit sur ou avec les éléments naturels qui ont présidé au choix de son emplacement, des matériaux ou des gestes qui l’ont façonné.

Comment dissocier patrimoine culturel et patrimoine naturel lorsqu’on observe aujourd’hui certains sites emblématiques du patrimoine fortifié (citadelle de Besançon, châteaux dits cathares dans l’Aude et en Ariège, château du Haut-Koenigsbourg, forts de la barrière de l’Esseillon en Haute-Maurienne) ou religieux : la cathédrale de Fourvière à Lyon, Notre- Dame-de-la-Garde à Marseille, la statue Notre-Dame-de-France sur le Rocher Corneille à Vézelay et la chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe à ses côtés, l’abbaye du Mont-Saint-Michel ?

Parmi les innombrables exemples que nous fournit le patrimoine français dans toutes les régions, il en est de même pour les habitations troglodytiques de Dordogne – comme celles du Lubéron, de la vallée de la Seine ou du Saumurois –, pour les muches picardes, mais aussi pour les sites de Rocamadour (Lot) ou pour les villages de Gordes (Vaucluse) et de Cordes-sur-Ciel (Tarn).

Grand Site de France - Baie de Somme  Le Crotoy et la baie de Somme/Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

Grand Site de France - Baie de Somme  Le Crotoy et la baie de Somme/Laurent Mignaux/MEDDE-MLETR

Certains sites patrimoniaux et/ou naturels français ayant fait l’objet d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (sites palafittiques préhistoriques de l’arc alpin, le Val de Loire, les Causses et les Cévennes, le Bassin minier du Nord - Pas-de-Calais) ou engagés dans des procédures d’inscription (Chaîne des Puys / Faille de Limagne) illustrent ce dialogue entre des espaces naturels exceptionnels, l’habitat qui les caractérise et les activités qui en ont marqué le paysage. Le Canal du Midi, dont l’ensemble du parcours a été distingué par l’UNESCO, est à ce titre devenu un véritable couloir de biodiversité en plus d’un axe patrimonial majeur entre Atlantique et Méditerranée.

Les vallées en milieu montagnard, les villes portuaires et littorales, les îles, sont d’autres cas dont l’histoire a directement été conditionnée par l’adaptation à un milieu naturel original. Ils sont ainsi conviés à présenter toute la richesse de leur histoire et de leurs patrimoines dans le cadre de la manifestation.

Chaque aménagement d’un milieu peut amener à l’identification dans le paysage d’un objet patrimonial correspondant. Les nouveaux champs d’étude orientés vers l’interaction entre patrimoine naturel et patrimoine culturel ont ainsi permis de renouveler l’inventaire de nos patrimoines, comme cela été récemment le cas sur le thème de l’eau pour les aménagements portuaires de la Loire, les moulins de la Haute Vallée de Chevreuse, les points de franchissement du Rhône ou le patrimoine hydraulique des deux Savoies pour la région Rhône-Alpes.

Parc naturel marin de Mayotte  Poissons cherchant refuge sur un tombant externe/Julien Wickel / Lagonia

Parc naturel marin de Mayotte  Poissons cherchant refuge sur un tombant externe/Julien Wickel / Lagonia

Entre patrimoine urbain et patrimoine rural

C’est à travers des caractéristiques topographiques considérées comme propices que certains monuments et sites sont devenus des marqueurs patrimoniaux structurants dans nos paysages ruraux et urbains. Le thème de cette édition 2014 invite ainsi les acteurs patrimoniaux à reprendre le fil de cette histoire du paysage de leurs communes, de leurs territoires – voire de leurs terroirs – à travers des circuits spécifiques, afin de mieux comprendre l’histoire, l’aménagement et donc la valeur de notre environnement quotidien.

Évoquer le « patrimoine naturel » ne doit pas conduire à exclure les villes, qui sont elles aussi dotées d’un patrimoine remarquable à travers les éléments naturels à partir desquels elles se sont développées à travers les siècles. Que serait l’histoire de Paris sans la Seine, celle de Lyon sans la confluence du Rhône et de la Saône, celle de Bordeaux ou Toulouse sans leurs fleuves, et plus généralement celle de nombre de villes marquées par le cours d’une rivière ? La ville a le regard tourné vers le cours d’eau qui la traverse, elle s’appuie – parfois littéralement ! – sur sa présence pour grandir ou s’embellir.

Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon  Oiseaux posés sur les pignots du bassin/Anne Littaye / Agence des aires marines protégées

Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon  Oiseaux posés sur les pignots du bassin/Anne Littaye / Agence des aires marines protégées

Le thème doit aussi permettre de mettre en lumière le patrimoine rural et toute la richesse de ses héritages. Une attention particulière pourra être accordée à l’habitat rural (architecture des fermes), étroitement lié au paysage dans lequel il s’insère. Le petit patrimoine rural (moulins, lavoirs, fontaines, puits...), notamment dans les Parcs naturels régionaux ou les réserves naturelles nationales, a toute sa place au sein du thème national, de même que les cheminements paysagers (bocages, étangs, levées...), thématique portée par de nombreuses associations culturelles.

Parc national de la Vanoise  Sentier de la route du sel/Christophe gotti

Parc national de la Vanoise  Sentier de la route du sel/Christophe gotti

Jardins et domaines, lieux de dialogue

Qu’il soit d’agrément, d’utilité, potager, maraîcher, botanique ou japonais, le jardin est un espace où s’exerce la main de l’homme à travers la culture en pleine terre ou hors sol de végétaux. Tout jardin implique donc une modification d’un site naturel, exprimée à travers son relief, son tracé ou sa couverture végétale. La diversité des types de jardin et de leur utilisation s’inscrit ainsi pleinement au cœur de ces Journées européennes du patrimoine. L’histoire des gestes du jardinier, la recherche du meilleur aménagement possible à travers les plans de gestion, notamment dans les parcs et jardins protégés, ou la question essentielle de la circulation de l’eau sont autant d’entrées possibles pour faire écho au thème national.

Parc national des Pyrénées  Rhododendrons/Christophe Cuenin_PNP

Parc national des Pyrénées  Rhododendrons/Christophe Cuenin_PNP

La thématique des jardins, parcs publics et autres espaces verts pourra être également abordée. Inspiré par les créations de Le Nôtre ou les visées hygiénistes du XIXe siècle, protégé au titre des monuments historiques ou création contemporaine participant au renouvellement du paysage urbain, le jardin en milieu urbain est une marque d’ouverture de la ville. Les jardins restent des lieux d’agrément, des parcelles de nature qui offrent à la vue de tous un dialogue particulier avec la ville, ses édifices et ses circulations.

Du grand Domaine de Chambord, dont le mur de clôture ceinture 5440 hectares de forêt, au Domaine de Vizille qui accueille le musée de la Révolution française au sein d’un parc de 100 hectares labellisé « Jardin remarquable », les domaines tiennent enfin une place essentielle dans l’identité du patrimoine culturel et naturel français. L’imbrication entre patrimoine bâti et Nature (qu’elle prenne la forme domestiquée d’un jardin ou celle plus spontanée d’un domaine forestier) serait dans leurs cas particulièrement intéressante à développer.

Parc national du Port-Cros  Crique/Christel Gerardin_PNPC

Parc national du Port-Cros  Crique/Christel Gerardin_PNPC

Les objets de nature : des monuments de culture ?

Le terme de « monuments naturels » a été forgé par Alexander von Humboldt vers 1820. On le retrouve également, plus tardivement, dans la Convention de l’UNESCO pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel (1972). La 31e édition des Journées européennes du patrimoine souhaite s’inscrire dans cet héritage pour faire mieux connaître et reconnaître la valeur esthétique, sociale et symbolique de certaines formations naturelles.

Le meilleur exemple en est celui des arbres remarquables, témoins d’évènement majeurs (« Chêne de l'Entente » en forêt de Compiègne) ou investis d’une fonction culturelle (arbres de justice). Arbres uniques par leur histoire, leur dimension ou leurs formes, souvent connus depuis des générations et parfois nimbés d’une aura légendaire, ils représentent aussi le patrimoine naturel et culturel des forêts, que l’on connaît moins comme supports d’histoire et de mémoire.

Parc national du Mercantour  Lac et col de la Petite Cayolle/Adrien Jailloux_PNF

Parc national du Mercantour  Lac et col de la Petite Cayolle/Adrien Jailloux_PNF

D’autres monuments naturels ayant valeur patrimoniale, tant pour leur matière minérale que pour leur valeur de témoignage historique unique sur les communautés proto-historiques, pourront faire l’objet de visites à deux voix. Parmi d’autres exemples, citons les polissoirs et les gravures rupestres autour de Cayenne, les pétroglyphes de la Carapa sur la commune de Kourou ou les roches gravées pré-colombiennes du secteur de Trois-Rivières en Guadeloupe, les gravures rupestres de la Vallée des Merveilles dans le massif du Mercantour, les mégalithes de Locqmariaquer ou de Carnac en Bretagne. Les abris sculptés (Poitou-Charentes, Dordogne) et les grottes ornées (Lascaux et Chauvet en sont les exemples les plus prestigieux, mais elles comptent aussi des sites exceptionnels comme les grottes ariégeoises ou les grottes de Saulges dans la vallée de l’Erve en Mayenne, inscrites dans le réseau Natura 2000) entrent également dans cette thématique mixte.

Parc national de La Réunion  La chute Takamaka/Adrien Jailloux_PNF

Parc national de La Réunion  La chute Takamaka/Adrien Jailloux_PNF

Les techniques et les savoir-faire à l’honneur

Loin de l’image de la « nature morte », tout un patrimoine vivant composé de gestes et savoir-faire traditionnels a marqué des communautés entières ou des corps professionnels et continuent aujourd’hui de se transmettre. Certaines techniques traditionnelles d’exploitation des terres (agricoles, forestières, marais, zones littorales, etc.) se sont par ailleurs développées dans le respect de la diversité biologique et de la valeur du paysage. Les Journées européennes du patrimoine pourront être l’occasion de développer auprès du grand public la connaissance de ce patrimoine agricole, artisanal et technique, qui se traduit par l’utilisation de costumes, d’outils ou d’objets qui eux aussi possèdent une forte valeur patrimoniale.

Il existe encore aujourd’hui tout un patrimoine de techniques et de savoir-faire s’exerçant dans les écosystèmes formés sur le front littoral, le long des estuaires, autour des étangs, des lacs et des lagunes, ou dans les milieux humides que sont les marais, les tourbières, les lagunes et les mangroves.

Parc national de Guadeloupe  Les chutes du Carbet/Claude dautrey_PNE

Parc national de Guadeloupe  Les chutes du Carbet/Claude dautrey_PNE

Les villes portuaires ou fluviales ainsi que les territoires littoraux seront à mêmes de proposer des (re)découvertes des pratiques traditionnelles liées aux activités maritimes/fluviales dans le respect de la diversité de la faune et de la flore. Les quais, les berges, les phares, les écluses, les chantiers navals pourront représenter des lieux d’animation pour présenter à tous les publics les activités et les métiers qui y sont liés : pêche, écluses, construction et techniques de navigation des différents types d’embarcation (péniches, gabarres, plates, nacelles...), etc.

Il faudra également considérer les techniques servant la restauration du patrimoine ou les métiers d’art. Ces pratiques puisent leurs inspirations dans la nature ou s’appuient directement sur des matériaux naturels : joaillerie, taille de pierre, art de la céramique ou du verre à partir d’éléments minéraux ; charpenterie et menuiserie pour le travail du bois ; tissage, tressage et l’ensemble des techniques issues du génie végétal seront proposés comme autant de savoirs patrimoniaux à mieux connaître à travers des ateliers- démonstrations, des conférences ou des expositions.

Les métiers des professionnels de l’archéologie auront également une place à part au cœur de ces Journées européennes du patrimoine dans la mesure où la discipline, en quête des vestiges de la culture matérielle livrés par les sols, fait appel à des sciences naturelles annexes (botanique, épigraphie, géologie, zoologie, palynologie, carpologie, anthracologie, etc.) destinées à mieux connaître l’adaptation de l’homme, à travers ses pratiques quotidiennes, dans son environnement naturel.

Parc national des Écrins  Col du Lautaret, La Meije/Pascal_Saulay_PNE

Parc national des Écrins  Col du Lautaret, La Meije/Pascal_Saulay_PNE

Quand la Nature reprend ses droits...

De nombreux lieux de mémoire restent à appréhender à l’occasion de ces 31e Journées européennes du patrimoine. Certains sites, comme par exemple la forteresse de Chinon, s’appuient sur l’utilisation du végétal pour entretenir leur mémoire. Les ruines végétalisées sont également présentes en Outre-mer à travers certaines habitations-sucreries en Guadeloupe ou des vestiges de bagne en Guadeloupe.

Les friches industrielles, expressions d'une réalité de notre monde contemporain, s'offriront aux regards de nos citoyens à l'occasion de ces Journées. De la déshérence de certains grands sites industriels naît parfois un biotope étonnant, nouveau paysage à s’approprier et à préserver.

Les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais, inscrits sur la Liste du patrimoine mondial à travers l’ensemble du bassin minier du Nord - Pas-de-Calais, forment par exemple un écosystème à part, riche d’une végétation variée et buissonnante, protégé par les acteurs de la protection environnementale (le terril de Pinchonvalles bénéficie d’un arrêté de biotope, le terril du « 5 d’Auchel » est reconnu Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique).

Parc national des Cévennes  Agropastoralisme sur le causse Méjean/Damourette_SIPAPRESS

Parc national des Cévennes  Agropastoralisme sur le causse Méjean/Damourette_SIPAPRESS

Autre exemple d’hybridation entre patrimoine et nature : les décors d’inspiration végétale. L’inspiration du monde végétal dans l’ornement a donné lieu à une multitude d’objets phytomorphes dont le vocabulaire et les motifs invitent au rêve de nature. De l’arbre de la Liberté de 1789 aux choux frisés des cheminées du Palais Jacques Cœur à Bourges, en passant par le pampre des vêtements liturgiques, le décor végétal est partout. Feuillage, trèfle, rinceau d’acanthe, bouillons de feuille, guirlandes, liserés de fleurs accompagnent souvent les objets de l’art populaire. Ramures, pampres, grenades éclatées, vignes et blés dessinent, en les ornant, les contours architecturaux des grands ensembles religieux et des lieux de pouvoirs, ou les lieux de spectacles et de loisirs marqués par l’Art Nouveau.

En cette année de commémoration de la grande Guerre, un débat pourrait enfin s’ouvrir sur l’espace géographique du conflit. Champs de bataille, plages du débarquement, cimetières militaires, carrières des Poilus sont autant de lieux de mémoire qui font écho au thème choisi pour les prochaines Journées européennes du patrimoine.

Parc national des Calanques  Pins parasoles et crique/Adrien Jailloux_PNF

Parc national des Calanques  Pins parasoles et crique/Adrien Jailloux_PNF

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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 06:54
Monuments éternels - Sainte-Sophie dévoilée - ARTE le dimanche 21 Septembre 2014 à 20.45

Monuments éternels - Sainte-Sophie dévoilée - ARTE le dimanche 21 Septembre 2014 à 20.45

Basilique chrétienne devenue mosquée musulmane, Sainte-Sophie la Stambouliote est encore loin d’avoir livré tous ses trésors.

Érigée dans sa forme actuelle en 537, Sainte-Sophie a été pendant un millénaire la plus grande basilique chrétienne du monde. Centre religieux de l’empire byzantin, elle est ensuite convertie en mosquée et symbolise, pendant cinq siècles, un islam triomphant. en 1923, la République turque prend la place de l’empire ottoman et sainte-sophie, désacralisée, devient musée. Des travaux de recherche et de restauration permettent alors de redécouvrir sous les décorations ottomanes une partie des trésors qu’elle abritait : les œuvres byzantines exceptionnelles mises au jour ont suscité un élan qui a permis de redonner à l’empire byzantin sa juste place dans l’histoire. Mais l’avenir de la gigantesque coupole de Sainte-Sophie et des merveilles qu’elle abrite est incertain : un nouveau grand séisme est annoncé dans les vingt prochaines années, et les travaux de restauration sont ralentis par des tensions politico-religieuses.

Monuments éternels - Sainte-Sophie dévoilée - ARTE le dimanche 21 Septembre 2014 à 20.45

Une équipe internationale d’architectes, de sismologues et d’ingénieurs cherche à percer les secrets de l’exceptionnelle résistance du bâtiment aux séismes. en analysant ce qui fait la force de l’édifice, ils espèrent découvrir ses faiblesses cachées afin de pouvoir intervenir pour sa sauvegarde. En suivant leurs travaux in situ, ce documentaire nous plonge dans l’histoire des civilisations, de l’art et des religions, et se double d’une enquête scientifique très contemporaine.

LA collection Monuments Eternels

Ce documentaire fait partie d’une collection de trois films. Les deux autres épisodes, Les secrets du Colisée et Pétra, la capitale du désert, seront diffusés en 2015 :

Bien après la disparition d’une civilisation, ses monuments demeurent témoins de son rayonnement culturel à travers les âges. Dans le sillage d’archéologues, d’historiens et de restaurateurs, cette collection en trois volets révèle les secrets de fabrication de ces prouesses architecturales et replace leur construction dans le contexte religieux, artistique, technique et politique de l’époque.

Collection documentaire réaLisée par Olivier Julien, Pascal Cuissot et Gary Glassman (France/Etats-unis, 2014, 3x1h30mn)

  • Origine : ARTE F
  • Pays : France
  • Année : 2014
  • Disponible en direct : oui
  • Son : Stereo
  • Image : HD, 16/9
  • Arte+7: 21.09-28.09.2014
  • Générique
Monuments éternels - Sainte-Sophie dévoilée - ARTE le dimanche 21 Septembre 2014 à 20.45

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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 06:50
Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat
Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…

Grâce au prêt exceptionnel d’une partie des trésors nationaux de la collection de bronzes antiques du Maroc découverts à Volubilis, le MuCEM présente l’un des aspects majeurs du bassin antique méditerranéen. Fruit d’une convention signée entre le royaume du Maroc et le gouvernement français, l’exposition témoigne d’une collaboration étroite entre la Fondation nationale des musées du Maroc et le MucEM.

Les collections de bronzes du musée de Rabat figurent parmi les plus exceptionnelles du monde antique méditerranéen. Bien que découverts, pour la plupart, à Volubilis, ils n’ont pas été produits dans cette région de l’Empire romain. Ils témoignent cependant d’une mode -ou de modes- en vogue dans l’Empire romain entre le II è siècle avant J.-C. et le II è siècle après J.-C. Pour autant, nous ne connaissons pas leurs lieux de production, qui peuvent être localisés aussi bien en Italie, en Grèce, qu’en Méditerranée orientale - Turquie, Jordanie - où des ateliers de fabrication ont été découverts à ce jour. Outre leur qualité technique intrinsèque, les bronzes de Volubilis se signalent par une esthétique particulièrement représentative des modèles en cours dans la Méditerranée gréco-romaine.

L’ensemble des bronzes en provenance de Volubilis est mis en espace en regard d’œuvres issues d’autres régions méditerranéennes. Parmi celles-ci, nous avons pu bénéficier des précieuses collections du Louvre, du cabinet des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France, du musée de l’Ephèbe d’Agde et du musée départemental Arles antique. Elles illustrent magistralement le langage commun des élites méditerranéennes de l’Antiquité.

Il s’agit bien là d’un témoignage de ce bassin de civilisation qu’est la Méditerranée à l’époque antique : un vaste espace ouvert où les hommes circulent depuis le premier millénaire avant J.-C. de Tyr à Carthage, de l’Asie Mineure aux confins atlantiques en passant par la Mer Noire, de Phocée à Marseille, de Milet à Olbia, de Théra à Cyrène…

Photo: Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…

SPLENDEURS DE VOLUBILIS jusqu’au 25 AOÛT 2014

L’art n’est pas figé, il est en mouvement, il se nourrit d’influences nombreuses et sa fonction dépend de l’époque et du contexte. dans un bassin méditerranéen antique où Rome étend sa domination, les hommes, les marchandises, les goûts et les esthétiques circulent, se mélangent et s’imposent. Volubilis, site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNeSCO, offre un exemple saisissant de l’hellénisation des goûts et des arts officiels dans l’empire romain.

Sous la direction de Myriame Morel-Deledalle, conservatrice du patrimoine, le Musée archéologique de Rabat prête au MuCEM une série de statues de bronze datant du IIe siècle av. J.-C. au IIe siècle apr. J.-C. Avec la participation de la Bibliothèque nationale de France, du musée du Louvre, du musée d’Agde et du Petit-Palais, l’exposition Splendeurs de Volubilis consacre la vocation du MuCEM à rassembler en un lieu symbolique les cultures et les trésors patrimoniaux du pourtour méditerranéen. Le visiteur est ainsi plongé dans l’antique Maroc, nommé royaume de Maurétanie sous la domination des Romains. Volubilis fut un avant-poste important de l’Empire romain et a été ornée de nombreux beaux monuments témoins de la romanisation de la cité. L’archéologie nous a révélé une statuaire qui témoigne de l’hellénisation des goûts et des arts autour de la Méditerranée antique. À l’image de son roi Juba II, issu de la dynastie numide mais élevé à Rome, éduqué aux arts grecs, marié à une Égyptienne et placé à la tête de la Maurétanie par Auguste, cette exposition propose de montrer que la Méditerranée est un carrefour des peuples, de l’art et des esthétiques et favorise les échanges entre les nombreuses provinces de l’Empire romain.

Cette circulation du « beau », de ses influences, de ses références et de ses techniques s’illustre par une série de statues de bronze retrouvées dans la cité antique de Volubilis. Comme des témoins muets, ces statues montrent une certaine uniformisation des goûts artistiques et esthétiques autant que l’importance de montrer et d’afficher cette esthétique officielle. Certains enseignants pourront évoquer la romanisation, thème rencontré dans le programme scolaire de l’enseignement secondaire. L’histoire de l’époque et de la région est riche en éléments importants. La lutte entre César et Pompée a une incidence directe sur le royaume de Maurétanie, sur son futur roi Juba II et donc sur le devenir de la cité de Volubilis.

L’exposition illustre une époque de transformation où la République romaine laisse place à l’Empire et où le pouvoir doit être mis en scène, notamment, par la statuaire. Splendeurs de Volubilis raconte aussi une histoire des arts. L’élève pourra s’initier à l’art de la statuaire. Il reconnaîtra les genres, les écoles et les courants artistiques mais également la fonction sym- bolique et politique que peut avoir une œuvre d’art comme moyen d’affirmer une volonté politique qui transcende les frontières et unifie les codes esthétiques.

- « De la Numidie à la Maurétanie » présente la Maurétanie, son histoire, l’empreinte des Romains en ces terres et l’origine des familles régnantes.

- «Les goûts et les modèles» permet de caractériser les styles, les fonctions et les esthétiques des statues de bronze.

- « Le savoir-faire du bronze » nous met à la place du sculpteur d’hier et d’aujourd’hui afin d’appréhender les techniques de réalisation de ces statues.

Le royaume de Maurétanie se trouve au nord-ouest de l’Afrique. Alors que Jules César traverse le Rubicon avec ses légions pour prendre le contrôle de Rome, Pompée s’oppose à lui pour défendre la République. Durant cette guerre civile entre Pompée et César, le royaume de Maurétanie aura l’imprudence de prendre le parti de Pompée, ce qui entraînera, après sa défaite, un accroissement de la pression romaine sur ses terres. Le royaume sera gouverné par Juba II

(25 av. J.-C. - 23 apr. J.-C.), un souverain numide enlevé et élevé à Rome, marié à Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre VII. Le couple, élevé à Rome selon les goûts romains, va régner sur la Maurétanie et faire du royaume une province importante et fidèle à l’Empire romain.

Le règne de Juba II accélère la romanisation de la région et l’hellénisation des arts et de la statuaire. À Volubilis, résidence occasionnelle du couple royal, les archéologues ont mis au jour de nombreuses statues de bronze qui rendent bien compte de la volonté du roi et des riches habitants de la cité d’avoir accès à l’esthétique et aux goûts de leurs homologues romains de l’autre rive de la Méditerranée.

Après la mort de Juba II en 23, son fils Ptolémée prend la relève jusqu’à son assassinat à Lyon sur ordre de l’empereur Caligula. La province est alors annexée en 44 mais entre en rébellion. Volubilis, fidèle à Rome, participe à la répression de cette rébellion et obtiendra récompense, le statut de municipe romain faisant de ses habitants libres des citoyens romains et accélérant encore la romanisation de la cité.

Cette première partie de l’exposition est propice à la contextualisation tant chronologique que géographique. Les élèves pourront profiter des cartes et des chronologies pour reprendre les repères à connaître.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…

De la Numidie à la Maurétanie Tingitane

Rome est d’abord l’histoire d’une cité qui devient empire. Par une série de conquêtes militaires, l’influence de Rome s’étend sur tout le pourtour méditerranéen. L’antique royaume de Maurétanie entre dans cette histoire par l’implication du roi Bocchus Ier (120-80 av. J.-C.) dans le conflit qui opposa son gendre Jugurtha à Rome. Cette section montre comment Rome a su imposer son influence sur les immenses terres de Maurétanie et de Numidie grâce à un couple de souverains élevés à Rome et inspirés par l’héritage hellénistique. Juba II et Cléopâtre Séléné seront des vassaux fidèles à Rome qui participeront à la romanisation de la Maurétanie.

À la fin du IIe siècle av. J.-C., le royaume de Mauréta- nie entre dans la sphère d’influence de Rome à la suite du conflit qui l’oppose à Jugurtha. On constate l’appa- rition de produits romains dans les villes du royaume. Mais la mainmise de Rome sur la région s’intensifie lorsque César triomphe de Pompée. En effet, Juba Ier, roi de Maurétanie, s’était allié à Pompée. Vaincu, son fils, le futur Juba II, est enlevé pour être éduqué à Rome. Auguste aura l’intelligence d’en faire un véri- table Romain avant de lui donner la responsabilité d’administrer, avec sa femme, Cléopâtre Séléné, ce vaste territoire. Un certain nombre de bronzes et de statues sont alors importés par le couple royal afin de reproduire le décorum romain. Adoptée par les riches notables, l’imagerie artistique romaine s’impose bien- tôt ainsi que les monuments typiquement romains. La région se romanise. Le fils de Juba II, Ptolémée, est assassiné à Lyon par Caligula en 40. C’est à cette date que la région devient officiellement province romaine et prend le nom de Maurétanie Tingitane avant de connaître un rapide essor économique.

Buste de JUBA II

Juba II est un Numide qui a tout d’un Romain. Après la défaite de son père face à César et son suicide en 46 av. J.-C. Juba II sera élevé à Rome dans la famille d’Octave. Au cœur de la plus puissante des familles romaines, il sera pétri de culture classique. Il est connu des Grecs et des Romains en tant que savant, artiste, homme de lettres, auteur de plusieurs traités sur les lettres, la peinture, le théâtre, l’histoire, la géographie et la médecine. Il est placé sur le trône de Maurétanie par Auguste en 25 av. J.-C. Qualifié « d’allié et d’ami de Rome », il sera marié à Cléopâtre Séléné, fille de la très célèbre Cléopâtre VII et de Marc Antoine. Elle fut également élevée à Rome afin que, descendante de la famille des Lagides, elle devienne une parfaite Romaine. De par sa naissance africaine, son éducation romaine et son mariage avec une princesse de culture hellénistique, Juba II est un roi érudit, à la culture méditerranéenne. Il sera un grand collectionneur d’art et on lui doit l’importation d’un certain nombre d’œuvres présentes dans cette exposition.

Sur ce buste, il apparaît en souverain hellénistique, le visage imberbe et les cheveux courts ceints du bandeau royal. L’idéalisation de sa représentation montre les qualités de l’individu. Sur différentes monnaies, on peut remarquer des inscriptions en latin ou en grec et parfois en punique, signe de son multiculturalisme. On trouvera sur les monnaies qui représentent Cléopâtre Séléné des attributs égyptiens qui rappellent l’origine illustre de sa famille.

Monnaie en Or de PTOlÉMÉE

Sur cette monnaie, on peut voir le portrait du roi Ptolémée en buste, drapé et diadémé. Il est identifié par l’inscription REX PTOLEMAEUS.

Au revers est représenté un autel décoré d’une couronne et flanqué d’arbres. Au dessus, l’inscription R.A.I. (anno regni I) permet de dater la monnaie. Ptolémée est le fils de Juba II et de Cléopâtre Séléné. Il est associé au trône par son père en 19 puis règne sur la Maurétanie de 23 à 40 apr. J.-C. Il était extrêmement rare que des monarques clients de l’Empire romain soient autorisés à frapper du monnayage en or ; seuls les rois du Bosphore et ceux de Maurétanie avaient ce privilège.

Malgré cette faveur, signe des bonnes relations entre la Maurétanie et Rome, l’histoire de Ptolémée se termine mal. Ptolémée est assassiné sur ordre de Caligula à Lyon en 40. Il aurait suscité la jalousie de l’empereur lors d’un séjour à Rome en portant un manteau de pourpre, couleur réservée à l’empereur.

PORTRAIT DE CLÉOPÂTRE VII en ISIS

Cléopâtre VII est un personnage historique que la plupart des élèves connaissent. Cette statuette la représente avec les attributs de la déesse égyptienne Isis. Très importante en Égypte, Isis fait également l’objet d’un culte dans l’Empire romain. Cléopâtre VII, descendante de la puissante famille des Lagides, est la mère de Cléopâtre Séléné, femme de Juba II.

Son destin a connu un certain succès dans le cinéma, les séries et les bandes dessinées, ce qui explique sa popularité.

Elle est connue pour sa grande beauté et fait partie intégrante des intrigues qui secouent la République romaine durant la guerre civile. Elle a connu Jules César et lui donnera un fils, Césarion, représenté dans l’exposition (voir l’enfant royal). Après la mort de Jules César, Octave, son fils adoptif, s’oppose rapidement à Marc Antoine, un ami de César. Marc Antoine se marie alors avec Cléopâtre VII et les tensions montent entre Rome et Alexandrie. La guerre éclate et Marc Antoine est vaincu par Octave à la bataille d’Actium en 31 av. J.-C. Marc Antoine se suicide peu après et Cléopâtre le suit dans la tombe. La légende raconte qu’elle se serait donné la mort grâce à la morsure d’un aspic venimeux. Le contrôle de Rome est alors à la portée d’Octave qui deviendra le premier empereur en 27 av. J.-C.

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VOLUBIS CAPITALE RÉGIONALE

Volubilis a livré à l’archéologie de nombreux trésors dont la plupart des bronzes exposés au MuCEM. Elle est considérée comme la résidence régionale de Juba II qui va s’empresser de décorer la cité en important des œuvres d’inspiration romaine. La cité est riche, on y trouve une forte production oléicole qui rappelle la trilogie méditerranéenne composée du blé, de la vigne et de l’huile d’olive. La ville devient romaine après l’assassinat de Ptolémée et continue de se transformer et de prospérer. Elle ne cesse de s’étendre pour atteindre une superficie de 42 hectares au IIe siècle.

La cité offre des monuments «mauritaniens» comme un mausolée ou des temples dits «puniques» mais également des éléments romains qui montrent la romanisation de la cité. On trouve, entre autres, un forum, une basilique, des thermes, un arc de triomphe et des demeures à péristyle typiques de l’urbanisme romain. Ces demeures prouvent que la volonté de faire de Volubilis une ville semblable aux cités romaines n’est pas de la seule initiative de Juba II. Les riches habitants souhaitent également se rapprocher des codes esthétiques des patriciens romains. Les élèves pourront repérer les différents monuments d’inspiration romaine sur le plan aquarellé de Jean-Claude Golvin et pourront faire le lien entre l’urbanisme de Rome et celui des cités des provinces. Un rappel sur la fonction des différents bâtiments permet de mettre en lumière le mode de vie romain à travers les bâtiments aux fonctions politiques, religieuses et de loisir.

Les fouilles débutent en 1915, supervisées par Louis Chatelain, lieutenant de réserve et membre de l’École française de Rome. Il s’en occupera jusqu’à sa retraite en 1941 et sera remplacé par Raymond Thouvenir. Les premières fouilles ont dégagé les alentours de l’arc de triomphe, de la basilique et ont commencé à mettre au jour une partie du centre monumental (forum, capitole, tribune, thermes, maisons...). La découverte des différentes sculptures en bronze s’étale sur plusieurs dizaines d’années. Les statues sont retrouvées dispersées dans différentes parties de la ville, la plupart ensevelies. La majorité des statues ont été importées. Cependant quelques pièces auraient pu être fabriquées sur place comme en témoigne la découverte dans le jardin des Oudaya de Rabat de sept têtes masculines en plâtre qui servaient de modèles.

En plus des monuments et des bronzes découverts, les archéologues ont mis au jour des mosaïques somptueuses dans les riches villas des négociants. Le site de Volubilis est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997. Les nombreuses photos du site invitent l’enseignant à expliquer aux élèves en quoi consiste le travail d’un archéologue et à mettre en évidence l’importance de ces découvertes pour l’histoire antique.

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LES GOÛTS ET LES MODÈLES

Si Rome domine la Méditerranée, c’est l’art grec qui imprime sa marque sur les différentes cultures durant l’Antiquité. On trouve, comme point commun liant les différents peuples de ce vaste ensemble, les mêmes modèles artistiques. L’art est diffusé et utilisé par Rome comme un moyen de faire connaître à tous le visage de l’empereur et les marques de la domination romaine. des scènes mythologiques et religieuses participant d’une culture commune se retrouvent également autour de la Méditerranée et à Volubilis.

PORTRAIT POLITIQUE ET ESTHÉTIQUE DU POUVOIR

On peut aborder cette section en posant une question simple aux élèves : comment, à une époque où les médias modernes n’existent pas, peut-on faire connaître à tous le portrait de l’empereur ? Les portraits politiques se retrouvent partout, dans la sculpture et sur les monnaies. Ils sont standardisés et répondent à un certain nombre de codes. L’art est ici mise en scène du pouvoir et magnificence de l’empereur et participe au culte que tous doivent lui rendre.

Buste de CATON en bronze

Ce buste remarquable représente Caton d’Utique comme l’indique l’inscription sur sa poitrine. La statue le représente de manière austère et hautaine. Très réaliste, cette représentation montre à quel point les sculpteurs pouvaient rendre compte des détails de la peau, des rides et de la chevelure.

Caton était un homme politique du temps de Jules César et de Pompée. Adversaire farouche de César en qui il voyait un futur tyran, il s’engagea aux côtés de Pompée durant la guerre civile de 49 av. J.-C. Après la mort de Pompée, il rassembla ce qui restait des forces hostiles à César et tenta de résister en Afrique. Juba Ier fit partie de cette coalition qui fut défaite lors de la bataille de Thapsus. Le fils de Juba Ier fut enlevé pour être élevé à Rome tandis que Caton se donna la mort à Utique (Tunisie).

Jules CÉSAR et JUBA Ier dit « Le triomphe de CÉSAR »

Cette plaquette est l’œuvre d’un artiste de la Renaissance, Antonio Averlino, connu sous son pseudonyme grec, Filarete. À l’heure où l’art antique est redécouvert en Europe, Filarete offre ici une scène de triomphe au temps de la guerre civile. Rome se mettait en scène lors des grandes victoires pour affirmer et montrer à tous la supériorité de sa civilisation. Ici, on remarque une procession composée de quatre personnages. Le premier cavalier, Jules César, passe triomphant devant un signifer portant le signum, emblème dont le sommet représente l’aigle impérial, l’aquila. Le deuxième cavalier est le vaincu, Juba Ier. Il est représenté comme un Barbare et est suivi par un prisonnier à pied et nu. Cette plaquette donne l’occasion d’expliquer aux élèves la genèse des arcs de triomphe et de cette cérémonie importante pour Rome.

Portrait d’Auguste en Marbre

Auguste est le premier empereur de Rome. Fils adoptif de Jules César, il prend le contrôle de Rome et transforme la République en Empire. Il met en place un pouvoir centralisé et se met en scène pour affirmer sa suprématie. Auguste placera Juba II sur le trône de Maurétanie après l’avoir fait élever à Rome. Le premier empereur de Rome sera l’objet de nombreuses représentations diffusées dans tout l’Empire.

Ce marbre représentant le portrait de l’empereur est de type Prima Porta qui se définit par la position et le dessin des mèches frontales. Les élèves pourront comparer ce portrait avec la célèbre statue en pied d’Auguste Prima Porta conservée au musée Chiaramonti à Rome.

Captif barbare

Tout ce qui n’est pas romain est barbare. Les Romains divisent l’humanité ainsi. Ils se disent civilisés, vivent dans des cités et recherchent le raffinement et la paix tandis que les Barbares sont réputés vivre en tribus loin des villes. Redoutés, ils sont considérés comme brutaux et dépourvus de sensibilité. Les élèves pourront relever la manière dont est représenté le Barbare.

Il est captif, sous la domination des Romains qui écrasent leurs adversaires de l’époque par leur puissance militaire. Cette statuette de bronze découverte en 1960 dans le prétoire du camp militaire de Thamusida révèle quelques caractéristiques communes à la représentation des Barbares par les Romains : ils portent le sagum, une tenue de Barbare. Entre la cape et la toge, le sagum est un vêtement porté en Europe notamment par les tribus germaniques.

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MODÈLES CLASSIQUES ET ARCHAÏQUES

L’hellénisme est un ensemble de références culturelles et artistiques communes. Des écoles enseignent aux artistes, notamment les sculpteurs, à reproduire les modèles archaïques et classiques hérités de la Grèce. Inspirés par des artistes classiques du Ve siècle av. J.-C. comme Polyclète, Praxitèle et Phidias, les sculpteurs qui adoptent ce modèle utilisent le canon, un ensemble de rapports de proportions mathématiques, afin d’atteindre une représentation idéalisée des corps. Le goût pour le modèle archaïsant se retrouve dans certaines œuvres et fait référence à l’art grec du VIIe siècle av. J.-C.

L’ÉPHÈBE à la Couronne de Lierre

L’éphèbe est un personnage qu’on retrouve souvent dans la statuaire classique. Dans le monde grec, l’éphèbe est un jeune garçon qui vient de sortir de l’autorité féminine et entre dans la vie adulte par le service militaire : l’éphébie. Représentant la beauté et la grâce de la jeunesse, cet éphèbe, retrouvé en 1932 près de l’arc de triomphe de Volubilis, est caractéristique du style classique. Nu, bien proportionné, musclé finement, il représente un idéal. Il s’inscrit dans une série dite «lampadophores» c’est-à-dire porteurs de flambeau (ici disparu). Cet éphèbe est d’influence polyclétéenne, en référence à Polyclète, célèbre sculpteur du premier classicisme (Ve siècle av. J.-C.).

Il est l’exemple même de la copie des modèles artistiques et de la diffusion des goûts. Ce style obéit à un canon inventé par Polyclète. Celui-ci repose sur un ensemble de rapports numériques entre les différentes parties du corps : le torse et les jambes ont la même hauteur, trois fois la hauteur de la tête ; le bassin et les cuisses mesurent respectivement les deux tiers du torse et des jambes.

TÊTE dite de Bénévent

Cette exceptionnelle tête de jeune homme est faite de bronze avec des appliques de cuivre rouge au niveau des lèvres. Elle devait certainement orner un pilier dans une belle demeure ou à la palestre, l’endroit où les exercices physiques étaient pratiqués.

La couronne d’olivier sauvage dont est ceinte la tête du jeune homme rappelle d’ailleurs la récompense offerte aux athlètes vainqueurs des jeux d’Olympie. Cet éphèbe, athlète, reprend des thèmes très en faveur dans la sculpture grecque classique et réexploitée chez les Romains : la beauté idéale et la victoire. Le visage est construit selon les principes de l’école argienne et témoigne de la persistance de l’influence polyclétéenne au Ier siècle avant notre ère. Le menton plein, le contour de la bouche, la forme du nez dont les ailes joignent les joues par de légères dépressions manifestent l’héritage du maître argien, ainsi que les mèches de cheveux finement travaillées.

L’ÉPHÈBE Verseur

Ce troisième éphèbe devait tenir un rhyton (vase) dans la main droite et une coupe dans la main gauche. Les élèves pourront remarquer quelques différences de représentation entre cette statue et les deux précédentes. Bien qu’elles reprennent le thème de la beauté masculine et juvénile, elles n’obéissent pas exactement au même style artistique.

Cet éphèbe verseur est d’influence praxitélienne du nom du grand sculpteur Praxitèle (IVe siècle av. J.-C.). et correspond au deuxième classicisme. Son influence sur la sculpture ultérieure est surtout traduite pour les nus masculins par un hanchement prononcé et une grâce plus féminine. La musculature est moins affirmée et les courbes plus accentuées.

Le Cavalier

Ce cavalier représente un quatrième éphèbe, une fois de plus différent. Les élèves pourront chercher ce qui le différencie des trois autres. Il est en position de cavalier, musclé, son visage donne l’impression d’une tranquille assurance. Il symbolise la beauté masculine et juvénile. Mais il ne se conforme pas au modèle classique. Sa chevelure coiffée en calotte plate avec des mèches séparées symétriquement par une raie fait penser à un style archaïque très à la mode à l’époque d’Hadrien.

L’influence archaïque fait référence à la plus ancienne époque de la Grèce antique (Xe – VIIe siècle av. J.-C.). Elle se caractérise par une plus grande simplicité des formes et des postures. Les proportions ne respectent pas le canon.

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SCULPTURES DE GENRE

La statuaire romaine n’est pas faite que d’idéalisme et de survalorisation du beau. Le réalisme de scènes plus banales est aussi un thème que l’on retrouve souvent. On y représente les gens qui font le quotidien ou des personnages publics avec un effort pour se rapprocher de la réalité.

L’enfant Royal - CÉSARION

Cette statue est le portrait d’un jeune garçon d’environ 6 ans. Il est caractéristique de l’époque hellénistique car il mélange des attributs grecs (tunique courte ceinturée et manteau attaché par une fibule) avec des attributs égyptiens (boucles d’oreilles, yeux cernés de khôl). L’enfant royal possède également des attributs royaux via une symbolique religieuse. On y voit un foudre, évoquant Zeus, sur un ruban lui-même symbole de la protection des divinités égyptiennes.

C’est grâce à ces indices et au travail des archéologues et des historiens que des hypothèses ont pu être faites sur l’identité de ce petit garçon. Il s’agirait d’un des fils de Cléopâtre VII : soit Césarion, alias Ptolémée XV, héritier du trône d’Égypte et fils de Jules César ; soit Ptolémée, le deuxième fils que Cléopâtre eut de Marc Antoine.

Cette statue est remarquablement réalisée et particulièrement bien conservée. La très haute qualité des coulées et des assemblages par soudures montre que le fondeur et le sculpteur étaient tout à fait exceptionnels.

Le Vieux pêcheur

Nous sortons ici de la représentation idéalisée ou politique pour montrer aux élèves que les scènes de la vie quotidienne étaient également des sujets de représentation. Si on demande aux élèves une rapide comparaison entre les éphèbes et ce vieux pêcheur ils trouveront qu’on a ici une statue plus réaliste et «humble» que les autres. L’homme est vêtu d’un exomis, tunique courte réservée aux ouvriers et aux soldats, et fait le geste d’un pêcheur. Le remarquable travail sur son visage, dévoilant les rides, la calvitie et insistant sur sa vieillesse, s’inscrit dans la tradition hellénistique. Avec l’exemple du vieux pêcheur et par la comparaison avec ce qui a été vu précédemment, il est possible de faire émerger la différence entre l’idéalisme et le réalisme dans la statuaire hellénistique.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…
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LE DÉCOR DOMESTIQUE

Dans les riches demeures, le mobilier est décoré, les jardins ornés de fontaines et de sculptures puisées dans le répertoire commun de l’Empire romain. Dieux et créatures dionysiaques décorent ces lieux et illustrent le bien-vivre de la cité.

Chien attaquant

Cette œuvre fait preuve d’un réalisme remarquable. Le chien est en position d’attaque, menaçant, prêt à bondir. Il était à l’origine accompagné d’un personnage debout représentant Diana, déesse romaine de la chasse. Il s’agit d’un élément de fontaine puisqu’il existe des orifices circulaires dans le corps et la gueule.

Buste de Jupiter

Ce buste nous offre un exemple du goût des Romains pour la décoration intérieure. Cette pièce servait de couronnement à un trépied et représente un homme barbu identifié au dieu Jupiter, lequel émerge d’une corbeille de feuilles.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…
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LE SAVOIR-FAIRE DU BRONZE

La plupart des statues retrouvées à Volubilis ont été importées de Grèce ou d’Italie, acheminées par bateau puis par chariots jusqu’à leur destination. Il est difficile de savoir avec précision où elles furent produites. La création de ces statues se faisait dans des ateliers de fondeurs et de sculpteurs qui pouvaient être itinérants. Une fois la commande achevée, il n’était pas rare que l’atelier soit démonté et les fosses, servant à la fabrication, rebouchées. Cette itinérance avait l’avantage de permettre de diffuser les techniques à travers l’empire.

MODÈLES ET PLÂTRES

THÉSÉE Terrassant le Minotaure

Les mythes et légendes, héritages des Grecs et des Crétois, sont toujours des sujets de représentation sous la domination romaine. Les élèves auront étudié au collège l’Iliade et l’Odyssée ainsi que quelques récits mythologiques antérieurs. Rares sont ceux qui ne connaissent pas le minotaure de Cnossos enfermé dans le labyrinthe et l’histoire de Thésée. Ces légendes déjà anciennes sont sans cesse rappelées et, à mesure que circulent les représentations mythologiques, les légendes antiques survivent au passage du temps. Ici, le sculpteur représente l’action et l’effort. Thésée est ceint du bandeau des héros vainqueurs, le minotaure dont le visage est humain ne peut que perdre. Tout dans le jeu des muscles exprime l’effort, la violence mais les visages restent impassibles, presque sereins. La virtuosité de l’assemblage en fait une pièce remarquable.

Virtuosité, patines et alliages

Certains sculpteurs-fondeurs sont de véritables virtuoses. Leur connaissance des matériaux et leur expertise technique permettent d’obtenir un rendu somptueux. Les patines nécessitent un grand savoir-faire. Après la coulée, la statue est souvent dorée mais on peut altérer sa couleur en appliquant divers produits oxydants. Il faut alors chauffer la sculpture à feu doux et appliquer les mélanges jusqu’à l’obtention du rendu souhaité.

Retombée du paludamentum

Cet élément de décor appartient à une statue d’un empereur. Il s’agit d’une retombée de son manteau impérial appelé paludamentum. La technique utilisée est remarquable. Le sculpteur a employé différentes méthodes de placage et d’incrustation pour obtenir des patines polychromiques : noir violacé, jaune orangé et brun olivâtre. Très décoré, ce paludamentum illustre une victoire militaire. On peut y voir un trophée, des armes et des captifs barbares reconnaissables à leurs braies (pantalon), les mains enchaînées derrière le dos. Au vu des motifs de leurs braies l’un d’eux est parthe et l’autre celte. Ces illustrations symbolisent la puissance de l’empereur sur la terre. Deux monstres marins à tête de cheval et de panthère illustrent sa domination sur les mers. Vu la taille de la draperie, la statue impériale devait être de dimension colossale. Les historiens pensent qu’il s’agissait de Caracalla, Britannicus maximus et Parthicus maximus, vainqueur des Parthes et des Bretons que la dédicace de l’arc de triomphe de Volubilis nous décrit comme conduisant un char à six chevaux.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…
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Venir au Musée

ACCÈS

métro 1 et 2 : station Vieux-Port ou Joliette (15 min à pied) tramway T2 : arrêt République / Dames ou Joliette (15 min à pied)

bus n° 82, 82s et 60 (arrêt Fort Saint-Jean) ou n° 49 (arrêt Église Saint-Laurent) autocar aire de dépose-minute > Boulevard du Littoral (en face du musée Regard de Provence)

> Avenue Vaudoyer (le long du soutènement de la butte Saint-Laurent, en face du fort Saint-Jean)

CONTACT

MuCEM 1, esplanade du J4 CS 10351 13213 Marseille Cedex 02 réservations et renseignements 04 84 35 13 13 tous les jours de 9h à 18h reservation@mucem.org Tous les jours de 9 h à 18 h

JOURS ET HEURES D’OUVERTURE

Groupes scolaires accueillis tous les jours sauf le mardi, sur un horaire prioritaire : 9h-11h

AUTOUR DE L’EXPOSITION

visite guidée de l’exposition Splendeurs de Volubilis Collège et lycée, dès la 6e Cette visite est un parcours sur la cité de Volubilis du temps de sa splendeur, qui permet de découvrir son contexte en Méditerranée. L’occasion de réfléchir à la circulation des canons esthétiques et d’approcher les principes des fouilles archéologiques.

Durée 1 h Tarif 50€ TTC pour 30 personnes, accompagnateurs inclus. Réservation obligatoire

visite autonome, sans guide conférencier du MuCEM Gratuit pour 30 personnes, accompagnateurs inclus. Réservation obligatoire

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 06:56
Carrier-Belleuse Le Maître de Rodin aux Musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne jusqu'au 27 octobre 2014…

Carrier-Belleuse Le Maître de Rodin aux Musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne jusqu'au 27 octobre 2014…

Une exposition organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et le Palais impérial de Compiègne

Albert Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887) fut l’un des sculpteurs les plus célèbres et certainement les plus omniprésents du Second Empire. Après des débuts dans un atelier d’orfèvre, il gravit les échelons de la formation de sculpteur jusqu’à la consécration au Salon. « C’est presque une machine à sculpter... Chaque jour sortent de son atelier des bustes, des ornements, des statues, des statuettes, des bronzes, des candélabres, des cariatides ; bronze, marbre, plâtre, albâtre, il taille tout, il façonne tout, il creuse tout; mais que cette machine a d’esprit, d’imagination, de verve!» (Edouard Lockroy, « Le Monde des Arts », L’Artiste, vol.77, 1865, 40)

En effet, doué d’une aisance époustouflante il dessinait et modelait tout ce que croisait son regard. Son style naturaliste, nourri de réminiscences de la Renaissance bellifontaine et d’une fascination pour le XVIIIe siècle, s’adaptait à tous les types de sculpture et aux arts décoratifs auxquels il ne cessa de fournir des modèles. Outre ses présentations aux Salons, il produisit des éditions de sujets tirés de la mythologie, de l’histoire ou de pure fantaisie, en terre cuite, bronze ou marbre, grâce à une utilisation novatrice de la

technologie du temps. Il n’est aucun domaine auquel il ne contribua.

Selon la pratique du XIXe siècle, il organisa un atelier où collaboraient de nombreux praticiens qui œuvraient à la production de ses sculptures et de leurs «dérivés». Le jeune Auguste Rodin y travailla à ses débuts et trouva chez son maître une veine décorative perceptible par la suite dans son œuvre; il y apprit en outre à maîtriser les moyens de sa diffusion. L’exposition, première rétrospective consacrée à Carrier-Belleuse, montrera comment, à côté de Carpeaux, il incarne la sculpture du Second-Empire, son éclectisme, sa générosité, sa capacité d’invention et ses ouvertures sur des perspectives multiples qui expliquent que Rodin fut profondément marqué par son maître.

Des prêts exceptionnels des musées d’Orsay, Rodin, des Arts décoratifs de Paris, de la Cité de la Céramique, du Metropolitan Museum of Art de New York, de collections publiques et privées permettront d’apprécier l’extraordinaire qualité de son œuvre et de mesurer son influence sur Rodin.

Informations et réservations

ouverture : tous les jours de 10h à 18h (dernière admission à 17h15) Fermeture hebdomadaire le mardi

tarifs : 9,5 €, TR 7,5 € Gratuit pour les moins de 26 ans, les adhérents des sociètés d’amis des musées nationaux du Palais de Compiègne, et le 1er dimanche de chaque mois pour tous.

accès : depuis Paris, autoroute A1, sortie n° 9 vers Compiègne Sud. Depuis Lille, autoroute A1, sortie n° 10 à Arsy. Trains au départ de la Gare du Nord à Paris (40 min environ)

www.grandpalais.fr www.musee-chateau-compiegne.fr

Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887, Buste de fantaisie : Marguerite Bellanger (détail), vers 1866 Compiègne, musée national du Palais © RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / Stéphane Maréchalle

Carrier-Belleuse Le Maître de Rodin aux Musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne jusqu'au 27 octobre 2014…

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 06:54
tombe à char gauloise à Warcq
tombe à char gauloise à Warcq

Une exceptionnelle tombe à char gauloise à Warcq dans les Ardennes

Une équipe mixte, composée d’archéologues de la cellule départementale d’archéologie des Ardennes et de l’Inrap, la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe, vient d’achever la fouille de la tombe aristocratique gauloise de Warcq (Ardennes). Sur prescription de l’État (Drac Champagne-Ardenne), ce chantier a été entrepris sur le tracé de l’autoroute A304, aménagé par la Dreal, entre Charleville-Mézières et Rocroi.

Ce type de tombe aristocratique, contenant un char d’apparat ou de guerre, émerge dès le VIIe siècle avant notre ère et disparait avec la fin de la période gauloise. La Champagne-Ardenne est célèbre pour de telles pratiques funéraires, généralement datées du début du second âge du Fer (Ve-IVe siècles avant notre ère).

Le défunt, son char, ses chevaux et son riche mobilier...

Les vestiges mis au jour dans la tombe de Warcq s’avèrent aujourd’hui exceptionnels. La vaste chambre funéraire (5,50 x 2,80 m) est préservée sur plus d’un mètre d’épaisseur. Dans ce milieu humide, son coffrage et son plafond de bois se sont très bien conservés. Au cours du temps, ce dernier s’est directement effondré sur le sol de la chambre, le défunt et ses biens. Le mobilier funéraire exhumé est d’une grande richesse. Il se compose d’un char à deux roues, d’apparat. Le véhicule est finement décoré, notamment de pièces de bronze, parfois serties de pâte de verre bleu foncé ou jaune sur la caisse et les moyeux. D’autres objets de bois plus énigmatiques sont encore recouverts d’une fine feuille d’or. Un des éléments les plus spectaculaires est l’inhumation de quatre chevaux : deux dans les angles sud-ouest et nord-ouest, deux à l’avant du char, sous le joug. Le défunt, probablement un homme, repose sur la caisse du char. Un exceptionnel collier d’or, probablement sur trame de cuir ou de bois, enserre encore son cou. Une fibule est liée à ses vêtements. Un fourreau d’épée ployé, une paire de forces et un rasoir en fer reposent à ses côtés. Trois vases en céramique, entiers, ont été écrasés lors de l’effondrement du plafond de la chambre. Enfin, un cochon constitue une des offrandes alimentaires. Tout indique ici une mise en scène funéraire élaborée, très spectaculaire, dont certains aspects sont fort peu courants dans les tombes à char de Champagne. Tout d’abord la présence de quatre chevaux, mais aussi celle d’un fourreau d’épée plié en deux, une pratique fréquente dans les sépultures celtiques d’Italie du Nord mais peu attestée en Gaule. De même, l’un des vases, de forme balustre, porte un décor géométrique, probablement réalisé à l’étain dont aucun équivalent n’a encore été reconnu en France. Enfin, et avant même d’en définir la chronologie précise, de nombreux indices permettent d’attribuer la tombe à char de Warcq à la fin du IIe siècle ou du début du Ier siècle avant notre ère (La Tène D1), période où ce mode d’inhumation a pratiquement disparu.

Une exceptionnelle tombe à char gauloise à Warcq dans les Ardennes

La Cellule départementale d’Archéologie des Ardennes

Le Conseil général des Ardennes s’est doté d’une Cellule départementale d’archéologie pour réduire les délais d’intervention, diffuser et valoriser les découvertes auprès des Ardennais et pour la recherche et diffusion à la communauté scientifique. Dotée de 6 agents permanents, elle a été agréée le 22 juin 2009 par le ministère de la Culture et de la Communication pour la réalisation des diagnostics sur le territoire départemental, de fouilles gallo-romaines et médiévales. Cet agrément vient d’être renouvelé pour 5 ans à compter du 22 juin 2014. En cinq ans, la cellule départementale a réalisé 84 opérations de diagnostic pour une superficie de 458 hectares.

Une exceptionnelle tombe à char gauloise à Warcq dans les Ardennes

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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 06:52
Lee Ufan à Versailles

Lee Ufan à Versailles

Après Giuseppe Penone l’année dernière, l’artiste invité à Versailles pour l’été et l’automne 2014 est le peintre et sculpteur d’origine coréenne Lee Ufan. Dans le château et surtout dans les jardins, les formes sculpturales intenses et silencieuses de l’artiste vont venir se poser au pied de l’Escalier Gabriel, dans la perspective majestueuse dessinée par Le Nôtre ainsi qu’au détour des allées et des mystérieux bosquets, complétant et modifiant pour un temps l’atmosphère des lieux.

Né en 1936 en Corée du Sud, dans un village de montagne, Lee Ufan a d’abord été initié à la culture traditionnelle chinoise. Sa formation, ancrée dans la tradition extrême-orientale, l’a en un premier temps dirigé vers la littérature et l’écriture. Après s’être installé au Japon dès l’âge de 20 ans, il étudie la philosophie, s’engage politiquement en faveur d’une réunification des deux Corées. Il entame à la même époque son parcours artistique, s’intéressant à l’abstraction gestuelle d’un Jackson Pollock tout en étudiant parallèlement la peinture traditionnelle japonaise.

Son activité de critique et de théoricien va être remarquée au même titre que ses expérimentations esthétiques lorsqu’il devient l’un des protagonistes du mouvement artistique intitulé Mono-Ha, terme que l’on peut traduire par “l’École des choses”. Selon la définition de Lee Ufan, fondateur et théoricien de ce groupe d’artistes japonais, son principe était “d’utiliser une chose sans rien y ajouter. Ils prenaient et assemblaient des matériaux industriels, des objets quotidiens, des objets naturels, sans les modifier. Cette méthode ne consistait pas à se servir des choses et de l’espace pour réaliser une idée mais est venue à vrai dire de la volonté de faire vivre divers éléments dans les rapports qu’ils entretiennent entre eux”. Le Mono-Ha apparaît dans les mêmes années que les tendances européennes ou nord américaines regroupées au sein de l’Arte Povera, Supports-Surfaces ou Land Art, toutes manières de repenser les fondements mêmes de la sculpture ou de la peinture. Le Mono Ha est par bien des façons leur équivalent dans un autre contexte géoculturel et entretient d’évidents points communs avec ces autres artistes dans la liberté d’usage des matériaux comme dans la réduction formelle.

Les sculptures de Lee Ufan mettent en œuvre le plus souvent la confrontation entre deux matériaux : des plaques d’acier et des pierres naturelles. Elles portent le terme générique de “ Relatum ”, exprimant que l’œuvre d’art n’est pas une entité indépendante et autonome, mais qu’elle n’existe qu’en relation avec le monde extérieur. Pour Lee Ufan l’acte du sculpteur consiste, en réponse à une évolution de l’art qui après des millénaires d’objets fabriqués par la main de l’homme s’est ouvert à l’objet industriel et au ready made, à critiquer l’hyper productivité du monde contemporain. Lee Ufan a choisi de lier le faire et le non faire. Il part du principe que “ voir, choisir, emprunter ou déplacer font déjà partie de l’acte de création”. Il relie la nature à la conscience humaine avec une simple plaque de fer en dialogue avec une pierre. Il peut aussi déployer des plaques d’acier mat en une structure linéaire debout ou couchée, dont les ondulations répondent à l’espace investi.

A Versailles l’artiste va installer une dizaine d’œuvres, toutes entièrement nouvelles et pour certaines aux dimensions inusitées en réponse aux espaces des jardins. Derrière leur vocabulaire formel particulièrement réducteur, il en émanera une réelle diversité, certaines configurations étant complètement inédites dans son œuvre. L’exposition va donc prendre date en marquant un événement important dans la sculpture de Lee Ufan confrontée à ces lieux exceptionnels.

C’est l’un des artistes majeurs de la scène contemporaine qui va ainsi être révélé avec ampleur dans le cadre prestigieux de Versailles, après que des rétrospectives de son oeuvre aient été présentées à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris en 1997-98 ou au Solomon R. Guggenheim Museum de New York en 2011. Ou encore qu’un musée qui lui est consacré, dû au grand architecte japonais Tadao Ando, ait été inauguré sur l’Ile de Naoshima en 2010. Lee Ufan a par ailleurs été lauréat du prestigieux Praemium Imperiale au Japon et ses œuvres sont conservées dans de nombreux musées internationaux dont le Centre Pompidou.

Lee Ufan vit à Kamakura au Japon mais il entretient des relations étroites avec la France où il travaille depuis une vingtaine d’années dans son atelier parisien. Il y a souvent présenté ses œuvres et sa récente exposition à la galerie kamel mennour a été très remarquée. C’est donc un artiste familier de la scène française qui occupe pour un temps les jardins de Versailles.

A La recherche des pierres Les roches naturelles que l’on trouve dans la nature sont en général très vieilles. Des pierres de la taille du cerveau humain, semble-t-il, dateraient de cinquante mille à cent mille ans. Ces roches naturelles sont des blocs de temps incalculable et ont une existence spatiale difficile à fixer. Chaque région a ses pierres. à première vue, elles se ressemblent toutes, mais cela dépend. Selon l’époque, ancienne ou récente, la nature du terrain, l’environnement, les pierres varient. Même si leur composant est identique, elles ont des caractéristiques différentes en haute montagne, à proximité d’une rivière ou au bord de la mer. Depuis longtemps, je crée des sculptures en empruntant des pierres naturelles, mais mes œuvres diffèrent selon la région de l’exposition et l’espace. Il y a une grande différence de conception de la nature entre les jardins traditionnels de l’Extrême-Orient, aux paysages “empruntés”, et celle de l’Europe, qui considère la nature comme une partie d’un matériau d’architecture. Les sensations que procure la pierre diffèrent selon qu’elle se trouve dans un espace rural ou urbain. Qu’elles soient installées de la même façon, qu’elles soient de la même taille ou de la même forme, en fonction de la caractéristique du lieu de l’exposition, les pierres ne se ressembleront pas. Lee Ufan in L’art de la Résonance, Beaux-Arts de Paris ed., p.59 Lee Ufan Versailles 17 JUIN • 2 NOVEMBRE 2014 Entrée de l’exposition par la Cour d’Honneur du Château de Versailles Conditions normales de visites Billet Château non surtaxé pour l’exposition Pour l’accès aux œuvres dans les jardins : Accès gratuit − Sauf les jours de Grandes Eaux Musicales : Les samedis et dimanches du 5 avril au 26 octobre Les mardis du 20 mai au 24 juin Dates exceptionnelles : 18 avril • 8 mai • 29 mai • 15 août − Sauf les jours de Jardins Musicaux : Les mardis du 1er avril au 28 octobre Château de Versailles Spectacles – Service de presse OPUS 64 Valérie Samuel, Arnaud Pain 52 rue de l’Arbre Sec 75001 PARIS T. 01 40 26 77 94 / a.pain@opus64.com

A La recherche des pierres Les roches naturelles que l’on trouve dans la nature sont en général très vieilles. Des pierres de la taille du cerveau humain, semble-t-il, dateraient de cinquante mille à cent mille ans. Ces roches naturelles sont des blocs de temps incalculable et ont une existence spatiale difficile à fixer. Chaque région a ses pierres. à première vue, elles se ressemblent toutes, mais cela dépend. Selon l’époque, ancienne ou récente, la nature du terrain, l’environnement, les pierres varient. Même si leur composant est identique, elles ont des caractéristiques différentes en haute montagne, à proximité d’une rivière ou au bord de la mer. Depuis longtemps, je crée des sculptures en empruntant des pierres naturelles, mais mes œuvres diffèrent selon la région de l’exposition et l’espace. Il y a une grande différence de conception de la nature entre les jardins traditionnels de l’Extrême-Orient, aux paysages “empruntés”, et celle de l’Europe, qui considère la nature comme une partie d’un matériau d’architecture. Les sensations que procure la pierre diffèrent selon qu’elle se trouve dans un espace rural ou urbain. Qu’elles soient installées de la même façon, qu’elles soient de la même taille ou de la même forme, en fonction de la caractéristique du lieu de l’exposition, les pierres ne se ressembleront pas. Lee Ufan in L’art de la Résonance, Beaux-Arts de Paris ed., p.59 Lee Ufan Versailles 17 JUIN • 2 NOVEMBRE 2014 Entrée de l’exposition par la Cour d’Honneur du Château de Versailles Conditions normales de visites Billet Château non surtaxé pour l’exposition Pour l’accès aux œuvres dans les jardins : Accès gratuit − Sauf les jours de Grandes Eaux Musicales : Les samedis et dimanches du 5 avril au 26 octobre Les mardis du 20 mai au 24 juin Dates exceptionnelles : 18 avril • 8 mai • 29 mai • 15 août − Sauf les jours de Jardins Musicaux : Les mardis du 1er avril au 28 octobre Château de Versailles Spectacles – Service de presse OPUS 64 Valérie Samuel, Arnaud Pain 52 rue de l’Arbre Sec 75001 PARIS T. 01 40 26 77 94 / a.pain@opus64.com

Les sculptures de Lee Ufan mettent en œuvre le plus souvent la confrontation entre deux matériaux : des plaques d’acier et des pierres naturelles. Elles portent le terme générique de “ Relatum ”, exprimant que l’œuvre d’art n’est pas une entité indépendante et autonome, mais qu’elle n’existe qu’en relation avec le monde extérieur. Pour Lee Ufan l’acte du sculpteur consiste, en réponse à une évolution de l’art qui après des millénaires d’objets fabriqués par la main de l’homme s’est ouvert à l’objet industriel et au ready made, à critiquer l’hyper productivité du monde contemporain. Lee Ufan a choisi de lier le faire et le non faire. Il part du principe que “ voir, choisir, emprunter ou déplacer font déjà partie de l’acte de création”. Il relie la nature à la conscience humaine avec une simple plaque de fer en dialogue avec une pierre. Il peut aussi déployer des plaques d’acier mat en une structure linéaire debout ou couchée, dont les ondulations répondent à l’espace investi.

A Versailles l’artiste va installer une dizaine d’œuvres, toutes entièrement nouvelles et pour certaines aux dimensions inusitées en réponse aux espaces des jardins. Derrière leur vocabulaire formel particulièrement réducteur, il en émanera une réelle diversité, certaines configurations étant complètement inédites dans son œuvre. L’exposition va donc prendre date en marquant un événement important dans la sculpture de Lee Ufan confrontée à ces lieux exceptionnels.

C’est l’un des artistes majeurs de la scène contemporaine qui va ainsi être révélé avec ampleur dans le cadre prestigieux de Versailles, après que des rétrospectives de son oeuvre aient été présentées à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris en 1997-98 ou au Solomon R. Guggenheim Museum de New York en 2011. Ou encore qu’un musée qui lui est consacré, dû au grand architecte japonais Tadao Ando, ait été inauguré sur l’Ile de Naoshima en 2010. Lee Ufan a par ailleurs été lauréat du prestigieux Praemium Imperiale au Japon et ses œuvres sont conservées dans de nombreux musées internationaux dont le Centre Pompidou.

Lee Ufan vit à Kamakura au Japon mais il entretient des relations étroites avec la France où il travaille depuis une vingtaine d’années dans son atelier parisien. Il y a souvent présenté ses œuvres et sa récente exposition à la galerie kamel mennour a été très remarquée. C’est donc un artiste familier de la scène française qui occupe pour un temps les jardins de Versailles.

Relatum - La Tombe, hommage à André Le Nôtre, 2014 Lee Ufan Courtesy the artist ; kamel mennour, Paris and Pace, New York © Tadzio

Relatum - La Tombe, hommage à André Le Nôtre, 2014 Lee Ufan Courtesy the artist ; kamel mennour, Paris and Pace, New York © Tadzio

''A La recherche des pierres

Les roches naturelles que l’on trouve dans la nature sont en général très vieilles. Des pierres de la taille du cerveau humain, semble-t-il, dateraient de cinquante mille à cent mille ans. Ces roches naturelles sont des blocs de temps incalculable et ont une existence spatiale difficile à fixer. Chaque région a ses pierres. à première vue, elles se ressemblent toutes, mais cela dépend. Selon l’époque, ancienne ou récente, la nature du terrain, l’environnement, les pierres varient. Même si leur composant est identique, elles ont des caractéristiques différentes en haute montagne, à proximité d’une rivière ou au bord de la mer.

Depuis longtemps, je crée des sculptures en empruntant des pierres naturelles, mais mes œuvres diffèrent selon la région de l’exposition et l’espace. Il y a une grande différence de conception de la nature entre les jardins traditionnels de l’Extrême-Orient, aux paysages “empruntés”, et celle de l’Europe, qui considère la nature comme une partie d’un matériau d’architecture. Les sensations que procure la pierre diffèrent selon qu’elle se trouve dans un espace rural ou urbain. Qu’elles soient installées de la même façon, qu’elles soient de la même taille ou de la même forme, en fonction de la caractéristique du lieu de l’exposition, les pierres ne se ressembleront pas.''

Lee Ufan 'in L’art de la Résonance, Beaux-Arts de Paris ed., p.59'

Lee Ufan Versailles

17 JUIN • 2 NOVEMBRE 2014

Entrée de l’exposition par la Cour d’Honneur du Château de Versailles

Conditions normales de visites Billet Château non surtaxé pour l’exposition

Pour l’accès aux œuvres dans les jardins : Accès gratuit − Sauf les jours de Grandes Eaux Musicales : Les samedis et dimanches du 5 avril au 26 octobre Les mardis du 20 mai au 24 juin Dates exceptionnelles : 18 avril • 8 mai • 29 mai • 15 août − Sauf les jours de Jardins Musicaux : Les mardis du 1er avril au 28 octobre

Château de Versailles Spectacles – Service de presse OPUS 64 Valérie Samuel, Arnaud Pain 52 rue de l’Arbre Sec 75001 PARIS

T. 01 40 26 77 94 / a.pain@opus64.com

Relatum - Dialogue Z, 2014 Lee Ufan Courtesy the artist ; kamel mennour, Paris and Pace, New York © Tadzio

Relatum - Dialogue Z, 2014 Lee Ufan Courtesy the artist ; kamel mennour, Paris and Pace, New York © Tadzio

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 06:56
La restauration de la Croix de Lorraine : un succès historique !

La restauration de la Croix de Lorraine : un succès historique !

La Fondation du patrimoine s’est associé à la Fondation Charles de Gaulle pour exprimer sa reconnaissance aux 3.212 donateurs qui ont répondu à l’appel à souscription du 9 novembre 2013 pour la restauration de la Croix de Lorraine de Colombey-les-Deux-Eglises.

Grâce à leur générosité, la Fondation du patrimoine a pu collecter la somme exceptionnelle de 372.171 € ! Cet élan populaire unique a rassemblé les citoyens de tous les départements français, qui bien souvent ont joint à leur don un mot de reconnaissance et de fidélité envers le Général de Gaulle.

Cette souscription nationale fait écho à celle lancée pour son édification en 1972 et à laquelle avaient répondu les Français ainsi que 67 pays étrangers.

La Croix de Lorraine sera inaugurée le 18 juin prochain à 18h30 sur le site de la Croix de Lorraine à Colombey-les-Deux-Eglises, à l’occasion d’une cérémonie officielle, en présence de Jacques Godfrain, président de la Fondation Charles de Gaulle, et de Charles de Croisset, président de la Fondation du patrimoine, qui remettront un « diplôme de reconnaissance » à chaque donateur présent.

La cérémonie sera suivie à 19h30 d’un concert du pianiste virtuose François-René Duchâble, puis à partir de 22h30 du spectacle Son et lumière « De Gaulle en grand » qui sera projeté sur la croix restaurée.

Ce succès historique n’aurait pu avoir lieu sans l’aide des médias nationaux et régionaux.

Edifiée en 1972, selon la volonté du Général exprimée en 1954 à son ministre Malraux, la Croix de Lorraine souffrait de désordres dus au temps... et aux vibrations des avions Rafale qui chaque année la survolent en formation pour célébrer l’appel du 18 juin !

C’est à l’aide d’une nacelle télescopique s’élevant à 40 mètres de haut, et d’ouvriers cordistes qui ont escaladé les 4,30 mètres restants, que le nettoyage global de son parement en granit rose de Perros-Guirec et la restauration de ses jointements ont pu être effectués. Sur l’esplanade, les pierres en granit gris clair du Tarn qui étaient abimées ont été changées. La mise en conformité du site permet désormais d’accueillir en toute sécurité les 100.000 visiteurs qui chaque année viennent se recueillir devant la croix, qui rappelle à jamais le souvenir de celui qui a redonné à la France son honneur et son indépendance.

La restauration de la Croix de Lorraine : un succès historique !

Le montant de la collecte a dépassé le montant estimé des travaux qui s’élevait à 359 625 €. Sur présentation de factures certifiées payées par le Trésor Public, la Fondation du patrimoine reversera à la Fondation Charles de Gaulle la somme due. S’il s’avère qu’un excédent existe, il sera conservé par la Fondation du patrimoine, et reversé à la Fondation Charles de Gaulle pour la restauration d’un autre élément de son patrimoine.

La souscription sera clôturée le 17 juin au soir.

Pour rappel : chaque don collecté par la Fondation du patrimoine est fléché vers un projet. La Fondation ne prélève que 3% de frais de gestion sur chaque don (et 5% au titre de l’impôt sur la fortune), et envoie automatiquement à chaque donateur un reçu fiscal au titre de l’impôt sur le revenu, sur la fortune, ou sur les sociétés.

LA SOUSCRIPTION DE LA CROIX DE LORRAINE EN CHIFFRES

► 101 retombées presse dont 10 radios et télévisions nationales

► 34.000 pages visitées sur notre site

► 2.335 bulletins de souscriptions téléchargés

► 3.212 donateurs, dont 99,9% sont des particuliers. Ils ont permis de réunir 93% de la somme collectée.

• 62.000 € ont été collectés les 4 premiers jours

• 100.000 € en 2 semaines

• 200.000 € en 4 semaines

• 300.000 € en moins de 3 mois

• 371.171 € en 7 mois, soit une moyenne de 15 dons par jour

► Les dons en ligne, qui normalement représentent 5 % de l’ensemble de la collecte de tous les projets de la Fondation, ont atteint 40 % sur cette opération (et 51 % en nombre de donateurs).

►Don moyen=109€ | Don moyen en ligne = 83€

► La majorité des dons a un montant compris entre 5 et 50 €.

La restauration de la Croix de Lorraine : un succès historique !

LA FONDATION CHARLES DE GAULLE

Créé avec l’accord du général de Gaulle, l’Institut devenu la Fondation Charles de Gaulle s’emploie depuis 1971 à transmettre la mémoire de l’Homme du 18 juin. Reconnue d'utilité publique par le décret du 22 septembre 1992, la Fondation Charles de Gaulle se donne pour missions d’entreprendre et de faciliter toute recherche historique sur le Général de Gaulle, de rassembler les documents et objets gaulliens mais aussi de faire connaître l’œuvre et l’action du général de Gaulle au grand public et aux scolaires, en France et à l’étranger. Aujourd’hui cette mission est indissociable de l’utilisation des nouvelles technologies et de la création de nouveaux lieux de transmission du savoir. Gardienne de la mémoire, la Fondation s’attache naturellement à conserver et à ouvrir au public les « lieux de mémoire » gaulliens.

Située à Paris dans l’immeuble du 5, rue de Solférino (7e arrondissement) qui abrita pendant la IVe République les services du Rassemblement du peuple français (RPF), la Fondation possède la Maison natale du général de Gaulle à Lille ainsi que le site de la colline de Colombey-les-deux-Eglises (Haute Marne) sur laquelle ont été construits la Croix de Lorraine et le Mémorial Charles de Gaulle, et accueille le public également à la Boisserie (Colombey), demeure familiale du Général.

La Fondation organise également de grands événements à l’occasion de l’anniversaire de certains des gestes les plus emblématiques de l’action du général de Gaulle, comme le 70e anniversaire de l’Appel du 18 Juin en 2010 ou le cinquantième anniversaire de la réconciliation franco- allemande en 2012-2013. En 2014, la Fondation est à l’initiative des manifestations célébrant le cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la République populaire de Chine. Elle a organisé les cérémonies inaugurales de cet anniversaire le 27 janvier à Pékin et le 28 janvier à Shanghai, avec la présentation de deux expositions, l’organisation de trois concerts par l’orchestre symphonique de la Garde Républicaine et l’organisation d’un colloque franco-chinois de haut niveau sur le bilan et les perspectives de coopération entre la France et la Chine. Le 26 mars, la Fondation Charles de Gaulle a reçu la visite exceptionnelle du président chinois, M. XI Jinping, venu rendre hommage à l’homme d’Etat visionnaire que fut Charles de Gaulle.

La Fondation Charles de Gaulle est présidée par M. Jacques Godfrain, ancien ministre de la coopération du Président Jacques Chirac, et administrée par un conseil d’administration dont le secrétaire général est M. Marc Fosseux. Les services de la Fondation sont dirigés par le général (2s) François Kessler. Le conseil scientifique de la Fondation est présidé par M. Gilles Le Béguec, professeur émérite à l’université Paris ouest – Nanterre.

La restauration de la Croix de Lorraine : un succès historique !

LA FONDATION DU PATRIMOINE EN QUELQUES MOTS

La Fondation du patrimoine peut envisager l’avenir avec confiance. Les résultats obtenus au cours des treize dernières années sont un réel encouragement : près de 20 700 projets publics et privés soutenus, représentant 1,59 milliard d'euros de travaux. En 2013, la Fondation du patrimoine a soutenu 2465 projets.

Le 19 septembre prochain, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, elle célèbrera ses 15 ans de mécénat populaire, et lancera sa 6.000e souscription.

Créée par la loi du 2 juillet 1996 et reconnue d'utilité publique par le décret du 18 avril 1997, la Fondation du patrimoine, organisme privé indépendant à but non-lucratif, a pour mission de promouvoir la connaissance, la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine national, plus particulièrement du patrimoine non-protégé par l'Etat au titre des monuments historiques.

L'action poursuivie par la Fondation du patrimoine s'inscrit au service du développement local durable, en soutenant la création d'emplois ainsi que la formation et l'insertion professionnelle des jeunes, et en favorisant la transmission des savoirs et des savoir-faire traditionnels.

La Fondation du patrimoine veille, dans l'accomplissement de ses missions, à mobiliser les énergies privées (entreprises, associations, particuliers) susceptibles de s'investir en faveur de la sauvegarde du patrimoine. Elle travaille en étroit partenariat avec les collectivités territoriales et les services de l'Etat.

La Fondation du patrimoine contribue à l'identification des éléments de patrimoine bâti ou naturel confrontés à des risques de dégradation ou de disparition. A cette fin, elle apporte son assistance aux propriétaires publics et privés dans l'élaboration de projets de sauvegarde et de mise en valeur, en contribuant, le cas échéant, au financement desdits projets.

Depuis l'année 1999, la Fondation du patrimoine développe le mécénat populaire par l'organisation de souscriptions publiques dédiées à la sauvegarde ou à la mise en valeur d'éléments notables de patrimoine bâti ou mobilier appartenant à des collectivités ou à des associations. Elle encourage les initiatives développées par les porteurs de projets pour stimuler la mobilisation de la population et du tissu économique local.

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