Présentation

1 DON 1 RECOMPENSE

Recherche

Archives

TWITTER

Articles Récents

3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 07:04

Carroussel.jpgLes Mâchines de l’île s'embellissent d’un nouvel ornement, le Carrousel des mondes marins.

De curieuses machines sont venues peupler l’Ile de Nantes. Après le Grand Eléphant, c’est au tour d’une Raie Manta, d’un Serpent des Mers et de toutes sortes d’embarcations incroyables de prendre possession des bords de Loire. Ces mécaniques hors du commun naissent des mains des constructeurs de la compagnie La Machine et prennent vie entre celles des Machines de l’île, sous les yeux du public. Leurs allers-retours entre l’atelier de construction et la Galerie impulsent le mouvement au cœur des anciennes nefs Dubigeon. Elles donnent à cette île une réalité mystérieuse comme du temps où des vaisseaux y étaient lancés pour tous les voyages du monde.

Un mode de machines au cœur d’un territoire en pleine mutation, où se dessine le cœur de la métropole au bord de la Loire. Le projet des Machines invite à revenir sur cette composante essentielle de l’histoire nantaise en lui offrant une nouvelle vie entre technique et poésie. Nantes Métropole a tenu à donner une vocation nouvelle au site des anciens chantiers navals, respectueuse de son passé.

Avec la SAMOA, société publique locale chargée d’orchestrer le renouvellement urbain de l’île de Nantes, elle a voulu un équipement touristique à forte dimension artistique inscrit dans l’espace public. L’île de Nantes, sur près de 337 hectares, représente l’un des plus grands projets urbains d’Europe. Sa métamorphose, imaginée avec l’équipe d’Alexandre Chemetoff, architecte-urbaniste, respectueuse des principes du développement durable, exprime la diversité et la mixité tant au niveau des populations que des réalisations architecturales.

L’aventure des Machines est partie prenante d’une culture vivante, emblématique de la métropole nantaise, frottée aux arts de la rue, familière à ses habitants depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui, François Delarozière et Pierre Orefice, concepteurs- créateurs des Machines de l’île, donnent naissance à un monde magique au travers d’un langage que les Nantais apprécient, et qui rejoint la grande histoire de la ville portuaire et industrielle, ouverte sur le large, nourrie de rêves d’ailleurs. La construction d’une ville est aussi la capacité à construire un imaginaire commun.

Implantées sur la pointe ouest de l’île de Nantes - la Prairie-au-Duc - face au quai de la Fosse, ces vastes halles de fer, de béton et d’acier nées au début du 20e siècle, abritaient les ateliers de grosse chaudronnerie des Chantiers de la Loire destinée à l’équipement des navires. Elles ont été, jusqu’à leur fermeture en 1987, le haut lieu de la construction navale nantaise.

À travers la réhabilitation des grandes Nefs, c’est l’histoire de la Navale, symbole de la culture industrielle et maritime nantaise, exposée et racontée au sein de la Maison des Hommes et des Techniques située à proximité, qui est ainsi sauvegardée et mise en valeur. Les Machines de l’île donnent une nouvelle vie aux « Nefs » qui deviennent un nouvel espace public de la ville. Cet aménagement a été rendu possible grâce aux architectes associés Nicole Concordet et Christophe Theilmann.

L’histoire à épisodes des Machines, imaginées par François Delarozière et Pierre Orefice et construites par la compagnie La Machine, s’intègre dans ce tissu urbain, à l’inverse d’un parc d’attractions traditionnel fermé. Nantes disposera ainsi d’un espace urbain animé d’objets artistiques en mouvement. C’est l’un des éléments majeurs de l’attractivité de la ville. Cet univers poétique mobilise le public ainsi que les acteurs économiques et touristiques et attire les visiteurs du monde entier. Il s’inscrit dans le parcours du Voyage à Nantes qui réunit toute la richesse de l’offre culturelle et touristique de la ville.

Situé en bord de Loire, face au Musée Jules Verne, le Carrousel des Mondes Marins a été construit dans les ateliers de La Machine, sous les Nefs des anciens chantiers navals. Les auteurs, François Delarozière et Pierre Orefice, ont choisit de reprendre les croisillons des estacades des quais pour la structure porteuse : le Carrousel des Mondes Marins semble sortir du ventre de l’île de Nantes à l’endroit le plus maritime de la ville.

Carroussel1

Le Carrousel des Mondes Marins est une incroyable machinerie qui réveille l’art forain.

Ce carrousel géant, de près de 25m de haut et de 22m de diamètre, est implanté en bord de Loire. Véritable théâtre à 360°, il accueillera le public dans une incroyable sculpture dédiée à la mer. Les visiteurs seront spectateurs d’étranges et inquiétantes créatures marines qui tourneront dans une gigantesque pièce montée sur trois niveaux. Ils découvriront la mer dans tous ses états, depuis les fonds marins, les abysses et jusqu’à la surface des océans.

Trois manèges sont empilés dans une véritable dentelle de béton surmontée d’un chapiteau orné de frontons et gardé par 16 pêcheurs originaires de tous les océans du monde.

Au niveau des fonds marins, le public accède au Crabe géant, au Calamar à rétropropulsion, à l’Engin d’exploration qui plonge dans la salle des machines, ou au Bathyscaphe qui grimpe le long du mat central... au total 14 éléments fixés sur un plateau tournant.

Dans les abysses, au deuxième niveau, 6 éléments suspendus au dessus des fonds marins. Les passagers choisiront le Luminaire des grands fonds, soit la Raie Manta, ou encore le Poisson pirate et y embarqueront par la coursive située à 5 mètres au-dessus des fonds marins.

À 8 mètres, le public accède au troisième niveau : la surface de la mer. Un plateau tournant, surmonté d’un chapiteau, emporte bateaux, attelages marins et autres Poissons volants, Bateau tempête, Coques de noix et Méduses dans une ronde démontée par 24 grandes vagues mécaniques. Une ronde démontée par 24 grandes vagues mécaniques 15 bateaux, attelages marins et autres Poissons volants, Bateau tempête, Coques de noix et Méduses.

Caractéristiques

• Diamètre : 22m

• Hauteur : 25m

• Nombre d’éléments : 35

• Nombre de places : 85

• Capacité maximale : 300 pers.

• Accès aux éléments : Adultes, enfants et personnes à mobilité réduite

• Possibilités d’exploration : mode forain avec possibilité d’embarquement ou mode découverte avec médiation (sans embarquement).

Carroussel2

 

Le Grand Éléphant relie, à chaque voyage, le Carrousel aux Nefs qui abritent la Galerie des Machines et l’Atelier de La Machine, cœur du dispositif des Machines de l’île. Comme un navire, il accostera à l’embarcadère des Mondes Marins pour déposer ses voyageurs et reprendre sa piste.

Compagnie de théâtre de rue née en 1999 et dirigée par François Delarozière. Après avoir réalisé la construction du Grand Eléphant, la compagnie travaille à la fabrication du Carrousel des Mondes Marins et développe également de nombreux spectacles de rue : Mécaniques Savantes, Dîner des petites mécaniques, Expédition végétale... Au cœur de la démarche artistique de la compagnie La Machine, le mouvement est interprété comme un langage, comme source d’émotion. A travers chacune de ses architectures vivantes, il est question de rêver les villes de demain et de transformer le regard que nous portons sur nos cités.

Voyage à Nantes -5

LES MACHINES DE L’ÎLE

Une équipe de constructeurs, d’artisans et d’artistes, menée par François Delarozière et Pierre Orefice, a installé son atelier dans les Nefs des anciens chantiers navals de Nantes. Leur imaginaire explore la cime des arbres, la savane ou les fonds sous-marins. C’est un bestiaire de machines vivantes qui s’échappent de l’atelier...

Sur le lieu même où étaient construits les grands navires, à la croisée des « mondes inventés » de Jules Verne, de l’univers mécanique de Léonard de Vinci et de l’histoire industrielle de Nantes, ces structures monumentales sont, pour tous, une invitation au rêve et au voyage.

Inaugurée en juillet 2007, la première phase des Machines de l’île comprenait Le Grand Eléphant et la Galerie des Machines. Alors que les prévisions annonçaient 180 000 visiteurs par an, au total en 2011, ce sont 305 000 personnes qui seront venus découvrir les Machines de l’île.

Quand il sort de la grande Nef, l’animal majestueux de 12 mètres de haut a embarqué à son bord quarante-neuf passagers. C’est une véritable architecture en mouvement qui sort d’une cathédrale d’acier pour un étonnant voyage. Chaque sortie du pachyderme est un spectacle unique offert à tous. Le week-end, plusieurs centaines de personnes l’accompagnent...

Les voyageurs découvrent, de l’intérieur, les engrenages et les pattes en mouvement. Un machiniste renseigne sur la vie de l’animal et déclenche les barrissements. Depuis le dos du Grand Eléphant, les voyageurs sont comme au 4e étage d’une maison qui se déplace, avec vue « imprenable » sur les quais de la Loire. Dans cet équipage, ils s’inventent un autre voyage hors du temps dans la ville de Jules Verne.

Caractéristiques

• 12 m de haut, 8 m de large et 21 m de long

• 48,4 tonnes

• Bois : tulipier de Virginie

• Carcasse métallique irriguée par 2 000 litres d’huile hydraulique

• Moteur 450 chevaux

• Un salon intérieur avec porte-fenêtres et balcons

• Une terrasse accessible par des escaliers

• Parcours : environ 35 minutes

• Vitesse 1/3 km à l’heure

• Mise en mouvement par 62 vérins, dont 46 hydrauliques, 6 pneumatiques et 10 à gaz

 

 

LA GALERIE DES MACHINES

Nouvelle scénographie...

En février 2012, alors que les éléments des Mondes Marins rejoignent le Carrousel un autre univers se met en place dans la Galerie... celui du végétal et de l’Arbre aux Hérons. Un héron emportant trois passagers survolera la grande maquette de l’Arbre aux Hérons, plantée au centre de la Galerie, des végétaux côtoieront des plantes mécaniques et des animaux de la canopée. Le visiteur chevauchera un insecte géant qui court sur un tapis roulant... ou une larve de scarabée qui sort de terre, et évitera les plantes mécaniques.

Le public peut également se promener sur la branche prototype du futur Arbre aux Hérons et découvrir, depuis une coursive, le travail des créateurs à l’œuvre dans l’Atelier.

Du croquis, qui renvoie à l’imaginaire de Léonard de Vinci, à la machine en exploitation, c’est tout le processus de création qui est ainsi présenté dans un site magique, qui tient à la fois du laboratoire et du spectacle-exposition.

Partager cet article

Repost0
Published by Lucvieri - dans Expositions-Décoration
17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 07:54
Voyage onirique dans les arts et la littérature avec Philippe Djian au Palais du Louvre

Voyage onirique dans les arts et la littérature avec Philippe Djian au Palais du Louvre

Au Louvre, jusqu'au 23 février 2015 dans l'Aile Sully, 2e étage, salles 20-23

Philippe Djian propose un voyage onirique dans les arts et la littérature. Si le goût pour l’Ailleurs, le désir de passer au-delà des frontières, a marqué la civilisation occidentale, dont l’un des premiers grands textes littéraires – L’Odyssée – est illustré par des antiques grecs choisis dans les collections du musée, des textes plus anciens illustrent un désir universel de découvrir de nouvelles terres.

Carnets de voyages, notes dessinées ou écrites, peintures, antiques et sculptures jalonnent le parcours de l’exposition et nous invitent à une confrontation avec des œuvres souvent issues de l’art sacré dans lesquelles la notion de voyage cède le pas à celle de la transhumance des âmes.

Car la curiosité pour l’au-delà des frontières du monde connu trahit souvent de façon symptomatique une universelle interrogation humaine sur l’avenir de l’individu ou de l’espèce. Et peut-être bien que la littérature, conçue comme le laboratoire d’un voyage intérieur, perpétue l’une des plus profondes pulsions de l’humanité qui est d’interroger son destin.

Le goût pour l’Ailleurs (salle 20)

Pour évoquer le désir de connaître un au-delà des frontières, la première salle accueille le Panorama de Constantinople de Prévost (1818), le Cratère des Prétendants du Peintre d’Ixion et l’Œnochoé à figures noires d’Ulysse et Polyphème du Peintre du Vatican. L’Odyssée offre le point de départ de la relation entre voyage et littérature. Au centre de la salle est présentée, sous vitrine, une accumulation de livres qui sont des relations de voyages (en Syrie, en Terre Sainte – par Jacques Callot – en Italie, en Egypte). Le thème du voyageur occidental est évoqué sous maints aspects par des estampes de Schongauer, un dessin de Dürer, des œuvres italiennes du XVe siècle montrant l’importance de la thématique du voyageur (ou du pèlerin) et son essor à partir de la seconde moitié du XVe siècle. Deux tablettes babyloniennes exceptionnelles apportent deux témoignages antiques inédits, l'un consacré à des conseils donnés à un roi voyageur en char, l'autre est sans doute l'un des premiers paysages littéraires (anonyme) d'un individu souhaitant monter aux cieux pour se rendre immortel et qui prend plaisir lors de son ascension à dresser un paysage aérien de Babylone et de l'Euphrate.

Le voyage comme transhumance des âmes (salle 21)

Y sont rassemblés des carnets de voyages d’artistes occidentaux des XVIIIe et XIXe siècles (Gros en Italie, Delacroix au Maroc, Gauguin à Tahiti), ainsi que des ouvrages renaissants qui ouvrent la perspective vers le voyage pris comme thème de culte ou de croyance liée ou non à la transhumance des âmes : le premier ouvrage illustré de la Comédie de Dante par Baccio Baldini et Sandro Botticelli, l’Hypnerotomachia Poliphili de Colonna, etc. Cette même salle accueille aussi un Livre des Morts de l’Ancienne Egypte tel le Livre des Morts anonyme (N 3073) ainsi qu’un modèle de bateau du Moyen Empire.

Le voyage intérieur. Le voyage forcé (salle 22)

Cette salle envisage le voyage non plus comme vue de l’ailleurs, non plus comme voyage cultuel ou mystique mais comme création littéraire, « voyage dans une chambre » pourrions-nous dire, ou dans une œuvre (nous présentons en trois planches la transformation du chef-d’œuvre d’Hercule Seghers – Tobie et l’ange – en un nouveau chef-d’œuvre gravé par Rembrandt : la Fuite en Egypte). Ici prennent place plusieurs registres de la création littéraire et artistique, autour de dessins de Victor Hugo, d’estampes d’Alechinsky ou de Louise Bourgeois, une grande encre d'Henri Michaux, enfin une œuvre contemporaine, du Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, consacrée à la Cartographie littéraire de Guy Debord.

Une sculpture de Martin Salazar, artiste franco-péruvien contemporain, intitulée Exil, aborde le voyage forcé, en quelque sorte, venant faire écho au voyage mental de Victor Hugo, d’Allen Ginsberg ou de Michaux. Nous présentons aussi dans cette salle un cadavre-exquis vidéo d’une durée de 5 minutes tournant en boucle sur moniteur – moment de création libre par des cinéastes et artistes vidéo souhaitant mettre en scène la relation entre la feuille, la route, le voyage et la littérature.

Une installation vidéo de Bill Viola conclut l’exposition Voyages dans la salle 23.

Image : Anonyme vénitien, Vaisseau voguant à gauche. Vers 1470-1480. Burin. Épreuve unique. H. 22 cm ; L. 17,5 cm. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 3710 LR © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Adrien Didierjean

Louise Bourgeois (1911-2010), Lacs de montagne. 1997. Pointe sèche, burin, eau-forte et aquatinte sur cuivre. H. 45,5 ; L. 60,5 cm. Paris, musée du Louvre, départe- ment des Arts graphiques, Chalcographie. 11083 C © The Easton Foundation / ADAGP, Paris 2014

Louise Bourgeois (1911-2010), Lacs de montagne. 1997. Pointe sèche, burin, eau-forte et aquatinte sur cuivre. H. 45,5 ; L. 60,5 cm. Paris, musée du Louvre, départe- ment des Arts graphiques, Chalcographie. 11083 C © The Easton Foundation / ADAGP, Paris 2014

Informations pratiques

Adresse : Musée du Louvre, 75058 Paris - France

Téléphone : + 33 (0)1 40 20 53 17

Lieu : Aile Sully, 2e étage, salles 20 à 23

Horaires : Tous les jours de 9h à 17h30, sauf le mardi. Nocturne les mercredi et vendredi jusqu’à 21h30.

Tarifs : Accès avec le billet d’entrée au musée : 12 €.

Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans résidents de l’U.E., les enseignants titulaires du pass education, les demandeurs d’emploi, les adhérents des cartes Louvre familles, Louvre jeunes, Louvre professionnels et Amis du Louvre, ainsi que le premier dimanche du mois pour tous.

Renseignements : www.louvre.fr

Peintre du Vatican, Œnochoé à figures noires. Athènes, vers 500-480 av. J.-C. H. 18,5 ; d. 9,8 cm. Paris, musée du Louvre, département	des	Antiquités	grecques, étrusques et romaines. A 482 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewan- dowski

Peintre du Vatican, Œnochoé à figures noires. Athènes, vers 500-480 av. J.-C. H. 18,5 ; d. 9,8 cm. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. A 482 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewan- dowski

Partager cet article

Repost0
9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 07:54
Un bâtiment peut-il avoir combien de vies ??? Réponse au Palais de Chaillot…

Un bâtiment peut-il avoir combien de vies ??? Réponse au Palais de Chaillot…

Le propos de cette exposition à dimension éthique, fuyant toute idée nostalgique, est de recentrer le débat sur la métamorphose du patrimoine moderne (de la mi-XIXe à la fin du XXe siècle), et notamment celui des Trente glorieuses , le moins considéré et le plus en danger, car souvent jugé plus facilement renouvelable, pour ne pas dire plus aisément «jetable»

Et si on arrêtait de démolir systématiquement pour construire ?

On a tous en tête l’inconsolable massacre des Halles de Baltard... et la polémique sur la destruction de l’usine de l’île Seguin, archétype s’il en est.

Il y a une logique à transformer, à agir sur l’existant, à enclencher la mutation du patrimoine. C’est sans doute cela la nouvelle expérimentation spatiale, technique et programmatique du XXIe siècle.

« Un bâtiment, combien de vies ? » est une exposition à dimension éthique fuyant toute idée nostalgique. Pensée pour s’intégrer temporairement au parcours du musée, elle fait le point sur ce sujet indissociable de la question urbaine : la réutilisation pour ouvrir la voie de la renaissance, le recyclage pour stimuler de nouveaux usages.

Ce type de « transgression » – se distinguant de la restauration et de la réhabilitation – est appelé à se banaliser dans le processus de la réversibilité de la ville contemporaine.

Un bâtiment peut-il avoir combien de vies ??? Réponse au Palais de Chaillot…

De célèbres exemples comme la basilique de Palladio à Vicenza ou le théâtre de Marcellus à Rome, jusqu’à la Dogana da Mar à Venise par Tadao Ando ou le Neues Museum à Berlin par David Chipperfield, nous rappellent que la mutation du patrimoine est à l’œuvre depuis des siècles. Et l’on n’oubliera pas que la saline royale de Ledoux a connu plusieurs vies : usine-logements, camp d’internement, musée.

Mais le propos, ici, est de recentrer le débat sur la métamorphose du patrimoine moderne (de la mi-XIXe à la fin du XXe siècle), et notamment celui des « trente glorieuses », qui est le moins « considéré » et le plus en danger, car souvent jugé plus facilement renouvelable, pour ne pas dire plus aisément « jetable ».

C’est donc bien en termes d’alternative à la destruction que la revitalisation d’un tel patrimoine se pose, croisant de facto la thématique de « construire la ville sur la ville » remise à l’agenda par les études prospectives sur le Grand Paris, après l’expérience concluante de l’IBA d’Emscher Park dans la Ruhr. Et les métropoles régionales ne sont pas en reste, regardons notamment l’île de Nantes (Alexandre Chemetoff, 307ha), Lyon-Confluence (Herzog & De Meuron, 150ha), autant de stratégies activant le « déjà-là », développées à l’échelle territoriale.

La mutation du patrimoine industriel est une dynamique issue des Etats-Unis qui prendra racine en Europe avec des opérations pionnières telles la Fabrica à Barcelone (cimenterie transformée en agence et résidence par Ricardo Bofill en 1975) et l’usine Leblan à Lille, l’une des toutes premières reconversions en logements sociaux opérée en France par Reichen et Robert en 1980.

Très vite, dans les années 1990, d’autres expériences vont être menées sur des immeubles de logement construits dans les années 1960 et 1970, rue Nationale à Paris par Christian de Portzamparc ou le « remodelage » de barres à Lorient par Roland Castro.

Dans un tout autre champ, on a même vu des bâtiments hyperspécifiques se transformer, comme l’American Center de Gehry, qui a connu une renaissance rapide avec l’installation de la Cinémathèque à Bercy. À l’inverse, on a vu comment l’hypergénérique peut donner lieu à une expérimentation qui questionne l’éphémère avec le musée Nomad par Shigeru Ban, à partir de l’élément le plus basique qu’est le container.

Un bâtiment peut-il avoir combien de vies ??? Réponse au Palais de Chaillot…

Réutiliser, recycler, c’est la logique de l’époque, une démarche qui s’apprécie à l’aune des stratégies à déployer dans une optique « durable ». « Le durable, c’est le transformable », affirme Christian de Portzamparc. Nouveau manifeste pour nouveau paradigme. Réversibilité rime alors avec mutabilité.

Quoi de plus durable que la longévité assurée ? Lutter contre l’obsolescence (programmée), c’est l’objet de la démarche. Le patrimoine industriel est un champ illimité d’expérimentation en la matière. Mais la question dépasse le seul champ de la reconversion industrielle pour s’étendre à tous types de bâtiments.

Il s’agit de donner une deuxième vie (voire une troisième) à une architecture de qualité, comme à des constructions bien plus banales. « Modifier la forme d’un appartement, faire évoluer la structure d’un immeuble, voire d’un ensemble de constructions, c’est prendre en compte la flexibilité qui caractérise la vie actuelle », soulignent Jean Nouvel, Jean-Marie Duthilleul et Michel Cantal-Dupart dans leur étude du Grand Paris.

C’est l’opportunité de requestionner la fonction (dont on a longtemps dit qu’elle créait la forme) en repositionnant l’usage. « Ne rien perdre et gagner sur tout », martèlent Lacaton & Vassal. Il y a donc un réel défi à assurer cette continuité.

L’exposition vient nourrir la réflexion au regard des menaces qui pèsent sur des bâtiments emblématiques comme le Métal 57 à Boulogne- Billancourt, l’ex-école d’architecture de Nanterre, ou le Stadium de Vitrolles ; ou bien encore, à l’étranger, la centrale de Battersea à Londres (dont il ne reste plus que les façades) ou le site de la Foire de Tripoli au Liban, œuvre de Niemeyer. Il y va de la reconnaissance d’un patrimoine comme d’une démarche.

Dans une approche pragmatique de la mutabilité, plusieurs hypothèses sont étudiées : le recyclage (sans changement d’usage), la reconversion (avec nouvelle destination), la revitalisation d’un site (la notion de pièce urbaine).

Dans le processus de réévaluation, de redimensionnement, de reconditionnement, on s’attachera à examiner les exercices qui bousculent les usages comme la typologie : la surélévation (et/ou la reconquête en sous-sol), l’adjonction ou l’extension (greffe contemporaine), la restructuration (dans la même enveloppe), et toutes les expériences hybrides.

Un bâtiment peut-il avoir combien de vies ??? Réponse au Palais de Chaillot…

Si, en France, des réalisations exceptionnelles telles que l’extension du palais des beaux-arts de Lille par Ibos et Vitart (1990-1997) ou le Centre national de la danse à Pantin (1999-2004) ont marqué les esprits, la démarche de transformation a déjà ses icônes mondiales :

- le Sesc Pompeia à São Paulo, par Lina Bo Bardi (1977-1982), exercice de « transformation-extension » d’une usine de 1938, croisement du sport et de la culture ; - le Lingotto à Turin, par Renzo Piano (1983-2002), exercice de mutation du fonctionnel au multifonctionnel à l’échelle d’un bâtiment autonome de 500 m de long construit en 1922 ;

- la Tate Modern à Londres, par Herzog & de Meuron (1994-2000 puis 2006- 2016), en situation de reconquête et de création d’une nouvelle centralité sur la rive sud de la Tamise, exercice de transformation d’une usine électrique de 1960, et plus tard extension pour gérer son succès ;

- le Reichstag à Berlin, par Norman Foster (1991-1999), reconquête d’un bâtiment à haute valeur « historique » datant de 1894. Fait important à souligner, ces quatre bâtiments-références développent, chacun à leur manière, une stratégie urbaine en termes d’usages et de prolongement de l’espace public.

Par ailleurs, l’exposition se place dans l’actualité de transformations urbaines significatives, telles que l’entrepôt McDonald, une barre de 700 mètres de long (dont 50 % pour du logement) dans le XIXe arrondissement de Paris, la tête du Pont de Sèvres à Boulogne-Billancourt, le quartier de La Part- Dieu à Lyon, la Friche de la Belle-de-Mai à Marseille.

« La clé est d’utiliser et de réutiliser encore. C’est comme penser et repenser les choses. L’architecture est juste une manière de penser les choses en termes de réalité », écrivent Miralles et Tagliabue (EMBT), auteurs de la transformation du Mercat Santa Caterina, exemple de régénération d’un quartier ancien de Barcelone.

Longtemps, ce type d’opération de « rénovation » a été considéré comme relevant de la technique et d’une simple mise aux normes ou en conformité, l’enjeu est ici de démontrer qu’il s’agit d’un acte de création à part entière.

Cité de l’architecture & du patrimoine

www .citechaillot.fr

1, place du Trocadéro et du 11 Novembre 75116 Paris +33 (1) 1 58 51 52 00

Partager cet article

Repost0
5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 07:54
DEPUIS SEPTEMBRE, DALÍ FAIT LE MUR
DEPUIS SEPTEMBRE, DALÍ FAIT LE MUR

Jusqu'au 15 mars 2015....

En 1974 à Granollers dans la Catalogne espagnole, Dalí réalise un happening dans la rue de ce petit village catalan, muni de 8 tuyaux d’arrosage branchés sur des barils de couleurs vives. Stokes, Royaume-Uni. La même année, Banksy, poète contestataire underground, voit le jour.

1983, toujours en Catalogne, à Pubol exactement, petit hameau de la Pera, Dalí peint La queue d’aronde, son dernier tableau. Paris, France. Jérôme Mesnager pose ses premières « traces-empreintes » sur les murs de la capitale. Olivier Rizzo commence à peindre sous le nom de Speedy Graphito.

En 2014 à Paris, le 11 septembre, Dalí fait le Mur. Polymorphe, explosive, rebelle, déconcertante, drolatique, insolite, anticonformiste, populaire : s’agit-il de définir la démarche dalinienne ou celle du street art ? Au-delà de la démarche artistique, ce qui rapproche ces créateurs, c’est cette façon de dévoiler le monde : provocatrice, iconoclaste et sauvage. À l’instar de Dalí, les artistes du street art ne s’imposent aucune limite dans leurs sources d’inspiration, leurs matériaux, leurs supports, leurs revendications. Une vingtaine d’artistes urbains ont ainsi relevé le défi. En dialogue avec les œuvres exposées à l’Espace Dalí, chacun d’eux a créé une œuvre qui ose confronter l’univers surréaliste au vocabulaire et aux codes de l’art urbain : peinture, pochoir, dessin, lumière, son, installation.

Akiza, Artiste Ouvrier, Fred Calmets, Codex Urbanus, Hadrien Durand-Baïssas, Jadikan, Jérôme Mesnager, Les King’s Queer, Kool Koor, Kouka, Levalet, Thomas Mainardi, Manser, Nikodem, Nowart, Paella, Pioc PPC, Sack, Speedy Graphito, Valeria Attinelli, Zokatos.

Keith Haring et des événements : fresque murale dans la rue Poulbot, rencontres- signatures avec les artistes, etc. viendront rythmer de manière régulière cette exposition. Un atelier spécifique autour du street art destiné aux enfants sera également mis en place.

Image : Arnaud Rabier Nowart, Dalí fait le mur, 2014, aérosol marqueur/mixte, 116x89cm ©Espace Dali

« Je considère l'amour comme l'unique attitude digne de la vie de l'homme. » Disait-il....

Speedy Graphito, Dans l ‘Œil de Dalí, 2014, 120x120 cm ©Speedy Graphito

Speedy Graphito, Dans l ‘Œil de Dalí, 2014, 120x120 cm ©Speedy Graphito

Akiza

Akiza (Robinson Deschamps & YoSHii) sont nés en 1979 dans le Sud et 1978 dans l’Est. Ils vivent et travaillent à Paris où ils conjuguent création, peinture, street art et programmation d’une galerie à Montmartre.

Après une formation scientifique, Robinson découvre la calligraphie, la typographie et le graphisme. Il remporte un important prix à Tokyo en 2003. La poupée Akiza voit le jour après son séjour au Japon, mais c’est presque un hasard. Un personnage unique et multiple à la fois, en noir et blanc, au carrefour d’influences calligraphiques, fantastiques, pop et industrielles.

Artiste Ouvrier

Artiste Ouvrier s’affirme comme l’un des pochoiristes français les plus importants de sa génération, avec la technique du double-pochoir caractérisée par une découpe minutieuse au scalpel, qu’il a inventée, puis transmise

à de nombreux artistes. Sa collection de miniatures sur bois le fait connaître en 2005 à “Section Urbaine” sous le nom de Fonds de Tiroir. Il est invité par Banksy au Can’s Festival en 2008 et son style particulier est reconnu sur la scène internationale. Il s’inspire de tableaux symbolistes et parvient à en donner une interprétation très personnelle tout en respectant l’esprit de l’œuvre. C’est pourquoi il est parfois qualifié d’”iconodule”.

Valeria Attinelli

Née en 1964, Valeria Attinelli grandit dans un milieu d’écrivains, sculpteurs, peintres et musiciens. Allen Ginsberg, Ezra Pound, Samuel Beckett, Roberto Matta, Gino Severini, Miguel Berrocal, Serge Gainsbourg, Astor Piazzolla et Ivry Gitlis appartiennent au quotidien de ses parents. Enfant timide et introvertie, elle passe son temps à les écouter pour se créer son propre univers. Depuis lors, pour elle, l’expression artistique est une évidence. Fascinée par le mouvement Dada autant que par l’œuvre de Francis Picabia ou de Roy Lichtenstein, son travail est aujourd’hui inspiré par le Pop Art, l’Op’art.

Fred Calmets

Fred Calmets, artiste peintre né en 1976, vit et travaille près de Poitiers. Autodidacte, il commence par le graffiti, mais décide en 1998 de se consacrer à la peinture, au dessin et à la gravure tout en s’essayant à la sculpture. L’interrogation sur la vie et la mort est un sujet récurrent dans la plupart de ses œuvres. Trois thèmes reviennent régulièrement pour illustrer ce propos : les femmes qu’il sacralise car elles le touchent, le fascinent ; les vanités qui découlent d’une prise de conscience par l’artiste de la puissance de la vie, de l’impact et de l’importance de l’instant présent ; la nature et la forêt qui sont désormais prédominantes depuis que l’artiste a quitté la ville pour la campagne.

Codex Urbanus

Codex Urbanus, né à Paris en 1974, navigue entre des univers éloignés, de l’art à la finance, de l’écriture à la justice, des catacombes à l‘Opéra. Tel un moine copiste du XXIe siècle, Codex Urbanus orne les pages de béton de

la ville d’un bestiaire fantastique, sorti tout droit de son imagination, avec des “dessins figuratifs encyclopédiques urbains”. Codex Urbanus apparaît particulièrement à Montmartre, dans la lignée de générations d’artistes créatifs, directs et irrévérencieux de l’ordre établi. Tant philosophique que politique, il tente, nuit après nuit, envers et contre tout, d’empêcher que ce quartier magique ne devienne un simple musée en plein air.

Hadrien Durand-Baïssas

Designer et artiste vivant à Paris, Hadrien est né en 1992. Fréquentant très jeune le monde de l’art, entre autre celui de la peinture par le biais de son oncle Jérôme Mesnager, il débute le dessin et le nu à 14 ans, qu’il étudie ensuite en section Art au lycée et à l’atelier de Sèvres pendant 2 ans. Passionné de création, il travaille sur plusieurs supports: aquarelle, vidéo, gravure, photo et musique. Inspiré par des thèmes puissants – la société de consommation avec sa série “Supermarket”, la nature avec sa série actuelle sur les animaux en voie de disparition –, il utilise les murs de la ville comme support de son expression.

Jadikan

Jadikan (Guilhem Nicolas) vit et travaille à Paris. Économiste de formation, il joue du support photographique pour matérialiser les mouvements par la lumière. Sans utilisation de la retouche photo, les images du “Jadikan Lightning Project” sont le reflet d’une seule prise de vue dont la durée s’étend sur plusieurs minutes. À l’aide de sources lumineuses et d’environnements sombres, les espaces apparemment vides prennent vie.

King’s Queer

King’s Queer est né en novembre 2008 à l’occasion d’un festival de la performance en Alsace. Depuis, ce duo de création sonore, qui puise aussi bien son inspiration chez John Cage et autres musiques concrètes que dans des rythmiques plus postpunk et pop, a traversé une dizaine de pays depuis les quatre coins de l’Europe jusqu’en Polynésie Française en passant par le continent nord-américain. Le travail de King’s Queer a toujours été en étroite corrélation avec le monde de l’art contemporain et du street art. Le duo a élaboré de nombreuses performances sonores, que ce soit pour des pièces de théâtre contemporain, des galeries, des écoles des Beaux-Arts ou visant à accompagner des sculptures en musée.

Kool Koor

Ex-compagnon d’armes de Jean-Michel Basquiat, Keith Haring et Rammellzee, Charles Hargrove, alias Kool Koor, est né à New York en 1963. “Graffiti writer”, membre fondateur de la “Graffiti connection”, il est un des plus intéressants représentants du tag de sa génération. Il manie la bombe spray en dispersant des couleurs acidulées aux tonalités variées. Kool Koor peint son interprétation du présent, du passé et du futur en y intégrant des voyageurs de l’espace et sa propre calligraphie pour projeter des images laissant la place à l’interprétation du spectateur.

Kouka

Kouka, artiste peintre né à Paris en 1981, métis franco- africain, est acteur du mouvement hip-hop depuis 1996. Diplômé de l’école des Beaux-Arts en 2000, il ne cesse de rassembler et de confronter ses origines, sur toile comme dans la rue. À travers un travail de déclinaison du portrait, Kouka développe ses thèmes de recherche autour de l’essence de l’Homme et de l’identité. Sa peinture se joue des codes du graffiti pour mieux toucher au cœur d’une recherche sur le statut de l’image. Les principaux motifs développés sont ses fameux Guerriers Bantus, qui rappellent que l’espace public n’appartient à personne, pas plus qu’une culture ; ses chimpanzés qui nous ramènent

à ce que nous sommes ; ou ses silhouettes sans visage libérées d’appartenance à toute origine. Il récupère des objets délaissés pour en faire de nouveaux supports, préservant la liberté et la spontanéité de son expression artistique.

Levalet

Jeune artiste de rue basé à Paris et né en 1988, agrégé d’Arts Plastiques, Levalet effectue un cursus pluridisciplinaire mêlant peinture, film d’animation et projection vidéo pour se consacrer finalement au dessin. De sa pratique du théâtre d’improvisation émanent ses mises en scènes subtiles, poétiques, comiques et absurdes à la fois. Il réalise une scène burlesque avec des personnages à qui il donne vie et réalité par le biais de la photographie dans un premier temps pour ensuite les dessiner à l’encre de chine sur papier kraft et les coller à l’endroit qui l’a inspiré. Peut-être ses œuvres risqueront de ralentir votre trajet, voire de vous inspirer une idée ?

Thomas Mainardi

Né à Lille en 1984, travaillant entre Paris et Lille, Thomas Mainardi est un peintre à l’univers effervescent et singulier, reconnu pour ses œuvres à travers le monde. Alliant le meilleur de la culture populaire à une sensibilité saillante toute personnelle, il déploie un florilège foisonnant et unique de couleurs et de sentiments. Il peint sa poésie, empreinte d’expressionnisme abstrait, de street art et de pop art, qui l’inscrivent définitivement comme un artiste résolument urbain, en phase avec lui-même et au cœur de son époque.

Il définit son nouveau style personnel comme le “Pop Expressionnisme”.

Manser

Manser, né en 1966 dans le nord de la France, travaille sur le développement du design typographique. Son inspiration va des arts antiques aux cultures primitives, des écritures ancestrales aux artistes modernes et contemporains comme Dubuffet, Alechinsky, Koraïchi, Haring ou Basquiat. Il développe depuis plusieurs années une recherche calligraphique orientée vers l’éphémère ainsi qu’une écriture appelée “SPIRABESK”. Sa production est principalement photographique. La principale thématique de Manser

se construit autour de “l’Absence-Présence”, l’écriture calligraphique étant vouée, par son processus créatif, à la disparition. La photographie est l’unique mémoire de cette existence, elle garde trace, impression de cette disparition.

Jérôme Mesnager

Jérôme Mesnager, peintre français né en 1961, débute la peinture en 1979. Il commence par des compositions abstraites, mais rapidement exprime son énergie dans des performances réalisées dans des lieux abandonnés ou désaffectés, où il laisse l’empreinte de son corps peint en blanc, pour leur donner un second souffle. En 1983 naît sur les murs de Paris l’image du “Bonhomme blanc”. Depuis 1984, il fait voyager sa silhouette blanche sur les murs de la planète.

Nikodem

Nikodem vit à Grenoble et travaille partout. Artiste visuel, NKDM questionne l’image par son graphisme décalé. Sa réputation d’artiste inclassable lui vient de la multitude des supports et des techniques employés. À la fois graphiste, illustrateur, graffeur, sérigraphiste, NKDM est véritablement un artiste aux facettes multiples. Afin d’en définir l’impact, il expérimente toutes sortes de langages qu’il traduit de façon ludique et inventive. Depuis quinze ans, il multiplie les interventions en réalisant desfresques, des performances, des expositions et des installations. Son goût pour l’expérimentation le rend inclassable même si ses travaux restent proches de la bande dessinée ou du réalisme. Aimant les anachronismes, l’artiste confronte des univers apparemment incompatibles en usant de techniques diverses, le tout teinté d’ironie.

Arnaud Rabier « Nowart »

Arnaud Rabier “Nowart” , né en 1968 dans le 93, vivant et travaillant à Clichy (92), est un artiste plasticien-vidéaste issu du graffiti, de la création collective et pluridisciplinaire en milieu urbain. Depuis son premier mur en 1985, il affirme: “L’Humain est au cœur de mon travail qui a comme ligne conductrice les valeurs du mouvement hip-hop : Paix, Amour, Unité.” Son travail aujourd’hui est la somme de

ses différentes recherches artistiques (peinture, sculpture, vidéo, infographie 2D et 3D, écriture, son) et de ses expériences humaines. La Fleur, symbole universellement positif, est au centre de nombreux projets artistiques qu’il a menés ces dernières années.

Paella

Michel Palacios, d’origine espagnole, né en 1962, adopte en 1985 le pseudonyme Paella Chimicos, anagramme de son nom, et intègre le collectif des Frigos. Il devient l’une des figures emblématiques de la scène parisienne. Adepte d’une “Figuration Délibérée”, il mène de concert une activité d’affichiste commentateur de l’actualité et de plasticien

en proie aux pérégrinations de ses personnages à tête de spirale sur fond de recherche picturale quasi fondamentale. Les textes qui contournent ses compositions évoquent l’enfermement dans un mouvement circulaire de la réflexion pourtant imposée avec humour. Dans ses œuvres, qu’il signe “PAELLA?” à partir de 2000, texte et image jouent de la confusion du double-sens par l’entremise de son personnage récurrent à tête spiralée.

Pioc PPC

Pioc PPC, jeune artiste né en 1987, a grandi au cœur des Hautes Alpes, face à la nature, tout en évoluant dans le monde de la musique et du skateboard, deux univers qui auront une grande influence sur la construction de sa sensibilité artistique. Il est fasciné par les loups, ces créatures symbolisant pour lui le manichéisme qui règne dans le monde. Que ce soit dans son atelier ou dans la rue, les nombreux symboles qui sillonnent son œuvre nous interrogent sur la conservation des espèces, l’évolution de notre société, notre place et notre rôle dans celle–ci, tout en nous laissant toujours le choix de l’interprétation.

Sack

Sack est un jeune graffitiste et street artiste chinois. Dès 2003, il commence à peindre dans les rues de nombreuses villes de Chine en compagnie des rares artistes urbains chinois qui parviennent à créer.

En 2008, suite à sa rencontre avec le peintre Kongo, Sack arrive en France pour continuer ses études d’art plastique. Le travail de Sack est imprégné de la culture orientale et les thèmes de ses œuvres sont la nature humaine, la religion

et la philosophie orientales, l’idéologie, alliées à des notes humoristiques

Speedy Graphito

“Je ne suis pas plus un artiste de street art qu’un artiste contemporain, je me sens libre de voyager dans l’histoire de l’art.” Olivier Rizzo alias Speedy Graphito, l’un des pionniers du mouvement street art français, a marqué de son empreinte la mémoire collective de toute une génération en imposant un style novateur et percutant au début des années 80. Depuis, il ne cesse d’évoluer en inventant des langages picturaux, codex iconoclastes et satiriques de notre société.

Zokatos

Bercé par la contre-culture des années 90, Zokatos, né en 1984, s’est naturellement tourné vers la rue comme terrain d’expression originel. Il a gardé du graffiti sa brutalité, sa force évocatrice et une certaine conception de la peinture. Du mur à la toile, son travail a ensuite évolué, tout en conservant les outils du street art, marqueurs et bombes aérosols pour l’essentiel. Ses compositions abstraites et colorées détonnent à présent avec l’univers pragmatique et grisonnant des cités parisiennes de son enfance. Il définit son style comme “l’expressionnisme abstrait moderne”.

DEPUIS SEPTEMBRE, DALÍ FAIT LE MUR

INFORMATIONS PRATIQUES

ESPACE DALÍ

Au cœur de Montmartre, l’Espace Dalí présente l’unique exposition permanente en France intégralement consacrée au maître du surréalisme, et plus particulièrement à ses sculptures et gravures.

La plus grande collection en France de sculptures de Salvador Dalí Cette superbe collection met en lumière les réalisations tridimensionnelles des images surréalistes les plus célèbres de l’œuvre du maître. Ces sculptures représentent un aspect significatif de la création artistique de Dalí, et fournissent une synthèse de son intérêt pour la forme.

Une collection complète de gravures et de lithographies signées Dalí Salvador Dalí a illustré les principaux thèmes de la littérature, de la mythologie, de l’histoire et de la religion. Il exprime à travers cette œuvre considérable sa propre vision des thèmes poétiques et littéraires universels.

ADRESSE

11, rue Poulbot 75 018 – Paris Montmartre Tél. : 01 42 64 40 10 www.daliparis.com info@daliparis.com

HORAIRES

Ouvert tous les jours de 10h à 18h

ACCÈS

Métro : Anvers (L2) - Abbesses (L12) Bus : n° 54, 80, Montmartrobus, Funiculaire

TARIFS

Billets disponibles sur la e-billetterie Plein tarif : 11,50 euros Senior, enseignant : 7,50 euros Enfant, étudiant - 26 ans : 6,50 euros Enfant - 8 ans accompagné d’un parent : gratuit

RÉSERVATIONS VISITES

Groupes, ateliers, visites scolaires CULTIVAL Tél : 0825 05 44 05 visites@cultival.fr

Arnaud Rabier Nowart, Dalí fait le mur (détail) © Espace Dali

Arnaud Rabier Nowart, Dalí fait le mur (détail) © Espace Dali

Partager cet article

Repost0
4 décembre 2014 4 04 /12 /décembre /2014 07:54
Une Invention au Louvre par Mark Lewis

Une Invention au Louvre par Mark Lewis

Le musée du Louvre poursuit son programme d’art contemporain en présentant cet automne 2014 une création de l’artiste canadien Mark Lewis, dont l’œuvre, reconnue internationalement, se développe dans le champ des arts visuels à partir du film. Après l’invitation à Walid Raad, en 2013 au département des Arts de l’Islam, c’est au tour de Mark Lewis de développer un projet de recherche artistique basé sur les collections du musée et se déclinant sous trois formes : une exposition temporaire dans la salle de la Maquette du 9 octobre 2014 au 5 janvier 2015, un livre d’artiste et, en novembre, une carte blanche de trois jours à l’auditorium.

Sous le titre d’Invention au Louvre, Mark Lewis donne forme à une archéologie du cinéma dans l’histoire de l’art. À travers quatre films conçus et réalisés au musée, un livre et une programmation, l’artiste canadien confronte les images en mouvement au mouvement imaginé qui, de tout temps, a travaillé les mythes et la réception de la création artistique.

Exposition : « Mark Lewis. Invention au Louvre » Présentée dans la salle de la Maquette, attenante aux fondations médiévales du palais dans l’aile Sully, l’installation donne à voir quatre films projetés en boucle. Inspirés tant par les collections du Louvre que par l’expérience muséographique du visiteur, ce sont de brefs essais filmiques silencieux, typiques du langage de Mark Lewis, dont le travail assume une référence poétique au cinéma primitif des frères Lumière.

Programmation à l’auditorium et dans la salle audiovisuelle : Animations/Carte blanche à Mark Lewis et à Laura Mulvey Avec Laura Mulvey, théoricienne féministe du cinéma, Mark Lewis a développé, de longue date, un dialogue proche de la collaboration créative. Avec cette carte blanche, ils s’associent pour inviter à regarder autrement quelques rares chefs d’œuvres de l’histoire cinématographique.

Publication : Mark Lewis, Inventio, 2014 Publié aux Éditions Énigmatiques, éditeur spécialisé dans le livre d’artiste, ce volume conçu par l’artiste présente un montage visuel sans précédent, où dialoguent l’histoire du cinéma et celle de la peinture.

Les œuvres du musée du Louvre à travers le regard de Mark Lewis Depuis ses débuts dans les années 1990, l’œuvre de Mark Lewis semble traverser à rebours l’histoire des images. Peinture, photographie et cinéma entretiennent dans ses films silencieux, présentés en boucle, une conversation subtile. Se référant aux frères Lumière, qui lui ont inspiré les formes brèves et ramassées de ses propres œuvres, l’artiste canadien place l’exploration optique au centre de l’expérience artistique. Écartant toute narration, son œuvre invite à une absorption directe dans le visible. Un nouvel espace temporel s’invente, où se croisent les chemins du regard et ceux de la mémoire, les temps mêlés de l’image en mouvement et les durées internes de la perception.

Sous le titre d’Invention au Louvre, Mark Lewis a conçu quatre nouveaux films à partir des collections du musée. En observant tour à tour le petit panneau primitif de Giovanni Sassetta, Le Bienheureux Ranieri délivre les pauvres d’une prison de Florence, L’Enfant au toton de Chardin, ou encore la galerie de la Vénus de Milo, l’artiste réactive une tradition ancienne de la littérature artistique : celle du mouvement imaginé. Diderot, dans sa critique du Salon de 1763, invitait le spectateur à évoluer de plain-pied dans les paysages de Joseph Vernet par le truchement d’une lunette ; Goethe, face au groupe sculpté du Laocoon au Vatican, préconisait de cligner des yeux pour en « animer » optiquement les tragiques figures ; Girodet, dans son poème Le peintre, s’identifiait sans détours au mythe de Pygmalion, s’attribuant le pouvoir d’insuffler aux images la vie elle- même. Le film, suggère Mark Lewis, s’est inventé avant la technique du cinéma, dans le regard du spectateur.

Biographie de Mark Lewis

Né à Hamilton (Ontario) en 1958, Mark Lewis vit et travaille à Londres. Se consacrant tout d’abord à la photographie, il commence à réaliser des films dans la moitié des années 1990. L’artiste utilise le film comme un médium installé dans l’espace d’exposition, questionnant les formes culturelles dominantes telles qu’elles se reflètent dans le cinéma. Plus généralement, ses films s’intéressent au quotidien à travers le filtre d’une large culture visuelle, sans dépendre pour autant de la citation directe ou de la référence érudite. En 2009, Mark Lewis a représenté le Canada à la 53e Biennale internationale d’Art contemporain de Venise avec son exposition « Cold Morning ». En 2011, il a réalisé à la National Gallery de Londres le film Black Mirror at the National Gallery. Actuellement, il prépare une collaboration avec le Museu de Arte Moderna de São Paulo qui sera présentée à la Biennale d’Art contemporain de São Paulo en 2014. Parmi ses récentes expositions personnelles : « Mark Lewis : Pull Focus » au Vanabbemuseum de Eindhoven, en 2013, « Mark Lewis : 8 Days » à la Vancouver Art Gallery de Vancouver. Mark Lewis enseigne au Central Saint Martins College of Art de Londres, à la University of the Arts de Londres et il est cofondateur et coéditeur, avec Charles Esche, de la revue Afterall – A Journal of Art, Context and Enquiry (Londres, Los Angeles et Anvers).

Informations pratiques—Exposition

Salle de la maquette, Aile Sully

Adresse :
Musée du Louvre, 75058 Paris - France

Téléphone :
+ 33 (0)1 40 20 53 17

Horaires :
Les mercredis 24 et 31 décembre 2014, le musée est ouvert de 9h à 17h (évacuation des salles à partir de 16h30).
Il n’y a pas d’ouverture du musée en nocturnes ces soirs-là.
Ouvert tous les jours de 9h à 18h sauf le mardi
Nocturnes jusqu’à 21h45 le mercredi et le vendredi.

Fermetures :
Les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre

Horaires

Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 17h45, les mercredi et vendredi jusqu’à 21h45.

Tarifs

Billet collections permanentes : 12 € Accès libre pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans résidents de l’U.E., les chômeurs, les titulaires des cartes Louvre jeunes, Louvre familles, Louvre professionnels et Amis du Louvre.

Renseignements : 01 40 20 53 17 www.louvre.fr

Image : Mark Lewis, Invention au Louvre, 2014. Film HD coul., sil. © Mark Lewis et l’ONF

Mark Lewis, Invention au Louvre, 2014. Film HD coul., sil. © Mark Lewis et l’ONF

Mark Lewis, Invention au Louvre, 2014. Film HD coul., sil. © Mark Lewis et l’ONF

Partager cet article

Repost0
Published by LV_RM - dans Le Louvre Expositions-Décoration Mark Lewis
3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 07:56
Le Grand Paris en Long, en Large et de A à Z...

Le Grand Paris en Long, en Large et de A à Z...

Une exposition inédite sur la Métropole du Grand Paris disponible en ligne, en accès libre pour mieux connaître les enjeux métropolitains

L’Abécédaire de la future Métropole du Grand Paris, élaboré par l’APUR et l’IAU‐îdF pour la Mission de préfiguration, est une base documentaire qui couvre Paris, les 124 communes des trois départements de petite couronne (92, 93, 94) de la future métropole et les 47 communes limitrophes qui pourraient en intégrer le périmètre.

Une sélection de cartes et de données issues de cet Abécédaire est présentée sous la forme d'une exposition itinérante, disponible gratuitement à partir du 1er décembre 2014, téléchargeable et imprimable en grand format. Elle s'adresse à tous les publics, collectivités, mairies, établissements scolaires, associations de quartiers...

Cette série de « cartes » repères permet de comprendre le socle géographique et historique du territoire, les grandes mutations engagées, et permet d’apprécier les particularités d’aujourd’hui au regard des évolutions futures.

Cette exposition se veut une invitation à découvrir communes et territoires pour en partager la connaissance au service du projet métropolitain de la future Métropole du Grand Paris qui reste à écrire.

La Métropole du Grand Paris, c'est : 6,7 M d’habitants en 2014 dont 1,6 millions de jeunes de moins de 20 ans // une densité d'habitants au km2 près de 9 fois supérieure à la densité régionale // 46,8 millions de visiteurs /an : 1ère destination au monde // 4,1 millions d'emplois : 1er pôle d’emploi d’Europe // Une économie créative de 500 000 emplois : moteur de l'attractivité internationale // 7 créations d'entreprises sur 10 créées dans la région Île‐de‐France // 38 millions de m2 de surface 1er parc d'Europe de bureaux

La métropole du Grand Paris de A à Z

La métropole du Grand Paris de A à Z

Partager cet article

Repost0
2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 07:54
Une relecture de la période du XIe au XVe siècles du Maroc Médiéval... au Louvre

Une relecture de la période du XIe au XVe siècles du Maroc Médiéval... au Louvre jusqu'au 19 janvier 2015

Un empire de l’Afrique à l’Espagne. L’exposition incite à relire la période du XIe au XVe siècles, véritable apogée de l’Occident islamique, tant du point de vue historique qu’artistique. Une succession de dynasties — almoravide, almohade et mérinide — ont unifié un espace politique et civilisationnel centré sur le Maroc, regroupant des territoires de l’Afrique sub-saharienne jusqu’en Andalousie. L’influence de ces empires, unissant pour la première fois les confins de l’Occident islamique, a rayonné jusqu’en Orient. Réunissant près de 300 œuvres, cette importante exposition, organisée par le musée du Louvre et la Fondation nationale des musées du Maroc, présente les plus belles réalisations dans les domaines du décor architectural, du textile, de la céramique ou de la calligraphie et permet d’appréhender cette longue et riche histoire, clef de compréhension du Maroc contemporain et source de sa modernité.

Le Maroc médiéval invite à un voyage dans l’espace marocain et andalou, suivant un fil chronologique, chacune des périodes historiques est ponctuée d’éclairages sur les lieux de pouvoir et capitales historiques, cités d’or et de lumière. De Fès à Séville en passant par Aghmat, Tinmal, Marrakech, Ceuta, Rabat ou Cordoue, le parcours retrace les chantiers architecturaux majeurs et les œuvres créées pour ces villes. Chefs-d’œuvre célèbres et spectaculaires (tel que le lustre- cloche de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès), récentes découvertes et objets méconnus, se croisent au sein de l’exposition. Eléments d’architecture (portes, chapiteaux), mobilier et objets servant au culte (minbars, bassins d’ablutions, manuscrits) ou témoignages de la vie quotidienne (céramiques, pièces de monnaie) conservés dans les musées, mosquées et trésors d’église : tous apportent un nouvel éclairage de cette aire du monde islamique jusqu’à présent essentiellement lue depuis la rive andalouse.

Les conquêtes de ces grandes dynasties les ont menées du sud du désert du Sahara au nord de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye actuelles. L’exposition replace cette puissante entité au centre des réseaux diplomatiques et commerciaux qui furent les siens, des confins subsahariens jusqu’aux cités commerçantes de l’Italie médiévale, des royaumes chrétiens du nord de l’Espagne jusqu’au sultanat mamelouk d’Égypte. Elle permet aussi de rappeler qu’historiquement le Maroc fût un créateur d’empires.

Image : Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © L. Schneiter / Les Editions de Makassar.

6a et b_Grand lustre de la mosquée de la Qarawiyyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

6a et b_Grand lustre de la mosquée de la Qarawiyyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Les Idissides et la fondation de Fès (fin VIIIe siècle - milieu Xe siècle)

L’exposition ouvre sur le territoire du Maghreb al-Aqsa – Maghreb occidental (actuel Maroc) – au lendemain de sa conquête par les troupes arabes, suite à l’arrivée en 789 d’un descendant du prophète Mohammed, Idris Ier. Installé dans l’ancienne colonie romaine de Volubilis, ce dernier va rapidement générer un véritable royaume autonome, celui des Idrissides. L’urbanisation du Maghreb occidental est en marche, et se traduit notamment par la fondation de Fès, capitale spirituelle et culturelle du Maroc jusqu’à nos jours. Rares sont les témoignages matériels de cette époque, au nombre desquels comptent des monnaies d’argent et l’une des pièces maîtresses de cette première partie de l’exposition, le minbar de la mosquée des Andalous. Ce royaume s’inscrit dans une dynamique régionale complexe, dont témoigne la coexistence avec le royaume de Sijilmassa au Sud, maître des routes de l’or.

Les Almoravides : le premier empire entre Afrique et Espagne (1049-1147)

Le déclin de la dynastie idrisside au milieu du Xe siècle va permettre l’arrivée sur le devant de la scène politique des Almoravides au milieu du siècle suivant. Ces derniers, issus d’une confédération de nomades berbères venus des franges nord de la Mauritanie, sont portés par une volonté de réforme religieuse sunnite et malikite. C’est en armes que ces hommes au visage voilé parviennent rapidement à redessiner la cartographie de l’Occident musulman en formant pour la première fois un empire étendu du sud du Sahara au nord de la péninsule ibérique. Ils contrôlent donc les pistes caravanières, que traduisent la présence dans l’exposition d’une stèle d’Almería trouvée à Gao et le trésor monétaire de Tidjikja (Mauritanie). Leur empire s’appuie sur une nouvelle capitale fondée en 1070, Marrakech, évoquée dans l’exposition grâce à des autochromes. Les importants travaux d’embellissement de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès témoignent de la piété almoravide.

Les productions de luxe des ateliers espagnols et notamment Almería, circulent dans tout l’empire pour réapparaître dans certains trésors d’église, comme la chasuble de Saint Exupère de la basilique Saint-Sernin de Toulouse, exceptionnellement exposée dans son intégralité.

K. La mosquée al-Qarawiyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

K. La mosquée al-Qarawiyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Les Almohades, ou la refondation d'un empire autour du dogme religieux (1147 - 1269)

La seconde moitié du XIIe siècle est marquée par un affaiblissement du pouvoir central, et des révoltes populaires guidés par des chefs spirituels appelant à la réforme religieuse de l’empire. L’un d’entre eux, Ibn Tumart se proclame le nouveau guide, Mahdi, de la communauté : il parvient rapidement à fédérer les tribus berbères du sud du Maroc, autour d’un nouveau dogme unitariste. Les Almohades, partent alors à la conquête de l’empire almoravide qu’ils vont étendre jusqu’à la Libye actuelle, imposant à ce territoire la conversion à leur dogme. Témoin de cette période, le philosophe juif Maïmonide, dont un manuscrit autographe est exposé, est finalement poussé à l’exil. L’empire centralisé qu’ils élaborent s’articule autour de trois capitales que sont Marrakech et Séville mais également Rabat, qu’ils fondent en commémoration de leur effort de djihad en péninsule ibérique et de la victoire d’Alarcos. L’économie connaît une nouvelle période de faste qu’évoque la correspondance entretenue entre Pise et Tunis.

L’idéologie almohade s’appuie alors sur une propagande complexe qui passe par une nouvelle culture visuelle où la calligraphie occupe une place inédite et où certains motifs, comme le lion, sont symboliquement réinvestis. La berbérité, et tout particulièrement la langue, sont pour la première fois l’objet d’une politique d’affirmation.

Les Mérinides : une nouvelle dynastie centrée sur la figure du souverain (1269-1465)

Les difficultés militaires en Andalousie qui se produisent au début du XIIIe siècle sonnent le glas de ce deuxième empire qui va se morceler. Au Maghreb al-Aqsa, c’est la tribu berbère des Mérinides qui met un terme définitif au califat almohade en 1269 avec la chute de Marrakech. Si elle n’est portée par aucune volonté de réforme religieuse spécifique, cette dynastie va néanmoins s’appuyer sur une propagande complexe notamment articulée au soufisme et au chérifisme et qui fait du sunnisme malikite la foi officielle. Elle s’approprie donc naturellement Fès, qui est symboliquement réinvestie en sa qualité de ville fondée par les Idrissides et cénacle religieux, dont elle fait sa capitale. Elle est dotée de nombreuses madrasas, ces collèges de sciences religieuses formant les élites du royaume, qui sont parées des plus beaux décors. Une nouvelle figure de souverain pieux apparaît, qui s’incarne dans la nécropole dynastique de Chella. Tourné vers la Méditerranée, le sultanat mérinide entretient d’importantes relations avec les royaumes chrétiens, d’Aragon ou de France, mais également avec ses coreligionnaires nasrides à Grenade, ziyanides à Tlemcen, hafsides à Tunis ou encore mamelouks au Caire. L’apogée de la période, le deuxième quart du XIVe siècle, porte en germe les ingrédients de sa fin, avec l’arrivée de la Peste noire à l’est et l’avancée inexorable des Chrétiens au nord. Dans le même temps commence à s’épanouir le souffle mystique et chérifien qui porte au pouvoir les futurs Saadiens.

_Lustre de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc © Fondation nationale des musées marocains.

_Lustre de la mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc © Fondation nationale des musées marocains.

Parcours de l’exposition

Volubilis et la naissance du Maghreb al-Aqsa (788-927)

Le territoire du futur Maroc est aux yeux des conquérants arabes le point le plus éloigné de la terre. Il prend donc le nom de Maghreb al-Aqsa, qui signifie dans la langue arabe « l’Occident le plus éloigné ». Conquis par les troupes arabes à la fin du VIIe siècle, cet espace où les anciens sites romains sont encore occupés se morcelle rapidement en plusieurs principautés. Des communautés juives et chrétiennes sont installées et conservent leurs traditions antiques. En 788, un descendant du Prophète Muhammad, Idris (r. 789-791), arrive au Maghreb al-Aqsa. Il fuit Bagdad, et le calife abbasside. Une tribu amazighe (berbère) convertie à l’islam accueille Idris et le proclame imam (chef de la communauté). Il s’installe dans l’ancienne colonie romaine de Volubilis (Maroc actuel), où il crée un royaume autonome. Ce royaume est mal connu : peu de vestiges matériels sont conservés. Ceux que l’on présente témoignent de l’adoption progressive de l’islam et de la langue arabe.

La fondation de Fès au début du IXe siècle

Idris II (r. 808-828), fils et successeur d’Idris Ier, quitte Volubilis au début du IXe siècle. Il part s’installer sur le site de Fès, qui vient d’être fondé. La ville est très vite constituée de deux quartiers distincts séparés par un oued. On les appelle bientôt le quartier « des Kairouanais » et le quartier « des Andalous ». Chacun possède une grande-mosquée pour la prière du vendredi et plusieurs oratoires. Deux sont parvenus jusqu’à nous : la mosquée des Kairouanais (al-Qarawiyyin) et la mosquée des Andalous. Agrandies et embellies jusqu’à nos jours, ces deux mosquées conservent quelques rares témoignages de l’époque idrisside. À la mort d’Idris II, le royaume est divisé entre ses douze fils. Les puissants califats qui l’entourent se disputent sa domination : le califat fatimide, qui règne à l’est, sur la région de la Tunisie actuelle, et le califat omeyyade, au nord, qui domine la péninsule Ibérique. Leur volonté parallèle de régner sur la ville de Fès se traduit par des réalisations architecturales, comme le minaret de la mosquée al-Qarawiyyin en 956, édifié sur ordre du calife omeyyade.

La principauté de Sidjilmasa aux IXe -Xe siècles

La principauté idrisside s’inscrit dans un contexte régional complexe. Elle est bordée, au nord, par celle de Nakur, et à l’ouest par celle des Berghawattas. Au sud se trouve la principauté de Sidjilmasa, aux mains des Midrarites. C’est une cité marchande prospère située sur les routes des caravanes, où se croisent les marchands venus chercher l’or et les matières précieuses du Sahara et du fleuve Niger. La principauté frappe des monnaies en or. Elle est habitée par des kharidjites, venus d’Orient. Le kharidjisme est une des grandes branches de l’islam aux côtés du sunnisme et du shiisme. Des décors en stuc témoignent de la splendeur des monuments de cette ville en plein désert.

Les Almoravides : le premier empire amazighe (berbère) (1049-1147)

Vers le milieu du XIe siècle émerge une confédération de tribus berbères venues des franges nord de la Mauritanie. On les nomme Almoravides. Ces combattants au visage voilé, comme c’est l’usage chez les grands nomades, progressent militairement. Ils tentent d’abord de contrôler les « cités de l’or » situées au sud du Sahara. Ces villes de l’Afrique de l’Ouest, comme Gao, structurent les routes des caravanes. La maîtrise de l’or permet aux Almoravides de financer leurs conquêtes. Ils se tournent désormais vers le nord et font étape à Sidjilmasa, puis à Aghmat, avant de fonder Marrakech. Leur progression est ininterrompue jusqu’au nord de l’Espagne, où se stabilise la frontière. L’arrivée de marchands musulmans au sud du Sahara a permis l’introduction de l’islam et de la langue arabe. Le mouvement de conversion au sud du Sahara est favorisé par l’Empire almoravide, dont l’étendue permet une grande circulation des hommes, des marchandises et des idées. En Afrique de l’Ouest se mêlent alors langue arabe, langue berbère, islam et animisme (croyance en l’existence d’âmes animant les êtres vivants et les éléments naturels). Cependant, au-delà de la boucle du Niger, la plupart des peuples conservent leurs rites et leurs croyances.

Le commerce maritime et les échanges

L’immense Empire almoravide est puissant et commerce activement. À la richesse des caravanes au sud s’ajoute le dynamisme de grands ports méditerranéens au nord. Almería, en Espagne, est le principal port de l’empire et le siège de son amirauté. La ville, qualifiée de « porte de l’Orient », est également un centre artisanal réputé pour ses soieries et le travail des métaux. Les fouilles archéologiques ont révélé l’étendue de ses activités artisanales : on y fabrique des céramiques multicolores et des stèles en marbre que l’on retrouve aux quatre coins de l’Empire almoravide. Almería tombe en 1147 aux mains des puissances chrétiennes, qui détruisent la ville, sonnant le glas de la prospérité almoravide.

L. La mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

L. La mosquée al-Qarawiyyin de Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Raffinement de l’art almoravide

Les chroniques historiques attestent de l’utilisation par les souverains almoravides de luxueuses soieries. Elles sont destinées à leur propre usage ou offertes en présent à leurs proches et à des alliés. La production est considérable et beaucoup font l’objet d’un commerce. La plupart de celles qui nous sont parvenues ont été conservées dans des trésors d’églises ou dans les tombes de membres des familles royales chrétiennes du nord de la péninsule ibérique. Il s’agissait en effet de tissus d’une grande finesse, très prisés par les souverains de l’époque. Leur décor, polychrome et doré, figure de magnifiques motifs animaliers. Les ateliers où ils auraient été produits ne sont pas connus, bien qu’ils soient le plus souvent attribués à la ville d’Almería. Le raffinement de leur décor se retrouve dans le travail du métal, sur des lampes, plateaux et encensoirs, ainsi que sur des boîtes en ivoire de la même période.

La fondation de grandes mosquées impériales

Les Almoravides font du sunnisme, l’une des trois branches de l’islam, et du courant juridique malikite leur doctrine officielle. Grâce à l’appui du pouvoir, la période est intellectuellement très riche. Les sciences juridiques connaissent un développement sans précédent. Ce renouveau est porté par de célèbres Grands juges, tels Ibn Rushd al-Djadd (1058-1126) à Cordoue, et le Qadi ‘Iyad (1043-1083) à Ceuta. Ces derniers rédigent d’importants traités de droit et de sciences religieuses. Par ailleurs, les souverains construisent et embellissent des grandes mosquées sur tout le territoire. La capitale almoravide est située à Marrakech, mais la prestigieuse ville de Fès n’est pas oubliée. La mosquée al-Qarawiyyin, fondée au 9e siècle, est agrandie. Elle est dotée d’éblouissantes portes plaquées de bronze, ainsi que d’un nouveau minbar, achevé en 1144. Une nouvelle grande-mosquée est fondée à Tlemcen, qui marque les limites de l’empire à l’est. Son mihrab, disposé dans le mur de la mosquée indiquant l’orientation de la prière, est décoré de stuc et éclairé d’une belle coupole qui laisse passer les rayons du soleil. D’autres mosquées plus humbles, comme à Chichaoua, sont érigées ou refaites à l’époque almoravide. Dans cette atmosphère de piété se développe également un courant spirituel particulier, le soufisme, promis à un grand avenir.

Les Almohades, ou la refondation d’un empire autour d’un nouveau dogme religieux (vers 1147-1269)

La seconde moitié du XIIe siècle est marquée par un affaiblissement du pouvoir almoravide et des révoltes populaires. Ibn Tumart est l’un des instigateurs de ces mouvements au sud du Maroc. Son but est double : réformer la religion et conquérir le pouvoir politique. Rapidement, il parvient à fédérer différentes tribus amazighes (berbères) autour de son message religieux et de sa volonté de réforme. Ibn Tumart se proclame Mahdi, celui qui doit restaurer la religion et la justice avant la fin du monde. Ses partisans sont appelés les Almohades. Ils se réfugient d’abord à Igiliz, dans les montagnes de l’Anti-Atlas, commandés par le premier disciple d’Ibn Tumart, ‘Abd al-Mu’min. Peu après, les Almohades se déplacent vers le nord et s’installent dans le Haut Atlas, à Tinmal. À partir de cette base, ils lancent plusieurs assauts contre Marrakech dès 1126, et partent à la conquête de l’Empire almoravide. Ils étendent leur territoire jusqu’à la Libye actuelle. Tinmal est le coeur spirituel du mouvement : même après l’installation des Almohades à Marrakech, elle sert de nécropole à la dynastie que fonde ‘Abd al-Mu’min. Celui-ci construit sur le site une magnifique mosquée en souvenir d’Ibn Tumart.

Djihad militaire et conquêtes territoriales

Les Almohades veulent imposer à l’ensemble du monde islamique la réforme religieuse professée par Ibn Tumart. À l’intérieur de leur empire ont lieu des conversions forcées. Témoin de cette période, le philosophe juif né à Cordoue Maïmonide (mort en 1204) est finalement poussé à l’exil au Maghreb, puis en Égypte. Les Almohades mènent le djihad, guerre de défense du territoire de l’islam. En 1147, une coalition de puissances chrétiennes s’empare de plusieurs villes d’al-Andalus, dont le port d’Almería. Cet épisode précipite l’arrivée des Almohades en péninsule Ibérique : ces derniers légitiment leur pouvoir en s’appuyant sur la défense d’al- Andalus. En 1195, leur victoire à Alarcos, en Castille, stabilise la frontière nord de l’empire. En vingt ans, les Almohades construisent un nouvel empire ralliant les territoires des rives de l’Atlantique à la Libye, et du sud du Maroc au centre de l’Espagne.

Les trois capitales de l’Empire almohade

L’Empire almohade s’articule autour de trois capitales, Marrakech, Rabat et Séville. Dans ces villes est lancée une politique de grands travaux. Au sud de Marrakech, une nouvelle ville est construite, qui abrite les services de l’État. Cette Qasba, ville de commandement, est dotée, vers 1190, d’une grande mosquée. Son minaret porte un somptueux décor de carreaux colorés où l’on peut lire des versets coraniques. L’adduction en eau de la ville est largement améliorée. Les jardins et palmeraies se multiplient. Près de l’ancien palais almoravide, une autre mosquée, la majestueuse Kutubiyya, est érigée. Rabat est la ville de départ des troupes vers la péninsule ibérique. Non loin du port débute la construction d’une immense mosquée. Celle-ci doit être la plus grande du monde islamique. Elle reste cependant inachevée. Seul son minaret, appelé « tour Hasan », domine la mer. De l’autre côté de la Méditerranée, le port de Séville se développe. Le commerce maritime est particulièrement actif et les productions de l’Empire almohade sont exportées jusqu’au Caire.

La propagande almohade

Les Almohades prennent le titre de califes et imposent leur pouvoir. Ils proclament leur doctrine centrer sur le Dieu unique. Ibn Tumart est le maître à penser de la nouvelle rigueur religieuse et morale almohade. La propagande officielle diffuse son message et fait de lui et de son disciple ‘Abd al-Mu’min les héros d’une épopée. Un nouveau code visuel se met en place au service de leurs idées. La calligraphie, qui véhicule les préceptes religieux défendus par les Almohades, se développe sur les façades de monuments et sur les objets. Certains motifs, comme le lion, sont fréquents. Un lion et un oiseau auraient en effet participé à la proclamation de ‘Abd al-Mu’min. Les monnaies sont désormais carrées. Cette forme rappelle celle de la Ka’aba à La Mekke – le coeur de l’islam. C’est une façon d’affirmer leur légitimité à diriger l’ensemble de la communauté. Parallèlement, la langue et la culture amazighes (berbères) autochtones sont mises en avant. Le berbère apparaît transcrit en caractères arabes dans différents manuscrits. Il devient une langue d’État et de formation des élites. C’est même une langue religieuse, au côté de l’arabe. La culture berbère transparaît aussi dans la pratique musicale. Les rares instruments à nous être parvenus en témoignent. Certains maîtres soufis enseignent uniquement en berbère et s’installent dans les villes et les campagnes pour diffuser leur message d’amour divin. La spiritualité mystique se développe.

H. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

H. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Le culte à l’époque almohade

Les obligations coraniques, comme la prière précédée des ablutions, le jeûne, l’aumône, sont scrupuleusement respectées. La piété quotidienne est imprégnée de cette rigueur religieuse almohade qui donne lieu à des productions spécifiques. Les récipients liés à l’eau et au rituel des ablutions se multiplient. Ces jarres, vasques et autres bassins font l’objet d’un soin tout particulier. On fabrique également des astrolabes, qui servent au calcul exact de l’heure de la prière, car celle-ci varie avec la durée du jour. De nombreux petits corans enluminés sont copiés et destinés à l’usage privé. Les souverains s’affichent en hommes pieux, certains peuvent être calligraphes. C’est ainsi qu’on conserve un coran écrit de la main du calife al-Murtada (r. 1248- 1266). Seule l’obligation coranique du pèlerinage à La Mekke est minimisée. En effet, le Maghreb est vécu par les Almohades comme le nouveau centre de l’islam. Il n’est donc pas nécessaire de se déplacer jusqu’au centre ancien, en Arabie.

L’art almohade et les trésors des églises chrétiennes

Malgré la rigueur affichée par la réforme almohade, l’art de cette époque est d’une grande délicatesse : les artisans travaillent notamment le métal, l’ivoire et la soie. La plupart de ces œuvres n’ont pas résisté à l’usure du temps dans l’ancien Empire almohade, mais ont été exceptionnellement bien conservées dans les trésors des églises chrétiennes. Les coffrets d’ivoire et de métal peuvent y être utilisés comme reliquaires. Les tissus font l’objet d’un commerce entre la péninsule Ibérique et l’Europe chrétienne. Dans les églises, ils servent pour la confection de vêtements liturgiques, destinés à dire la messe. Mais ils sont aussi employés pour envelopper les précieuses reliques. Enfin, les puissants souverains chrétiens aiment à se vêtir des riches étoffes de soie produites en Espagne. Un grand nombre d’entre elles ont été retrouvées dans les tombes des rois de Castille.

Les Mérinides et le retour à Fès (1269-1465)

La désastreuse défaite subie par les Almohades en 1212 contre les souverains chrétiens à Las Navas de Tolosa (Espagne) annonce leur chute. Dans la région de Taza, au Maroc, une tribu amazighe (berbère), appelée « Banu Marin », prend le pouvoir et s’empare de Marrakech en 1269. Les Mérinides font de Fès leur capitale. Ils assoient leur légitimité en s’inscrivant dans la filiation des Idrissides, fondateurs de la ville. Dès 1276, ils s’installent dans une ville nouvelle, accolée à l’ancienne. Elle prend le nom de Fès Jdid ou Fès-la-Nouvelle. Un quartier nommé « Mellah » est réservé à la communauté juive. Dans la ville nouvelle comme dans l’ancienne sont bâties de grandes demeures sur cour. Leur décor raffiné comprend des zelliges, des stucs et des boiseries sculptées, que l’on retrouve aussi dans les nombreux édifices officiels. Les Mérinides ne sont pas des réformateurs religieux et se distinguent en cela des Almohades. Leur discours politique, sur lequel se fonde leur légitimité, s’appuie sur trois axes : le malikisme, le chérifisme et le soufisme. Le malikisme est une des formes d’exercice du droit islamique. Il est majoritaire dans l’Occident musulman depuis l’époque almoravide. Il est majoritaire dans l’Occident musulman depuis l’époque almoravide. Le chérifisme correspond à l’importance croissante accordée par la société aux descendants du Prophète Muhammad, les chérifs.

La figure du souverain au cœur de la culture officielle des Mérinides

Avec les Mérinides apparaît une nouvelle façon d’écrire l’histoire. Celle-ci leur est particulièrement favorable. Le règne du sultan mérinide Abu al-Hasan (r. 1331-1348) marque un tournant. Les chroniques louent ses qualités physiques et le dépeignent comme un souverain exemplaire, pieux et intègre. Les auteurs de ces chroniques décrivent longuement les édifices religieux commandés par le souverain et son attachement à célébrer le Mawlid, la fête de la naissance du Prophète, avec tous les descendants de celui-ci, les chérifs. Désireux de se concilier les savants de Fès, les Mérinides construisent des madrasas, écoles d’enseignement juridique, dans lesquelles sont formées les élites du royaume. L’enseignement y est conforme au courant d’interprétation juridique officiel, le malikisme. Les souverains fondent aussi une nécropole royale à Chella, près de Rabat, à partir de 1284. Là se trouve la tombe d’Abu al-Hasan. Un pèlerinage sur la tombe des souverains se développe peu après.

Un empire tourné vers la Méditerranée

Le sultanat mérinide entretient d’importantes relations commerciales et diplomatiques avec les royaumes chrétiens d’Aragon et de France, mais également avec ses voisins musulmans, les Nasrides à Grenade, les Ziyanides à Tlemcen et les Hafsides à Tunis. La conquête de territoires voisins reste cependant au cœur de ses préoccupations. En al-Andalus, les Mérinides, alliés aux Nasrides, tentent d’empêcher les avancées chrétiennes. Ils franchissent le détroit de Gibraltar et fondent en al-Andalus une ville nouvelle près d’Algésiras. Elle sert de point de départ à leurs expéditions militaires. L’influence de l’art nasride devient sensible au nord du Maroc, grâce à des importations directes ou à des imitations locales. Les Mérinides tentent aussi d’étendre leur influence à l’est en s’emparant de la capitale ziyanide de Tlemcen. Alors qu’ils sont sur le point de s’en rendre maîtres au début du XIVe siècle, ils y construisent une ville nouvelle, al-Mansura, symbole de leur victoire, ainsi que plusieurs grands sanctuaires. Ces constructions témoignent des échanges artistiques permanents entre Fès, la capitale, et Tlemcen. Ponctuellement, les Mérinides parviennent même à marcher sur Tunis sous le règne d’Abu al-Hasan, mais le royaume se resserre ensuite autour de l’actuel espace marocain. Il reste cependant tourné vers l’est et communique avec les Mamelouks du Caire.

Fin d’un monde et renouveau

Le milieu du XIVe siècle est l’apogée de la période mérinide. Il porte cependant en germe le déclin inexorable de la dynastie, qui disparaît en 1465. L’union militaire des Mérinides et des Nasrides en al-Andalus échoue lors de la bataille du Río Salado en 1340. Les chrétiens victorieux emportent du champ de bataille un énorme butin, comprenant les étendards personnels du sultan mérinide. Les Mérinides doivent aussi affronter un autre ennemi : la pandémie de peste, venue de l’est. Ce cataclysme anéantit la population de toute la région et la déstabilise profondément. L’historien Ibn Khaldun (1332-1406) est un témoin privilégié de cette époque malheureuse. Auteur d’une Histoire universelle, il s’interroge sur le devenir des civilisations. Sa réflexion le pousse à considérer cette fin de siècle comme la fin d’un monde. Le XVe siècle marque effectivement une rupture considérable et le soufisme apparaît comme une réponse aux peurs des contemporains confrontés à la maladie, aux épisodes de famine et à la menace chrétienne. Un grand courant soufi créé au Maroc par al-Djazuli (mort en 1465) s’épanouit jusqu’en Orient.

B. Madrasa El Attarine, détail, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

B. Madrasa El Attarine, détail, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne

Du 17 octobre 2014 au 19 janvier 2015

Hall Napoléon

Informations pratiques

Adresse : Musée du Louvre, 75058 Paris - France

Téléphone : + 33 (0)1 40 20 53 17

Horaires : Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 17h30, les mercredi et vendredi jusqu’à 21h30.

Tarifs : Billet spécifique pour l’exposition Le Maroc médiéval : 13 €.

Billet jumelé (collections permanentes + exposition Le Maroc médiéval ) : 16 €. Gratuit pour les moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les adhérents des cartes Louvre jeunes, Louvre professionnels et Amis du Louvre.

Renseignements : 01 40 20 53 17/www.louvre.fr

D. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

D. Madrasa El Attarine, Fès, Maroc. © Fondation nationale des musées marocains.

Partager cet article

Repost0
Published by LV_RM - dans Expositions-Décoration Le Louvre Art de vivre
25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 07:52
«Une oeuvre monumentale de Guillaume Bottazzi à La Défense»

«Une oeuvre monumentale de Guillaume Bottazzi à La Défense»

Guillaume Bottazzi a une grande expérience de la création dans l'espace public. Ses oeuvres appartiennent désormais au patrimoine des villes où il les installe, contribuant ainsi à l'animation de lieux qu'il rend plus vivants.

En renouvelant l'image du quartier, l'intervention de l'artiste contribue à renforcer son identité et à intégrer les différents éléments qui le composent.

En associant sa marque à un événement artistique, La Défense, le plus grand quartier d’affaire d’Europe, communique sur ses valeurs de manière très visible et contribue ainsi à créer un sentiment d’appartenance chez les employés qui y travaillent.

Dans l’univers de la ville, les oeuvres d’art dans l'espace public adoucissent la confrontation à un urbanisme parfois perçu comme déshumanisé : elles contribuent au bien-être des habitants en introduisant de l'étrangeté dans leur quotidien, de la fantaisie dans la rigueur.

Pour Guillaume Bottazzi la dimension esthétique est toujours présente dans ses oeuvres in situ qu'il ne conçoit ni comme provocantes ni comme fondues dans l'espace. L'artiste doit savoir s'adapter au site, proposer un dialogue entre l'oeuvre et l'espace où il se situe, sans toutefois se plier à une commande.

Guillaume Bottazzi ne transige pas, son oeuvre n'est pas une illustration ni un miroir, elle s'adresse aux émotions. Les oeuvres qu'il créé dans l'espace public sont vivantes, mouvantes, sans cesse renouvelées dans le regard des gens. De façon inattendue, on peut passer devant chaque jour sans s'en lasser, avec chaque fois un regard nouveau car l'Art stimule le potentiel créatif de celui qui la regarde.

L'art dans l’espace public est partie prenante de la fabrique de la construction du mieux ensemble.

Les oeuvres de Guillaume Bottazzi ne sont pas uniquement un jeu de couleurs et de formes ; elles créent des liens entre les passants, appelés à échanger, à dialoguer entre eux, à s'exprimer sur leur vision de l'oeuvre ou de l'Art.

Il en va de même dans les quartiers d'affaire où l'on reste "entre soi". Avec cette oeuvre en lien direct avec l'esplanade, Guillaume Bottazzi va interpeller les passants, les confronter à une réflexion sur l'Art et sur leur rapport à l'Art et construire des échanges entre eux. Parce que l'art a le pouvoir de nourrir la réflexion, les nombreux salariés qui chaque jour empruntent cette voie ne resteront pas indifférents : l'oeuvre suscitera la parole, l'échange, introduisant un peu de convivialité dans les relations formelles du monde professionnel.

Depuis sa création en 1958, La Défense mène une politique ambitieuse d’acquisition d’oeuvres d’art. Son espace, impressionnant par son architecture, est ainsi devenu un lieu d’expression culturelle reconnu.

Sculptures, peintures, vitraux, fresques... De Calder à Richard Serra en passant par Miró et César, les plus grands ont marqué le quartier d’affaires de leur empreinte. Aujourd’hui, 69 pièces monumentales forment le plus grand ensemble d’art moderne et contemporain à ciel ouvert.

Guillaume Bottazzi, peintre français, est né en 1971. C'est en Italie que, très tôt, il débute son activité artistique en se rendant à Florence découvrir la technique des maîtres anciens. Puis, de retour en France, lauréat d'un concours, il s'installe dans un atelier attribué par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Cultu-relles). Très vite, il s'impose sur la scène artistique et entame une carrière internationale : il expose régulièrement en galeries et musées dans plusieurs pays en Europe, en Asie, aux Etats-Unis, notamment à New York où il s'ins-talle dans les années 2000. A partir de 1992, il combine travail en atelier, expositions en galeries et musées, et réalisation d'oeuvres dans l’espace public, qui connaissent un grand succès. He has received orders from different museums, for exemple from the Tokyo Metropolitan Foundation of History and Culture, the National Art Center of Tokyo and the Suntory Museum of Art.

A ce jour, Guillaume Bottazzi a signé près de 40 oeuvres monumentales. C'est à Sapporo, au Japon, que sa récente réalisation peut-être vue sur toutes les façades du Miyanomori International Museum of Art ; une oeuvre de 900 m2, fleuron de l'art contemporain dans l'île d'Hokkaido. Au Japon toujours, à Tokyo, il impose son style avec plusieurs commandes artistiques du Mori Art Museum.

Informations pratiques :

Oeuvre visible du public en cours de réalisation dès à présent et jusqu'à son aboutissement prévu le 9 décembre 2014. Tous les jours Visible en cours de réqlisation depuis la Passerelle Alsace- Place de l'Iris - Place des Reflets - 92095 Paris La Défense. Rencontres du pblic avec l'artiste progrémmés par l'Epadesa de 12h15 à 13h00 le 19 novembre et le 3 décembre 2014. Point de rencontre : Passerelle Alsace - Place de l'Iris - 92095 Paris la Défense Présence à confirmer par e-mail à guillaume@guillaumebottazzi.com

«Une oeuvre monumentale de Guillaume Bottazzi à La Défense»

Partager cet article

Repost0
19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 07:58
Ars architectonica-Caroline Challan Belval,  des visions archétypales déployées entre terre et ciel à la cité de l’architecture

Ars architectonica-Caroline Challan Belval, des visions archétypales déployées entre terre et ciel à la cité de l’architecture

DU 20 NOVEMBRE 2014 AU 9 MARS 2015

En contrepoint à l’exposition « Viollet-le-Duc, archéologue visionnaire » l’artiste contemporaine Caroline Challan Belval propose une interprétation de l’architecture à partir du fabuleux répertoire de formes que constituent les collections de la Cité. Ars architectonica présente des sculptures monumentales créées pour l’évènement dont une colonne/ anti-colonne en nuage de points suspendus ou encore une sphère gravée, inspirée des globes de Coronelli, intitulée Sphère des bâtisseurs où elle invente par la réinterprétation des formes ornementales et architecturales une mythologie contemporaine. Dans sa démarche artistique, Caroline Challan Belval interroge les œuvres du musée comme un original et un double. Là encore elle aborde les dispositifs de construction, de stabilité en collaboration avec le mathématicien, Luciano Boi, chercheur au Centre de recherche en mathématiques. Réunissant installations, sculptures, gravures ainsi qu’une centaine de dessins inédits acquis par la Cité en 2013, l’artiste Caroline Challan Belval nous transporte par sa virtuosité vers de nouveaux paradigmes. Entre deux mondes, celui d’une réalité transfigurée, d’une élaboration mathématique d’architectures construites, déconstruites et celui de mythologies symboliques, de visions archétypales déployées entre terre et ciel. Son travail de la matière, des matériaux et de leur dématérialisation exerce sur le visiteur des forces telluriques, célestes, universelles.

COLONNE / ANTI-COLONNE

La colonne est une forme architecturale de référence récurrente, organe de stabilité, dont la fonction est d’être portante, structurelle. Elle détermine des repères dans le champ visuel, délimite un espace physique et symbolique, investie d’une signification singulière selon sa forme et le lieu où elle se trouve.

La colonne torse de l’église Saint Séverin, à Paris, a été choisie pour ce projet dont un moulage est présenté à la Cité de l’architecture & du patrimoine. Son interprétation est une anti-colonne, détachée de son contexte, à l’instar de l’ensemble des éléments du musée, mise en exergue, suspendue et en dispersion. Positionnée à l’ouverture de la galerie Davioud, elle marque l’entrée, le passage. Cette œuvre éphémère est créée spécialement pour l'exposition à la Cité de l’architecture.

FRAGMENTS

La rose, le ruban et l’acanthe

À partir des éléments ornementaux définis dans le dictionnaire raisonné de Viollet-le-Duc, Caroline Challan Belval réinvente un vocabulaire de formes par des dessins, diagrammes, gravures et des œuvres en volume. Ainsi, l’artiste s’inspire des roses de la salle d’ornementation du musée de Sculpture comparée et de l’Eve de la Cathédrale d’Autun qu’elle présente détachées de leur contexte et sens d’origine en réalisant leur empreinte matérialisée en verre avec la collaboration d’Olivier Juteaux Maître Verrier.

Ars architectonica, 2002-2007, dessin, encre de Chine et aquarelle sur papier, 21 x 29, 7cm © Caroline Challan Belval

Ars architectonica, 2002-2007, dessin, encre de Chine et aquarelle sur papier, 21 x 29, 7cm © Caroline Challan Belval

SPHÈRES DES BÂTISSEURS

Espaces stratifiés / espaces gravés

Ici l'artiste réinterprète la carte du ciel en créant une sphère gravée intitulée Sphère des bâtisseurs, inspirée du globe céleste de Vincenzo Coronelli, gravé en 1697 pour Louis XIV. Cette sphère est construite selon les repères célestes actuels, sur lesquels sont projetées les figures et mythologies présentes dans le musée, résurgences des mythologies anciennes, mythologies humaines.

Aux côtés de cette œuvre inédite se présente la carte céleste de Coronelli, un retirage des faisceaux d’origine produit par la Réunion des Musées Nationaux/ Chalcographie du Louvre.

Chaque peuple projette un imaginaire singulier sur le ciel. Les dessins des constellations sont, comme dans le roman de Borges, l’Aleph, l’expression d’un monde visible depuis un point unique, celui depuis lequel nous observons.

Pour Caroline Challan Belval, à chaque partie du monde et à chaque culture correspond une vision nouvelle en accord avec une identité collective, créant des formes dans le ciel. Maisons, constellations, fragments de cartographie tissent des liens entre les corps célestes : planètes, étoiles, nébuleuses, nuages de gaz et de poussière, anomalies, objets invisibles, restes d’étoiles, peuplent le ciel profond. Leur position, leur mouvement, les forces qui régissent leur progression et leurs déformations font l’objet d’hypothèses, artefacts humains immatériels.

DU REGARD, DE LA MAIN

À partir d’une sélection de 200 dessins réalisés durant le chantier du palais de Chaillot pour la Cité, sont réunis sous forme d’installation, 108 dessins inédits acquis par la Cité de l’architecture en 2013. Le choix de ces dessins repose sur des séries directement liées aux collections permanentes : la fontaine de Nancy, la mise au tombeau de Solesmes, les chevaux du Soleil de L’hôtel de Rohan à Paris mais aussi sur l’expérience de terrain de l’artiste lors de la transformation du musée entre 2001 à 2007 où elle interroge l’architecture, sa morphologie, ses métamorphoses.

Ces collections ont été pour Caroline Challan Belval un laboratoire de formes dont le contenu tout entier aurait été mis en mouvement. Visages de sculptures recouverts d’un voile pudique contre la poussière, œuvres protégées en attente d’une autre vie, perception d’espaces encore chrysalides, elle livre par son travail un état de mutation anonyme et bouleversant.

Caroline Challan Belval

Artiste française né en 1977 à Cognac. Elle vit et travaille entre Nice, Paris et Lisbonne, actuellement en résidence au MAMbo à Bologne.

Sa recherche, tournée vers l’architecture et les mondes souterrains, interroge la forme, l’espace, ses structures cachées et leur perception. Elle l’aborde par la pratique du dessin et de la peinture, conjointement à une approche théorique, influencée de la pensée de Lucrèce et de Merleau-Ponty. Sa démarche consiste à saisir et à restituer les dramaturgies modernes dans des lieux de transformation : Ars architectonica, Opus caementecium, Gardiens d’étoiles, Chelsea meat factory, NY Subway, 15 jours en usine, la fonderie d’Outreau, Connais-toi toi-même, Bestiaire mythologique, l’Ere du poisson, l’Homme cherche-midi, Anti mémoire, Visões-Ficção, Fragments botaniques, Latone ...

Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, elle est titulaire d’un Master 2 "Recherche en Architecture et Patrimoine" - Universités de Nice et de Gênes. Elle a séjourné et travaillé à New York avec une bourse Colin Lefranc en 2002. Elle enseigne à l’École Nationale Supérieure d’Art de la Villa Arson, à Nice, et à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Nice Sophia Antipolis (M2). Ses œuvres font partie de collections publiques prestigieuses à l’instar du MoMA, de la Bibliothèque nationale de France, du MAMAC de Nice et de la Cité de l’architecture & du patrimoine.

Ars architectonica, 2002-2007, dessin, encre de Chine et aquarelle sur papier, 21 x 29, 7cm © Caroline Challan Belval

Ars architectonica, 2002-2007, dessin, encre de Chine et aquarelle sur papier, 21 x 29, 7cm © Caroline Challan Belval

Informations pratiques

Cité de l’architecture & du patrimoine Galerie des moulages 1 place du Trocadéro Paris 16e

Ouvert tous les jours de 11h à 19h, le jeudi jusquʼà 21h Fermeture le mardi

Entrée comprise dans le billet d'accès au musée

PT:8€-TR:6€

Etudes pour Pégase et Andromède d'après le corpus de dessins réalisés dans les galeries de la Cité

Etudes pour Pégase et Andromède d'après le corpus de dessins réalisés dans les galeries de la Cité

Partager cet article

Repost0
13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 07:54
François Schuiten et Benoît Peeters revisitent la ville lumière Paris à la Cité de l’Architecture

François Schuiten et Benoît Peeters revisitent la ville lumière Paris à la Cité de l’Architecture

DU 20 NOVEMBRE 2014 AU 9 MARS 2015

Dans cette exposition François Schuiten et Benoît Peeters, auteurs des Cités Obscures, font dialoguer leurs vision futuriste de la Ville Lumière, avec une sélection de dessins d’architectes et de projets d’urbanisme conçus pour Paris depuis deux siècles. La métamorphose de Paris depuis les travaux d’Hausmann, est illustrée par des documents historiques originaux confrontés aux planches de leur dernier album Revoir Paris. Aux dessins et documents originaux s'ajoute un écran circulaire de grande dimension accueillant une projection interactive en réalité augmentée, en partenariat avec l'Institut Passion for Innovation de Dassault Systèmes.

La bande dessinée entretient depuis longtemps des liens intimes avec l’espace de la ville et l’utopie. Mais aucune série ne lui a donné une place aussi importante que Les Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters. Jouant avec les signes de la modernité d’hier – celle de Jules Verne, Robida ou Le Corbusier –, leurs albums mettent en scène une sorte de futur antérieur où les tissus urbains et les strates temporelles s’enchevêtrent. Paris y apparaît sous le nom de Pâhry, à côté de villes imaginaires comme Samaris, Urbicande et Calvani. Ici les auteurs livrent avec Revoir Paris leur regard sur les visions de Paris depuis deux siècles : des tracés d’Haussmann aux projets du Grand Paris, en passant par les utopies d'Hector Horeau et d'Auguste Perret, ou les projets de Le Corbusier ou de Jean Nouvel.

Les rêves architecturaux de Schuiten s’approchent parfois des réalités les plus tangibles. Ce fut le cas en 1994 avec l'aménagement de la station de métro Arts et Métiers, considérée comme la plus étonnante du réseau parisien. Et en 2009, avec cette vision métaphorique du Grand Paris, à travers un ensemble d’illustrations présentées ici pour la première fois.

L’histoire et les métamorphoses de la ville capitale sous l’effet des grands travaux d’aménagement et de l’évolution des modes de transport, la modification de ses limites au sol, la transformation de sa perception dans les airs, sont évoquées par un dialogue entre les créations de Schuiten et Peeters et une sélection de projets – réels, parfois non réalisés – conçus par les architectes et les urbanistes depuis le XIXe siècle. C'est un regard, une vision plus subjective, sans prétention d'exhaustivité sur les idées futuristes sur Paris, que nous livrent les scénographes.

L’exposition se déploie sur sept sections :

1- Métamorphoses capitales : le chantier d’Hausmann pour Paris ; 2- À la rencontre du monde : les cinq expositions universelles présentées entre 1855 et 1900 ;

3- Une métropole en mouvement : les nouvelles mobilités : du chemin de fer au métropolitain ; 4- Le regard aérien : Aéropolis et le rêve d'une ville verticale ;

5- Au-delà des enceintes : les portes de Paris et l’orga- nisation du territoire ; 6- L’esprit de l’utopie : libérer la ville et la réinventer radicalement ;

7 - Une ville monde : le Grand Paris et au-delà.

Paris un voyage dans le temps

Au cœur de l’exposition Revoir Paris, François Schuiten a prévu qu’un écran circulaire de grande taille accueille une projection interactive en réalité augmentée. Les visiteurs, manipulant une table d’orientation peuvent faire évoluer les monuments de Paris qu’ils ont choisi, s’aventurant dans le passé le plus lointain comme dans un avenir hypothétique. Pour produire techniquement cette vision dans un demi-siècle et un siècle de trois sites très identifiés (Notre-Dame de Paris, la Tour Eiffel et La Défense), le scénographe a fait appel aux ingénieurs de Dassault Systèmes.

Publications

Les trois publications seront en librairie à partir du 5 novembre 2014.

Revoir Paris, l’exposition

Catalogue

François Schuiten, Benoît Peeters avec Christelle Lecoeur

Graphisme : Philippe Ghielmetti Casterman en partenariat avec la Cité de l’architecture

& du patrimoine, 96 p, 28 €

Revoir Paris

Album

Casterman, 2014, 64 p,15 €

Schuiten et Peeters ajoutent une dimension prospec- tive à leurs explorations. L’histoire se situe au milieu du XXIIe siècle. Kârinh, la jeune femme qui en est l’héroïne, a toujours vécu dans une lointaine colonie spatiale. Son obsession est d’atteindre enfin la Ville Lumière, reconstituée à partir d’images aussi fragiles que contradictoires...

François Schuiten Des Cités Obscures à la Ville Lumière

Collector

Casterman, 2014, 32 p, 9,90 € ␣

Sous-titrée «Des Cités Obscures à la Ville lumière», cette publication réunit pour la première fois des docu- ments rares, grands dessins en noir et blanc, illustra- tions réalisées pour illustrer un roman inédit de Jules Verne, scénographies dessinées pour la station Arts et Métiers ou projets conçus pour le Grand Paris. François Schuiten nous livre tout son imaginaire, en grand format.

Informations pratiques

Cité de l’architecture & du patrimoine Galerie des expositions temporaires

1 place du Trocadéro Paris, 16e

Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11h à 19h le jeudi jusqu'à 21h

Plein tarif : 5€/TR: 3€

L’exposition bénéficie du partenariat de l’Institut Passion for Innovation de Dassault Systèmes et de Thalys avec le soutien des membres du Club entreprises de la Cité

Revoir Paris © François Schuiten et Benoît Peeters

Revoir Paris © François Schuiten et Benoît Peeters

Revoir Paris © François Schuiten et Benoît Peeters

Partager cet article

Repost0
12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 07:58
No-Stop City, vision de ville - Arc en rêve centre d'architecture

No-Stop City, vision de ville - Arc en rêve centre d'architecture

Jusqu'au dimanche 25 janvier 2015

Arc en rêve centre d'architecture

Après avoir présenté l’exposition consacrée à Andrea Branzi par le Musée des Arts Décoratifs et du Design "Andrea Branzi, Pleased to meet you", à cette invitation du musée, arc en rêve centre d'architecture expose la vision anticipatrice d'Andrea Branzi pour penser la ville d'aujourd'hui.

Placée sous le titre No-Stop City, l'exposition revient sur le travail théorique et critique d'Andrea Branzi, à partir du projet éponyme créé en 1969 et fondé sur "l'idée de la disparition de l'architecture dans la métropole". Ce concept "d'urbanisme faible" – faisant référence à la ville sans fin, sans qualité – a été élaboré dans le projet fondateur No-Stop City, développé et sans cesse retravaillé par Branzi dans d'autres projets comme "Cielo e Terra", "Territorio Enzimatico", "Bosco di Architettura", "Infrastrutture Leggere" et "Agricoltura Residenziale"... Un corpus exceptionnel réunissant des maquettes, des dessins et des films, à découvrir avec arc en rêve.
Le travail d'Andrea Branzi, fondateur du mouvement radical de l'architecture italienne, nous éclaire depuis presque un demi-siècle sur les mutations urbaines visibles en ce début de 3e millénaire. L'idée d'une ville "sans architecture" n'est pas une utopie, mais plutôt l'intuition du changement profond de nos sociétés. Sa recherche autour des modèles d'urbanisation faible s'appuie sur une redéfinition de l'architecture, de ses codes, et ses symboles. Ses propos témoignent d'une extraordinaire acuité sur la condition urbaine contemporaine et les phénomènes de métropolisation à l'ère de la mondialisation de l'économie et de l'information.
"Il s'agit donc d'imaginer une architecture qui ne s'occupe pas de réaliser des projets définitifs, forts et concentrés, caractéristiques de la modernité classique, mais plutôt des sous-systèmes imparfaits, incomplets, élastiques, caractéristiques de la modernité faible et diffuse du 21e siècle." Andrea Branzi

Infos pratiques

Dates / Horaires :

Jusqu'au dimanche 25 janvier 2015

Tous les jours sauf le lundi de 11h à 18h
Nocturne le mercredi jusqu'à 20h

Lieu :

Arc en rêve centre d'architecture

Galerie Blanche

Entrepôt7 rue Ferrère 33000 Bordeaux

Renseignements :

Arc en rêve centre d'architecture

Entrepôt
7 rue Ferrère
33000 Bordeaux

Tél. : 05 56 52 78 36

Fax : 05 56 48 45 20

Courriel : info@arcenreve.com

www.arcenreve.com

Maquette Citta'reale, 2010. A. Branzi avec D. Macchi, H. Endo, B. Vezzi, A.S. Vitale - Galerie Friedman Benda, New York (© Studio Andrea Branzi, Milan)

© Rodolphe Escher

© Rodolphe Escher

Partager cet article

Repost0
12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 07:56
Andrea Branzi, Peased to meet you 50 ans de création

Andrea Branzi, Peased to meet you 50 ans de création au Musée des Arts décoratifs et du design de Bordeaux

Jusqu'au 25 janvier 2015

Le musée des Arts décoratifs et du design de Bordeaux présente la première rétrospective consacrée à l ‘œuvre du designer, architecte et théoricien italien Andrea Branzi, qui se tiendra du 10 octobre 2014 au 25 janvier 2015.

Près de cent quarante pièces provenant des Etats-Unis et d’Europe sont rassemblées à Bordeaux pour offrir un regard d’ensemble sur le travail essentiel de ce créateur, dont l’œuvre est emblématique de l’histoire du design de l’après-guerre à aujourd’hui.

Acteur du mouvement radical italien, d’Alchimia puis de Memphis, Andrea Branzi a œuvré à libérer le design de son carcan moderne : d’une discipline orientée jusque là vers la production et la rationalité, il a contribué à faire un champ d’une totale liberté d’expression, ouvrant ainsi la voie vers la multiplicité des formes que revêt aujourd’hui le design.

Tout au long de son parcours, il exprime dans son travail une lecture sensible de l’évolution du monde. S’y reflète sa vision très anticipatrice de la société actuelle, de ses transformations, de ses nouveaux codes. Fédérant la pensée de ses amis designers, et notamment d’Ettore Sottsass, il met en place une histoire théorique du design dans laquelle cette discipline est enfin étudiée pour elle-même, de façon autonome, non plus considérée comme un outil au service de l’industrialisation des objets de notre quotidien, mais comme une discipline qui s’intéresse avant tout à l’humain.

Cette exposition offre une lecture du travail d’Andrea Branzi. Au-delà de la perspective d’une œuvre forte et singulière, elle permet également une compréhension de l’évolution du design depuis la seconde moitié du XXe siècle.

Etrangement, aucune rétrospective ne lui avait encore été consacrée, en raison certainement de son activité et de sa présence encore très vive dans les événements contemporains.

Nous avons souhaité organiser cet événement avec la participation du designer, et lui avons confié la scénographie de l’exposition. L’exposition s’organisera hors-les-murs, dans ce magnifique endroit qu’est l’église Saint-Rémi, érigée entre les XIe et XVe siècles, et aujourd’hui désacralisée, située dans l’hyper centre de Bordeaux, à deux pas de la place de la Bourse.

La noblesse et le volume de cet espace ont d’emblée intéressé le designer, architecte et scénographe qu’est Andrea Branzi.

Afin de faire rayonner la présence d’Andrea Branzi dans la ville de Bordeaux, le musée a invité arc en rêve centre d’architecture à participer à ce projet. Arc en rêve accueillera une partie de l’exposition, faisant ainsi un focus autour du projet d’urbanisme No-Stop City.

Le musée est également en lien avec l’École des Beaux-Arts de Bordeaux. Ses étudiants en design travaillent autour de la médiation de l’œuvre théorique d’Andrea Branzi.

Image : Vases A 56, A 38, A 28, A 51, A 46, 1991 Collection Amnesia Ed. Design Gallery, Milan Paris, musée des Arts décoratifs Inv. de 01-053 à 01- 057 © Design Gallery Milano

Andrea Branzi Service à thé, 1997 Collection « Silver & Wood » Ed. Argentaurum Inv. FNAC 2000-274 Paris, Centre national des arts plastiques © Bordeaux, musée des Arts décoratifs et du design Photo Lysiane Gauthier

Andrea Branzi Service à thé, 1997 Collection « Silver & Wood » Ed. Argentaurum Inv. FNAC 2000-274 Paris, Centre national des arts plastiques © Bordeaux, musée des Arts décoratifs et du design Photo Lysiane Gauthier

Andrea Branzi, biographie

Né à Florence en 1938, Andrea Branzi est un des très grands architectes et designers italiens contemporains. Il vit à Milan depuis 1973. Il est l’un des principaux théoriciens de l’architecture radicale italienne, laquelle influença toute une génération d’architectes. En 1966, il co-fonde Archizoom Associati, et propose alors un projet de ville sans fin, No-Stop City, dans lequel il exprime sa vision très anticipatrice d’une métropole gérée par les flux. Vision singulière dans laquelle le design, une discipline plus légère car moins pérenne que l’architecture, prend une importance centrale dans un nouveau monde fait de changements et de mobilités : « Tous nos efforts sont tendus vers les recoins d’un monde domestique d’où surgira une culture rénovée et plus crédible de l’habitat, préalable dans la pratique à une nouvelle architecture ».

Andrea Branzi s’inscrit dans un projet italien du design, qui se développe au sortir de la guerre, dans les années 1950. Un projet qui apparaît étranger à la tradition du fonctionnalisme international et aux fausses certitudes de la culture industrielle du XIXe et du XXe siècles, fondée sur le mythe de l’objet définitif produit en série. Très tôt, dès les années 1960, Andrea Branzi met, en effet, le doigt sur ce qui caractérise notre monde aujourd’hui, à savoir la constante et rapide transformation des codes, l’apparition de multiculturalités prenant la place d’une culture homogène dans une société clairement structurée, un monde qui ne se définit plus par des fonctions économiques, sociales et productives différentes, mais par des cultures, des religions et des traditions différentes.

Sa vision sensible de l’évolution de la société se reflète dans sa production artisitique. Il engage à se libérer des carcans issus de l’équation entre forme et fonction pour redonner un nouvel élan au décor, à l’expression, à la communication, privilégiant ainsi la valeur émotionnelle, ce que l’objet exprime à travers sa forme, son matériau, son poids, son odeur, son toucher, sa perception. Les collections Animali Domestici (1985), pièces archétypales montrant une symbiose entre technologie, industrie et nature, Amnesia (1991), où les objets sont comme des petites architectures dans l’espace, ses séries Wireless (1997), interrogeant les rapports entre cultures technologique et humaniste, ou Blister (2004), objets créés pour accueillir et mettre en scène des fleurs, sont autant de collections d’objets dans lesquels la justesse de sens et la sensibilité formelle tendent vers un horizon poétique.

Andrea Branzi participe à des expositions et à des séminaires qui contribuent à la diffusion du design italien dans le monde entier. Cette démarche s’inscrit dans la lignée de ses travaux en tant que théoricien du design. Son objectif est de questionner les rapports entre un objet et son environnement, en plus de son interaction avec l’homme. Dès les années 70, il publie dans des revues des textes théoriques sur la place du design dans le monde moderne notamment dans la revue Casabella. Il écrit de nombreux ouvrages, La Casa calda, 1982 ; Animali domestici : le stile neo-primitivo, 1986 ; Nouvelles de la métropole froide, 1991 ; Il Design Italiano. 1964-1990, 1996 (catalogue Triennale de Milan) ; La Crisi della qualità, 1997 ; Una generazione esagerata, 2014.

Professeur à l’Ecole Polytechnique de Milan, il co-fonde en 1983 et dirige la Domus Academy, école de design à Milan spécialisée dans les 3e cycles, qui a dominé le paysage du design durant de nombreuses années.

Ses œuvres sont conservées dans tous les grands musées internationaux.

1938 : Naissance à Florence

1966 : Membre fondateur d’Archizoom Associati (1966-74) - Diplômé en architecture à l’Université de Florence

1966 – 1967 : Archizoom Associati, en collaboration avec Superstudio, orga- nise l’exposition Superarchittettura (...) à Pistoia puis à Modène.

1972 : Archizoom Associati participe à l’exposition Italy : The New Landscape, au MoMA (New York)

1972 – 1976 : Publication des « Radical Notes » dans la revue Casabella

1973 : Installation à Milan

1969 – 1972 : No-Stop City (projet d’urbanisme)

1981 : Participe à la fondation de Memphis

1983 : Co-fondateur de la Domus Academy, première école post- universitaire de design à Milan

1984 : Publication de La Casa Calda : esperienze del nuovo designo italiano

1985 : Collection Animali domestici

1986 : Publication de Animali domestici : le stile neo-primitivo

1987 : Reçoit le Compas d’Or pour son travail de designer et de théoricien

1991 : Collection Amnesia - Publication de Nouvelles de la métropole froide

1996 : Collection Wireless - Commissaire de l’exposition Il Design Italiano dal 1964 al 1972 à la Triennale de Milan

2001-2005 : Travaille en collaboration avec le CIRVA (Centre International de Recherche du Verre et des Arts Plastiques, Marseille)

2004 : Collection Blister

2008 : Exposition Open Enclosures à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (Paris)

2010 : Collection Louis XXI, porcelaine humaine, en collaboration avec Sèvres, la Cité de la Céramique - Collection Trees, Carpenter’s Gallery Workshop (Londres et Paris) - Collection Epigrammi à la galerie Clio Calvi & Rudi Volpi - Exposition Grandi Legni, à l’Espace Alaïa (Paris)

2011 : Collection Figure, Design Gallery Milano (Milan)

2013 : Volières Pergamo, Galerie Isabella Bortolozzi (Berlin) - Collection Walls, Benda-Friedman Gallery (New-York)

Vase Ipomea Maculata, 2000 Collection « The Bronze Age » Ed. Design Gallery Milano Inv. FNAC 01-871 Paris, Centre national des arts plastiques © Design Gallery Milano Photo Elio Basso

Vase Ipomea Maculata, 2000 Collection « The Bronze Age » Ed. Design Gallery Milano Inv. FNAC 01-871 Paris, Centre national des arts plastiques © Design Gallery Milano Photo Elio Basso

Parcours dans l’exposition

1. L’espace Saint-Rémi

L’exposition principale, à l’espace Saint-Rémi, s’organise en sept parties. Ce découpage permet d’appréhender un déroulement chronologique de ce long parcours, qui s’étend de 1964, date de la création du mouvement Archizoom Associati, jusqu’à l’époque actuelle, puisqu’Andrea Branzi est toujours en activité, tout en mettant en exergue des thématiques récurrentes dans son œuvre.

Entrée sur la scène culturelle et naissance d’Archizoom Associati

Il reste peu de pièces d’origine de cette période. Un travail d’enquête a été mené auprès des différents acteurs liés à ce mouvement. Ces derniers avaient cependant peu conscience, sur le moment, de la valeur culturelle de cette production et ils n’ont rien mis en œuvre pour la sauvegarder. Certaines pièces ont cependant été conservées, grâce à l’action d’un amateur, d’un marchand ou d’un musée.

C’est au milieu des années 1960 qu’Andrea Branzi entre sur la scène culturelle, en pleine culture Pop. Avec le groupe Archizoom, qu’il fonde en 1966 en collaboration avec Gilberto Corretti, Paolo Deganello, Massimo Morossi, Dario et Lucia Bartolini, il renverse les mythes du design qui dès lors n’est plus uniquement dédié à la conception industrielle de produits d’usage mais à la création d’objets qui cohabitent avec leurs usagers, des objets expressifs, dérangeants, émouvants, amusants avant d’être simplement utiles.

« Le lien qui m’unissait à mes amis d’Archizoom était une énorme créativité. Une créativité issue de la crise des idéologies, du rationalisme, de la modernité. Notre créativité résultait de ce vide immense produit par l’effrondrement des certitudes sur lesquelles s’était fondée l’ensemble de la société. Dans un certain sens, la culture des jeunes de l’époque, dont nous faisions partie, était une réaction vitaliste et instinctive face à l’effritement du système de valeurs survenu dans l’après-guerre. » Andrea Branzi

Vase Antheia, 2006 Collection « Uomini e Fiori » Ed. Design Gallery Milano Collection particulière © Design Gallery Milano

Vase Antheia, 2006 Collection « Uomini e Fiori » Ed. Design Gallery Milano Collection particulière © Design Gallery Milano

Alchimia, Memphis et la mise en place d’un questionnement sur l’espace domestique, au sein de la métropole contemporaine.

Pour Alchimia et Memphis, comme pour Archizoom, les pièces produites l’ont été en très peu d’exemplaires, parfois un seul ou deux. Nous avons réuni ceux qui existent encore.

Andrea Branzi est un des moteurs de la révolution plastique menée par le studio Alchimia puis par le groupe Memphis. Dans un premier temps, le Studio Alchimia, co-fondé en 1976 par Alessandro Guerriero, s’engage pour un « nouvel artisanat ». Un artisanat qui soit un laboratoire expérimental pour l’industrie, répondant à la demande croissante d’objets qui se singularisent, face à une production en série de plus en plus uniforme. L’enjeu n’est plus la technique ni la distribution des objets, mais leur potentiel expressif.

Quelques années plus tard se cristallise le groupe Memphis, quand l’Europe entière se tourne vers Milan où a lieu, en 1981, la première exposition de ce groupe de designers internationaux, fédérés par Ettore Sottsass. Cette exposition fait l’effet d’une bombe : elle renouvelle le langage des formes et des couleurs, fondé dès lors sur le sens et la présence de l’objet plutôt que sur sa fonction. Memphis renverse les principes traditionnels du design et transforme une discipline orientée jusque là vers la production et la rationalité, vers la communication visuelle. Sont exposés des objets qui oublient toute concession au bon goût en privilégiant une explosion du motif, de la couleur et du décor. Les ingrédients d’un spectacle se mettent en place dans une totale liberté d’expression.

En 1982, Branzi fonde la Domus Academy, première école post-universitaire de design, dont le programme de recherche s’axe sur les nouveaux modèles d’habitation, de scénographies urbaines, de design d’ambiance. Branzi cherche à façonner, entre l’homme et ses objets, un système de relations qui ne soient pas seulement ergonomiques et fonctionnelles mais culturelles et expressives. Les objets de Branzi proposent, parallèlement à une volonté de répondre aux besoins d’usage, une dimension incluant l’ironie, l’émotion, la surprise et l’attachement.

« Aujourd’hui, on est définitivement revenu du mythe du produit industrialisé, répondant à une fonction donnée, utilisable par tous, dans n’importe quel cadre (...) préconiser la petite série, c’est bien affirmer que l’on ne prétend pas répondre au plus grand nombre. Je n’ai rien contre l’industrie. J’ai dit et continue de penser que le design est une activité qui cherche à rendre l’univers plus accueillant. L’industrie n’est donc qu’un moyen mis à disposition de l’homme pour modeler son environnement, au même titre que l’artisanat, le bricolage, la musique, le parfum. Le projet n’est pas l’industrialisation comme fin en soi, mais un contenu culturel et humaniste. » Andrea Branzi

« L’espace domestique, que la modernité a ignoré en prenant en exemple l’usine, se présente comme un lieu de contradictions que ces notions entendent concilier : mémoire, souvenirs, personnalité, anciennes et nouvelles technologies, comportements individuels, rêves et phantasmes » Andrea Branzi

« Le phénomène le plus important était la profonde transformation de l’idée même de ville. La métropole moderne a cessé d’être un lieu pour devenir un modèle de comportement que les biens de consommation véhiculent à travers le corps social (...) Etre citadin ne veut plus dire aujourd’hui habiter une ville mais adopter un comportement particulier constitué par le langage, l’habillement, la presse et la TV, partout où ces medias arrivent, arrive la ville » Andrea Branzi

Lampe WL06, 1997 Collection « Wireless » Ed. Design Gallery Milano Collection particulière © Design Gallery Milano Photo Elio Basso

Lampe WL06, 1997 Collection « Wireless » Ed. Design Gallery Milano Collection particulière © Design Gallery Milano Photo Elio Basso

1985, un tournant décisif

En 1985, Branzi présente sa première exposition en solo, Animali Domestici. Il a évacué la couleur et les motifs artificiels pour laisser place à la seule expressivité très forte de la nature, chaque branche d’arbre étant unique. S’en dégage une atmosphère mystérieuse, avec une teneur magique ou sacrée. Animaux domestiques est un titre étrange pour une collection de mobilier, un titre qui confère un caractère vivant et éloigne du seul usage fonctionnel. Comment domestiquer le mobilier ? Sont exposées ici les rares pièces originales de cette exposition qui existent encore, ainsi que d’autres objets hybrides mêlant artificiel et naturel, des pièces de mobilier dans lesquelles le bois reprend une place essentielle, mais de façon primitive, inventant ainsi un langage inédit qui marquera et nourrit encore les nouvelles générations de designers. Sont également montrées dans cette partie les pièces de la série Wireless, dans laquelle la technologie acquiert un statut poétique.

« Il n’existe plus, aujourd’hui, de distance entre le monde naturel et le monde artificiel, car ce dernier est devenu une seconde nature. Alors quand je réunis nature, technique, industrie, artisanat, haute technologie et archétypes, tout me semble beaucoup plus clair. » Andrea Branzi

« Jai toujours été fasciné par ces segments de nature qui continuent à dégager une grande force expressive, plus puissante encore quand ils sont associés à des matériaux modernes, parfaits et industriels; ils se transforment en une présence mystérieuse toujours différente, unique, presque sacrée. » Andrea Branzi

« [...] utiliser les matériaux électroluminescents ou les technologies « wireless » devient un problème intéressant, car l’on se retrouve face à des technologies qui existent déjà mais qui sont utilisées dans des contextes très limités, parce que personne ne s’est encore soucié d’explorer leurs possibilités poétiques, et donc novatrices, au sein d’un ensemble plus vaste. » Andrea Branzi

« Les objets qui sont dans la maison autour de l’homme, ne sont jamais des instruments complètement fonctionnels, mais doivent être compris comme des présences amicales, des porte-bonheur » Andrea Branzi

« Dans cet intérieur amoureux, dans cette maison chaude (La Casa Calda est le titre d’un de ses principaux ouvrages théoriques sur le design) s’installera un rapport affectif nouveau entre l’homme et l’espace d’habitation, d’où sortira la force de la nouvelle Métropole » Andrea Branzi

Andrea Branzi, Peased to meet you 50 ans de création

« Nouvelles dramaturgies »

Evocation du décor antique, des thèmes essentiels de l’existence humaine, le sexe, la mort, d’une culture occidentale religieuse, ces pièces ne « sont pas le fruit de la mémoire, mais plutôt de l’amnésie. Elles jouent avec les traces d’une culture oubliée ». Dans ces mobilier-peintures, Andrea Branzi met en place de drôles de fictions qui demeurent pour nous parfois à l’état de mystère. Mystères insondables qui paraissent trouver leurs origines dans un passé lointain, flirtant avec une culture pompéienne dans la quelle les objets étaient pourvus d’une âme.

« L’idée de créer des murs formés de longues lattes en verre entrelacées à des éléments naturels ou issus de l’agriculture, est née d’un projet plus général qui consistait à réaliser des structures hybrides, semi-naturelles, semi-artificielles, typiques de la ville contemporaine où les limites s’effacent de plus en plus, et où il devient de plus en plus difficile de distinguer les différences entre espaces intérieur et extérieur. » Andrea Branzi, à propos du paravent Giardini di vetro fabriqué au CIRVA.

« Le sensoriel est un élément très important du projet, car l’homme établit toujours un rapport complexe avec les objets qui l’entourent. Un rapport où l’expérience des sens, du toucher, de l’odorat a la même importance que l’expérience esthétique et fonctionnelle. » Andrea Branzi

« Les objets sont au centre de la vie contemporaine ; ils reflètent notre condition. Les objets sont des réalités toujours en mouvement. Si on peut les acheter, il est rare que l’on puisse se les approprier. Il y a toujours quelque chose en eux qui nous dépasse, que l’on n’a pas imaginé et qui un jour voudra dire quelque chose » Andrea Branzi

GL 07, 2010 Collection particulière © Design Gallery Milano Photo Ruy Teixera

GL 07, 2010 Collection particulière © Design Gallery Milano Photo Ruy Teixera

Un monde en céramique

Andrea Branzi perçoit l’artisanat et notamment l’artisanat d’art comme un « gigantesque lieu d’expérimentation ». En 2010, il collabore avec la manufacture de Sèvres sur une collection en porcelaine, Louis XXI, porcelaine humaine. Ces pièces mélangent un savoir faire ancien, celui de Sèvres, et la modernité de Branzi qui invente le calice en porcelaine. Un objet inédit et inattendu. Ces créations sont humaines grâce à leur couleur chair, qui rappelle la peau féminine, et évoquent la nature avec leur forme végétale.

Se mélangent dans cette partie de l’exposition, des pièces qui sont comme de petites architectures, encadrant des morceaux de paysages domestiques, à des pièces dont les formes sont au contraire très libres.

« Les porcelaines sont depuis toujours un mystère. Elles prouvent que toute technologie puise son origine dans la poésie et la littérature. Et que, du feu, peut naître une beauté d’un nouveau genre. » Andrea Branzi

« Louis XXI est un souverain qui a survécu incognito à la Révolution française... Il nous propose aujourd’hui, venue du passé, la matière érotique de ces porcelaines humaines, au croisement de la génétique et du design. » Andrea Branzi

Piccola Gabbia, 1991 © Design Gallery Milano Photo Sudio Azzurro

Piccola Gabbia, 1991 © Design Gallery Milano Photo Sudio Azzurro

Digressions autour des fleurs

Certaines formes de vases nous sont parvenues depuis la Chine ancienne et perdurent encore aujourd’hui. Autour de cet objet universel, Andrea Branzi ne cesse d’inventer des narrations différentes. Les vases rythment le déroulé de sa carrière. Les vases Amnesia, Wood and Silver, Jointed Glass, Uomini e Fiori, Bosco, Portali ou encore Enzimi, sont support à de nouvelles histoires sans pour autant renier leur fonction. Mais peut-on réellement appeler fonction, l’usage de recueillir des fleurs coupées ? Utile, inutile, ce qui peut paraître inutile a cependant une valeur. L’inutilité est souvent le signe d’une attention.

«Juste des petites structures pour soutenir des fleurs, mais qui vont bien au-delà du vase.»

Andrea Branzi

« Savoir ajouter un cadeau à ce qui existe, une fleur, c’est vraiment fondamental. On a besoin de ce type d’attention, d’innovation, de générosité qui trouvent leur réalisation à travers les objets de l’hospitalité. » Andrea Branzi

« On s’entoure d’objets pour des raisons qui ne sont pas bien claires la plupart du temps. Nos rapports avec les petits objets sont assez mystérieux, parce que c’est un rapport émotionnel, esthétique même, et non plus fonctionnel. » Andrea Branzi

« On accepte plus facilement des petits objets qu’ils semblent inutiles. Et cette inutilité n’a pas dans ma bouche une valeur négative. C’est même cette inutilité-là qui me passionne depuis quelques années. » Andrea Branzi

Etagère Pierced Bookcase, 2006 Collection « Uomi e Fiori » Ed. Gallery Design Milano Bordeaux, musée des Arts décoratifs et du design © Design Gallery Milano Photo Ilvio Gallo

Etagère Pierced Bookcase, 2006 Collection « Uomi e Fiori » Ed. Gallery Design Milano Bordeaux, musée des Arts décoratifs et du design © Design Gallery Milano Photo Ilvio Gallo

Changement d’échelle

La série Grandi Legni (2010) semble inaugurer un changement d’échelle. Non pas qu’Andrea Branzi n’ait jamais conçu de grands objets, au contraire il a souvent joué sur les ruptures d’échelles, dans un sens ou dans l’autre. Mais au tournant des années 2000, la dimension imposante de ses œuvres devient une constante. Ces pièces s’imposent par leur monumentalité, sans pour autant être jamais autoritaires. Mobilier-architecture, mobilier-sculpture, mobilier- peinture, peu importe leur dénomination. Si elles semblent parfois étranges et difficilement étiquetables, ces pièces - sa production actuelle – réunissent cependant toutes ses inspirations, les éléments qui constituent sa culture, la matière qui est celle de la vie, un oiseau, un tronc d’arbre, de la matière picturale, une note de musique, un crâne, un vase etc., ... et qui constituent le design.

« Le concepteur que je suis, peut proposer tout au plus, un type de narration qui n’existait pas avant lui. L’histoire n’est jamais qu’un ensemble de territoires qui ont déjà été imaginés. Je travaille pour développer des différences et mon projet, accepté ou non, devient une forme de communication sociale » Andrea Branzi

« Embellir la réalité n’est plus considéré comme un acte de diversion ou de soumission, mais comme un acte qui s’intègre à un projet de transformation du monde ». Andrea Branzi

« Dans notre société postindustrielle qui dispose de tous les systèmes de transformation et de communication, l’unique territoire sur lequel l’homme a encore la liberté d’intervenir, c’est la fantaisie, l’imaginaire, la narration. » Andrea Branzi

Lampe WP02, 1997 Collection « Wireless » Ed. Design Gallery Milano Inv. FNAC 980177 Paris, Centre national des arts plastiques © Design Gallery Milano Photo Elio Basso

Lampe WP02, 1997 Collection « Wireless » Ed. Design Gallery Milano Inv. FNAC 980177 Paris, Centre national des arts plastiques © Design Gallery Milano Photo Elio Basso

Renseignements pratiques

Commissaire de l’exposition : Constance Rubini, directrice du musée des Arts décoratifs et du design Scénographe de l’exposition : Andrea Branzi

Musée des Arts décoratifs et du design 39, rue Bouffard - 33000 Bordeaux Tel. + 33(0)5 56 10 14 00 musad@mairie-bordeaux.fr www.bordeaux.fr

Exposition présentée du 10 octobre 2014 au 25 janvier 2015 Espace Saint-Rémi 4 Rue Jouannet, 33000 Bordeaux 05 56 10 14 00 De 12h à 18h tous les jours sauf mardis et jours fériés

arc en rêve centre d’architecture 7 Rue Ferrère, 33000 Bordeaux 05 56 52 78 36 De 12h à 18h tous les jours sauf lundis

Avec la participation de : - la maison écocitoyenne de Bordeaux et du CREAQ pour la conception et l'animation des ateliers pédagogiques Quai Richelieu 33000 Bordeaux Tél : 05.24.57.65.20 maisoneco@mairie-bordeaux.fr

- les étudiants et étudiantes (niveau master, 2013-2014) de l’atelier Designs Mixtes de l’école des beaux-arts de Bordeaux du 10 octobre au 14 novembre 2014

Galerie des Etables 1, rue des Etables 33000 Bordeaux Tel : 05 56 33 49 10 ebabx@ebabx.fr

Partager cet article

Repost0
6 novembre 2014 4 06 /11 /novembre /2014 08:00
L’Architecture en fête - Recycler à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 7 et 8 novembre

L’Architecture en fête - Recycler à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 7 et 8 novembre

La Chartreuse en carton, en bonbon, en question......

Sous l'impulsion de la direction régionale des affaires culturelles, les acteurs de l'architecture en région s'associent pour inviter le public dans un cadre emblématique et magique - la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon – à la troisième édition de « l'Architecture en fête ». Autour du thème, « Recycler », les vendredi 7 et samedi 8 novembre, conférences, expositions, visites insolites, ateliers, parcours sensibles, spectacles, sont au programme. Deux jours pour sensibiliser, d’abord les jeunes générations le vendredi, puis un large public et en particulier les familles le samedi, à cet art majeur qui interroge notre cadre de vie et nos modes de pensée, pour découvrir combien il est nourri et irrigué par toutes les disciplines. Chacun pourra, à son gré, construire, écouter, contempler, manipuler, admirer, réfléchir ou débattre avec les nombreux professionnels mobilisés pour cette grande fête.

Fort du succès rencontré les deux précédentes années, la DRAC, la Chartreuse et les partenaires de l’architecture en Languedoc Roussillon ont axé leur programmation sur l’exigence et la diversité des propositions et intervenants.

Les lois de la gravité défiées, l’instant d’une danse À commencer par Yoann Bourgeois, acrobate, jongleur, danseur qui revisite totalement le « numéro de cirque ». Ce circassien défie les lois de la gravité avec un indéniable savoir-faire et une véritable poésie. « Fugue/trampoline », c'est 50% de suspension, 50% de chutes ! L’instant de tous les possibles. Cet artiste incarne l’insoutenable légèreté de l'être.

Une visite « déguidée » de la Chartreuse Bertrand Bossard, comédien, metteur en scène, prendra un malin plaisir à « déguider » le public. Il conduit les visiteurs avec humour et fantaisie à découvrir autrement les lieux. Bertrand Bossard est tout à la fois cocasse, imprévisible et irrésistible. Une façon réjouissante de recycler nos connaissances historiques sur la Chartreuse !

Reconstruire collectivement le cloître Saint-Jean... en carton Réutiliser des monuments historiques à des fins didactiques, culturelles ou artistiques, Olivier Grossetête, plasticien, en a le savoir-faire. Connu pour la construction de villes éphémères et utopiques en carton comme à Marseille en 2013, ou par ses contributions monumentales tel le phare de la Teste-de-Buch en Gironde, c’est collectivement qu’il va inviter le public à reconstruire en carton les deux ailes du cloître de la Chartreuse du lundi 3 au samedi 8 novembre. Ce projet se décline en ateliers de préfabrication et de construction du lundi au samedi et en une phase de destruction le samedi. Du carton au téléphone mobile, il n’y a qu’un pas et Patrice Barthès, chorégraphe, artiste en résidence à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier, le franchit. Une nouvelle partition verbale, « Commissures#5 », promenade sensible (que chacun pourra faire avec son propre téléphone) est spécialement créée pour la Chartreuse dans le cadre de l'Architecture en fête. La singularité de sa démarche repose aussi sur la participation physique du public.

Deux conférences et deux expositions sur le recyclage

Après l’envol de Yoann Bourgeois et les envolées de Bertrand Bossard, revenons tranquillement sur terre avec François Goven, inspecteur général des monuments historiques au ministère de la culture et de la communication, pour écouter sa conférence sur « la réutilisation des monuments historiques » ou comment faire dialoguer histoire et création contemporaine ;

À l’origine du projet de la Villa déchets construite fin 2010 à Nantes à partir de 25 tonnes de détritus en tout genre journaux, palettes, Frédéric Tabary, décorateur, designer et architecte d'intérieur, rationalise, exploite les cm2/3 de nos appartements. Son credo : la prévention du déchet et le recyclage dans nos habitations. Touche à tout de la construction et de la récupération, il va jusqu’au bout de sa démarche dans une vraie vision politique et sociétale. Sa conférence « La villa déchets to be or not to be » renvoie à d'autres vies possibles.

On pourra aussi découvrir sur la table numérique géante de la Chartreuse les différentes étapes de construction du monument et traverser ainsi les siècles de façon virtuelle. La Chartreuse « du bout des doigts » avec la table numérique ou encore « à bras d’hommes » avec la complicité d’Olivier Grossetête seront deux expériences très enrichissantes au regard l’une de l’autre. De regard et d'échelle, de mémoire et d'oubli, il sera question aussi dans les expositions de Jacqueline Salmon, photographe, Aniane, de l'oubli à la mémoire, et Armelle Caron, plasticienne, Nearly there, qui chacune joue le jeu d'adapter leurs œuvres in situ en résonance avec des lieux spécifiques de la Chartreuse

Mais aussi, la Chartreuse en bonbon, en kapla...

Mais pour construire, déconstruire ou reconstruire, il faut utiliser tous ses sens : les ateliers Kapla, Archikids (légos) « ma cabane recyclable » (bouteilles en plastiques), architectube (cartons et ficelles) « ma p’tite chartreuse à moi » (en musique), « la Chartreuse à voir et à manger » (en bonbons) grâce au partenariat d'Haribo, sont autant de découvertes sensorielles et gustatives qui raviront les familles.

La Chartreuse, un exemple vivant de réutilisation du patrimoine

Que ce monument, avec ses 7 siècles d’histoire, accueille le thème choisi pour cette grande fête de l’architecture est symbolique à bien des égards. La Chartreuse est un exemple de réutilisation active, vivante, contemporaine de notre patrimoine. Elle a servi de matrice, dans les années 70, à l’idée visionnaire de réhabiliter un site patrimonial en y installant un projet culturel, l’activité artistique guidant les priorités de restauration ; une façon de faire partager aux nouvelles générations, cette belle conception d’une architecture investie et traversée par les désirs et utopies des artistes et du public accueillis. La Chartreuse, centre culturel de rencontre depuis 40 ans, ne cesse de repenser sa façon de se renouveler, de « recycler » ses usages et ses fonctions.

L’Architecture en fête - Recycler à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 7 et 8 novembre

La Drac et l’Architecture en Fête

La DRAC s'engage depuis plusieurs années avec détermination à promouvoir la qualité architecturale, urbanistique et paysagère. Depuis trois années, elle coordonne le Mois de l'architecture en Languedoc-Roussillon, manifestation qui a pour ambition de rendre accessible à tous et notamment au jeune public l'architecture contemporaine.

Dans sa complémentarité, un autre moment fort, ludique et festif s’est imposé tout naturellement: « L’Architecture en fête ». Après « Habiter » en 2013, c'est autour du mot « Recycler « que toutes les formes culturelles vont venir valoriser le geste architectural avec une journée consacrée aux scolaires, le vendredi 7, et une journée à partager en famille, le samedi 8.

Le principe de cette Fête ?

Participer et co-construire dans la bonne humeur, jouer et réfléchir, accepter d'être un peu bousculé, décalé, surpris par les artistes, et d’en repartir grandi par cet événement monumental. Plus que jamais cette fête témoigne que l’architecture se nourrit d’art, d’histoire, de science, de philosophie et met un visage sur nos rêves de demain.

Étudiants, enseignants, familles, enfants, professionnels, amateurs ou simplement curieux sont donc conviés à fêter l'architecture sous toutes ses formes et à « recycler » l’image qu’ils se font du monde de l’architecture.

Pratique

Dates : vendredi 7 novembre (scolaires et tout public) de 9h30 à 17h et samedi 8 novembre

(familles) de 9h30 à 20h Tarifs : entrée libre gratuite. Attention certaines animations et certains spectacles sont sur réservation. Informations et réservations Ateliers et spectacles Tél. : 04 90 15 24 24. www.chartreuse.org Programme : Le programme est disponible dans de nombreux lieux publics, à la DRAC, dans les offices de tourisme, chez tous nos partenaires et sur les sites internet de la DRAC et de la Chartreuse et en ligne sur : www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac-Languedoc-Roussillon et www.chartreuse.org/54/577/l-architecture-en-fete

L’Architecture en fête - Recycler à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 7 et 8 novembre
L’Architecture en fête - Recycler à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 7 et 8 novembre
L’Architecture en fête - Recycler à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 7 et 8 novembre

Partager cet article

Repost0
22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 06:52
Des Fleurs impériales au Grand Trianon …

Des Fleurs impériales au Grand Trianon …

... Du 1er au 15 novembre 2014 péristyle du grand trianon

Deux chrysantèmes géants ou «Ozukuri», symboles impériaux au Japon, fleuriront de centaines de fleurs le péristyle du « palais de Flore » à l'automne 2014. Habituellement présentés au cœur du parc impérial du Shinjuku Gyoen à Tokyo, ils ont parcouru dix mille kilomètres pour rejoindre Versailles. ces arbres «dessinés» selon un rituel unique sont accueillis pour la première fois en france, leur voyage par mer lors de l'exposition universelle de paris en 1900 ayant eu raison de leur survie. ils se sont aujourd'hui épanouis dans une serre de trianon grâce à l'expertise et au savoir-faire des jardiniers du parc impérial, qui les ont accompagnés au Château de versailles pour préparer leur floraison.

Aujourd’hui, au Grand Trianon, ils marquent le 90e anniversaire du partenariat culturel franco-japonais inspiré par Paul Claudel, « l’ambassadeur-poète » qui voulait renforcer la connaissance mutuelle entre les deux pays.

Un échange des savoirs-faire botaniques

Le château de Versailles et le parc du Shinjuku Gyoen ont signé en 2012 un partenariat destiné à renforcer leur coopération autour de l’art du jardin à la française, à travers des échanges d’expertise entre les jardiniers français et japonais ainsi que l’organisation d’expositions bilatérales. Ainsi pour l'occasion les équipes de jardiniers de Trianon ont appris de leurs homologues japonais l'art de la taille et de la culture des ozukuri.

Cet accord renoue le lien historique qui s'était tissé au début du XXe siècle entre Henri Martinet, intendant des jardins de Versailles, et les représentants de l'Empereur Meiji. Henri Martinet avait alors alors réalisé le plan du jardin à la française qui fut exécuté en 1900 à Tokyo et dont le tracé initial s'est modifié au fil du temps pour se japoniser.

Les chrysanthèmes, fleurs sacrées du Japon

Apparu en Asie, autour du VIIIe siècle, le chrysanthème n'est introduit en Europe qu'au XVIIIe siècle. Le botaniste suédois Carl von Linné est en effet le premier, en 1753, à rapporter de Chine et du Japon des boutures de cette fleur à la beauté particulière, dont il forme le nom occidental à partir des racines grecques christos, « or », et anthemon « fleur » . Dès lors, la production s’intensifie; de reproductions en croisements naît une multitude de variétés colorées.

Puis, peu à peu, le chrysanthème est, en France, associé au deuil. À la fin de la première guerre mondiale, le Président Poincaré exige qu’il orne les monuments aux morts pour la France. On l’appelle aussi la « fleur des veuves », en référence aux femmes de soldats qui allaient fleurir les tombes de leurs maris. Il devient le symbole de la Toussaint.

Cette exposition inédite fait pénétrer le visiteur dans une tradition tout à fait différente. Emblème de la famille impériale, comprenant, lorsqu’il figure à la cour toujours le même nombre de pétales, le chrysanthème du Japon n’évoque pas la mort mais au contraire la joie et l’éternité. On lui attribue la capacité de rendre la vie plus belle et longue, symbolisée par sa floraison tardive et colorée. Il continue ainsi à être cultivé au Japon avec vénération et fait l'objet à l'automne de nombreuses expositions, notamment dans le parc du Shinjuku Gyoen.

La culture de l'Ozukuri

Le nom d'Ozukuri se rapporte à la technique de culture ornementale des grands chrysanthèmes, dit "Oo-giku", rigoureusement codifiée et maîtrisée jour après jour par des jardiniers qui se consacrent exclusivement à cette exceptionnelle floraison. Ces arbres se déploient en effet à partir d’un seul et même pied autour duquel germe une structure en forme de dôme. Les fleurs à l’extrémité des branches sont enserrées dans des cercles concentriques horizontaux et créent, en proliférant, une demi-sphère florale aux dimensions monumentales. Le diamètre de ces œuvres végétales peut atteindre trois à quatre mètres et comporter plusieurs centaines de milliers de fleurs à son sommet.

Un Ozukuri du parc du Shinjuku Gyoen au moment de sa floraison

Un Ozukuri du parc du Shinjuku Gyoen au moment de sa floraison

Partager cet article

Repost0
16 octobre 2014 4 16 /10 /octobre /2014 06:58
DÉSIRS DE VILLE AUX 24 HEURES D’ARCHITECTURE 17 & 18 OCT. 2014 A MARSEILLE

DÉSIRS DE VILLE AUX 24 HEURES D’ARCHITECTURE 17 & 18 OCT. 2014 A MARSEILLE

Après la Manufacture des Tabacs de Strasbourg en 2012, c’est la Friche la Belle de Mai à Marseille qui sera le théâtre, les 17 et 18 octobre prochain, de la deuxième édition de Vingt-quatre heures d’architecture. Un événement hors du commun qui fédère publics et pratiques autour d’un même sujet : les désirs de ville.

Une manifestation à 360 °

De midi à midi, pleins phares sur l’architecture, avec un programme qui affiche la mixité pour toucher des publics diversifiés. Les amateurs avec une dizaine d’expositions, une boucle de cinéma en continu, des visites de sites en compagnie d’architectes et d’urbanistes ; les curieux et les passionnés avec des tables rondes animées par des figures locales et nationales mais aussi avec le Palmarès Grand Public « Archicontemporaine » qui récompensera des réalisations choisies en ligne par le grand public ; les familles avec des ateliers-enfants et des restitutions de la Journée de l’architecture dans les écoles qui se déroulera pour la première fois dans l’académie d’Aix-Marseille le 2 octobre ; et in fine une fête ouverte à tous et animée par un jeune collectif marseillais pour découvrir la ville au petit matin ...

DÉSIRS DE VILLE AUX 24 HEURES D’ARCHITECTURE 17 & 18 OCT. 2014 A MARSEILLE

Marseille demain

Après le succès incontestable rencontré auprès du public par le MuCEM et les aménagements urbains et architecturaux de Marseille Capitale européenne de la culture, Vingt-quatre heures d’architecture prolongera la synergie locale en favorisant la rencontre entre habitants, associations et acteurs de la ville : tous ceux qui font et feront Marseille demain. Le commissaire de cette édition est André Jollivet, président de la Maison de l’architecture et de la Ville Provence-Alpes-Côte d’Azur, les étudiants de l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille sont naturellement impliqués dans la production de l’événement et PAN Architecture, jeune agence marseillaise lauréate des AJAP 2012, signera la scénographie de Vingt- quatre heures d’architecture.

La Friche la Belle de Mai, un bel exemple d’appropriation La Friche la Belle de Mai est issue de 20 ans d’occupation et de transformations successives. Un bel exemple d’appropriation qui est aussi l’une des questions centrales de cette deuxième édition : l’exigence d’architecture pour tous et par tous. Vingt-quatre heures d’architecture occupera la Friche dans une dynamique de dialogue avec ses nombreux collectifs et associations et dans une scénographie conçue sur mesure.

L’exigence d’architecture

Elle rassemble, apaise, fabrique et métamorphose de façon spectaculaire. L’architecture contemporaine est l’affaire de tous. À la suite de la Journée de synthèse des Universités d’été organisées par l’Ordre des architectes qui se tiendra le 16 octobre à Marseille, Vingt-quatre heures d’architecture se tourne vers le grand public. Sensibilisation, pédagogie, découvertes, rencontres, débats sont au programme d’une manifestation-vitrine des savoir-faire et des manières d’être des architectes.

Pour tous

Ils étaient plus de 7 000 à Strasbourg : combien seront-ils à Marseille ? Grand public, familles, scolaires, amateurs, initiés et professionnels mais aussi noctambules. Vingt-quatre heures d’architecture est l’occasion d’enrichir un regard personnel, d’étoffer une réflexion et d’échanger simplement, au plus près des problématiques de la métamorphose de la ville.

Le savoir–faire des Maisons de l’architecture Initié par le Réseau des Maisons de l’architecture, Vingt-quatre heures d’architecture est la vitrine du travail et de la démarche au quotidien des Maisons de l’architecture, relais de l’architecture contemporaine dans toutes les régions. Entre recettes

à emprunter, initiatives à renouveler et exemples à retenir, Vingt-quatre heures d’architecture met en lumière leurs actions tournées vers la sensibilisation du grand public comme le débat entre professionnels.

Des partenaires fidèles

L’Ordre des architectes, le Ministère de la culture et de la communication, la Fédération française des Tuiles et Briques, le Crédit Mutuel, EDF Collectivités, Technal, Saint-Gobain, Yamaha et ConstruirAcier sont au rendez-vous de Marseille et soutiennent Vingt-quatre heures d’architecture.

DÉSIRS DE VILLE AUX 24 HEURES D’ARCHITECTURE 17 & 18 OCT. 2014 A MARSEILLE

La Friche la Belle de Mai, entre conquêtes et appropriation

Chiffres - clefs

45 000 m2 de surface totale 70 structures résidentes 500 artistes et opérateurs culturels Un toit-terrasse de 7500 m2

Fréquentation 2013

Événements : 250 000 personnes Expositions : 120 000 Visiteurs : 130 000 Total : 500 000 personnes

Au cœur de Marseille, déployée sur 45 000 m2, l’ancienne Manufacture des tabacs de la Friche la Belle de Mai est devenue, en deux décennies, un lieu culturel de renommée internationale et a largement contribué à impulser un nouvel élan culturel à sa ville. Fabrique artistique, espace de vie et de culture, la Friche offre une concentration d’activités unique en Europe. Espace d’expérimentation, elle est d’abord un lieu de création et d’innovation pour les 70 structures résidentes (près de 500 artistes et opérateurs culturels) qui y travaillent. Elle est aussi un espace public multiple où se déploient un skate-park, un restaurant, un théâtre jeune public, des salles de spectacles et de concerts, des jardins, une aire de jeux pour les enfants, une librairie, une crèche et aussi, depuis 2013, Les Plateaux — deux nouvelles salles pour les arts de la scène — la Tour- Panorama qui accueille les nouveaux espaces d’exposition, et un toit-terrasse, véritable place publique de 7500 m2. Bientôt l’Institut Méditerranéen des Métiers du Spectacle (Centre de formation réunissant des élèves comédiens et techniciens, ouverture rentrée scolaire 2015), des terrains de sports, d’autres structures culturelles, une école publique et des logements sociaux conforteront la structuration de ce projet culturel en un projet urbain autour des trois axes social/culture/ éducation.

La Friche la Belle de Mai aspire à être en prise directe avec son quartier — dont elle a pris le nom — avec sa ville, avec sa jeunesse. Au-delà des activités artistiques qui sont au cœur de son projet, elle souhaite - à partir de la culture - « rendre » au public cet immense territoire, le partager, en faire un lieu commun, en référence au « champ communal » des fêtes, des foires et des rassemblements du village ancien. Autrement dit, en faire un lieu de vie aux multiples usages en continuité avec ceux de la ville.

DÉSIRS DE VILLE AUX 24 HEURES D’ARCHITECTURE 17 & 18 OCT. 2014 A MARSEILLE

Dates - clés d’un projet

1990

Ouverture de la Friche Magallon (ancienne graineterie du 15ème arrondissement) et création de Système Friche Théâtre (SFT) codirigé par le théâtre Massalia Théâtre et le théâtre des Bernardines. Sous l’impulsion du Maire de Marseille, en particulier de son adjoint à la culture, Christian Poitevin (alias Julien Blaine, poète).

1992

Ouverture de la Friche la Belle de Mai dans l’ancienne manufacture des Tabacs de la Seita de 12 hectares dans le quartier de la Belle de Mai, 3e arrondissement – Installation des premières structures culturelles.

1994

Installation du premier cybercafé de France.

1995

Présidence de Jean Nouvel (jusqu’à 2002) et inscription du projet dans Euroméditerranée comme pôle culturel majeur de développement (un pôle de création artistique, un pôle économie culturel, un pôle patrimonial).

1996

Edition de « Un projet culturel pour un projet urbain « par la direction de SFT.

1998

Acquisition par la Ville de l’intégralité du foncier (dont la Seita était jusqu’alors toujours propriétaire) – Relocalisation d’une partie des activités de SFT dans l’ilot 1 - Programmation de l’ilot 3 dans le cadre de l’appel d’offres pour la réhabilitation de l’ilot 3.

1999

« Vous êtes ici » - du Groupes Dunes sur le toit de la Friche.

2001

Installation des archives municipales et du CICRP (Centre interdisciplinaire de conservation et de Restauration du Patrimoine) sur l’ilot 1. - Définition du cahier des charges de l’étude de définition sur la réhabiliation de l’ilot 3

- Début des travaux de réhabilitation de l’ilot 2

2002 Février : Colloque international « Les nouveaux territoires de l’art » point d’orgue du rapport de Fabrice Lextrait commandé par Michel Duffour, secrétaire d’État au Patrimoine et à la Décentralisation Culturelle. Robert Guédiguian, cinéaste, président de SFT Septembre : L’urgence permanente : rencontre dans le cadre de la 7ème Biennale d’architecture de Venise (commissaire du Pavillon Français : Jean Nouvel associé à François Geindre, élu, Henri- Pierre Jeudy, architecte, Hubert Tonka, écrivain).

2007

Création de la Scic-SA Friche la Belle de Mai présidée par Patrick Bouchain. La SCIC (Société coopérative d’Intérêt Collectif, Maître d’ouvrage des transformations) est un outil juridique et économique conçu pour développer le multipartenariat d’acteurs politiques, économiques, culturels et sociaux. La Ville de Marseille, partenaire fondateur aux côtés du Ministère de la Culture, de la Région et du Département, confie via un bail emphytéotique, la responsabilité foncière du site à la SCIC.

2010 Mai : début du chantier « Phase 2013 » du Schéma directeur « Jamais 2 sans 3 ». - Agence ARM Architecture (Matthieu Poitevin). Marc Bollet, avocat et ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Barreau de Marseille, président de SFT.

2011 Juin : Alain Arnaudet nommé directeur de Système Friche Théâtre. Juillet : Livraison des magasins : 7500 m2 de nouveaux espaces de travail pour les résidents - Agence ARM Architecture (Matthieu Poitevin).

2012 Avril : livraison/ouverture de la crèche – Agence ARM Architecture (Matthieu Poitevin).

2013 Janvier : livraison de la Tour-Panorama (7500 m2 de plateaux d’exposition) et du Toit terrasse (7500 m2) - Agence ARM Architecture (Matthieu Poitevin). Octobre : Livraison des Plateaux : 2 salles pour les arts de la scène (respectivement de 372 et 150 places). Agence Construire (Patrick Bouchain et Sébastien Eymard).

2014 : Janvier : prolongement de l’aire des jardins collectifs et familiaux : le jardin des Rails Février : début du chantier de l’IMMS (Institut Méditerrannéen des Métiers du spectacle), centre de formation qui réunira les élèves comédiens de 3ème année de l’ERAC (École Régionale d’Acteurs de Cannes) et les apprentis du futur CFA MS (Centre de Formation d’Apprentis des Métiers du Spectacle) de l’ISTS (Institut Supérieur des Techniques du Spectacle, Avignon). Jean-Louis Duchier Architecte Duchier+Pietra Architectes. Mai : étude architecturale pour un équimement sportif intutilé « Playground ». Juin : début des travaux de mise aux normes CNC et ERP du Gyptis. Octobre : ouverture du Gyptis cinéma, Vingt- quatre heures d’architecture 2014.

2015 Septembre : livraison et ouverture (rentrée scolaire) de l’IMMS.

DÉSIRS DE VILLE AUX 24 HEURES D’ARCHITECTURE 17 & 18 OCT. 2014 A MARSEILLE

La scénographie imaginée par PAN Architecture

La Friche la Belle de Mai propose de multiples espaces à investir. Pour Vingt-quatre heures d’architecture, le parcours suit ses lieux les plus emblématiques : la cour Jobin, la Tour Panorama, la « rue intérieure » et la Cartonnerie, mais aussi le restaurant Les Grandes tables et le Cabaret aléatoire lors de la soirée festive. Vingt-quatre heures d’architecture laisse place à l’informel et à l’inattendu, à l’image de la programmation de cinéma qui s’appropriera des lieux interstitiels pour quelques diffusions discrètes.

Conçue par l’agence PAN Architecture, la scénographie de Vingt-quatre heures d’architecture répondra à la superficie exceptionnelle de plus de 10 000 m2 de l’événement (un cinquième de la surface de la Friche) en identifiant les parcours et les lieux de rassemblement qui jalonneront l’événement. Le projet consiste à dialoguer avec l’architecture forte et bétonnée de l’ancienne manufacture des tabacs en l’utilisant comme support autant que comme sujet de présentation.

La Friche sera investie dans ses lieux les plus emblématiques par un jeu d’emballage en films plastiques étirables capable d’accueillir et de signaler l’événement. Des aménagements à grande échelle composés de structures en palettes déclineront les différents supports nécessaires à la programmation et accompagneront le visiteur dans son parcours. Une signalétique en adhésif collé viendra compléter ce dispositif qui balise le parcours tout en donnant à voir la Friche, son architecture et son activité. Tous ces dispositifs permettront de souligner le caractère foisonnant de l’événement dans une mise en scène résolument architecturale.

DÉSIRS DE VILLE AUX 24 HEURES D’ARCHITECTURE 17 & 18 OCT. 2014 A MARSEILLE

Désirs de ville Une thématique transversale ...

... et une programmation pour tous les publics

La fabrique de la ville est l’affaire de tous : comment inclure effectivement ses habitants et usagers dans son développement ? À l’heure où de nouveaux défis — développement durable et lien social — réclament des solutions renouvelées, les désirs de chacun doivent être entendus. De nouveaux modèles émergent partout : participation, conservation patrimoniale, environnement et place du paysage transforment les process d’aujourd’hui ... et esquissent la ville de demain.

Architectes, urbanistes, paysagistes et autres acteurs de la ville sont en première ligne de cette évolution dans laquelle les habitants doivent se retrouver. Pour adhérer à un projet partagé, dans une ville dont chacun peut devenir acteur, il faut déterminer les objectifs qui rassemblent, les techniques qui fonctionnent, les projets qui rencontrent les attentes des habitants.

Grand public, amateurs, initiés et professionnels sont invités à dialoguer autour de ces questions.Vingt-quatre heures d’architecture propose de (re)-découvrir nos espaces de vie, de dépasser ses réflexes pour être surpris par la diversité et la vitalité de l’architecture contemporaine et in fine d’explorer le désir pluriel d’une ville toujours plus accueillante, plus intelligente, plus performante.

De midi à midi, Vingt-quatre heures d’architecture se tourne vers tous les publics pour répondre à autant d’envies : une promenade exhaustive ou une flânerie, venir en famille ou entre amateurs, privilégier découvertes ou débats. Grand public, amateurs ou novices, enfants et jeunes adultes mais aussi professionnels : chacun trouvera son bonheur parmi les expositions, tables rondes, balades architecturales, ateliers-enfants ou projections de films. Et pour rythmer cette édition, plusieurs temps forts rassembleront tous les publics : inauguration, proclamation de plusieurs palmarès dont le Palmarès grand public Archicontemporaine et soirée festive!

PROGRAMME DÉSIRS DE VILLE AUX 24 HEURES D’ARCHITECTURE

Partager cet article

Repost0
15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 06:56
LA TUILE TERRE CUITE S’EXPOSE A MARSEILLE A LA FRICHE BELLE DE MAI

LA TUILE TERRE CUITE S’EXPOSE A MARSEILLE A LA FRICHE BELLE DE MAI

Jamais la tuile terre cuite n’aura été aussi archi tendance ! Forte du travail mené avec les architectes, notamment dans le cadre du Réseau des Maisons de l’Architecture (RMA), la FFTB et les industriels de la tuile terre cuite ont conçu une exposition aérienne.

L’exposition « La tuileterrecuite ARCHITENDANCE » aux 24h d’Architecture

Créé en 2012 par le RMA, Vingt-quatre heures d’architecture est un événement biennal d’envergure, se tenant dans un lieu créatif unique, et ouvrant magnifiquement le monde des architectes au grand public : familles, scolaires, amateurs et initiés ont ainsi l’occasion d’enrichir un regard personnel, d’échanger et surtout de s’émerveiller.

Prenant place cette année à Marseille les 17 et 18 octobre, Vingt-quatre heures d’architecture accueille l’exposition La tuileterrecuite ARCHITENDANCE à la Friche Belle de Mai, Cour Jobin, au 2ème étage de la tour. L’exposition restera encore ouverte au public ensuite, jusqu’au 24 octobre.

Une scénographie exceptionnelle, spatiale, rythmée par une musique incroyable

Est-ce la terre cuite qui sert l’architecture ou l’architecture qui sert le matériau ? L’exposition La tuileterrecuite ARCHITENDANCE démontre que tout n’est qu’alchimie. Il s’agit d’interpeller l’imagination des architectes et du public, de mettre en résonance la terre d’origine, en l’occurrence l’argile, et la diversité des réalisations qu’elle inspire avec la tuile :

- Projection en video mapping sur un mur de 10m de long : les projets d’architectes lauréats au Grand Prix de La tuileterrecuite ARCHITENDANCE s’animent, bougent en tout sens : une créativité étonnante où la tuile terre cuite s’intègre parfaitement à l’architecture contemporaine aussi bien en toiture qu’en vêture (formes, couleurs, aspects...)

- Eclats d’argiles : du sol, en terre, naissent des images de tuiles de toutes sortes illustrant la diversité des fabrications françaises contemporaines... quand subtilement la terre s’élance dans l’air, de minuscules poussières d’argile s’envolent lentement avec féerie pour aller rejoindre les projets des architectes sur les murs. Une conception inédite de UNIVUP, studio marseillais d’animation et de design audiovisuel.

- « Refrain au travail » mystérieusement joué par le clavier d’un piano : à partir de sons enregistrés dans une usine de fabrication de tuiles terre cuite, Yamaha -un autre partenaire des Vingt-quatre heures d’architecture- a composé pour la FFTB une partition originale, interprétée comme par magie par un piano-disk clavier et rythmant les projections d’images.

- « Détournement de tuiles » par l’artiste Arnaud Vasseux : né à Lyon, vivant et travaillant à Marseille, Arnaud Vasseux est un spécialiste du détournement de matériau. Au sein de l’exposition La tuileterrecuite ARCHITENDANCE, il dispose de manière savamment aléatoire, sur une table de 2m2, des œuvres uniques réalisées à partir d’éléments de terre cuite engobés blancs et bruns foncés.

Exposition La tuileterrecuite ARCHITENDANCE

17/24 octobre 2014 Marseille Friche Belle de Mai, Cour Jobin, 2ème étage de la tour. Réalisation : FFTB & Univup

Inauguration officielle, vendredi 17 octobre à 12h, en présence de Fleur Pellerin, ministre de la culture et de la communication et de Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire de Marseille chargée de l’urbanisme, du projet métropolitain, du patrimoine municipal et foncier et du droit des sols, dans le cadre des Vingt-quatre heures d’architecture.

Partager cet article

Repost0
Published by LV_RM - dans Expositions-Décoration Materiaux Terre cuite
3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 06:58
Eszter Salamon, construction fragile et perméable de l’identite au Jeu de Paume 14/10 – 09/11/2014

Eszter Salamon, construction fragile et perméable de l’identité au Jeu de Paume 14/10 – 09/11/2014

En accès libre, la programmation Satellite est confiée chaque année à un commissaire différent chargé de trois expositions au Jeu de Paume et d’une exposition à la Maison d’Art Bernard Anthonioz (Nogent-sur-Marne). Les artistes occupent les espaces interstitiels du Jeu de Paume (mezzanine, foyer), qui deviennent chacun un champ d’expérimentation, d’interrogation et d’échange. Pour la septième édition de cette programmation, le Jeu de Paume a convié la critique d’art et commissaire indépendante slovène Nataša Petrešin- Bachelez.

Intitulée « Histoires d’empathie », la proposition de Nataša Petrešin-Bachelez s’inscrit dans la continuité des projets qui, au sein de la programmation Satellite du Jeu de Paume, explorent de nouvelles formes d’expositions, comme en témoignent les éditions précédentes qui ont été réalisées, depuis 2007, successivement par Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic, Raimundas Malašauskas, Filipa Oliveira ou Mathieu Copeland. Cette année, « Histoires d’empathie » invite quatre artistes femmes, Nika Autor, Natascha Sadr Haghighian, Kapwani Kiwanga et Eszter Salamon.

Présentée du 14 octobre au 9 novembre 2014, la quatrième exposition de ce cycle intitulée « Eszter Salamon 1949 » est dédiée à la chorégraphe, danseuse et performeuse Eszter Salamon. Chez elle, le son est un élément chorégraphique clé pour créer la relation avec le/la participant/e ou le public. Elle est l’auteur d’une « performance documentaire » où elle met en scène la vie d’une femme qui porte les mêmes prénom et patronyme qu’elle et qui vit dans un village hongrois. Dans sa dernière œuvre théâtrale, elle abordait la question futuriste de savoir comment on sortira de son corps lorsque les humains auront disparu. Pour son exposition au Jeu de Paume, Eszter Salamon poursuit son travail sur l’homonymie et la biographie à travers une œuvre performative proposée en continu.

Mêlant performance, travail documentaire et autofiction, Eszter Salamon multiplie les perspectives sur la construction fragile et perméable de l’identité. En élaborant les doubles d’elle-même, elle repense le médium et le matériau, le corps singulier et la parole qui sert à le circonscrire. Un corps, mon corps – territoire en friche, inconnue singularisée par un nom, fouillis de souvenirs, de faits, de sensations : comment rendre compte de ces multiples strates, et dresser une carte qui permette son appropriation ?

Pour le solo Mélodrame, elle avait ainsi mené une série d’entretiens avec une de ses homonymes rencontrée en Hongrie. Avec « Eszter Salamon 1949 », elle en propose une déclinaison élargie, investissant cette fois l’espace et le temps spécifique du lieu d’exposition. Pendant quatre semaines, six heures par jour, le Jeu de Paume résonnera de voix et d’échos de cette vie diffractée, amplifiée, mise en abyme. Rejouant les mots échangés entre une Eszter Salamon et une autre, des actrices incarneront ces bribes subjectives – où le hasard d’un nom rencontre des événements historiques et des anecdotes.

Comment un matériau biographique peut-il remplir et subvertir un lieu de conservation ? Quel miroir nous tendent ces figures au statut indécis ? Enregistrant l’écart entre un corps et une parole, décalant les rapports d’identification, « Eszter Salamon 1949 » introduit un trouble sur la nature même du « moi » et de l’empathie que génère son exposition. Une opération de transformation, partant du plus infime de l’expérience individuelle, pour en faire « un fragment anonyme infini, un devenir toujours contemporain ». (Gilles Deleuze)

Estzer Salamon 1949 - Photo Adrien Chevrot © Jeu de Paume

Estzer Salamon 1949 Photo Adrien Chevrot © Jeu de Paume

Estzer Salamon 1949 Photo Adrien Chevrot © Jeu de Paume

L’artiste

❙ Eszter Salamon

Eszter Salamon vit à Berlin et Paris.

Eszter Salamon est chorégraphe et performeuse. Depuis 2001, elle crée des solos et des pièces de groupe. Son travail est régulièrement présenté dans le monde entier et elle est aussi fréquemment invitée à intervenir dans des musées. Eszter Salamon utilise la chorégraphie comme une pratique étendue, comprise comme une machine à manœuvrer entre différents médias : vidéo, son, musique, texte, voix, mouvement et actions corporelles.

Dans ses premières œuvres, l’activation de l'expérience cognitive interroge la perception visuelle, la sensation et la kinesthésie. Depuis 2005, son intérêt pour le documentaire et l’autobiographie féminine ont abouti à une multiplicité de formats, tels qu’une conférence dansée, une vidéo-chorégraphie ou un monodrame. Ses recherches sur la spéculation et la fiction l’ont amenée à créer TALES OF THE BODILESS, un opéra futuriste sans interprète, qui imaginait les mode d’existence possibles après la disparition des humains. Dernièrement, Eszter Salamon a commencé une série de pièces explorant à la fois la notion de monument et la pratique d'une réécriture de l'Histoire.

Informations pratiques

❙ Jeu de Paume

Adresse 1, place de la Concorde – 75008 Paris

01 47 03 12 50 – www.jeudepaume.org

Horaires d’ouverture

Mardi (nocturne) : 11 h-21 h

Mercredi à dimanche : 11 h-19 h

Fermeture le lundi

Tarifs Plein tarif 10 € / Tarif réduit 7,5 €

Entrée gratuite : programmation Satellite ; mardis jeunes (le dernier mardi du mois de 11 h à 21 h pour les étudiants et les moins de 26 ans) ; les moins de 12 ans

Billetterie en ligne sur le site Internet du Jeu de Paume, avec la Fnac et Digitick

Abonnement annuel et partenaires culturels

Accès gratuit et illimité aux expositions et à toutes les activités culturelles du Jeu de Paume

Abonnement annuel : plein tarif 30 € / tarif réduit 25 € / tarif jeune 20 €

Estzer Salamon 1949 Photo Adrien Chevrot © Jeu de Paume

Estzer Salamon 1949 Photo Adrien Chevrot © Jeu de Paume

Partager cet article

Repost0
Published by LV_RM - dans Jeu de Paume Expositions-Décoration
1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 06:58
Le 18e aux sources du design - CHEFS-d'œuvre du mobilier 1650 à 1790 - 21 octobre 2014 - 22 février 2015, au Château de Versailles

Le 18e aux sources du design - CHEFS-d'œuvre du mobilier 1650 à 1790 - 21 octobre 2014 - 22 février 2015, au Château de Versailles

Salles d'Afrique et de Crimée

Le château de Versailles présente les chefs-d'œuvre du mobilier de 1650 à 1789, comme autant d'exemples emblématiques de la richesse créative de cette époque. Portant sur le génie d'hier un regard d'aujourd'hui, elle met en relief le caractère novateur et précurseur du mobilier 18e en matière de formes, de techniques, de décors et de matériaux. Jamais une telle exposition consacrée au mobilier n'avait été réalisée depuis 1955.

Une centaine de chefs-d'œuvres de mobilier issues des collections des plus riches amateurs d'art de l'époque - la famille royale et son entourage, l'aristocratie et les financiers - témoigne de la révolution que le XVIIIe a opéré dans l'histoire du meuble. Tous les grands noms de la création d'alors sont représentés : André-Charles Boulle, Antoine-Robert Gaudreaus, Charles Cressent, Bernard II Van Risen Burgh, Jean-François Œben, Jean-Henri Riesener et George Jacob.

À côté des pièces majeures provenant des collections du château de Versailles, du musée du Louvre, des Arts Décoratifs, du château de Fontainebleau, mais également du Getty Museum, des meubles non connus de collections privées, sont présentés pour la première fois au public.

Le parcours de l'exposition conduit le visiteur à la découverte de l'évolution des formes : des grands cabinets du milieu du XVIIe siècle jusqu'aux lignes droites de la fin du XVIIIe siècle, en passant par le jeu des courbes du style Louis XV.

Dans une scénographie contemporaine et épurée, la profusion créative et les savoir-faire exceptionnels du XVIIIe sont dévoilés. À la différence de la peinture, le meuble ne se laisse pas seulement voir, il doit être interprété et expliqué. Tel un laboratoire optique, chaque pièce est présentée en tant qu'œuvre d'art et non comme une composante d'un décor homogène ; elle est expliquée grâce à différents outils visuels, allant de la loupe à l'imagerie numérique, qui permet de mettre en évidence son architecture, son dessin, son épiderme, ou son estampille.

Des interventions de l'École Boulle permettent au public et notamment aux jeunes générations de comprendre le processus de naissance et de développement d'un meuble d'ébénisterie (une table à écrire) et de menuiserie (un siège). Le lien est ainsi établi entre le patrimoine et la tradition vivante des métiers d'art aujourd'hui.

Un XVIIIe siècle design :

C'est en 1712 que Shaftesbury introduit dans la théorie de l'art le mot et le concept de design unifiant "le dessein" et "le dessin", le processus de conception et de mise en forme de l'œuvre. Pour la première fois, le mobilier est pensé, les meubles sont créés avec une intention particulière, la forme est adaptée à la fonctionnalité et au confort. L'élaboration du meuble au XVIIIe s'inscrit bien aux sources du design, autant dans sa conception d'un projet global que dans sa recherche d'harmonie entre forme et fonction.

La transformation du mobilier accompagne l'évolution de la société du XVIIIe, où les commanditaires des grandes pièces de mobilier sont davantage désireux de confort et de luxe. La proximité du concepteur, architecte, ornemaniste (ancêtre du designer), et de l'artisan très qualifié annonce notre moderne design d'auteur. Les marchands merciers jouent alors un nouveau rôle d'intervention égal aux décorateurs d'aujourd'hui, suggérant de nouvelles applications au mobilier.

Métamorphose du mobilier :

La recherche sur les formes n'a jamais été aussi aboutie qu'au XVIIIe, où la silhouette du mobilier se métamorphose. Des trésors d'inventivité se déploient et de nouvelles formes apparaissent : consoles, commodes, secrétaires en pente et en armoire. Le mobilier aux formes rigides prend des formes courbes, devient galbé, droit à pieds galbés, reposant sur quatre, six, huit pieds. Les pièces de mobilier se dotent de mécanismes et transformations, et peuvent combiner plusieurs usages.

Audace de matériaux et de couleurs :

La même recherche caractérise les matériaux : les meubles se couvrent de bois exotiques, de laque, de vernis, d'écaille, de nacre, de bronze, de laiton, de plomb, de porcelaine, de paille, d'acier, de marqueterie de pierres. On s'assied sur du tissu, du jonc, du cuir. Devançant largement les audaces de couleurs des XXe et XXIe siècles permises par les matières plastiques, le XVIIIe a vu naître des meubles rouge, jaune jonquille, bleu turquoise, vert pomme, partiellement dorés ou argentés ... on a aussi, à l'inverse, réduit la gamme colorée aux seuls noirs et or du laque et du bronze, aux seuls motifs naturels du matériau pur, comme l'acajou.

Informations pratiques :

Exposition ouverte tous les jours sauf le lundi, de 9h à 18h30 jusqu'au 31 octobre 2014, puis de 9h à 17h.

Tarifs

Billet château : 15€, tarif réduit 13€, gratuit pour les moins de 26 ans, résidents de l'Union européenne.

Passeport donnant accès au Château, aux jardins, aux châteaux de Trianon et domaine de Marie-Antoinette , aux expositions temporaires : 18€

les jours de Grandes Eaux Musicales : 25€

Passeport 2 jours donnant accès pendant deux jours consécutifs au Château, aux jardins, aux châteaux de Trianon et domaine de Marie-Antoi- nette, aux expositions temporaires et aux Grandes Eaux Musicales : 30€

Audioguide compris.

Renseignements

01 30 83 78 00 www.chateauversailles.fr

Partager cet article

Repost0
23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 06:54
Quintin, à la reconquête de son patrimoine et le village médiéval de Ciciliano en Italie
Quintin, à la reconquête de son patrimoine et le village médiéval de Ciciliano en Italie

A la Cité de l’Architecture, à partir du 22 octobre 2014 jusqu’au 19 janvier 2015…

A Quintin, petite «Cité de caractère» des Côtes d’Armor, en Bretagne, une quarantaine d’architectes-élèves ont travaillé en groupe sur cinq sites. Au sein de la ville close : deux demeures urbaines Lebreton et Ker Boa ainsi que la tour des archives du château, (vestige d’une porte médiévale fortifiée de la cité).
Hors les murs : la chapelle du couvent des Ursulines désaffectée et le château de Crenan incendié en 1927. Les élèves s’appuient sur la rigueur d’une méthode visant à montrer les potentiels et les perspectives possibles de ce patrimoine. La lecture des bâtiments dans leur contexte urbain et rural, a permis d’affiner les connaissances de l’architecture et de l’évolution de cette petite cité de caractère de Bretagne ainsi que de ses terres environnantes occupées par d’anciennes seigneuries et de vastes institutions religieuses. Après les diagnostics architecturaux et sanitaires, ces études présentent des propositions de consolidation, de restauration et mise en valeur de ce patrimoine en quête d’un nouveau souffle.
Elles révèlent aussi les potentiels et les perspectives de restauration possibles de ce patrimoine.

En Italie, le village de Ciciliano à l’est de Rome,est localisé au sommet d’une colline au croisement de trois vallées, dans un site exceptionnel.
Le village médiéval construit à partir du xıe siècle, abrite au point culminant un château datant du XIIe siècle, qui appartient à la famille Theodoli depuis cinq siècles. Flanqué de quatre tours,
il s’organise autour d’une cour intérieure et d’une entrée modifiée au XVIIIe siècle sur la façade Sud.
Deux jardins suspendus entourent le corps principal. Le château possède quelques vestiges intéressants. Les façades se prêtent particulièrement bien à une lecture archéologique du bâti. Au regard de l’intérêt de l’édifice, de sa complexité, de son enjeu patrimonial, le château Theodoli, inscrit dans son contexte urbain et paysager, présentait tous les critères pour y effectuer un atelier d’architecture auxquels ont participés vingt étudiants de l’Université de la Sapienza à Rome et de l’École de Chaillot.

Cité de l'architecture et du patrimoine
Rue basse
1, Place du Trocadéro et du 11 novembre, Paris 16e

Entrée libre

Photo 1 : Les abords du château de Quintin © Antoine Chapuis/Olivier Salmon, école de Chaillot

Le château Theodoli sur son éperon rocheux à Ciciliano, Italie © école de Chaillot

Le château Theodoli sur son éperon rocheux à Ciciliano, Italie © école de Chaillot

Partager cet article

Repost0
12 septembre 2014 5 12 /09 /septembre /2014 06:58
INVENTER LE POSSIBLE AU JEU DE PAUME - 14/10/2014 – 08/02/2015

INVENTER LE POSSIBLE AU JEU DE PAUME - 14/10/2014 – 08/02/2015

LE PROJET

En 2010, le jeu de Paume a présenté « faux amis » la première édition d’ « une Vidéothèque éphémère », dédiée à la représentation de l’histoire dans l’art contemporain, au travers des questions de mémoire, d’identité et de perte. intitulée « inventer le possible », la seconde édition est tournée « vers l’après » pour interroger l’invention d’un avenir possible ou d’un futur utopique. « Nous rêvions d’utopie et nous nous sommes réveillés en hurlant », déclarait l’écrivain chilien roberto Bolaño, dans son « manifeste infraréaliste ».

Les vidéos sélectionnées explorent, avec plus ou moins d’humour ou de sens tragique, notre perplexité face à l’échec des utopies de la modernité et aux tentatives de réévaluation qui se sont succédées jusqu’à la fin du XXe siècle. Cette seconde édition de la vidéothèque nous invite ainsi à nous demander si l’on peut encore, dans ce contexte, trouver d’éventuels modèles de rechange.

Conçu comme un dispositif mixte et ouvert, elle permet au public de visionner librement des vidéos sur des écrans individuels ou de découvrir ces mêmes œuvres sur grand écran. De nouvelles vidéos sont amenées à enrichir ce projet évolutif.

En proposant au spectateur de créer sa propre programmation et de revenir gratuitement dans les salles dédiées au projet, ce second volet de cette « Vidéothèque éphémère », se positionne avant tout comme une archive provisoire des vidéos réalisées ces dix dernières années à travers des contextes et des territoires très variés : du désert du Koweït à la forêt amazonienne, en passant par le nord du Canada, le Bengladesh, le Sénégal, l’Indonésie... Une sélection de ces vidéos est également proposée au jeune public dans l’espace éducatif du Jeu de Paume, tandis que des projections et des rencontres avec les artistes sont programmées en parallèle.

Documentaires ou fictions, films d’animation, expérimentales ou performatives, les vidéos sélectionnées mettent en scène des récits souvent empreints d’une couche de mystère ou d’énigme. Ces œuvres se rejoignent dans leur ambition à mobiliser de nouvelles énergies, à construire des possibilités imaginatives en attente d’une réalisation potentielle. Imaginer, dans son sens originel latin (imaginari), signifie concevoir des images pour pouvoir inventer. Ainsi, ces vidéos posent des questions articulées autour de thématiques qui se croisent à de nombreuses reprises, comme la réévaluation du passé, la sensibilité écologique dans un moment de l’histoire où la nature réagit de manière de plus en plus imprévue, l’empreinte de l’éducation ou encore la réflexion sur la notion de « communauté ». Ces œuvres invitent les spectateurs à inventer de nouvelles alternatives possibles.

à cette occasion, le Jeu de Paume réalise une application numérique réunissant notamment, une note d’intention des commissaires du projet, des extraits d’œuvres sélectionnées, des interviews avec les artistes ainsi que des essais, parfois inédits, qui analysent aussi bien les sujets évoqués par les œuvres que la question de l’omniprésence de la vidéo dans la création contemporaine.

Wendy Morris, Orlando’s Book, 2013. Fim d’animation, noir et blanc, son, 3 min 52 s. Courtesy de l’artiste

Els Opsomer BUILDING STORIES #001 [That Distant Piece Of Mine] 2013 Film 16 mm transféré en vidéo HD, couleur, son, 42 min 12 s Courtesy Els Opsomer

Els Opsomer BUILDING STORIES #001 [That Distant Piece Of Mine] 2013 Film 16 mm transféré en vidéo HD, couleur, son, 42 min 12 s Courtesy Els Opsomer

LES ARTISTES INVITéS

Edgardo AragóN Diaz

Eric Baudelaire

Ursula Biemann

Wim Catrysse

Martin Le Chevallier

Declinación Magnética

Theo Eshetu

Mahdi Fleifel

Sirah Foighel Brutmann et Eitan Efrat

Peter Friedl

Pauline Horovitz

Marine Hugonnier

Hayoun Kwon

Naeem Mohaiemen

Wendy Morris

Carlos Motta

Els Opsomer

Daniela Ortiz en collaboration avec Xose Quiroga

Anxiong Qiu

Khvay Samnang

Allan Sekula

Hito Steyerl

Atsushi Wada

Artur Mijewski

Artur Żmijewski Habana Libre 2010 Vidéo, couleur, son, 24 min 41 s Courtesy de l’artiste, Foksal Gallery Foundation, Varsovie et Galerie Peter Kilchmann, Zurich

Artur Żmijewski Habana Libre 2010 Vidéo, couleur, son, 24 min 41 s Courtesy de l’artiste, Foksal Gallery Foundation, Varsovie et Galerie Peter Kilchmann, Zurich

INFORMATIONS PRATIQUES

❙ Jeu de Paume

Adresse

1, place de la Concorde – 75008 Paris 01 47 03 12 50 – www.jeudepaume.org

Horaires d’ouverture

Mardi (nocturne) : 11 h-21 h

Mercredi à dimanche : 11 h-19 h.

Fermeture le lundi

Tarifs

Plein tarif 10 € / Tarif réduit 7,5 €

Entrée gratuite : une vidéothèque éphémère, programmation Satellite ; mardis jeunes (le dernier mardi du mois de 11 h à 21 h pour les étudiants et les moins de 26 ans) ; les moins de 12 ans

Billetterie en ligne sur le site Internet du Jeu de Paume, avec la Fnac, Digitick et Ticketnet

Abonnement annuel et partenaires culturels

Accès gratuit et illimité aux expositions et à toutes les activités culturelles du Jeu de Paume

Abonnement annuel : plein tarif 30 € / tarif réduit 25 € / tarif jeune 20 €

Peter Friedl Bilbao Song 2010 Vidéo couleur, son, 5 min 53 s Courtesy de l’artiste et Guido Costa Projects, Turin © Peter Friedl

Peter Friedl Bilbao Song 2010 Vidéo couleur, son, 5 min 53 s Courtesy de l’artiste et Guido Costa Projects, Turin © Peter Friedl

Partager cet article

Repost0
10 septembre 2014 3 10 /09 /septembre /2014 06:54
Jouer avec l’espace public, quand le design se fait jeu d’enfant – Agora 2014

Jouer avec l’espace public, quand le design se fait jeu d’enfant – Agora 2014

Les prix Agora Design 2014 animent l’espace public bordelais :

L’espace public, champ de la transformation du quotidien. Si l’espace public est à la mode, sa définition est complexe. Agora 2014 va s’attacher à lui donner visibilité et lisibilité, explorant toutes les dimensions de cet espace, lieu politique par excellence, lieu des manifestations (libération de Paris, de la chute du mur de Berlin, des révoltes du printemps arabe...) mais également Agora grecque, le forum, le lieu de rencontre, d’ouverture, de partage, où la question des limites reste une question majeure ; les limites de l’espace public peuvent être physiques, fonctionnelles ou symboliques, et mouvantes selon les usages, selon les pays et les civilisations... six films portant sur six villes (Bordeaux, Skopje, Tokyo, Beyrouth, Mexico et Ouagadougou) dresseront un état des lieux dont on pourra mesurer la variabilité selon la nature des cadres posés, selon la prédominance des paramètres économiques, symboliques ou pratiques qui y sont en jeu.

A l’heure où toutes les villes occidentales s’attachent à créer des espaces publics inclusifs, sympathiques, débarrassés de leurs voitures, le risque est grand de voir se développer partout les mêmes aménagements propres, lisses, sans surprise, aseptisés voir stérilisés.

Légiférer ou réglementer. L’obligation ou l’interdiction ?

« Dans une société inquiète, voire angoissée, à la recherche de « zéro risque absolu », la norme a vite colonisé tous les secteurs de la sphère publique. Pour chaque question, pour chaque éventualité, pour chaque doute, la réponse est la même : légiférer ou réglementer. L’obligation ou l’interdiction, selon les cas, surgit, tel un réflexe conditionné ; elle s’impose dans son uniformité, sa rigidité, et parfois son absurdité au responsable local, où qu’il soit et quelles que soient les circonstances locales. La norme s’impose aussi dans ses excès à un citoyen qu’elle est pourtant censée servir et protéger...

Ce sont les organes vitaux de la démocratie que frappent les quelques 400 000 prescriptions techniques aujourd’hui applicables aux collectivités territoriales : le droit, ravagé dans sa crédibilité et son autorité ; la sécurité juridique, victime directe d’une frénésie textuelle devenue chronique ; et surtout l’élu local, fonctionnarisé, parfois infantilisé...

Le centralisme normatif transforme l’élu en administrateur, substitue l’expertise technique à la légitimité des urnes, et change la gestion par l’action en gestion par l’intendance. »

Extrait de la maladie de la norme. Rapport d’information de Claude Belot, Sénat 16 février 2011.

Être acteurs dans l’espace public:

Dans le champ de l’espace public, le risque est grand de voir se développer partout les mêmes aménagements propres, lisses, sans surprise, aseptisés voire stérilisés. Les enfants n’ont plus le droit de jouer que dans les lieux aménagés à cet effet... En général identiques et peu créatifs... Mais réglementaires.

Finis les tracteurs hors d’usage qui restent quand même le meilleur jeu d’enfant jamais imaginé (et sans doute le moins cher). Fini le linge qui sèche aux fenêtres, les pots de fleurs devant la porte, le fauteuil que l’on sort sur le trottoir pour prendre le frais, les jambes qui pendent dans le vide quand on s’assied au bord de l’eau, les fenêtres que l’on ouvre dans le train ou dans le bus... Et pourtant chacun en a la nostalgie et l’incroyable succès de la highline à New York est une preuve éclatante de cette envie nouvelle des habitants d’être acteurs dans l’espace public.

Nicolas Soulier, dans son ouvrage « Reconquérir les rues » (Ulmer 2012), faisant référence à l’ouvrage de Christophe Dejours, « le facteur humain » (Puf 2010) résume parfaitement les deux attitudes possibles adaptables à l’urbanisme et à l’espace public.

« La démarche 1 (défaillance) voit dans les conduites humaines l’exécution plus ou moins dégradée de conduites idéales dans des situations artificielles, les analyses en terme de défaillances, d’erreurs, de fautes, et les considère comme des sources de problèmes, cherchant les moyens de les contrôler, et d’empêcher les accidents qui leur sont imputables. L’objectif est alors la sécurité ; la qualité devenant secondaire et non liée à la question de la sécurité. Comme on peut prévoir qu’il y aura des inconduites et des défaillances, on doit prescrire et discipliner les conduites avec des normes fonctionnelles sans référence aux valeurs qui les motivent. On doit donc autant que possible substituer des automatismes à l’homme. La part de responsabilité revenant aux hommes n’est pas prise en considération.

La démarche 2 (ressource) s’attache à savoir comment mobiliser, développer et gérer les hommes en tant que ressources, considère les échecs comme normaux, et à ne pas assimiler à des défaillances ou des fautes. L’objectif principal est alors la qualité ; la sécurité est un sous produit de la qualité. On doit faire une place à l’accidentel, à l’imprévu, à l’inconnu, car on œuvre dans le mouvant, le changeant, l’inédit. On doit faire une place à l’interprétation, à la délibération, à ce qui doit être ajusté, réaménagé, imaginé, inventé, ajouté à l’ingéniosité, à l’innovation.

C’est une démarche plutôt ordonnée par référence à la notion de culture, c’est-à-dire essentiellement à des valeurs relatives au juste et à l’injuste au désirable et à l’indésirable etc. Ses leitmotivs sont confiance/surveillance et assistance mutuelle, intervention régulatrice/arbitrages, interdictions ; frontières symboliques/respect. A long terme, c’est vraiment une démarche de sécurité même si elle est délicate car toujours susceptible d’être déséquilibrée, comme tout processus vivant complexe. »

L’espace public doit rester complexe. Rien ne doit pouvoir le confisquer aux hommes. Surtout pas les normes. Et si nous décidions de prendre le pouvoir sur elles ?

Pendant la biennale Agora, 4 jeux pour enfants et pour adultes ayant gardé leur âme d'enfant seront installés dans l'espace publique en première présentation, puisque tous sont nés de l'imagination des lauréats du Prix Agora Design 2014.

« Mind the cat »

est un parcours réalisé par Agora d’après une idée originale d’Anabel Albrech et Sandrine Mercurio, les gagnantes du prix du Design Agora 2014 dont le thème était « Un jeu d’enfant ». Cette balade dans la ville part à la recherche de 7 anamorphoses d’animaux origami. À chaque étape, des indices permettent de se rendre à la suivante... un itinéraire ludique et décalé pour permettre aux enfants de découvrir des lieux emblématiques de Bordeaux.

Du 8 septembre /14h au 14 septembre - Départ : éléphant des Quinquonces

« Statbond »

Charlotte Dutil et Sarah Grison ont obtenue la deuxième mention du prix design Agora 2014 pour la simplicité et les différentes formes qu’elles proposent aux enfants sans dénaturer l’espace urbain.

C’est un parcours que les enfants peuvent s’approprier simplement, grâce à la présence d'éléments urbains qu’ils ont l’habitude d’intégrer à leurs jeux. Plus visibles, ces traces favorisent le recours à leur imagination, celle qui fait d’une ligne de dalle un pont de lave !

Du 11 au 15 septembre - Mairie du quartier Saint Augustin © Duthil Charlotte & Grison Sarah

Mais aussi ...

Un labyrinthe aux Chartrons, où les enfants pourront venir se perdre dans un labyrinthe éphémère conçu spécialement pour eux. Du 11 au 15 septembre / Quais des Chartrons face au cours Xavier Arnozan)

« Oh ! Mais quel chantier ! » Du 8 septembre / 14h au 14 septembre Place de l’Eglise de Caudéran

Partager cet article

Repost0
5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 06:54
La Base sous-marine de Bordeaux en un espace métamorphosé en poésie, AGORA 2014

La Base sous-marine de Bordeaux en un espace métamorphosé en poésie, AGORA 2014

Du 13 septembre au 14 décembre 2014

La Base sous-marine de Bordeaux sous le regard DE GEORGES ROUSSE pour AGORA 2014. Inauguration le vendredi 12 septembre a 18 h 30

Après une brique de lait dans la cour de l'Hôtel de Ville, de merveilleuses inspirations dans les impasses bordelaises, Agora 2014 nous propose une lecture particulière sur l’architecture et l’espace de la Base sous-marine par un artiste ; non pas pour faire le portrait de ce lieu ou en comprendre son devenir, son passé mais avant tout pour s’approprier l’espace le temps d’une intervention, pour jouer avec ses perspectives et en exploiter la lumière.

Le nom de Georges Rousse s’est alors imposé comme une évidence. Photographe internationalement reconnu, il est également peintre, sculpteur et architecte. En réinvestissant des lieux abandonnés ou en cours de réhabilitation, il transforme des espaces sélectionnés pour leur volume et leur lumière et les met en scène dans le but de créer une impression photographique.

Georges Rousse a donc été invité à investir les espaces de la Base sous-marine. Cette invitation s’est faite en deux temps :

• De juillet à août 2014, il a pris possession des lieux pour y créer des volumes, des formes, pour y reconstuire un univers dont seule la photographie gardera la trace.

« Mes interventions dans les espaces ont ainsi toujours eu pour finalité une photographie. Elle contient de façon inséparable mon action et la mémoire du lieu. »

Les trois créations éphémères in situ réalisées resteront en place pour que chaque visiteur comprenne le processus de création élaboré par l’artiste.

• Du 13 septembre au 14 décembre 2014, les trois images qui en découleront seront mises en perspective au cœur d’une exposition qui regroupe une sélection de plus de 60 photographies grand format. Elles intégreront les collections du CAPC, musée d’art contemporain de Bordeaux.

Georges Rousse poursuit depuis près de 30 ans une réflexion sur l’espace et la lumière en s’appropriant de manière éphémère des sites architecturaux d’exception, pour cela il n’a cessé d’arpenter le monde en quête de ces lieux. Et le monde est ainsi devenu son atelier. Toutes ces photographies viennent illustrer l’itinéraire de ce « collectionneur d’espace ».

Une sélection de films explicitera la démarche pluridisciplinaire de l’artiste au cœur du parcours.

La Base sous-marine

Lieu aussi atypique qu’emblématique du quartier des Bassins à flot à Bordeaux, la Base sous-marine est un impressionnant vestige de la Seconde Guerre mondiale, construit entre 1941 et 1943 par la marine de guerre allemande, dans l’objectif d’abriter les sous-marins U-Boote de la 12e flottille. Le chantier est colossal, il mobilise plus de 6 500 ouvriers français et étrangers (Espagnols, Italiens, Belges...) œuvrant à l’édification de cet ensemble composé de 11 alvéoles, capables alors d’accueillir jusqu’à 15 sous-marins.

Le « U-Bunker » mesure 235 m de long, 160 m de large et 19 m de hauteur de moyenne, pour une superficie totale de 42 000 m2. Le volume total de béton utilisé est de 600 000 m3.

Site patrimonial conçu pour perdurer des siècles, la Base sous-marine venait alors compléter le « Mur de l’Atlantique », vaste complexe défensif en bordure du littoral.

La Base sous-marine jouit aujourd’hui d’une seconde vie, réhabilitée depuis 2001 en équipement culturel. Ce lieu hors du commun accueille dès lors spectacles vivants, expositions temporaires pluridisciplinaires (photographie, peinture, sculpture, installations...) et soirées événementielles.

La Base sous-marine sous le regard de Georges Rousse

Voilà plusieurs années que nous souhaitions une lecture particulière sur l’architecture et l’espace de la Base sous-marine par un artiste ; non pas pour faire le portrait de ce lieu ou en comprendre son devenir, son passé mais avant tout pour s’approprier l’espace le temps d’une intervention, jouer avec ses perspectives et en exploiter la lumière.

Le nom de Georges Rousse s’est alors imposé comme une évidence.

« Ce sont des lieux que l’on pourrait considérer comme étranges, la taille monumentale de l’espace, l’incidence de la lumière sur l’architecture, les perspectives mêlant le vide et le plein, les reliefs, les ombres sont aussi importantes. Je cherche des lieux particuliers, très photographiques et une architecture qui sort du quotidien ».

Nous avons donc eu le plaisir de l’inviter à s’emparer de la Base sous-marine. Il a ainsi pu investir ses lieux en deux temps.

De juillet à août 2014, Georges Rousse a donc pris possession de plusieurs espaces du bâtiment. Il les a transformés au gré de son regard afin d’y construire trois œuvres éphémères et uniques dont la construction a nécessité plusieurs semaines. Fusionnant peinture et architecture, ces installations mettent en perspective les proportions et les volumes de la Base sous-marine.

De ces interventions naîtront trois images virtuelles visibles en un point unique et dont la photographie gardera la trace. Une véritable empreinte artistique subsistera de ces œuvres, trouvant sa place dans la mémoire et l’identité évolutive du lieu. Ces trois images intégreront les collections du CAPC, musée d'art contemporain de Bordeaux.

Premier temps

Trois créations in situ

De juillet à août 2014 Georges Rousse a pris possession de plusieurs espaces de la Base sous-marine et les a transformés au gré de son regard pour y construire in situ trois œuvres éphémères et uniques.

Architectures abandonnées, ruines urbaines et lieux en réhabilitation ont toujours constitué le théâtre des créations de Georges Rousse. Si abattoirs, entrepôts en ruine ou prisons ont déjà été investis par l’artiste, il s’approprie pour la première fois la Base sous-marine de Bordeaux, bunker aux dimensions monumentales.

Dès son plus jeune âge, Georges Rousse s’est imprégné des vestiges de l’architecture de guerre. Avec un père militaire, garnisons, casernes et bunkers ont d’abord été des terrains de jeu avant de devenir ses premiers sujets photographiques.

Au cœur de la Base sous-marine, Georges Rousse a pu dès lors redécouvrir les sensations de son enfance. Face à ces grands espaces, cette attraction du vide, son inspiration poétique s’est mêlée à une perception d’oppression et d’enfermement.

En évoluant au sein du bâtiment, l’artiste a perçu le poids de la mémoire en ses murs mais il a surtout voulu trouver sa place dans la chronologie du lieu. Si la Base sous-marine a un passé, elle est également un point de départ vers une trajectoire future.

La notion du temps occupe ainsi une place fondamentale dans son œuvre.

« Je travaille sur la mémoire des lieux, j’occupe leur dimension patrimoniale. Leur rapport au temps, à l’espace et à la monumentalité excitent mon imaginaire d’autant que je cherche à les saisir à un moment donné qui est transitoire ».

Georges Rousse ne cherche donc pas à commémorer le souvenir de la seconde guerre mondiale mais souhaite avant tout consacrer l’évolution de la Base sous-marine comme un lieu dédié à la culture.

À travers ces trois créations, anamorphoses, trompe-l’œil, constructions volumétriques et géométries dans l’espace réinvestissent ainsi les espaces insolites du site.

L’illusion voulue pour chaque installation ne sera perceptible qu’à travers un seul point, celui où se sera posé l’œil du photographe. De ces interventions naîtront trois images. Elles seront la mémoire du lieu mais également la mémoire de l’action.

CELLULE 1/ C1

En arrivant sur la passerelle d’entrée, nos yeux se posent sur la première création de l’artiste. Séduit par les proportions monumentales de cet espace, Georges Rousse a souhaité réaliser une intervention à même le mur, sur le béton armé. Exploitant les dimensions de la façade de 40 m de longueur et ses 12 m de hauteur, il y a peint en noir une succession de formes géométriques simples et pures : un carré, un triangle et un rond.

« J’ai beaucoup travaillé sur le noir, sur les espaces noirs, car le noir permet d’être sélectif. Dans le noir ce qui est le moins intéressant disparaît. »

Ces figures sont récurrentes dans l’œuvre de l’artiste qui façonne pour chaque installation un géométrisme dans l’espace. Elles témoignent également de l’influence de l’abstraction sur son œuvre et d’une filiation avec les perceptions des formes de Malevitch.

Un point unique permet de percevoir la perfection de ces volumes, de croire en l’égalité des différents côtés du triangle et du carré et en leur parfait alignement. Mais un pas de côté et l’illusion disparaît, tout d’un coup les formes se distordent et s’allongent. Ces figures couvrant la rugosité des murs de la Base composent ainsi une œuvre qui s’articule tout entière autour de l’anamorphose.

SALLE DES PLOTS

La seconde installation occupe un autre espace désaffecté du site. Georges Rousse y propose une lecture de l’espace à travers un grand cercle rouge, confondant ainsi l’architecture existante et l’architecture ajoutée, utopique. Détournant trois plots de béton érigés sur le sol, l’artiste a peint mur et plafond en rouge, de façon à créer l’illusion qu’un volume géométrique circulaire englobe cet espace.

L’existence du cercle n’est qu’artifice, une nouvelle fois, un travail en anamorphose minutieux et une maîtrise totale de la perspective sont les clés de ce trompe-l’œil.

La présence répétée du cercle est tout sauf un hasard.

« L’architecture est faite de plans orthogonaux, horizontaux et verticaux que le cercle, finalement, fait exploser. Il est un élément de liberté. L’espace, provisoirement, devient circulaire : je peux y faire ce que je veux. »

SALLE DES CARRELAGES

Cette salle jusqu’à présent inconnue du public est le cadre de la dernière création. Georges Rousse a décidé d’y réaliser à l’intérieur un volume, une structure en bois définie comme un bunker. En grandissant près des ruines de la Seconde Guerre mondiale que ce soit le long de la frontière italienne près de Nice ou en Lorraine, l’artiste a longtemps photographié les forts abandonnés, la ligne Maginot, les labyrinthes des fortifications.

« Dès que j’ai eu un appareil photo j’ai aimé photographier ces espaces abandonnés chargés du passé. J’ai éprouvé de fortes sensations à explorer, à analyser chaque trace, écrits humains comme impacts de balle – impressionné par ces architectures monolithiques qui à la fois nourrissaient mon imaginaire et s’imprégnaient en moi. »

Il a donc imaginé cette construction de bunker « comme si les formes de [son] enfance resurgissaient inévitablement et s’imposaient dans ce lieu ». Également inspiré par le concept de bunker archéologique de Paul Virilio, Georges Rousse a appréhendé les spécificités de cet édifice.

« Une des caractéristiques essentielles du bunker c'est qu'il s’agit d'une des rares architectures monolithes modernes » Paul Virilio.

Cette construction se démarque des principes de l’architecture moderne. D’aspect monolithique, sans fondation, elle demeure une masse de béton posée sur le sol. Ces particularités ont éveillé l’inspiration poétique de l’artiste qui par son travail plastique a métamorphosé la perception du bunker.

Alors que notre époque est encore le théâtre de troubles et conflits, de nationalismes exacerbés, Georges Rousse redéfinit ainsi la vocation initiale du lieu à travers un détournement poétique de l’art militaire. Si son bunker de bois est bel est bien doté d’une meurtrière, celle-ci est avant tout une fenêtre vers l’extérieur, une invitation vers l’horizon. La présence d’un triangle s’affirmant sur la façade constitue ici une incision, une clé vers l’échappée. L’idée de l’artiste est de procéder à l’explosion de l’édifice, d’aller à l’encontre de sa nature de forteresse.

Au sein de cette salle sans fenêtre, le carrelage jaune des murs et un néon blanc apparaissent alors comme la source d’une lumière émanant de la nuit. La puissance de la peinture rouge revêtant le bunker symbolise quand à elle une incandescence lumineuse. Le lieu ainsi transformé s’imprègne d’une dimension onirique, le bunker n’est plus instrument de guerre, mais une incitation à l’évasion spirituelle.

Après deux semaines de créations immortalisées dans l’objectif de l’appareil photographique, les spectateurs pourront découvrir les images en grand format dans l’exposition. Les installations seront visibles par le public à partir du 13 septembre, elles permettront durant l’exposition de comprendre avec précision le travail de Georges Rousse.

Le résultat en sera époustouflant.

Second temps

Espace|s| : Métamorphoses poétiques

Entre septembre et décembre, ce sera l’occasion de découvrir l’œuvre de l’artiste à travers une sélection de plus de 60 photographies grand format.

Georges Rousse poursuit depuis près de 30 ans une réflexion sur l’espace et la lumière en s’appropriant de manière éphémère des sites architecturaux d’exception, pour cela il n’a cessé d’arpenter le monde en quête de ces lieux. Et le monde est ainsi devenu son atelier. Le parcours de l’exposition présente ces installations issues des quatre coins de la planète. L’accrochage invite le spectateur à une déambulation visuelle où les multiples possibilités d’observations et d’interprétations face à ces illusions d’optique questionnent son regard.

En effet, l’œuvre de Georges Rousse interroge notre perception du réel, trompe sans cesse nos certitudes. Mais tout est affaire de point de vue, l’illusion consacrant l’espace fictif n’est perceptible qu’en une position unique, celle du photographe au moment de la prise du cliché.

L’espace réel investi par l’artiste en 3D est ainsi redéfini en espace fictif une fois que la photographie fixe l’illusion par sa bi-dimensionnalité.

Le perfectionnement actuel des techniques numériques pourrait faire penser que ces images ont été façonnées à l’aide de Photoshop. L’exposition s’attache donc à montrer qu’il n’en est rien en présentant les travaux de modelage de l’espace de l’artiste. Les trois créations in situ sont ainsi une clé de compréhension de l’œuvre de Georges Rousse pour le public, un médium pour faire comprendre qu’il s’agit d’un travail sur les volumes et non d’une manipulation par logiciel.

Une sélection de photographies

Incessant explorateur, Georges Rousse a parcouru le monde pour y découvrir des lieux laissés à l’abandon ou en réhabilitation.

« Mon unique projet est de transformer le lieu, de tout mettre en œuvre pour cet instant de la prise de vue qui est un moment extrême dans la relation intime de l’espace à la peinture, à la photographie et à moi-même. »

Ces photographies révèlent plusieurs caractéristiques de l’œuvre de Georges Rousse, elles nous éclairent sur ses influences, inspirations et sur les motivations qui sont à l’origine du choix de ses installations.

DES FORMES GÉOMÉTRIQUES

Georges Rousse investit les volumes en modelant un géométrisme dans l’espace, tout y est précisément mesuré, aucune place n’est laissée au hasard. Chaque action est subordonnée dès le départ au cliché final et à l’aboutissement de l’illusion.

CONSTRUCTION ET DÉCONSTRUCTION

L’expérience spatiale mise en place par Georges Rousse relève d’une véritable plastique de la déconstruction au sein des lieux transformés. La mutation des sols, la métamorphose des murs sont imprégnées d’une esthétique du chaos, les poutres blanches érigées sans parallélisme dans l’installation Fos-sur-Mer 1997 soulignent ce sentiment de désorientation spatiale.

SPATIALITÉ ARCHITECTURALE

Les installations de Georges Rousse jouent avec la profondeur et les perspectives des lieux investis. Entre l’espace réel et l’espace peint, une redéfinition de l’espace perçu est soumise à notre regard et interroge nos perceptions. La profondeur de champ exploitée avec l’installation Lima 2008 symbolise cette maîtrise de l’espace.

COULEUR

La couleur est une matière qui participe intégralement à l’émergence de l’espace fictionnel se superposant à l’espace réel. De la monochromie à la polychromie, elle investit l’espace pour en affirmer sa virtualité sur l’impression photographique finale. Les installations Metz 1994 et Sélestat 1999 sont ainsi composées d’une pluralité de carrés aux couleurs vives.

LUMIÈRE

L’incandescence, la luminosité trouvent leur place dans chaque installation de Georges Rousse. La lumière peut apparaître par phosphorescence, jaillir d’une incision au cœur d’une installation.

« La lumière est une donnée fondamentale dans mon travail. Ici j’interroge la lumière, phénomène physique indispensable à la photographie et j’essaie d’y trouver autre chose qui serait de l’ordre du spirituel. »

MÉMOIRE DU LIEU

Les créations de Georges Rousse investissent des espaces certes abandonnés mais chargés d’histoire.

« La mémoire est présente dans mes photos, la mémoire du lieu en particulier. Mais c’est une mémoire que l’on pourrait appeler «passive », je ne veux pas faire l’illustration, montrer ce que ça a été ».

L’installation Luxembourg 2006 occupe ainsi une aciérie abandonnée. En écho au déclin de la sidérurgie, l’artiste a marqué ce lieu déserté du mot « Mémoire », et son œuvre se fait métaphore du temps et de ses transformations. À ses yeux, ses « photographies sont la seule trace de tous ces mondes disparus, démolis ».

MOTS

Dans certaines de ses œuvres, Georges Rousse fait usage de l'écriture en peinture. Amateur de poésie, il admire ces poètes, tels que les maîtres japonais du Haïku, qui en peu de mots décrivent une position dans l'univers, une pensée philosophique réduite. Il met en scène également des mots souvent issus de ses carnets de notes.

Un texte, une lettre ou un mot sont suspendus au centre d'une pièce ou d'un couloir.

Georges Rousse

Biographie

Depuis le Noël de ses 9 ans où il reçut en cadeau le mythique Brownie Flash de Kodak, l'appareil photo n'a plus quitté Georges Rousse. Alors qu'il est étudiant en médecine à Nice, il décide d'apprendre chez un professionnel les techniques de prise de vue et de tirage puis de créer son propre studio de photographie d'architecture. Mais bientôt sa passion le pousse à se consacrer entièrement à une pratique artistique de ce médium sur la trace des grands maîtres américains, Steichen, Stieglitz ou Ansel Adams.

C'est avec la découverte du Land Art et du Carré noir sur fond blanc de Malevitch que Georges Rousse choisit d'intervenir dans le champ photographique établissant une relation inédite de la peinture à l'Espace. Il investit alors des lieux abandonnés qu'il affectionne depuis toujours pour les transformer en espace pictural et y construire une œuvre éphémère, unique, que seule la photographie restitue.

Pour permettre aux spectateurs de partager son expérience de l'Espace il présente, dès le début des années 1980, ses images en tirages de grand format. Cette œuvre forte et singulière qui déplace les frontières entre les médias traditionnels s'est immédiatement imposée dans le paysage de l'art contemporain.

Depuis sa première exposition à Paris, à la galerie de France en 1981, Georges Rousse n'a cessé d'exposer et d'intervenir dans le monde entier, en Europe, en Asie (Japon, Corée, Chine, Népal), aux États-Unis, au Québec, en Amérique latine..., poursuivant son chemin artistique au-delà des modes.

Il a participé à de nombreuses biennales – Paris, Venise, Sydney – et reçu des prix prestigieux :

1983 : Villa Médicis « hors les murs », à New York 1985 -1987 : Villa Médicis, Rome 1988 : Prix ICP (International Center of Photography), New York 1989 : Prix de Dessin du Salon de Montrouge 1992 : Bourse Romain Rolland à Calcutta 1993 : Grand Prix National de la Photographie 2008 : Georges Rousse succède à Sol Lewitt comme Membre associé de l'Académie Royale de Belgique

Si ses dernières expositions reflètent pleinement la dimension internationale de son œuvre (Chili, Séoul en 2013, Phnom-Penh en 2012), les projets récents montés par Georges Rousse sont également imprégnés par une forte dimension sociale. L’œuvre réalisée en 2014 dans l’un des bidonvilles de Bombay, Shivaji Nagar, au côté de ses habitants ou les projets montés avec les jeunes en insertion de la région de Lyon illustrent son ambition d’utiliser l’art comme un véritable outil pédagogique.

Il est représenté par plusieurs galeries européennes et ses œuvres font partie de collections majeures.

Georges Rousse est né en 1947 à Paris où il vit et travaille.

Informations pratiques

Base sous-marine de Bordeaux

Boulevard Alfred-Daney

• 33 300 Bordeaux T. 05 56 11 11 50

• Fax : 05 56 39 94 45 base-sous-marine@mairie-bordeaux.fr

Contact presse

Base sous-marine

Sébastien Valentie T. 05 56 11 11 50 • 06 89 56 59 36 s.valentie@mairie-bordeaux.fr

Mairie de Bordeaux

Service de presse Maryvonne Fruauff T. 05 56 10 20 46 m.fruauff@mairie-bordeaux.fr

Entrée libre, de 13 h 30 à 19 h Fermé les lundis et les jours fériés.

Accès

Par la rocade : sortie 4 C Bordeaux centre.

Par les quais : direction Paris.

Bus-Tram :

• Liane 9, direction Brandenbourg, arrêt Latule.

• Tram C, direction Les Aubiers, arrêt Place Ravezies-Le Bouscat, puis Liane 9 Brandenburg, arrêt Latule.

• Tram B, direction Bassins à flot, arrêt Bassins à flot, puis la Corol 32, direction Bouliac Centre commercial, arrêt Latule.

Accès vélo par des nombreuses pistes cyclables et parking à vélos devant l’entrée de la Base sous-marine.

Parking gratuit.

La Base sous-marine de Bordeaux en un espace métamorphosé en poésie, AGORA 2014

Partager cet article

Repost0
3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 06:54
Certaines impasses de Bordeaux font l’objet des plus belles inspirations…

Certaines impasses de Bordeaux font l’objet des plus belles inspirations…

Exposition à ciel ouvert « Les impasses sont le lieu de mes plus belles inspirations »

Après la brique de lait à l'hôtel de ville de Bordeaux, pour Agora 2014, les impasses seront revisitées par l’artiste Jean-Baptiste BLOM en partenariat avec l’ECV Bordeaux. A travers ses installations photographiques, il pose un nouveau regard sur ces espaces souvent méconnus. A travers ce circuit, les places récemment aménagées seront également explorées.

Au-delà des grandes compositions urbaines et des perspectives monumentales, il est des lieux qui font le charme de l’espace public, parce qu’ils échappent à cette régularité et qu’on ne découvre qu’à force d’arpenter la ville dans ses moindres recoins.
Les impasses sont de ces lieux-là.

Pour la Biennale de Bordeaux, architecture-urbanisme-design, l'artiste Jean Baptiste Blom, photographiste, va créer de grandes images poétiques à découvrir dans les impasses du centre de Bordeaux.

Suivant à la lettre les mots de Milan Kundera dans « Risibles amours », une exposition de toiles imagées entre les murs d'une dizaine d'impasses laissera apparaître en «deuxième» lecture l'espace urbain qui file dans l'impasse au travers de cette vision inattendue. Chaque signe ou chaque objet représenté illustrera un lien de mesure ou de démesure...

Ces images poétiques seront espiègles, bizarres, curieuses, étonnantes, étranges, extravagantes, insolites, originales, surprenantes, risibles... Elles valoriseront ainsi des espaces méconnus de la ville en attirant un autre regard sur leurs implantations dans le tissu urbain et leurs possibilités de rénovations.

Exposition à ciel ouvert - Quartier Saint Eloi - Du 4 au 22 septembre

Vernissage le samedi 6 septembre à 14h, impasse Maucouyade en présence de Jean-Baptiste Blom (photo-graphiste)

Visite avec guide conférencier - samedi 13 et dimanche 14 septembre à 11h

Rendez-vous à Bordeaux Patrimoine mondial, Place de la Bourse

Durée de la visite : 2h

Tarif : 9 € / 8 € tarif réduit

Certaines impasses de Bordeaux font l’objet des plus belles inspirations…

Partager cet article

Repost0
2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 06:52
Une brique de lait dans la cour de l'Hôtel de ville de Bordeaux

Une brique de lait dans la cour de l'Hôtel de ville de Bordeaux

Dans le cadre de la 6ème édition d’AGORA 2014, Biennale de Bordeaux, architecture-urbanisme-design, qui accueille de très nombreux grands architectes et les plus grands urbanistes.

Au fil des éditions, Agora a acquis une personnalité singulière au regard des autres biennales européennes. Elle est populaire, et fréquentée par un public qui n’est pas un public de spécialistes, culturelle, car elle s’ouvre chaque année un peu plus à des disciplines autres que l’urbanisme et l’architecture : cinéma, arts plastiques, photographie, littérature; et enfin politique, dans la mesure où elle pose les vrais débats de société qui sont ceux des « vieilles » villes européennes.

La 6ème édition d’Agora se tiendra les 11, 12, 13, 14 septembre dans le Hangar 14 - cœur du dispositif, lieu de l’exposition Espace public [Limites] - avec des ramifications dans tous les quartiers de la ville et dans la métropole bordelaise. Le commissaire de l’exposition d’Agora 2014 est l’architecte-urbaniste Youssef Tohmé associé à la scénographe hollandaise Petra Blaisse (agence Inside/Outside) et au Studio DB pour le graphisme.

Les présidents des différents prix jugés en amont de la Biennale et remis à l’occasion d’Agora sont en 2014 l’architecte portugais Eduardo Souto de Moura, pritzker price 2011, Francesco Bandarin, sous-directeur de la culture à l’Unesco, Arturo Dell’Acqua Bellavitis, président de la triennale de Milan, le photographe Georges Rousse et Anne Bosredon-Monnier, designer culinaire.

L’espace public, champ de la transformation du quotidien :

Si l’espace public est à la mode, sa définition est complexe. Agora 2014 va s’attacher à lui donner visibilité et lisibilité, explorant toutes les dimensions de cet espace, lieu politique par excellence, lieu des manifestations (libération de Paris, de la chute du mur de Berlin, des révoltes du printemps arabe...) mais également Agora grecque, le forum, le lieu de rencontre, d’ouverture, de partage, où la question des limites reste une question majeure ; les limites de l’espace public peuvent être physiques, fonctionnelles ou symboliques, et mouvantes selon les usages, selon les pays et les civilisations... six films portant sur six villes (Bordeaux, Skopje, Tokyo, Beyrouth, Mexico et Ouagadougou) dresseront un état des lieux dont on pourra mesurer la variabilité selon la nature des cadres posés, selon la prédominance des paramètres économiques, symboliques ou pratiques qui y sont en jeu.

A l’heure où toutes les villes occidentales s’attachent à créer des espaces publics inclusifs, sympathiques, débarrassés de leurs voitures, le risque est grand de voir se développer partout les mêmes aménagements propres, lisses, sans surprise, aseptisés voir stérilisés.

La discussion est donc ouverte par AGORA 2014 et par Youssef Tohmé pour lequel « L’espace public est le champ très précieux de la transformation du quotidien. Parce qu’il est l’espace de tous les possibles, il a le pouvoir de nous entraîner hors de nous-mêmes. Sa valeur dépend de son potentiel d’expérience et d’aventure ».

C’est à travers ce prisme que le plasticien Franck Scurti capte et détourne les objets de la société contemporaine avec humour : il les remanie et les déplace dans un contexte artistique. La création devient une capture des signes à disposition, une opération faussement objective qui participe de menus décalages.

Du 4 au 16 septembre, Agora 2014 propose, en partenariat avec le FRAC Aquitaine, de découvrir une œuvre grandeur nature Franck Scurti (280 (H) x 953 x 232 cm).

Créée en 1996, Mobilis in Mobili a été acquise par le FRAC Aquitaine en 1997. Cette étonnante habitation, une brique de lait de 4 tonnes qui se transforme en caravane pouvant accueillir des visiteurs par groupe de 5, fait le déplacement des réserves du Frac à La Brède jusqu'à Bordeaux où elle sera exposée et visitable dans la cour de l'Hôtel de ville à l'occasion de la Biennale... proposant aux visiteurs une perspective singulière à apprécier depuis la place Pey-Berland.

Entre ready made et minimalisme, la Biennale offre à l'artiste l'espace nécessaire à l'exposition de cette œuvre légère. L'artiste a pour habitude de détourner les objets de la société contemporaine de leur contexte avec humour, brisant leur signification habituelle. Cette brique déstabilise la réception des signes, brouille l'identification du lien qui unit le signifiant au signifié, la chose et son nom. Elle s'inscrit bien dans cette recherche d'un espace temps singulier proposé par le plasticien dans ses œuvresprécédentes : « Reflets » à la gare de Toulouse Matabiau en 2013 présentait des panneaux publicitaires lumineux déformés comme le sont les objets reflétés par l'eau, ou encore « N.Y.6 am » faisait d'une boite de sardines aux proportions humaines un lit proposé aux visiteurs.

Partager cet article

Repost0
Published by LV_RM - dans Expositions-Décoration Bordeaux Agora 2014
8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 06:52
Les Corses et la Grande Guerre au Musée de la Corse - Corte

Les Corses et la Grande Guerre au Musée de la Corse - Corte

Voilà pour conclure une actualité bien chargée, le blog de l’habitat durable qui s’en va prendre un peu de liberté estivale en ce mois d’août, vous entraine dans les antres du Musée de la Corse, à CORTE. Et oui la Corse ses rivages de toutes beautés recèle bien d’autres splendeurs à découvrir, tels que son patrimoine culturel et historique.

En cette année 2014, qui marque le centenaire de la Grande Guerre, le Musée de la Corse a souhaité présenter une exposition consacrée aux Corses et à la Grande Guerre à partir du 21 juin 2014. Une exposition labellisée par la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale comme projet innovant et structurant pour le territoire.

Cet événement met en lumière ce conflit qui marque un tournant dans l’histoire contemporaine européenne et régionale : s’il n’a pas engendré d’opération militaire sur le territoire, il est souvent dénoncé comme marquant la fin de la société traditionnelle insulaire corse.

Cette exposition évoque les hommes et les femmes impliqués à des degrés divers dans ce conflit en tant que témoins et acteurs de cette période de l’histoire et les bouleversements à court, moyen et long terme, que la Grande Guerre a entraînés ainsi que les modifications socio-économiques inéluctables qu’elle a impulsées dans la société corse et ce jusqu’à nos jours, nourrissant la mémoire collective et les imaginaires sociaux et politiques.

Cette exposition se veut un lieu de réflexion et de compréhension qui nous parle de singularité et d’uniformisation, reliant des trajectoires individuelles à l’histoire régionale et aux grands événements internationaux fondateurs de l’entrée de l’Europe dans le XXe siècle.

Ce projet d’exposition est l’occasion de proposer une nouvelle lecture de la Grande Guerre en rendant compte des dernières avancées scientifiques sur ce sujet et de susciter une réflexion sur les notions de mémoire, de représentation et de construction politique autour d’un événement fondateur.

La multiplicité de médias présentés (photographies, peintures, dessins, sculptures, audiovisuels, journaux, affiches, effets personnels, uniformes, armes, partitions, carnets, jouets, armes...) sont autant de vecteurs pour illustrer les dimensions globales, à la fois économiques, politiques, sociales, culturelles et anthropologiques, de ce conflit.

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

Construite autour de quatre thématiques distinctes, l’exposition Les Corses et la Grande Guerre présente plus de 600 objets.

Séquence I

LA CORSE À LA VEILLE DU CONFLIT, UNE PÉRIPHÉRIE EN CRISE

Une économie insulaire en crise Une périphérie française La naissance d’une identité corse

Séquence II

LES CORSES EN GUERRE, DES HOMMES MOBILISÉS

La mobilisation Une guerre moderne Les régiments « corses » S’évader pour tenir Religion et expression de la foi Ecrire pour survivre Photographier pour témoigner Échapper au front

Séquence III

UNE SOCIÉTÉ INSULAIRE « EN GUERRE »

Propagande et « bourrage de crâne » Un effort de guerre sans précédent Une île, terre de relégation et d’exil Les souffrances d’une île

Séquence IV

DU DEUIL AUX MÉMOIRES, CONSÉQUENCES ET SOUVENIR DE LA GRANDE GUERRE

De la fin du conflit à la mythification de la Grande Guerre Entre souvenir obsessionnel et traumatisme Une Corse nouvelle ? Le cas de la Corse : une mémoire vive et tourmentée

• Un espace dédié au jeune public propose un parcours qui aborde le sujet sous un angle interactif : AU CŒUR DES TRANCHÉES.

• En contrepoint de l’exposition, des photographies et une installation vidéo viennent illustrer le thème : L’UMANA AMBIZIONE + NOTRE SIÈCLE.

• Un colloque interdisciplinaire international « MINORITÉS, IDENTITÉS RÉGIONALES ET NATIONALES EN GUERRE 1914-1918 » organisé par le musée de la Corse les 19 et 20 juin 2014 à l’université de Corse.

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

Alors que la Corse a été géographiquement éloignée du front, la mémoire de la Grande Guerre demeure extrêmement vive dans l’imaginaire insulaire. Ici, peut-être plus qu’ailleurs, ce conflit a marqué un tournant dans l’histoire contemporaine régionale. Cette exposition propose une nouvelle lecture de la Grande Guerre et de ses répercussions en Corse en remettant en question les mythes et les stéréotypes et en explorant les imaginaires sociaux et politiques. À travers plusieurs centaines de documents et d’objets, le visiteur est replongé aussi bien dans les tranchées avec les poilus corses, que dans le quotidien de l’arrière insulaire. L’avant-guerre et les décennies qui suivent celle-ci permettent une mise en perspective des conséquences du conflit.

Le parcours s’organise en quatre séquences principales, destinées à mettre en lien l’histoire globale avec la «petite histoire» des communautés corses au sein du premier conflit mondial.

SÉQUENCE I

LA CORSE À LA VEILLE DU CONFLIT, UNE PÉRIPHÉRIE EN CRISE

Le déclenchement de la Grande Guerre signe la fin de la Belle Époque qui, comme dans de nombreux départements, est loin d’être une période florissante pour l’ensemble de la société insulaire. La dégradation de l’économie, dont la crise remonte à la fin du XIXe siècle, permet de mieux comprendre le processus migratoire qui, pour beaucoup de Corses, va devenir une échappatoire à la misère. À la veille du conflit, la Corse occupe une place stratégique en Méditerranée comme le prouve le renforcement des fortifications de Bonifacio et de Bastia face à un voisin transalpin membre de la Triplice depuis 1896. Cette menace irrédentiste cristallise l’enracinement du patriotisme français. Celui-ci n’entrave cependant pas l’expression d’une identité corse, à la fois vecteur de la républicanisation entre 1870 et 1914 mais aussi support du mouvement régionaliste apparu en réaction à l’état « d’île oubliée et abandonnée » dans laquelle se trouve l’île en 1914.

SÉQUENCE II

LES CORSES EN GUERRE, DES HOMMES MOBILISÉS

De 1914 à 1918, environ 52 800 mobilisés et 2 000 à 3 000 engagés volontaires corses ont répondu à « l’appel de la patrie ». Par sa modernité, cette Grande Guerre va marquer l’entrée de l’Europe dans le XXe siècle.

Mais pour ces combattants d’origine insulaire, ce conflit est avant tout synonyme d’exil même si des régiments marqués par une forte présence corse permettent l’affirmation d’une identité singulière au sein de la nation « en armes ». Comme tous les poilus, les combattants insulaires connaissent la vie dans les tranchées et y adoptent des pratiques, aux formes parfois héritées de leurs spécificités culturelles, comme la solidarité ou la religiosité, leur permettant de tenir dans l’enfer des premières lignes. Parmi celles-ci la correspondance des combattants avec leur famille matérialise ce lien viscéral, cette véritable ubiquité, conservés avec l’île. Elle démontre à quel point l’identité corse survit à la guerre.

Alors que le conflit se fait de plus en plus meurtrier, la combativité des poilus corses n’empêche pas, comme ailleurs, de voir apparaître des stratégies d’évitement destinées à échapper de manière « officielle » au front, c’est-à-dire sans que soit remis en cause le patriotisme des soldats insulaires.

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

SÉQUENCE III

UNE SOCIÉTÉ INSULAIRE EN GUERRE

Si le territoire insulaire est éloigné du front, la société corse n’en a pas moins été directement confrontée au conflit. Les conséquences économiques se font d’autant ressentir que l’île déjà dépendante de ses importations avant la guerre doit faire face à la pénurie provoquée par la réduction des rotations maritimes.

Pourtant, la population locale, décrite en 1908 dans le rapport Clémenceau, comme la plus pauvre d’Europe, a largement participé financièrement à l’effort de guerre. Patriotisme et volonté de hâter la fin du conflit et le retour des mobilisés sont à l’origine de cette participation massive aux quêtes et aux emprunts nationaux. Le « bourrage de crâne » fait certes son œuvre... au point d’être intégré dans les esprits insulaires sans toutefois déclencher une haine du Boche à laquelle les 2 000 prisonniers de guerre et internés en captivité dans l’île auraient pu faire face.

De même, l’accueil réservé par la population corse aux réfugiés serbes et juifs démontre que l’hospitalité et la solidarité conservent tout leur sens. Pourtant, la société insulaire souffre du conflit à travers l’apparition des mutilés, l’annonce des morts et des disparus ainsi que les ravages de la grippe espagnole.

SÉQUENCE IV

DU DEUIL AUX MÉMOIRES, CONSÉQUENCES ET SOUVENIR DE LA GRANDE GUERRE

Au-delà des incalculables conséquences démographiques du conflit, le poids du deuil dans les familles insulaires aux lendemains de la Première Guerre mondiale se mesure à travers le souvenir des 10 à 12 000 Corses « morts au champ d’honneur ». Ce véritable traumatisme collectif explique le mythe des 40 000 morts, l’instrumentalisation de celui-ci et les reconstructions mémorielles apparaissant dans les affrontements idéologiques et partisans que se sont livrés différents courants ou formations politiques insulaires de la fin des années 1920 jusqu’à nos jours. Le souvenir de ce conflit s’inscrit donc dans un rapport singulier avec la nation. Depuis le début des années 2010, ce poids mémoriel persiste à travers le nouveau combat qu’animent diverses associations réunies dans un collectif pour la réhabilitation en droit des fusillés corses pour l’exemple de 14-18.

Toussaint Guglielmi, Corsica Association Sintinelle – Fonds Biaggi & Gregori © Association Sintinelle/DR

Toussaint Guglielmi, Corsica Association Sintinelle – Fonds Biaggi & Gregori © Association Sintinelle/DR

AU CŒUR DES TRANCHÉES

Exposition destinée au jeune public (6-11 ans)

Ce parcours destiné au jeune public s’offre comme un sas de sensibilisation à la visite de l’exposition Les Corses et la Grande Guerre.

Comment franchir le fossé du temps et rendre cette histoire accessible à des enfants dont le quotidien est à des années lumières des tranchées ? Ce sont leurs arrière- arrière-grands-parents qui ont peut-être vécu la Grande Guerre... Comment évoquer l’horreur sans traumatiser ? Impossible de faire revivre tel quel l’enfer des tranchées.

Au cœur des tranchées relève le défi en traitant ce pan d’histoire sous l’angle de l’émotion et du vécu quotidien. Centré sur l’humain et les sensations, le parcours, qui propose une série d’expériences subjectives et sensorielles, est un outil qui permet de faire sens de ces fragments, de prendre de la distance et de s’interroger sur l’Histoire.

La scénographie développe un univers qui mêle des éléments très réalistes avec une évocation plus symbolique des tranchées. Empruntés au registre visuel militaire, le graphisme aux couleurs franches, évoque les rubans des médailles, le mobilier rappelle les caisses et cantines.

Le matériau dominant est la couverture grise. Tantôt pliée tantôt roulée, utilisée pour évoquer les sacs de sable, les bandages ou pour former les parois d’un espace plus intimiste, elle évoque par sa texture râpeuse l’inconfort de la guerre. Symbole de protection aussi, elle réconforte et aide le soldat à lutter contre le froid.

SUR LE QUAI DU DÉPART

En préambule au parcours, une fresque panoramique d’un quai d’embarquement sert de point de rassemblement pour les visiteurs. Le décor campe l’ambiance qui préside au début de la campagne. Personne ne s’imagine alors en « prendre » pour 4 ans...

EN ROUTE VERS LE FRONT

L’image du départ laisse la place à un environnement rappelant celui des tranchées. Promiscuité, rats et poilus figés au fond du cul-de-sac montrent qu’on s’enfonce dans le conflit.

LA TRANCHÉE DES ÉMOTIONS

La vie dans les tranchées. Une suite d’illustrations inspirées de documents pris sur le vif retrace le quotidien du soldat.

Le bruit et les odeurs des tranchées.

Sons et odeurs sont diffusés dans ce boyau pour faire ressentir l’environnement sensoriel, celui des soldats confinés dans leur tranchée.

Le refuge des pensées. Un ensemble de boîtes représentant les souvenirs et pensées permettent de s’immerger dans les pensées d’un poilu. Une manière de montrer que la guerre touche les acteurs au front, mais aussi ceux qui sont restés au pays.

LES INDISPENSABLES

Le barda. Les enfants décryptent le contenu d’un barda. Accessoires réglementaires, objets intimes, voire insolites aident à supporter physiquement et moralement cette situation extrême qu’est la guerre. Le poids du barda. Un dispositif permet d’expérimenter physiquement ce que représentent ces 35 kilos.

RÉCITS DE VIE

Implanté au cœur du parcours un espace audiovisuel diffuse des récits de soldats en bande dessinée.

LA MÉMOIRE

Trois écrans tactiles permettent la consultation des carnets réalisés dans le cadre du concours Les petits artistes de la mémoire, la grande guerre vue par les enfants, organisé par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Les enfants réinterprètent l’histoire personnelle d’un poilu et deviennent à leur tour vecteurs de cette mémoire.

• COIN LECTURE Albums, livres documentaires, BD, livres de poésie sont mis à disposition pour en savoir plus.

• SUPPORT PÉDAGOGIQUE En début de parcours, les jeunes visiteurs se voient remettre une petite besace qui contient un support individuel, le petit journal de la Grande Guerre. Ce carnet propose pour chaque thème une activité. Tout au long du parcours, l’enfant récolte des vignettes illustrées, « fragments » d’expérience, qui, découpées, commentées et collées dans le carnet permettent de prolonger l’expérience de visite.

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

L’UMANA AMBIZIONE + NOTRE SIÈCLE

En contrepoint de l’exposition les Corses et la Grande Guerre

Photographies : Jean-André BERTOZZI / Installation vidéo : Leonardo BOSCANI

Un projet dont l’objectif est de mener une réflexion sur la dimension historique de la mémoire.

L’UMANA AMBIZIONE :

Ces 21 portraits réalisés entre 2002 et 2005 par Jean-André Bertozzi mettent en scène les derniers survivants des îles de Corse et de Sardaigne de la première Guerre mondiale. Ces images sont devenues aujourd’hui des objets d’histoire.

Avec le temps, les ultimes témoins de ce conflit ont disparu... Ne restent aujourd’hui, outre leur images muettes, que les paroles d’un de ces anciens que Leonardo Boscani a inscrites dans une installation vidéo : « La conta ». Une ronde enfantine, sur un fond d’hymnes nationaux, vient rythmer l’apparition de ces paroles perdues.

Des images et des paroles comme les derniers échos d’un siècle qui lentement s’éloigne de nous.

NOTRE SIÈCLE :

Le visiteur passe dans un labyrinthe de visages qui le mène vers une sculpture photographique : « Notre siècle ». Cette stèle de verre sortant du sable nous présente un premier regard sur ce siècle. Ces images en couleurs, comme un siècle naissant, ont été faites juste avant que ne cesse la tranquillité : un coin de verdure dans un champ, des officiers dans leurs beaux uniformes, mais déjà au loin le bruit du canon...

De multiples témoins, aujourd’hui muets, qui nous renvoient vers un souvenir unique : notre inconscient collectif.

Anonyme Prisonniers de guerre du 363e régiment d’infanterie, bataille de la Chapelotte Collection particulière Pierre Filippini © Coll. Pierre Filippini/DR

Anonyme Prisonniers de guerre du 363e régiment d’infanterie, bataille de la Chapelotte Collection particulière Pierre Filippini © Coll. Pierre Filippini/DR

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

Dates :

21 juin 2014-28 mars 2015

Lieu :

Musée de la Corse, Citadelle de Corte - 20250 CORTE

Coordonnées :

museedelacorse.info@ct-corse.fr Tél. : 04 95 45 25 45 Fax. : 04 95 45 25 36

Horaires :

Du 22 juin au 20 septembre : 10 h - 20 h tous les jours

Du 21 septembre au 31 octobre : 10 h - 18 h tous les jours sauf les lundis

Du 1er novembre au 28 mars : 10 h - 17 h tous les jours sauf les dimanches, lundis, fériés et 24 décembre FERMETURE ANNUELLE Du 31 décembre au 14 janvier inclus

Commissariat :

Sylvain GREGORI, Attaché de conservation du patrimoine, Docteur en histoire de l’université de Provence, Chercheur associé au CMMC-Université de Nice et Président et cofondateur de l’association d’histoire militaire corse Sintinelle. Jean-Paul PELLEGRINETTI, Professeur des Universités, Responsable de l’ANR ICEM (Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine Université de Nice-Sophia Antipolis).

Scénographie :

Yves Kneusé, architecte scénographe et Charlotte Vaillant, architecte intérieur

Graphisme :

Gaëtan Laroche

Publications :

• Catalogue et brochure de l’exposition Les Corses et la Grande Guerre Coédition Musée de la Corse, CTC/Albiana

• Bande dessinée AIÒ ZITELLI ! Récits de guerre 14-18 Coédition Musée de la Corse, CTC/Albiana

Activités pédagogiques :

Visites guidées et ateliers à destination du jeune public

(6-11 ans) et des classes Réservation : 04 95 45 26 02 jeanne.luciani@ct-corse.fr Visites guidées à destination des collèges et lycées Réservation : 04 95 45 26 06 cecile.liberatore@ct-corse.fr

Visites guidées :

Visites guidées à destination des groupes.

Réservation : 04 95 45 26 06 cecile.liberatore@ct-corse.fr

www.musee-corse.com

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

© CTC, musée de la Corse 2014/Philippe Pierangeli

Partager cet article

Repost0
Créer un blog gratuit sur overblog.com - Contact - CGU -