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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 11:35
 Exhumation des vestiges de la Première Guerre mondiale, près de Reims

Exhumation des vestiges de la Première Guerre mondiale, près de Reims

Une équipe d’archéologues de l’Inrap exhume actuellement des vestiges de la Première Guerre mondiale, près de Reims. Sur 4,5 hectares, cette fouille de l’Inrap, prescrite par l’État (Drac Champagne-Ardenne), est réalisée en amont de la construction d’une zone d’activités par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Reims-Epernay. Mises en œuvre pour l’étude de vestiges de l’âge du Fer et de la période gallo-romaine, ces recherches ont aussi permis la découverte d’un camp de soldats allemands à l'arrière du front. Peu de camps de seconde ligne ont été fouillés à ce jour alors qu’ils documentent un quotidien différent de celui des premières lignes.

Un camp de seconde ligne en zone allemande

Ce camp est implanté sur un territoire occupé par les Allemands durant toute la guerre, à proximité d’un ancien nœud ferroviaire qui alimentait le front en vivres et en armes. Sur le front, chaque compagnie avait la garde d’une portion de tranchée. Elles en étaient relevées environ toutes les trois semaines, les soldats se reposant alors dans un camp à l’image de celui d’Isles-sur-Suippe, avant de remonter au front. Parmi elles, la huitième compagnie de pionniers réservistes est mentionnée sur une plaque de four en fonte. Dans ces camps de seconde ligne, l’activité militaire habituelle était assurée : formation des recrues, entraînements physiques et militaires, corvées de ravitaillement, de terrassement et de fortification des lignes arrières.

Sur le terrain, les archéologues exhument un riche mobilier révélant le quotidien des soldats : bouteilles de vin, d’eau gazeuse, flacons pharmaceutiques, fioles en verre, boites de conserves, assiettes bavaroises et vaisselle française... De nombreux ossements animaux, portant des traces de découpe, reflètent l’alimentation des soldats. La quinzaine de fosses fouillées livre également des restes d’équipements militaires : filtres de masques à gaz, pointes de casque, semelles… Un cendrier réalisé dans une douille d’obus témoigne de « l’artisanat de tranchées ». La fouille révèle aussi quantité d’objets liés à l’hygiène. En effet, en seconde ligne, les soldats avaient le temps et les moyens de s’y consacrer.

L’une des fosses contient un mobilier insolite, sous un cheval, un crâne d’ours et ses griffes taxidermisés, probable trophée de chasse, une statuette de dogue allemand, de la vaisselle fine… Cet ensemble appartenait peut-être à un officier.

Des baraquements

Quatre cabanes de 13 m de long sont regroupées dans une portion du site. La fouille de la première d’entre elles révèle un plancher et un escalier en bois. Pour les archéologues il peut s’agir de cabanes de soldats, pouvant accueillir 24 hommes environ ou de soutes à munitions. Quelques cartouches françaises de première génération et datées de 1916 sont présentes dans ce bâtiment. Ces munitions récupérées servaient à défendre les secondes lignes, l’usage des armes récentes les plus performantes étant réservées au front.

INRAP-Camp allemand

INRAP-Camp allemand

INRAP-Camp allemand

INRAP-Camp allemand

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Published by LV_RM - dans Archéologie
21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 07:56
L’homme de Tourville-la-Rivière, vestiges d’un pré-Néandertalien

L’homme de Tourville-la-Rivière, vestiges d’un pré-Néandertalien

Une équipe d’archéologues de l’Inrap a mis au jour, sur le site préhistorique de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime), les vestiges d’un pré-Néandertalien. Cette découverte a fait l’objet d’une publication dans la revue internationale PLOS ONE par un groupe de chercheurs du CNRS, de l’Inrap, de l’université nationale australienne, du Centre national de recherche sur l’évolution de l’Homme à Burgos (Espagne) et du département d’Anthropologie de l’université Washington à Saint Louis.

Malgré les nombreux sites très anciens exhumés depuis la fin du XIXe siècle, les fossiles humains du Pléistocène moyen (781 000 - 128 000 ans) restent extrêmement rares en Europe du nord-ouest. En effet, hormis les deux crânes fragmentaires de Biache-Saint-Vaast dans le nord de la France, les rares fossiles humains de cette période proviennent de dix sites entre Allemagne et Angleterre. L’individu de Tourville-la-Rivière constitue une découverte majeure en Europe pour la connaissance de cette lignée humaine.

Le pré-Néandertalien de Tourville-la-Rivière

Les vestiges humains fossiles se composent des trois os longs du bras gauche d’un même individu (humérus, cubitus et radius). L’étude paléoanthropologique et les analyses morphologiques et métriques permettent de les attribuer à la lignée néandertalienne. Le fossile et l’occupation humaine sur le site de Tourville-la- Rivière sont datés entre 236 000 et 183 000 ans. Cinq échantillons d’os humains ont été analysés par les isotopes radioactifs de la série de l’Uranium 238 et huit dents animales par la même méthode et celle de l’Electro spin raisonnance (ESR). S’il est impossible de déterminer le sexe de l’individu, en raison des dimensions des diaphyses des trois os, ils pouvaient appartenir à un « grand » adolescent ou à un adulte.

L’absence de preuves d’une intervention humaine ou de carnivores sur les ossements laisse envisager un scénario : le bras entier de ce pré-Néandertalien a été charrié par la Seine avant de se déposer, avec ou sans la main, sur les berges ou sur des bancs de sable au pied de la falaise crayeuse de Tourville-la-Rivière

image : © Denis Gliksman, Inrap

© Denis Gliksman, Inrap

© Denis Gliksman, Inrap

Un néandertalien atteint d’enthésopathie ?

L’Homme de Tourville est le premier fossile humain aussi ancien qui révèle, sur son humérus, une crête inhabituelle à l’endroit de l’attache du muscle deltoïde. Cette anomalie résulte, selon toute vraisemblance, de la sollicitation du muscle deltoïde postérieur par un mouvement répétitif – peut-être celui du lancer – qui peut être comparable à celle observée chez certains athlètes professionnels contemporains.

Bien que cette anomalie ait eu probablement peu d'influence sur la survie de l'individu, elle pose des questions sur le comportement individuel et collectif, la vie quotidienne des homininés du Paléolithique moyen.

Tourville la rivière il y a 200 000 ans

Site préhistorique et paléontologique, Tourville-la-Rivière est situé dans un des nombreux méandres de la vallée de la Seine, à 14 km au sud de Rouen. Il offre une imposante séquence, de plus de 30 m de haut, reposant sur la basse terrasse de la Seine. La stratigraphie se compose de nappes d’alluvions qui se sont accumulées entre 350 000 et 130 000 ans avant notre ère. En 2010, la fouille d’un hectare s’est focalisée sur celles riches en vestiges et caractéristiques de la fin d’une période interglaciaire, datant d’environ 200 000 ans.

© Denis Gliksman, Inrap

© Denis Gliksman, Inrap

Une faune de climat tempéré

Les espèces animales présentes sont caractéristiques de ce contexte de fin de période interglaciaire : outre le cerf, on trouve l’aurochs et deux espèces d’équidés (dont l’hydrontin). Avec ces herbivores grégaires, il y a également du sanglier et du rhinocéros. Ils sont accompagnés de plusieurs carnivores : le loup, le renard, l’ours et la panthère. En plus de cette grande faune abondante, le site livre également des petits mammifères (chats sauvages) ou des rongeurs (castor, lièvre). Cette accumulation résulte, pour une large part, de phénomènes naturels : des carcasses animales, entières ou partielles, charriées par le fleuve, viennent se déposer sur les berges ou sur des bancs de sable de Tourville-la-Rivière.

Des outils particulièrement élaborés, remarquablement performants

L’industrie en silex est peu abondante au regard de la surface fouillée (500 objets seulement sur un hectare). Ce sont des lames et des éclats produits selon un processus particulier et complexe, la technique Levallois. Par exception, une petite aire de débitage concentre, sur moins de 3 m2, 300 objets. Elle offre de précieuses informations sur les objectifs de production recherchés par les tailleurs pré- Néandertaliens. Les éclats et lames Levallois, remarquablement performants du point de vue fonctionnel, répondent à des besoins immédiats d’outils spécifiques et permettent de prélever des matières animales (viande, tendons, peaux...) sur la faune déposée naturellement sur les berges de la Seine.

© Denis Gliksman, Inrap

© Denis Gliksman, Inrap

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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 06:54
Une importante nécropole du Néolithique moyen à Fleury-sur-Orne

Une importante nécropole du Néolithique moyen à Fleury-sur-Orne

Une équipe d’archéologues de l’Inrap, plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe, mène actuellement, sur prescription de l’État (Drac Basse-Normandie), une fouille de 20 hectares à Fleury-sur-Orne, dans le cadre de l’aménagement de quartiers d’habitation par Normandie Aménagement et l’agglomération de Caen-La-Mer. Le site révèle une importante nécropole du Néolithique moyen (4500 avant notre ère) contenant une vingtaine de monuments funéraires dont un tertre encore intact.

Il y a 6500 ans, une architecture funéraire monumentale

Au cours du Néolithique moyen, de nouveaux types de monuments funéraires apparaissent : des constructions de terre et de bois, dont la longueur varie de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres. Ces sépultures monumentales, les premières du genre sont dénommées « de Passy » – du nom du site éponyme dans l’Yonne. Ces grands monuments allongés sont délimités par des fossés auxquels peuvent être associée une palissade. Elle enserre un tertre abritant la tombe de défunts remarquables. En rupture avec les traditions antérieures, ces monuments funéraires suggèrent une nouvelle hiérarchisation de la société.

À Fleury-sur-Orne, une vingtaine de ces tombes monumentales a été repérée par les archéologues. Leur taille et leur morphologie sont variées : de 12 m à 300 m de longueur, enserrés de fossés de 20 cm à plus de 15 m de large.

Photo : Vue aérienne du site © François Levalet / Inrap

Reconstitution hypothétique de la plaine occupée par la nécropole © Laurent Juhel / Inrap

Reconstitution hypothétique de la plaine occupée par la nécropole © Laurent Juhel / Inrap

Un tertre encore intact

Il y a 6500 ans, ces sépultures étaient recouvertes d’un tertre de terre, une élévation que l’agriculture moderne a généralement fait disparaître. À Fleury, l’un deux a été exceptionnellement fossilisé par un chemin antique. Son mode de construction est très original : des murs en « mottes de gazon », édifiés à partir de plaques de tapis herbeux empilées. L’étude des éboulements suggère que ce tertre, ou tumulus, devait atteindre, à l’origine, plus de 2 m de haut. De tels tumuli étaient encore visibles dans le paysage de Fleury jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

© François Levalet / Inrap

© François Levalet / Inrap

Sous les tertres, les sépultures.

Chaque monument est conçu pour abriter quelques sépultures, souvent un seul défunt. Les sépultures les plus caractéristiques sont très grandes – 3,5 à 4 m de long – et contiennent un homme en armes. Peut-être un arc, assurément des flèches dont seules les pointes nous sont parvenues. Des moutons entiers sont placés en guise de viatique auprès du défunt. Contemporaines des grands dolmens des rives de l’Atlantique, les tombes monumentales de Fleury ont mobilisées des énergies considérables au bénéfice de quelques-uns et signent l’émergence d’une différentiation sociale.

Ces fouilles déboucheront prochainement sur une série d’analyses, paléo- génétiques, isotopiques, parasitologiques, pour en savoir plus sur la lignée de ces groupes humains, mais aussi sur leur alimentation, les maladies dont ils souffraient.

© François Levalet / Inrap

© François Levalet / Inrap

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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 06:50
Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat
Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…

Grâce au prêt exceptionnel d’une partie des trésors nationaux de la collection de bronzes antiques du Maroc découverts à Volubilis, le MuCEM présente l’un des aspects majeurs du bassin antique méditerranéen. Fruit d’une convention signée entre le royaume du Maroc et le gouvernement français, l’exposition témoigne d’une collaboration étroite entre la Fondation nationale des musées du Maroc et le MucEM.

Les collections de bronzes du musée de Rabat figurent parmi les plus exceptionnelles du monde antique méditerranéen. Bien que découverts, pour la plupart, à Volubilis, ils n’ont pas été produits dans cette région de l’Empire romain. Ils témoignent cependant d’une mode -ou de modes- en vogue dans l’Empire romain entre le II è siècle avant J.-C. et le II è siècle après J.-C. Pour autant, nous ne connaissons pas leurs lieux de production, qui peuvent être localisés aussi bien en Italie, en Grèce, qu’en Méditerranée orientale - Turquie, Jordanie - où des ateliers de fabrication ont été découverts à ce jour. Outre leur qualité technique intrinsèque, les bronzes de Volubilis se signalent par une esthétique particulièrement représentative des modèles en cours dans la Méditerranée gréco-romaine.

L’ensemble des bronzes en provenance de Volubilis est mis en espace en regard d’œuvres issues d’autres régions méditerranéennes. Parmi celles-ci, nous avons pu bénéficier des précieuses collections du Louvre, du cabinet des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France, du musée de l’Ephèbe d’Agde et du musée départemental Arles antique. Elles illustrent magistralement le langage commun des élites méditerranéennes de l’Antiquité.

Il s’agit bien là d’un témoignage de ce bassin de civilisation qu’est la Méditerranée à l’époque antique : un vaste espace ouvert où les hommes circulent depuis le premier millénaire avant J.-C. de Tyr à Carthage, de l’Asie Mineure aux confins atlantiques en passant par la Mer Noire, de Phocée à Marseille, de Milet à Olbia, de Théra à Cyrène…

Photo: Buste de Juba II, vers 25 av. J.-C., Musée Archéologique de Rabat

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…

SPLENDEURS DE VOLUBILIS jusqu’au 25 AOÛT 2014

L’art n’est pas figé, il est en mouvement, il se nourrit d’influences nombreuses et sa fonction dépend de l’époque et du contexte. dans un bassin méditerranéen antique où Rome étend sa domination, les hommes, les marchandises, les goûts et les esthétiques circulent, se mélangent et s’imposent. Volubilis, site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNeSCO, offre un exemple saisissant de l’hellénisation des goûts et des arts officiels dans l’empire romain.

Sous la direction de Myriame Morel-Deledalle, conservatrice du patrimoine, le Musée archéologique de Rabat prête au MuCEM une série de statues de bronze datant du IIe siècle av. J.-C. au IIe siècle apr. J.-C. Avec la participation de la Bibliothèque nationale de France, du musée du Louvre, du musée d’Agde et du Petit-Palais, l’exposition Splendeurs de Volubilis consacre la vocation du MuCEM à rassembler en un lieu symbolique les cultures et les trésors patrimoniaux du pourtour méditerranéen. Le visiteur est ainsi plongé dans l’antique Maroc, nommé royaume de Maurétanie sous la domination des Romains. Volubilis fut un avant-poste important de l’Empire romain et a été ornée de nombreux beaux monuments témoins de la romanisation de la cité. L’archéologie nous a révélé une statuaire qui témoigne de l’hellénisation des goûts et des arts autour de la Méditerranée antique. À l’image de son roi Juba II, issu de la dynastie numide mais élevé à Rome, éduqué aux arts grecs, marié à une Égyptienne et placé à la tête de la Maurétanie par Auguste, cette exposition propose de montrer que la Méditerranée est un carrefour des peuples, de l’art et des esthétiques et favorise les échanges entre les nombreuses provinces de l’Empire romain.

Cette circulation du « beau », de ses influences, de ses références et de ses techniques s’illustre par une série de statues de bronze retrouvées dans la cité antique de Volubilis. Comme des témoins muets, ces statues montrent une certaine uniformisation des goûts artistiques et esthétiques autant que l’importance de montrer et d’afficher cette esthétique officielle. Certains enseignants pourront évoquer la romanisation, thème rencontré dans le programme scolaire de l’enseignement secondaire. L’histoire de l’époque et de la région est riche en éléments importants. La lutte entre César et Pompée a une incidence directe sur le royaume de Maurétanie, sur son futur roi Juba II et donc sur le devenir de la cité de Volubilis.

L’exposition illustre une époque de transformation où la République romaine laisse place à l’Empire et où le pouvoir doit être mis en scène, notamment, par la statuaire. Splendeurs de Volubilis raconte aussi une histoire des arts. L’élève pourra s’initier à l’art de la statuaire. Il reconnaîtra les genres, les écoles et les courants artistiques mais également la fonction sym- bolique et politique que peut avoir une œuvre d’art comme moyen d’affirmer une volonté politique qui transcende les frontières et unifie les codes esthétiques.

- « De la Numidie à la Maurétanie » présente la Maurétanie, son histoire, l’empreinte des Romains en ces terres et l’origine des familles régnantes.

- «Les goûts et les modèles» permet de caractériser les styles, les fonctions et les esthétiques des statues de bronze.

- « Le savoir-faire du bronze » nous met à la place du sculpteur d’hier et d’aujourd’hui afin d’appréhender les techniques de réalisation de ces statues.

Le royaume de Maurétanie se trouve au nord-ouest de l’Afrique. Alors que Jules César traverse le Rubicon avec ses légions pour prendre le contrôle de Rome, Pompée s’oppose à lui pour défendre la République. Durant cette guerre civile entre Pompée et César, le royaume de Maurétanie aura l’imprudence de prendre le parti de Pompée, ce qui entraînera, après sa défaite, un accroissement de la pression romaine sur ses terres. Le royaume sera gouverné par Juba II

(25 av. J.-C. - 23 apr. J.-C.), un souverain numide enlevé et élevé à Rome, marié à Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre VII. Le couple, élevé à Rome selon les goûts romains, va régner sur la Maurétanie et faire du royaume une province importante et fidèle à l’Empire romain.

Le règne de Juba II accélère la romanisation de la région et l’hellénisation des arts et de la statuaire. À Volubilis, résidence occasionnelle du couple royal, les archéologues ont mis au jour de nombreuses statues de bronze qui rendent bien compte de la volonté du roi et des riches habitants de la cité d’avoir accès à l’esthétique et aux goûts de leurs homologues romains de l’autre rive de la Méditerranée.

Après la mort de Juba II en 23, son fils Ptolémée prend la relève jusqu’à son assassinat à Lyon sur ordre de l’empereur Caligula. La province est alors annexée en 44 mais entre en rébellion. Volubilis, fidèle à Rome, participe à la répression de cette rébellion et obtiendra récompense, le statut de municipe romain faisant de ses habitants libres des citoyens romains et accélérant encore la romanisation de la cité.

Cette première partie de l’exposition est propice à la contextualisation tant chronologique que géographique. Les élèves pourront profiter des cartes et des chronologies pour reprendre les repères à connaître.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…

De la Numidie à la Maurétanie Tingitane

Rome est d’abord l’histoire d’une cité qui devient empire. Par une série de conquêtes militaires, l’influence de Rome s’étend sur tout le pourtour méditerranéen. L’antique royaume de Maurétanie entre dans cette histoire par l’implication du roi Bocchus Ier (120-80 av. J.-C.) dans le conflit qui opposa son gendre Jugurtha à Rome. Cette section montre comment Rome a su imposer son influence sur les immenses terres de Maurétanie et de Numidie grâce à un couple de souverains élevés à Rome et inspirés par l’héritage hellénistique. Juba II et Cléopâtre Séléné seront des vassaux fidèles à Rome qui participeront à la romanisation de la Maurétanie.

À la fin du IIe siècle av. J.-C., le royaume de Mauréta- nie entre dans la sphère d’influence de Rome à la suite du conflit qui l’oppose à Jugurtha. On constate l’appa- rition de produits romains dans les villes du royaume. Mais la mainmise de Rome sur la région s’intensifie lorsque César triomphe de Pompée. En effet, Juba Ier, roi de Maurétanie, s’était allié à Pompée. Vaincu, son fils, le futur Juba II, est enlevé pour être éduqué à Rome. Auguste aura l’intelligence d’en faire un véri- table Romain avant de lui donner la responsabilité d’administrer, avec sa femme, Cléopâtre Séléné, ce vaste territoire. Un certain nombre de bronzes et de statues sont alors importés par le couple royal afin de reproduire le décorum romain. Adoptée par les riches notables, l’imagerie artistique romaine s’impose bien- tôt ainsi que les monuments typiquement romains. La région se romanise. Le fils de Juba II, Ptolémée, est assassiné à Lyon par Caligula en 40. C’est à cette date que la région devient officiellement province romaine et prend le nom de Maurétanie Tingitane avant de connaître un rapide essor économique.

Buste de JUBA II

Juba II est un Numide qui a tout d’un Romain. Après la défaite de son père face à César et son suicide en 46 av. J.-C. Juba II sera élevé à Rome dans la famille d’Octave. Au cœur de la plus puissante des familles romaines, il sera pétri de culture classique. Il est connu des Grecs et des Romains en tant que savant, artiste, homme de lettres, auteur de plusieurs traités sur les lettres, la peinture, le théâtre, l’histoire, la géographie et la médecine. Il est placé sur le trône de Maurétanie par Auguste en 25 av. J.-C. Qualifié « d’allié et d’ami de Rome », il sera marié à Cléopâtre Séléné, fille de la très célèbre Cléopâtre VII et de Marc Antoine. Elle fut également élevée à Rome afin que, descendante de la famille des Lagides, elle devienne une parfaite Romaine. De par sa naissance africaine, son éducation romaine et son mariage avec une princesse de culture hellénistique, Juba II est un roi érudit, à la culture méditerranéenne. Il sera un grand collectionneur d’art et on lui doit l’importation d’un certain nombre d’œuvres présentes dans cette exposition.

Sur ce buste, il apparaît en souverain hellénistique, le visage imberbe et les cheveux courts ceints du bandeau royal. L’idéalisation de sa représentation montre les qualités de l’individu. Sur différentes monnaies, on peut remarquer des inscriptions en latin ou en grec et parfois en punique, signe de son multiculturalisme. On trouvera sur les monnaies qui représentent Cléopâtre Séléné des attributs égyptiens qui rappellent l’origine illustre de sa famille.

Monnaie en Or de PTOlÉMÉE

Sur cette monnaie, on peut voir le portrait du roi Ptolémée en buste, drapé et diadémé. Il est identifié par l’inscription REX PTOLEMAEUS.

Au revers est représenté un autel décoré d’une couronne et flanqué d’arbres. Au dessus, l’inscription R.A.I. (anno regni I) permet de dater la monnaie. Ptolémée est le fils de Juba II et de Cléopâtre Séléné. Il est associé au trône par son père en 19 puis règne sur la Maurétanie de 23 à 40 apr. J.-C. Il était extrêmement rare que des monarques clients de l’Empire romain soient autorisés à frapper du monnayage en or ; seuls les rois du Bosphore et ceux de Maurétanie avaient ce privilège.

Malgré cette faveur, signe des bonnes relations entre la Maurétanie et Rome, l’histoire de Ptolémée se termine mal. Ptolémée est assassiné sur ordre de Caligula à Lyon en 40. Il aurait suscité la jalousie de l’empereur lors d’un séjour à Rome en portant un manteau de pourpre, couleur réservée à l’empereur.

PORTRAIT DE CLÉOPÂTRE VII en ISIS

Cléopâtre VII est un personnage historique que la plupart des élèves connaissent. Cette statuette la représente avec les attributs de la déesse égyptienne Isis. Très importante en Égypte, Isis fait également l’objet d’un culte dans l’Empire romain. Cléopâtre VII, descendante de la puissante famille des Lagides, est la mère de Cléopâtre Séléné, femme de Juba II.

Son destin a connu un certain succès dans le cinéma, les séries et les bandes dessinées, ce qui explique sa popularité.

Elle est connue pour sa grande beauté et fait partie intégrante des intrigues qui secouent la République romaine durant la guerre civile. Elle a connu Jules César et lui donnera un fils, Césarion, représenté dans l’exposition (voir l’enfant royal). Après la mort de Jules César, Octave, son fils adoptif, s’oppose rapidement à Marc Antoine, un ami de César. Marc Antoine se marie alors avec Cléopâtre VII et les tensions montent entre Rome et Alexandrie. La guerre éclate et Marc Antoine est vaincu par Octave à la bataille d’Actium en 31 av. J.-C. Marc Antoine se suicide peu après et Cléopâtre le suit dans la tombe. La légende raconte qu’elle se serait donné la mort grâce à la morsure d’un aspic venimeux. Le contrôle de Rome est alors à la portée d’Octave qui deviendra le premier empereur en 27 av. J.-C.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…

VOLUBIS CAPITALE RÉGIONALE

Volubilis a livré à l’archéologie de nombreux trésors dont la plupart des bronzes exposés au MuCEM. Elle est considérée comme la résidence régionale de Juba II qui va s’empresser de décorer la cité en important des œuvres d’inspiration romaine. La cité est riche, on y trouve une forte production oléicole qui rappelle la trilogie méditerranéenne composée du blé, de la vigne et de l’huile d’olive. La ville devient romaine après l’assassinat de Ptolémée et continue de se transformer et de prospérer. Elle ne cesse de s’étendre pour atteindre une superficie de 42 hectares au IIe siècle.

La cité offre des monuments «mauritaniens» comme un mausolée ou des temples dits «puniques» mais également des éléments romains qui montrent la romanisation de la cité. On trouve, entre autres, un forum, une basilique, des thermes, un arc de triomphe et des demeures à péristyle typiques de l’urbanisme romain. Ces demeures prouvent que la volonté de faire de Volubilis une ville semblable aux cités romaines n’est pas de la seule initiative de Juba II. Les riches habitants souhaitent également se rapprocher des codes esthétiques des patriciens romains. Les élèves pourront repérer les différents monuments d’inspiration romaine sur le plan aquarellé de Jean-Claude Golvin et pourront faire le lien entre l’urbanisme de Rome et celui des cités des provinces. Un rappel sur la fonction des différents bâtiments permet de mettre en lumière le mode de vie romain à travers les bâtiments aux fonctions politiques, religieuses et de loisir.

Les fouilles débutent en 1915, supervisées par Louis Chatelain, lieutenant de réserve et membre de l’École française de Rome. Il s’en occupera jusqu’à sa retraite en 1941 et sera remplacé par Raymond Thouvenir. Les premières fouilles ont dégagé les alentours de l’arc de triomphe, de la basilique et ont commencé à mettre au jour une partie du centre monumental (forum, capitole, tribune, thermes, maisons...). La découverte des différentes sculptures en bronze s’étale sur plusieurs dizaines d’années. Les statues sont retrouvées dispersées dans différentes parties de la ville, la plupart ensevelies. La majorité des statues ont été importées. Cependant quelques pièces auraient pu être fabriquées sur place comme en témoigne la découverte dans le jardin des Oudaya de Rabat de sept têtes masculines en plâtre qui servaient de modèles.

En plus des monuments et des bronzes découverts, les archéologues ont mis au jour des mosaïques somptueuses dans les riches villas des négociants. Le site de Volubilis est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997. Les nombreuses photos du site invitent l’enseignant à expliquer aux élèves en quoi consiste le travail d’un archéologue et à mettre en évidence l’importance de ces découvertes pour l’histoire antique.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…

LES GOÛTS ET LES MODÈLES

Si Rome domine la Méditerranée, c’est l’art grec qui imprime sa marque sur les différentes cultures durant l’Antiquité. On trouve, comme point commun liant les différents peuples de ce vaste ensemble, les mêmes modèles artistiques. L’art est diffusé et utilisé par Rome comme un moyen de faire connaître à tous le visage de l’empereur et les marques de la domination romaine. des scènes mythologiques et religieuses participant d’une culture commune se retrouvent également autour de la Méditerranée et à Volubilis.

PORTRAIT POLITIQUE ET ESTHÉTIQUE DU POUVOIR

On peut aborder cette section en posant une question simple aux élèves : comment, à une époque où les médias modernes n’existent pas, peut-on faire connaître à tous le portrait de l’empereur ? Les portraits politiques se retrouvent partout, dans la sculpture et sur les monnaies. Ils sont standardisés et répondent à un certain nombre de codes. L’art est ici mise en scène du pouvoir et magnificence de l’empereur et participe au culte que tous doivent lui rendre.

Buste de CATON en bronze

Ce buste remarquable représente Caton d’Utique comme l’indique l’inscription sur sa poitrine. La statue le représente de manière austère et hautaine. Très réaliste, cette représentation montre à quel point les sculpteurs pouvaient rendre compte des détails de la peau, des rides et de la chevelure.

Caton était un homme politique du temps de Jules César et de Pompée. Adversaire farouche de César en qui il voyait un futur tyran, il s’engagea aux côtés de Pompée durant la guerre civile de 49 av. J.-C. Après la mort de Pompée, il rassembla ce qui restait des forces hostiles à César et tenta de résister en Afrique. Juba Ier fit partie de cette coalition qui fut défaite lors de la bataille de Thapsus. Le fils de Juba Ier fut enlevé pour être élevé à Rome tandis que Caton se donna la mort à Utique (Tunisie).

Jules CÉSAR et JUBA Ier dit « Le triomphe de CÉSAR »

Cette plaquette est l’œuvre d’un artiste de la Renaissance, Antonio Averlino, connu sous son pseudonyme grec, Filarete. À l’heure où l’art antique est redécouvert en Europe, Filarete offre ici une scène de triomphe au temps de la guerre civile. Rome se mettait en scène lors des grandes victoires pour affirmer et montrer à tous la supériorité de sa civilisation. Ici, on remarque une procession composée de quatre personnages. Le premier cavalier, Jules César, passe triomphant devant un signifer portant le signum, emblème dont le sommet représente l’aigle impérial, l’aquila. Le deuxième cavalier est le vaincu, Juba Ier. Il est représenté comme un Barbare et est suivi par un prisonnier à pied et nu. Cette plaquette donne l’occasion d’expliquer aux élèves la genèse des arcs de triomphe et de cette cérémonie importante pour Rome.

Portrait d’Auguste en Marbre

Auguste est le premier empereur de Rome. Fils adoptif de Jules César, il prend le contrôle de Rome et transforme la République en Empire. Il met en place un pouvoir centralisé et se met en scène pour affirmer sa suprématie. Auguste placera Juba II sur le trône de Maurétanie après l’avoir fait élever à Rome. Le premier empereur de Rome sera l’objet de nombreuses représentations diffusées dans tout l’Empire.

Ce marbre représentant le portrait de l’empereur est de type Prima Porta qui se définit par la position et le dessin des mèches frontales. Les élèves pourront comparer ce portrait avec la célèbre statue en pied d’Auguste Prima Porta conservée au musée Chiaramonti à Rome.

Captif barbare

Tout ce qui n’est pas romain est barbare. Les Romains divisent l’humanité ainsi. Ils se disent civilisés, vivent dans des cités et recherchent le raffinement et la paix tandis que les Barbares sont réputés vivre en tribus loin des villes. Redoutés, ils sont considérés comme brutaux et dépourvus de sensibilité. Les élèves pourront relever la manière dont est représenté le Barbare.

Il est captif, sous la domination des Romains qui écrasent leurs adversaires de l’époque par leur puissance militaire. Cette statuette de bronze découverte en 1960 dans le prétoire du camp militaire de Thamusida révèle quelques caractéristiques communes à la représentation des Barbares par les Romains : ils portent le sagum, une tenue de Barbare. Entre la cape et la toge, le sagum est un vêtement porté en Europe notamment par les tribus germaniques.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…
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MODÈLES CLASSIQUES ET ARCHAÏQUES

L’hellénisme est un ensemble de références culturelles et artistiques communes. Des écoles enseignent aux artistes, notamment les sculpteurs, à reproduire les modèles archaïques et classiques hérités de la Grèce. Inspirés par des artistes classiques du Ve siècle av. J.-C. comme Polyclète, Praxitèle et Phidias, les sculpteurs qui adoptent ce modèle utilisent le canon, un ensemble de rapports de proportions mathématiques, afin d’atteindre une représentation idéalisée des corps. Le goût pour le modèle archaïsant se retrouve dans certaines œuvres et fait référence à l’art grec du VIIe siècle av. J.-C.

L’ÉPHÈBE à la Couronne de Lierre

L’éphèbe est un personnage qu’on retrouve souvent dans la statuaire classique. Dans le monde grec, l’éphèbe est un jeune garçon qui vient de sortir de l’autorité féminine et entre dans la vie adulte par le service militaire : l’éphébie. Représentant la beauté et la grâce de la jeunesse, cet éphèbe, retrouvé en 1932 près de l’arc de triomphe de Volubilis, est caractéristique du style classique. Nu, bien proportionné, musclé finement, il représente un idéal. Il s’inscrit dans une série dite «lampadophores» c’est-à-dire porteurs de flambeau (ici disparu). Cet éphèbe est d’influence polyclétéenne, en référence à Polyclète, célèbre sculpteur du premier classicisme (Ve siècle av. J.-C.).

Il est l’exemple même de la copie des modèles artistiques et de la diffusion des goûts. Ce style obéit à un canon inventé par Polyclète. Celui-ci repose sur un ensemble de rapports numériques entre les différentes parties du corps : le torse et les jambes ont la même hauteur, trois fois la hauteur de la tête ; le bassin et les cuisses mesurent respectivement les deux tiers du torse et des jambes.

TÊTE dite de Bénévent

Cette exceptionnelle tête de jeune homme est faite de bronze avec des appliques de cuivre rouge au niveau des lèvres. Elle devait certainement orner un pilier dans une belle demeure ou à la palestre, l’endroit où les exercices physiques étaient pratiqués.

La couronne d’olivier sauvage dont est ceinte la tête du jeune homme rappelle d’ailleurs la récompense offerte aux athlètes vainqueurs des jeux d’Olympie. Cet éphèbe, athlète, reprend des thèmes très en faveur dans la sculpture grecque classique et réexploitée chez les Romains : la beauté idéale et la victoire. Le visage est construit selon les principes de l’école argienne et témoigne de la persistance de l’influence polyclétéenne au Ier siècle avant notre ère. Le menton plein, le contour de la bouche, la forme du nez dont les ailes joignent les joues par de légères dépressions manifestent l’héritage du maître argien, ainsi que les mèches de cheveux finement travaillées.

L’ÉPHÈBE Verseur

Ce troisième éphèbe devait tenir un rhyton (vase) dans la main droite et une coupe dans la main gauche. Les élèves pourront remarquer quelques différences de représentation entre cette statue et les deux précédentes. Bien qu’elles reprennent le thème de la beauté masculine et juvénile, elles n’obéissent pas exactement au même style artistique.

Cet éphèbe verseur est d’influence praxitélienne du nom du grand sculpteur Praxitèle (IVe siècle av. J.-C.). et correspond au deuxième classicisme. Son influence sur la sculpture ultérieure est surtout traduite pour les nus masculins par un hanchement prononcé et une grâce plus féminine. La musculature est moins affirmée et les courbes plus accentuées.

Le Cavalier

Ce cavalier représente un quatrième éphèbe, une fois de plus différent. Les élèves pourront chercher ce qui le différencie des trois autres. Il est en position de cavalier, musclé, son visage donne l’impression d’une tranquille assurance. Il symbolise la beauté masculine et juvénile. Mais il ne se conforme pas au modèle classique. Sa chevelure coiffée en calotte plate avec des mèches séparées symétriquement par une raie fait penser à un style archaïque très à la mode à l’époque d’Hadrien.

L’influence archaïque fait référence à la plus ancienne époque de la Grèce antique (Xe – VIIe siècle av. J.-C.). Elle se caractérise par une plus grande simplicité des formes et des postures. Les proportions ne respectent pas le canon.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…
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SCULPTURES DE GENRE

La statuaire romaine n’est pas faite que d’idéalisme et de survalorisation du beau. Le réalisme de scènes plus banales est aussi un thème que l’on retrouve souvent. On y représente les gens qui font le quotidien ou des personnages publics avec un effort pour se rapprocher de la réalité.

L’enfant Royal - CÉSARION

Cette statue est le portrait d’un jeune garçon d’environ 6 ans. Il est caractéristique de l’époque hellénistique car il mélange des attributs grecs (tunique courte ceinturée et manteau attaché par une fibule) avec des attributs égyptiens (boucles d’oreilles, yeux cernés de khôl). L’enfant royal possède également des attributs royaux via une symbolique religieuse. On y voit un foudre, évoquant Zeus, sur un ruban lui-même symbole de la protection des divinités égyptiennes.

C’est grâce à ces indices et au travail des archéologues et des historiens que des hypothèses ont pu être faites sur l’identité de ce petit garçon. Il s’agirait d’un des fils de Cléopâtre VII : soit Césarion, alias Ptolémée XV, héritier du trône d’Égypte et fils de Jules César ; soit Ptolémée, le deuxième fils que Cléopâtre eut de Marc Antoine.

Cette statue est remarquablement réalisée et particulièrement bien conservée. La très haute qualité des coulées et des assemblages par soudures montre que le fondeur et le sculpteur étaient tout à fait exceptionnels.

Le Vieux pêcheur

Nous sortons ici de la représentation idéalisée ou politique pour montrer aux élèves que les scènes de la vie quotidienne étaient également des sujets de représentation. Si on demande aux élèves une rapide comparaison entre les éphèbes et ce vieux pêcheur ils trouveront qu’on a ici une statue plus réaliste et «humble» que les autres. L’homme est vêtu d’un exomis, tunique courte réservée aux ouvriers et aux soldats, et fait le geste d’un pêcheur. Le remarquable travail sur son visage, dévoilant les rides, la calvitie et insistant sur sa vieillesse, s’inscrit dans la tradition hellénistique. Avec l’exemple du vieux pêcheur et par la comparaison avec ce qui a été vu précédemment, il est possible de faire émerger la différence entre l’idéalisme et le réalisme dans la statuaire hellénistique.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…
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LE DÉCOR DOMESTIQUE

Dans les riches demeures, le mobilier est décoré, les jardins ornés de fontaines et de sculptures puisées dans le répertoire commun de l’Empire romain. Dieux et créatures dionysiaques décorent ces lieux et illustrent le bien-vivre de la cité.

Chien attaquant

Cette œuvre fait preuve d’un réalisme remarquable. Le chien est en position d’attaque, menaçant, prêt à bondir. Il était à l’origine accompagné d’un personnage debout représentant Diana, déesse romaine de la chasse. Il s’agit d’un élément de fontaine puisqu’il existe des orifices circulaires dans le corps et la gueule.

Buste de Jupiter

Ce buste nous offre un exemple du goût des Romains pour la décoration intérieure. Cette pièce servait de couronnement à un trépied et représente un homme barbu identifié au dieu Jupiter, lequel émerge d’une corbeille de feuilles.

Les splendeurs de Volubilis ensorcellent les antres du MUCEM…
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LE SAVOIR-FAIRE DU BRONZE

La plupart des statues retrouvées à Volubilis ont été importées de Grèce ou d’Italie, acheminées par bateau puis par chariots jusqu’à leur destination. Il est difficile de savoir avec précision où elles furent produites. La création de ces statues se faisait dans des ateliers de fondeurs et de sculpteurs qui pouvaient être itinérants. Une fois la commande achevée, il n’était pas rare que l’atelier soit démonté et les fosses, servant à la fabrication, rebouchées. Cette itinérance avait l’avantage de permettre de diffuser les techniques à travers l’empire.

MODÈLES ET PLÂTRES

THÉSÉE Terrassant le Minotaure

Les mythes et légendes, héritages des Grecs et des Crétois, sont toujours des sujets de représentation sous la domination romaine. Les élèves auront étudié au collège l’Iliade et l’Odyssée ainsi que quelques récits mythologiques antérieurs. Rares sont ceux qui ne connaissent pas le minotaure de Cnossos enfermé dans le labyrinthe et l’histoire de Thésée. Ces légendes déjà anciennes sont sans cesse rappelées et, à mesure que circulent les représentations mythologiques, les légendes antiques survivent au passage du temps. Ici, le sculpteur représente l’action et l’effort. Thésée est ceint du bandeau des héros vainqueurs, le minotaure dont le visage est humain ne peut que perdre. Tout dans le jeu des muscles exprime l’effort, la violence mais les visages restent impassibles, presque sereins. La virtuosité de l’assemblage en fait une pièce remarquable.

Virtuosité, patines et alliages

Certains sculpteurs-fondeurs sont de véritables virtuoses. Leur connaissance des matériaux et leur expertise technique permettent d’obtenir un rendu somptueux. Les patines nécessitent un grand savoir-faire. Après la coulée, la statue est souvent dorée mais on peut altérer sa couleur en appliquant divers produits oxydants. Il faut alors chauffer la sculpture à feu doux et appliquer les mélanges jusqu’à l’obtention du rendu souhaité.

Retombée du paludamentum

Cet élément de décor appartient à une statue d’un empereur. Il s’agit d’une retombée de son manteau impérial appelé paludamentum. La technique utilisée est remarquable. Le sculpteur a employé différentes méthodes de placage et d’incrustation pour obtenir des patines polychromiques : noir violacé, jaune orangé et brun olivâtre. Très décoré, ce paludamentum illustre une victoire militaire. On peut y voir un trophée, des armes et des captifs barbares reconnaissables à leurs braies (pantalon), les mains enchaînées derrière le dos. Au vu des motifs de leurs braies l’un d’eux est parthe et l’autre celte. Ces illustrations symbolisent la puissance de l’empereur sur la terre. Deux monstres marins à tête de cheval et de panthère illustrent sa domination sur les mers. Vu la taille de la draperie, la statue impériale devait être de dimension colossale. Les historiens pensent qu’il s’agissait de Caracalla, Britannicus maximus et Parthicus maximus, vainqueur des Parthes et des Bretons que la dédicace de l’arc de triomphe de Volubilis nous décrit comme conduisant un char à six chevaux.

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Venir au Musée

ACCÈS

métro 1 et 2 : station Vieux-Port ou Joliette (15 min à pied) tramway T2 : arrêt République / Dames ou Joliette (15 min à pied)

bus n° 82, 82s et 60 (arrêt Fort Saint-Jean) ou n° 49 (arrêt Église Saint-Laurent) autocar aire de dépose-minute > Boulevard du Littoral (en face du musée Regard de Provence)

> Avenue Vaudoyer (le long du soutènement de la butte Saint-Laurent, en face du fort Saint-Jean)

CONTACT

MuCEM 1, esplanade du J4 CS 10351 13213 Marseille Cedex 02 réservations et renseignements 04 84 35 13 13 tous les jours de 9h à 18h reservation@mucem.org Tous les jours de 9 h à 18 h

JOURS ET HEURES D’OUVERTURE

Groupes scolaires accueillis tous les jours sauf le mardi, sur un horaire prioritaire : 9h-11h

AUTOUR DE L’EXPOSITION

visite guidée de l’exposition Splendeurs de Volubilis Collège et lycée, dès la 6e Cette visite est un parcours sur la cité de Volubilis du temps de sa splendeur, qui permet de découvrir son contexte en Méditerranée. L’occasion de réfléchir à la circulation des canons esthétiques et d’approcher les principes des fouilles archéologiques.

Durée 1 h Tarif 50€ TTC pour 30 personnes, accompagnateurs inclus. Réservation obligatoire

visite autonome, sans guide conférencier du MuCEM Gratuit pour 30 personnes, accompagnateurs inclus. Réservation obligatoire

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25 juillet 2014 5 25 /07 /juillet /2014 06:54
tombe à char gauloise à Warcq
tombe à char gauloise à Warcq

Une exceptionnelle tombe à char gauloise à Warcq dans les Ardennes

Une équipe mixte, composée d’archéologues de la cellule départementale d’archéologie des Ardennes et de l’Inrap, la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe, vient d’achever la fouille de la tombe aristocratique gauloise de Warcq (Ardennes). Sur prescription de l’État (Drac Champagne-Ardenne), ce chantier a été entrepris sur le tracé de l’autoroute A304, aménagé par la Dreal, entre Charleville-Mézières et Rocroi.

Ce type de tombe aristocratique, contenant un char d’apparat ou de guerre, émerge dès le VIIe siècle avant notre ère et disparait avec la fin de la période gauloise. La Champagne-Ardenne est célèbre pour de telles pratiques funéraires, généralement datées du début du second âge du Fer (Ve-IVe siècles avant notre ère).

Le défunt, son char, ses chevaux et son riche mobilier...

Les vestiges mis au jour dans la tombe de Warcq s’avèrent aujourd’hui exceptionnels. La vaste chambre funéraire (5,50 x 2,80 m) est préservée sur plus d’un mètre d’épaisseur. Dans ce milieu humide, son coffrage et son plafond de bois se sont très bien conservés. Au cours du temps, ce dernier s’est directement effondré sur le sol de la chambre, le défunt et ses biens. Le mobilier funéraire exhumé est d’une grande richesse. Il se compose d’un char à deux roues, d’apparat. Le véhicule est finement décoré, notamment de pièces de bronze, parfois serties de pâte de verre bleu foncé ou jaune sur la caisse et les moyeux. D’autres objets de bois plus énigmatiques sont encore recouverts d’une fine feuille d’or. Un des éléments les plus spectaculaires est l’inhumation de quatre chevaux : deux dans les angles sud-ouest et nord-ouest, deux à l’avant du char, sous le joug. Le défunt, probablement un homme, repose sur la caisse du char. Un exceptionnel collier d’or, probablement sur trame de cuir ou de bois, enserre encore son cou. Une fibule est liée à ses vêtements. Un fourreau d’épée ployé, une paire de forces et un rasoir en fer reposent à ses côtés. Trois vases en céramique, entiers, ont été écrasés lors de l’effondrement du plafond de la chambre. Enfin, un cochon constitue une des offrandes alimentaires. Tout indique ici une mise en scène funéraire élaborée, très spectaculaire, dont certains aspects sont fort peu courants dans les tombes à char de Champagne. Tout d’abord la présence de quatre chevaux, mais aussi celle d’un fourreau d’épée plié en deux, une pratique fréquente dans les sépultures celtiques d’Italie du Nord mais peu attestée en Gaule. De même, l’un des vases, de forme balustre, porte un décor géométrique, probablement réalisé à l’étain dont aucun équivalent n’a encore été reconnu en France. Enfin, et avant même d’en définir la chronologie précise, de nombreux indices permettent d’attribuer la tombe à char de Warcq à la fin du IIe siècle ou du début du Ier siècle avant notre ère (La Tène D1), période où ce mode d’inhumation a pratiquement disparu.

Une exceptionnelle tombe à char gauloise à Warcq dans les Ardennes

La Cellule départementale d’Archéologie des Ardennes

Le Conseil général des Ardennes s’est doté d’une Cellule départementale d’archéologie pour réduire les délais d’intervention, diffuser et valoriser les découvertes auprès des Ardennais et pour la recherche et diffusion à la communauté scientifique. Dotée de 6 agents permanents, elle a été agréée le 22 juin 2009 par le ministère de la Culture et de la Communication pour la réalisation des diagnostics sur le territoire départemental, de fouilles gallo-romaines et médiévales. Cet agrément vient d’être renouvelé pour 5 ans à compter du 22 juin 2014. En cinq ans, la cellule départementale a réalisé 84 opérations de diagnostic pour une superficie de 458 hectares.

Une exceptionnelle tombe à char gauloise à Warcq dans les Ardennes

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Published by LV_RM - dans Patrimoine Archéologie Warcq tombe à char
31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 06:48

Operation-lune1.jpgOpération lune, l’épave cachée du Roi-Soleil, dimanche 23 juin à 20.45 sur ARTE.

Disparu en 1664, le trois-mâts Lune repose à 90 mètres de profondeur. Aujourd’hui, le progrès technologique permet enfin l’exploration de l’épave, retrouvée en 1993. Une enquête archéologique exceptionnelle au sein du vaisseau amiral de Louis XIV.

On a plongé sur la “lune”

La Lune, trois-mâts amiral de Louis XIV, a été retrouvée au large de Toulon par 90 mètres de fond. Des technologies de pointe permettent aujourd’hui l’exploration de cette épave extraordinairement bien conservée. Plongée dans le XVIIe siècle... et dans le futur de l’archéologie sous-marine.

L’histoire est digne d’un polar : en novembre 1664, la Lune, défaite et surchargée, se présente à l’entrée du port de Toulon. Le trois-mâts avait été envoyé par le jeune Roi-Soleil pour ravitailler le corps expéditionnaire qui se battait contre les pirates barbaresques en Afrique du Nord. Mais l’affrontement a tourné à la débâcle pour les troupes françaises et la Lune revient avec, à son bord, entre 800 et 1 000 hommes, la plupart blessés ou malades. Soucieuses de dissimuler ce fiasco, les autorités du port lui refusent l’entrée dans la rade. Elles prétextent le risque de peste et l’envoient mouiller aux îles d’Hyères. Le capitaine proteste, arguant du piteux état de son bateau, vieux de vingt ans et surchargé. En vain : il doit reprendre la mer. Le 6 novembre 1664, “par un très fâcheux temps”, le vaisseau se perd corps et biens sans atteindre son lieu de quarantaine. Il a coulé “comme un bloc de marbre”, dira un témoin. Stratèges et diplomates s’efforcent alors d’étouffer l’affaire. Et la Lune sombre dans l’oubli, pour plus de trois cents ans.

“La ‘Lune’, c’est notre Pompéi”

Le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) du ministère de la Culture, avec le soutien de la Marine nationale et de Dassault Systèmes, entre- prend aujourd’hui l’exploration de l’épave. “La Lune, c’est la malle au trésor !”, s’exclame Michel L’Hour, directeur du DRASSM et responsable des recherches. Pourquoi un tel enthousiasme ? L’épave, repérée en 1993 par le nautile, un sous-marin d’exploration de l’Ifremer, est extraordinairement bien conservée. Les canons sont encore à poste, le fanal de poupe émerge du sédiment. La Lune a sombré droit. “Le bateau a coulé très, très rapidement. il s’est empli vraisemblablement par le fond. Une pièce essentielle a dû lâcher, et de ce fait, il n’a pas subi de torsion liée à des poches d’air ; il ne s’est pas retourné ; il n’a même pas coulé sur le côté”, explique Michel L’Hour. En outre, la profondeur (90 mètres) l’a préservé des intempéries, des pilleurs et des curieux. Instruments de navigation, vaisselle, mousquets et sans doute restes humains attendent les chercheurs au fond de la Méditerranée. Une véritable fenêtre ouverte sur le XVIIe siècle : “La Lune, c’est notre Pompéi”, déclare encore le directeur du DRASSM.

Un laboratoire d’essai

Lorsque les scientifiques retrouvent la Lune en 1993, ils décident de prendre soin de ses vestiges. Considérant qu’ils ne disposent pas de technolo- gies suffisamment avancées pour une exploration en bonne et due forme, ils attendent presque vingt ans pour se jeter à l’eau. Jusqu’en octobre 2012, où ils mobilisent alors des moyens considérables. Trois bateaux ont été affrétés : l’andré-Malraux, le navire de la DRASSM, le Jason, un remorqueur de la Marine nationale, et le navire de recherche Minibex. Une équipe de documentaristes est également à bord pour tourner Opération Lune – L’épave cachée du Roi- soleil. Guillaume Pérès, son producteur, compare les moyens techniques mis en œuvre à ceux nécessaires à l’exploration du Titanic. Les participants de cette aventure sont en effet unanimes : les épaves de grand fond seront au cœur de l’archéologie sous-marine de demain. “Une opération telle que la nôtre est un laboratoire d’essai”, confirme Michel L’Hour. La Marine nationale a ainsi mis à disposition son New Suit, un scaphandre atmosphérique high-tech permettant aux plongeurs de demeurer dans les profondeurs plusieurs heures durant. Les objets relevés sur le site seront traités à l’aide de nouvelles méthodes de conservation et de restauration. Les technologies de simulation 3D de Dassault Systèmes ouvrent également de nouvelles perspectives. Michel L’Hour se prend ainsi à rêver : “Grâce à la réalité virtuelle, pouvoir fouiller, depuis mon bureau de Marseille, n’importe quelle épave dans le monde.” Dernier objectif, et non des moindres : en déployant de tels moyens, les scientifiques entendent également faire œuvre de pédagogie. Opération Lune invite en effet à découvrir aussi bien des vestiges du XVIIe que les méthodes archéologiques du XXIe siècle.

Documentaire de Pascal Guérin et Herlé Jouon (France, 2013, 1h25mn) ~ Coproduction : ARTE France, Grand Angle Productions, GAD, Dassault Systèmes, Ethic Prod, Alhoa Production


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Published by LV_RM - dans Archéologie
11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 06:52

Paris_Metro.jpg« L’archéologie, fouilles et découvertes » dans les couloirs des lignes de métro 3 et 14

Depuis le 3 avril et jusqu’au 14 juin prochain,  l’Inrap, structure de recherche archéologique française, la RATP et GRTgaz qui construit, exploite et développe le réseau de transport de gaz naturel en France à haute pression sur la majeure partie du territoire national, proposent aux voyageurs des lignes 3 et 14 de remonter le temps grâce à l’archéologie, cette science singulière qui découvre et étudie les vestiges des sociétés humaines.

L-arche-ologie--fouilles-et-de-couvertes.jpg

Ligne 14, une exposition – « L’archéologie, fouilles et découvertes » – propose 7 fenêtres ouvertes sur de grands territoires de fouilles archéologiques. Dans les stations Madeleine, Pyramides, Gare de Lyon et Bercy, elle fait découvrir l’ampleur des recherches et des découvertes récemment mises au jour en France par les chercheurs de l’Inrap.

Des formes en découpe représentent les silhouettes de pointes de flèche, haches de pierre, trompette de guerre, forces à tondre, couteau de boucher, amphore à vin... autant d’objets préhistoriques, gaulois, romains, médiévaux, exhumés par les archéologues.

Chaque objet laisse entrevoir une fouille, celle d’un habitat mésolithique à Auneau, d’une maison néolithique à La Mézière, de fermes gauloises à Corps-Nuds et à Saint-Sauveur-des-Landes, de l’oppidum de Moulay, d’une villa gallo-romaine à La Guyomerais, d’une église de l’ancien prieuré Sainte-Marie-Madeleine à Mantes-la-Jolie.

L-arche-ologie--fouilles-et-de-couvertes1.jpg

À la station Europe (ligne 3), ce sont 10 films d’animation, Les experts de l’archéologie, qui sont diffusés sur 9 écrans. Cette série fait découvrir de façon humoristique quelques métiers de la discipline : xylologue, archéozoologue, archéologue, tracéologue, topographe, palynologue, géomorphologue, céramologue, anthropologue, anthracologue.

Une série de propositions graphiques, pédagogiques, poétiques et étonnantes qui viennent nous rappeler que lorsque l'on creuse les sols de nos villes (et campagnes !) pour y construire une nouvelle ligne de métro, jaillissent parfois du fond des temps d'étranges et magnifiques témoignages de civilisations nous ayant précédé et qu'il est bon de préserver.

Avant d’entreprendre des travaux d’aménagement, comme l’enfouissement d’un gazoduc, les diagnostics sur l’emprise des travaux prévus permettent d’évaluer le potentiel archéologique du sous-sol. En fonction de ces premiers résultats, l’État peut décider de faire réaliser des fouilles.

Le développement du réseau de transport de gaz offre l’opportunité d’approfondir ce travail de mémoire. Vecteur de sécurité et de compétitivité, ce réseau prépare aussi l’avenir en facilitant l’utilisation de gaz renouvelable. Avec l’Inrap, GRTgaz bénéficie de toutes les compétences pour sauvegarder par l’étude les vestiges enfouis de l’histoire et faire partager au plus grand nombre des découvertes archéologiques. GRTgaz mécène cette exposition.

L-arche-ologie--fouilles-et-de-couvertes2.jpg

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Published by LV_RM - dans Archéologie
26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 07:48

Fouilles Archéologiques préventivesUn baromètre de satisfaction des aménageurs concernant l’activité de fouilles archéologiques préventives

Depuis 2003, l’activité de fouilles archéologiques préventives est entrée dans le secteur concurrentiel. Dans ce contexte, l’Institut national de recherches archéologiques préventives – principal opérateur d’archéologie préventive en France – a mis en place en 2010 le plan « Reconquête aménageurs » pour améliorer sa qualité de service, tout en demeurant la référence nationale sur le plan scientifique.

Un baromètre de satisfaction des aménageurs :

Dans ce cadre, l’Inrap s’est doté d’un outil de mesure – le baromètre de satisfaction des aménageurs –, et a confié à l’institut Kheolia la mise en œuvre de cette enquête annuelle. En 2012, elle a porté sur tous les aménageurs pour lesquels l’Inrap a réalisé des fouilles au cours de l’année précédente. Ainsi, sur 208 aménageurs, 112 ont répondu, constituant un excellent échantillon statistique et représentant de façon très satisfaisante la géographie des fouilles en métropole et outre-mer, comme la typologie des chantiers : publics, privés, urbains, ruraux...

Une ancienne puissance gauloise et gallo-romaine a-copie-7

La qualité de la « relation client » plébiscitée :

La qualité de la relation de l’Inrap avec ses clients apparaît comme le point le plus apprécié et constitue un véritable atout pour l’institut (95 % de satisfaction). Le niveau de compétence des interlocuteurs au sein de l’Inrap, leur disponibilité et l’attention portée aux contraintes des aménageurs sont plébiscités.

Une gestion maîtrisée des délais :

Contrairement à une idée reçue, la gestion des délais fait partie des pratiques particulièrement bien perçues : 90 % des aménageurs soulignent que leur chantier a débuté en temps voulu et, pour 84 % des aménageurs, les délais de chantier ont été parfaitement respectés.

Un savoir-faire opérationnel reconnu :

87 % des aménageurs apprécient la tenue du chantier : respect des contraintes de l’aménagement, des procédures de sécurité, organisation de la fouille, état du terrain...

Le squelette d’un mammouth mis au jour à Chang-copie-5

Valorisation et communication : une mission appréciée :

Les actions de valorisation et de communication mises en place par l’Inrap correspondent à une attente et satisfont 86 % des aménageurs.

Le devis : un point à améliorer :

Les opinions sur les devis sont plus nuancées : si 29 % des aménageurs en sont « très satisfaits », 17 % trouvent insuffisante la lisibilité des devis de l’Inrap.

Le prix : un critère de choix déterminant :

Enfin, de façon attendue, le coût des fouilles constitue le critère prédominant pour les aménageurs dans le choix de l’opérateur d’archéologie préventive, et suscite 41 % d’insatisfaction chez les aménageurs qui, s’ils apprécient la qualité des prestations de l’Inrap, perçoivent néanmoins l’archéologie préventive comme une coûteuse contrainte.

Château de Philippe-Auguste-Archeologie

Les leçons d’un premier baromètre :

Il ressort de cette première étude plusieurs conclusions :

—            la relation de l’Inrap avec les aménageurs s’est considérablement

améliorée, passant d’une situation de rejet du principe même de l’archéologie préventive par les intéressés, à une relation relativement normalisée entre un prestataire efficace et des clients respectueux de la loi dont ils comprennent de mieux en mieux les principes et les enjeux ;

—            les actions de diffusion de la connaissance et de communication de l’Inrap sont appréciées, notamment par les aménageurs privés, pour lesquels la valorisation des résultats donne du sens à l’effort financier consenti ;

—            le professionnalisme de l’Inrap est reconnu, mais le « système » de l’archéologie préventive induit encore des procédures et des délais mal vécus par les aménageurs ;

—            le coût des fouilles reste, logiquement, aux yeux des aménageurs, un critère fondamental pour déterminer le choix de l’opérateur. Il convient donc de mieux réguler la concurrence entre les opérateurs d’archéologie préventive afin qu’elle soit réelle et non faussée.

L’intégralité de l’étude est consultable sur le site Internet de l’Inrap. Ses résultats font partie des indicateurs du contrat de performance 2011-2013 signé par l’Inrap avec l’État.

temple antique sous le couvent des Jacobins-

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Published by Lucvieri - dans Archéologie
18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 13:00

Civitas-Sanitensium1.jpgLes vestiges d’un édifice pré-roman à Civitas Sanitensium-Senez

Une découverte archéologique a mis au jour une cathédrale pré-romane à Senez.

Senez, village de 180 habitants, était une cité gallo-romaine situé sur une voie axiales interprovinciaux à l’époque romaine.

Le village de Senez est le siège d'une ancienne capitale de cité gallo-romaine (Civitas Sanitensium), transformée en évêché au cours du Ve siècle de notre ère. Le diocèse perdure jusqu'à la révolution et est ensuite annexé à Digne. La cathédrale actuelle, qui remonte à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, est un bel exemple de l'architecture romane tardive des Alpes du Sud.

Deux grands axes interprovinciaux, la via Domitia allant de Rome à l’Espagne et la via Aurelia, route littorale des Alpes-Maritimes, traversaient la Provence d’Est en Ouest.

Reliant l’une à l’autre, deux importantes voies perpendiculaires parcourent le Verdon. La première joint Cularo-Grenoble à Forum Julii-Fréjus par Sisteron, Riez et les abords de Sainte-Croix (les vestiges du pont antique jeté sur la rivière sont noyés par les eaux du lac). La seconde va de Vinitium-Vence à Segustero-Sisteron via Salinae-Castellane, Sanitensium-Senez et Dinia-Digne, desservant ainsi la partie méridionale des Alpes-Maritimes. Ces itinéraires transversaux se doublent d’un axe longitudinal de moindre importance dont subsistent quelques tronçons, en rive droite du Verdon. Il mène de Castellane à Aix-en-Provence par Chasteuil, les confins septentrionaux de Rougon, La Palud, Moustiers, Riez, Allemagne, Saint-Martin-de-Brômes, Gréoux- les-Bains et Vinon-sur-Verdon.

Des bornes milliaires, de forme colonnaire et hautes de 1 à 3 m, sont implantées tous les milles (1 480 m), le bornage est effectué lors de travaux de maintenance de la voie, plusieurs sont encore visibles. Un maillage serré de sentiers dessert l’ensemble du pays, ses domaines et ses agglomérations.

L'opération de fouilles prise en charge par le Service départemental d'archéologie du Conseil général des Alpes- de-Haute-Provence a permis de mettre au jour des maçonneries sous les niveaux de sol actuels. Ces vestiges appartiendraient à un édifice antérieur à la cathédrale romane. Ils laissent apparaître plusieurs tombes correspondant à des types et des périodes différents. Les sépultures les plus anciennes remontent au haut Moyen Âge et les plus récentes à la période romane. Une de ces tombes contenait un pégau (vase funéraire) intact, datant probablement des XIe-XIIe siècles.

La construction pourrait ainsi dater de la période préromane (début XIe siècle), voire de la période carolingienne (IXe-Xe siècle). Des traces d'occupation plus anciennes laissent supposer que les bâtiments et la nécropole s'implantent sur un site occupé dès la fin de l'Antiquité.

Cette découverte importante pour l'archéologie régionale apporte des informations essentielles sur l'histoire de l'évêché de Senez, particulièrement méconnu et peu documenté jusqu'à maintenant. Bien que Senez soit aujourd'hui un village de 180 habitants, il s'agissait au Moyen Âge d'un centre administratif important, qui exerçait un pouvoir religieux sur toute la partie sud-est de l'actuel département des Alpes- de-Haute-Provence (moyenne et haute vallée de l'Asse ; moyenne et haute vallée du Verdon).

Dans cette région, l’avènement du christianisme va opérer de grands bouleversement au IIIème siècle.

Les premiers monastères se constituent, les ermites se retirent au désert. Ces institutions s’implantent tout naturellement ses institutions, dès l’an 325 lors du concile de Nicée, dans les cités importantes : ce sont les archevêchés d’Aix-en-Provence et d’Embrun, eux-mêmes subdivisés en évêchés.

Les évêchés de Riez et Fréjus sont rattachés à la métropole aixoise. Celui de Castellane, déplacé à Senez dès 506, dépend de l’archevêché d’Embrun. Les paroisses de La Verdière et Vinon sur Verdon font partie de l’archevêché aixois.

Du mobilier liturgique, plaques de cancel et autels paléochrétiens, a été découvert à Saint-Julien-le-Montagnier et Esparron-de-Verdon, des sarcophages à Moustiers Sainte Marie, ainsi que des épitaphes, mais c’est à Riez que subsistent les plus beaux édifices de cette période, dont les vestiges de la cathédrale érigée au lieu-dit Notre-Dame de la Sed où se tint le concile de 439. La chrétienté entre en crise dès le VIe siècle, les textes stigmatisent le déclin de la foi et le comportement des prélats. Charles Martel lutte contre les incursions sarrasines, pacifie les lieux de 732 à 737 et prend le titre de Patrice de Provence…..

Civitas-Sanitensium.jpgSépulture médiévale accompagnée d'un vase

 

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 07:50

Cha-teau-de-Philippe-Auguste-Archeologie.jpgUne décharge du XVIe siècle découvert aux pieds du Château de Philippe-Auguste…

Lors de fouilles archélogiques initiées par le service régional de l’Archéologie (Drac de Haute- Normandie) l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a mis au jour un vaste dépotoir du XVIe siècle révèlant un mobilier archéologique riche et varié : céramiques, ossements, déchets d’artisanats.

Cette découverte située aux abords du Château de Philippe-Auguste (Rouen) a été prescite préalablement à la réalisation d’un programme immobilier  par Bouygues à l’angle des rues Verte et Pouchet, à proximité de la gare, à Rouen.

Le terrain se situe au nord-ouest du centre-ville historique de Rouen, aux abords du château de Philippe-Auguste. Les archéologues y ont identifié un site destiné à recueillir les déchets des habitations voisines au XVIe siècle.  Date à laquelle la démolition du Château fut ordonnée après un incendie et des destructions importantes dues aux guerres de religion.

La Haute Tour de Jeanne d’Arc  haute de 35 mètres environ, est le seul vestige encore en élévation du château bâti à Rouen par le roi Philippe-Auguste au lendemain de sa conquête de la Normandie, en 1204. Maintes fois modifiée, remaniée, détériorée, restaurée, elle constitue néanmoins un témoin important de l’histoire de la Rouen.

Château de Philippe-Auguste-tour-jeanne-d-arc-rouen arc

Le château fut construit sur les ruines de forme elliptique d’un amphithéâtre gallo-romain, daté du IIe siècle après J.-C., ce qui explique son plan polygonal. La position dominante, en hauteur par rapport à la ville, ainsi que la proximité de matériaux de construction facilement récupérables, expliquent probablement le choix de cette implantation. La tour dite « Jeanne d’Arc » était en fait le donjon, ou plutôt la tour maîtresse du château.

Les recherches archéologiques ont donc offert une opportunité unique d’enrichir les connaissances sur la ville de Rouen au XVIe siècle et d’étudier en particulier les modes de gestion des déchets mis en place à la fin du Moyen Age.

Un siècle qui correspond à la venue de la famille Corneille !

Château de Philippe-Auguste-Rouen-Corneille

Le 6 juin 1606, Pierre Corneille naît à Rouen, près de la place du Vieux-Marché. Il y vit pendant 56 ans et y écrit une partie de son œuvre. Absente de ses pièces, Rouen, au même titre que l’Espagne ou que l’Italie, est néanmoins à l’origine de son œuvre. Nous vous invitons donc à une déambulation, sur les pas du dramaturge, dans la ville du XVIIe siècle.

Originaires de Conches dans l’Eure, les ancêtres de Corneille sont, depuis le XVIe siècle, de petits notables qui ont quitté leur condition de tanneurs et d’agriculteurs en achetant des charges d’officiers. Ils accèdent ainsi à la bourgeoisie de robe. En 1584, le grand-père de Corneille acquiert deux maisons dans la rue de la Pie. La maison natale de Pierre Corneille se trouve au numéro 4. Mariés à deux sœurs, Pierre et son frère Thomas habitent les deux maisons voisines jusqu’à leur départ à Paris en 1662.

En août 1584, le grand-père de Pierre Corneille devient propriétaire de deux logis contigus situés dans une ruelle donnant sur la Place du Vieux Marché.

Ces demeures sont alors désignées par les qualificatifs de « Grande » et de « Petite Maison » et c’est dans la dite « Petite », au 17 rue de la Pie (4 aujourd’hui) que voit le jour le 6 juin 1606 l’auteur du Cid, second de la fratrie Corneille. Des cadets suivent dont Thomas, né dans la « Grande Maison » en 1625 et qui suivant l’exemple de son aîné se consacra aux Lettres, puis Marthe, mère d’un autre illustre Rouennais, Fontenelle.

À la mort de leur père en 1639, Pierre et Thomas héritent de leurs maisons natales respectives. Voisins et qui plus est, mariés à deux sœurs, les frères Corneille sont très proches tout au long de leurs vies, fait constaté par leur neveu Fontenelle : « La distance qui était entre l’esprit des deux Corneille n’en mit aucune dans leur cœur ». C’est ensemble d’ailleurs qu’ils quittent la rue de la Pie pour s’établir définitivement à Paris en 1662. Pierre Corneille ne se sépare pas pour autant de sa maison natale, il ne le fera que bien plus tard, un an avant sa mort. Pendant cinquante-six années consécutives, il vit dans cette maison de famille où il devient lui-même père de nombreux enfants. La vie rouennaise du célèbre dramaturge se partage alors entre sa profession d’avocat qu’il exerce au Parlement et sa maison de la rue de la Pie, foyer domestique et lieu d’écriture où il compose une partie de son œuvre. C’est à Rouen qu’il compose ses premières œuvres, des comédies telles que Mélite (1630), la Galerie du Palais (1633), l’Illusion comique (1636)... Ville natale puis lieu de vie de Corneille, Rouen reste cependant absente de ses écrits. La dramaturgie classique réclame en effet des cités antiques et capitales, scènes mythiques où les héros Horace, Cinna, Nicomède pour ne nommer qu’eux, sont fatalement confrontés au choix cornélien du devoir et du sentiment.

Les archéologues y ont identifié un heurt, terme qui désigne dans les archives un site destiné à recueillir les déchets des habitations voisines au XVIe siècle. Cet immense dépotoir couvrant plus de 2 500 m2 est installé en dehors de la ville close, près du fossé longeant les fortifications. Il peut être assimilé à une décharge publique, où plus de 10 000 m3 de déchets sont entreposés en couches successives : gravats et matériaux de constructions, lits de cendre, rejets d’artisanat (dont de la tabletterie, de la métallurgie et de la tannerie), poches de mobilier (huîtres ou chevilles osseuses), niveaux sableux très riches en céramique, verre et ossements animaux, déchets organiques issus de fosses d’aisances, etc. Cette fine stratification indique que le dépotoir a été constitué par de nombreux apports réguliers de déchets en petite quantité plutôt que par quelques grands arrivages.

Cha-teau-de-Philippe-Auguste.JPG© INRAP

La diversité du mobilier archéologique exhumé reflète l’ensemble de la vie quotidienne de Rouen au XVIe siècle. L’abondante céramique domestique retrouvée sur le site (pots à cuire, plats, assiettes, etc.) apporte des éléments de datation ainsi que des informations sur les usages en cours. Elle témoigne de la coexistence d’une production locale et de nombreuses importations, proches comme les céramiques de la région de Beauvais, ou plus lointaines avec des fragments de majolique italienne et hispano-mauresque. Ces pièces d’importation permettaient d’agrandir le vaisselier avec de la céramique plus luxueuse.

Au XVIe siècle, la ville de Rouen est en pleine transformation. Elle est alors la ville la plus peuplée du royaume après Paris. La gestion des déchets est devenue depuis la fin du Moyen Âge un élément important de l’administration municipale et royale ; de nombreux décrets demandent à la population d’évacuer ses déchets hors de la ville ou contre les fortifications. Le site de la rue Pouchet est le résultat de cette nouvelle politique : les habitants, ou des ramasseurs professionnels, apportaient leurs résidus hors de la ville close, dans cette grande excavation qui atteint 5 mètres de profondeur. Là devaient se trouver des récupérateurs qui opéraient un premier tri parmi les déchets ce qui expliquerait la rareté en objets métalliques. En effet, si quelques petits objets en bronze (clef, boucle de ceinture, bouterolle, dé à coudre, épingles à cheveux, …) ou en fer (clous, boucle, …) ont été retrouvés, on note l’absence de grands objets ou d’outils usagés qui ont dû être recyclés. L’étude de tout le mobilier issu de la fouille, complétée par un travail sur les archives, apportera certainement un nouvel éclairage sur la problématique de la gestion des déchets dans les grandes villes au XVIe siècle. 

Château de Philippe-Auguste-1© INRAP

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 07:50

Une-ancienne-puissance-gauloise-et-gallo-romaine-a-copie-7.jpgUne ancienne puissance gauloise et gallo-romaine à Bassing

Alors que les travaux de la future ligne à grande vitesse Est-européenne (LGV) par Réseau Ferré de France s’enchainent à toute vitesse, notamment avec le tunnelier Charlotte qui en un mois seulement, a parcouru 1014 mètres, à une cadence moyenne de 34 m/jour, atteignant déjà le 2ème km du second tube du tunnel de Saverne, en amont de la construction une équipe de l’Inrap a fouillé en 2010 un site de 3,5 hectares à Bassing, en Moselle.

Ces recherches sur prescription de la Drac de Lorraine,  L'INRAP a pu révélé un site aristocratique entre Gaule indépendante et conquête romaine.

Une ancienne puissance gauloise et gallo-romaine à Bassin© Loïc de Cargoüet, Inrap

Occupé pendant mille ans, de 200 avant notre ère à 800 de notre ère, ce site a révélé un établissement aristocratique gaulois, une villa gallo-romaine et plusieurs bâtiments médiévaux. De nombreuses armes et un exceptionnel dépôt monétaire de 1 165 pièces gauloises témoignent à eux seuls de la puissance des élites de Bassing.

Un site aristocratique et guerrier :

Une-ancienne-puissance-gauloise-et-gallo-romaine-a-copie-1.jpg

Entre 150 et 120 avant notre ère, un vaste établissement rural est édifié à Bassing. Un puissant fossé quadrangulaire de 3 mètres de large, avec talus et palissade enserre l’habitat sur un hectare. À l’intérieur se dressent les bâtiments de bois d’une exploitation agricole et d’une habitation. L’ensemble perdure jusque vers l’an 14 de notre ère.

La taille de l’exploitation, la puissance de ses fossés et la richesse du mobilier exhumé révèlent le statut privilégié des occupants. Parmi les bijoux, des bracelets en pâte de verre bleu de cobalt, mais aussi une perle d’ambre de la baltique ont été découverts. 123 fibules sont aussi présentes, dont certaines ont été produites sur place.

L’artisanat du métal était donc une des ressources de ce site aristocratique dans lequel des activités de fonderie, filature, tissage, cordonnerie complétaient les ressources issues de l’agriculture. Parmi le nécessaire à boire, des passoires liées au vin proviennent d’Italie. Le vin, importé de Méditerranée et véritable produit de luxe, était consommé en grande quantité, comme en témoigne la découverte de nombreuses amphores.

Une-ancienne-puissance-gauloise-et-gallo-romaine-a-copie-4.jpg

Les archéologues de l’Inrap ont mis au jour un important mobilier militaire, gaulois et italique : des pièces de chars, une hache de combat, un poignard de légionnaire romain (le pugio), des pointes de flèches perforantes, des éléments de parures d’uniformes, des clous de sandales et des harnachements de cavalerie romaine. S’y ajoute l’embouche en métal d’une trompe de guerre.

Implanté sur le territoire des Médiomatriques entre les oppida de Divodurum (Metz) et de Saverne, le site de Bassing appartient donc à un aristocrate qui tient son pouvoir non seulement d’une importante exploitation agricole, mais aussi de son statut guerrier. La conquête des Gaules ne semble pas affecter la vocation du site. Durant cette période troublée, l’établissement de Bassing se révèle stable et prospère, sa population dense et constante. En 27 avant notre ère, la pierre remplace le bois dans les structures de l’établissement rural toujours situé au sein de l’enclos gaulois.

Une-ancienne-puissance-gauloise-et-gallo-romaine-a-copie-6.jpg

Un dépôt monétaire exceptionnel : 1 165 monnaies gauloises :

Ce site a surtout révélé un exceptionnel dépôt monétaire de 1 165 monnaies gauloises. Ce trésor a été dispersé sur le site, depuis le Moyen Âge, par les labours successifs. Les archéologues ont donc progressivement collecté les monnaies au cours de la fouille.

Une ancienne puissance gauloise et gallo-romaine à Bassin

Il se compose de 1 111 monnaies d’argent, 3 monnaies d’or et 51 monnaies de bronze. Il a été enfoui entre les années 40 et 20 avant notre ère. Toutes ces monnaies ont été émises au cours du Ier siècle avant notre ère, la majorité juste après la guerre des Gaules.

Une des particularités de ce trésor est d’être constitué de monnaies d’argent. En effet, à cette période, les monnaies en bronze et les potins, occupent une place centrale dans les échanges quotidiens. L’argent est réservé au paiement des cadres liés au pouvoir. Très rares, les trois monnaies d’or sont médiomatriques, donc locales. Les deux kilos d’argent regroupent différents types de monnaies émises dans plusieurs régions de la Gaule. 74 % du lot sont issus du Centre-Est de la Gaule et appartient aux Séquanes de Besançon, aux Lingons de Langres, aux Éduens de Bibracte ou d’Autun. 14 % sont originaires des peuples du Val de Loire, 7 % proviennent des Rèmes de Reims (de Gaule Belgique) et 3 % des Arvernes de Clermont-Ferrand. Enfin, quelques rares exemplaires appartiennent aux Ségusiaves, peuple localisé près de Lyon.

Une ancienne puissance gauloise et gallo-romaine a-copie-2

Ces monnaies sont des imitations gauloises de quinaires, une monnaie d’argent romaine, d’un diamètre inférieur à 1,5 cm. Le Nord-Est de la Gaule, surnommé « la zone du denier gaulois » par les numismates, s’est distingué après la conquête par l’imitation de monnaies romaines. Le denier gaulois équivaut à un demi-denier (ou quinaire) de la république romaine. Cet étalon facilite ainsi le commerce entre Rome et la Gaule.

L’argent de la guerre chez un gaulois romanisé :

Le trésor de Bassing contient un tiers d’imitations présentant des défauts de frappe. Certaines représentations de guerriers gaulois ou gréco-romains, de la Rome casquée, ont un style fruste. Ces imitations sont généralement effectuées dans des contextes d’urgence. Entre les années 40 à 30 avant notre ère, faute de deniers romains en quantité nécessaire, de telles copies sont frappées pour notamment rémunérer les contingents militaires dont les troupes auxiliaires gauloises enrôlées dans l’armée romaine.

Une ancienne puissance gauloise et gallo-romaine a-copie-3

Durant la conquête, César s’est appuyé sur une partie de l’élite gauloise. Cette noblesse a largement adhéré au nouveau pouvoir romain. Des aristocrates locaux et leurs contingents guerriers, contribuèrent par la suite aux diverses conquêtes romaine. Le dépôt de Bassing équivaut, au début de l’Empire, à un an et demi de solde d’un légionnaire. Cette importante somme d’argent pourrait correspondre aux fonds d’un chef médiomatrique destinés à régler la solde de sa troupe. Cadres militaires, chefs locaux, auxiliaires des conquêtes romaines, les notables de Bassing ont joui, avant mais aussi après la conquête, d’un statut social élevé.

Une-ancienne-puissance-gauloise-et-gallo-romaine-a-copie-5.jpg

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 07:50

Le-squelette-d-un-mammouth-mis-au-jour-a--Chang-copie-5.jpgLe squelette d’un mammouth mis au jour à Changis-sur-Marne…

Le squelette presque complet d’un mammouth vient d’être mis au jour à Changis- sur-Marne, en Seine-et-Marne. Une telle découverte, dans son contexte d’origine, est exceptionnelle en France, puisque seuls trois spécimens ont été exhumés en 150 ans : le premier en date, le mammouth « de Choulans », avait été trouvé à Sainte- Foy-lès-Lyon en 1859.

Le squelette d’un mammouth mis au jour à Chang-copie-2© Denis Gliksman, Inrap

Ce mammouth est probablement un Mammuthus primigenius, le mammouth laineux, dont l’une des caractéristiques est d’être doté de longues défenses utilisées pour dégager le fourrage de sa gangue de neige. Pouvant atteindre 2,80 à 3,40 mètres au garrot, il est recouvert de poils et d’une épaisse couche de graisse. Il évolue généralement dans un paysage de steppe herbeuse. L’espèce a vécu en Eurasie et en Amérique du Nord. Le mammouth de Changis-sur-Marne aurait vécu entre 200 000 et 50 000 ans avant notre ère ; c’est donc un contemporain de l’Homme de Néandertal. Bien acclimaté aux régions froides, le mammouth disparaît d’Europe occidentale il y a 10 000 ans, à la suite du réchauffement climatique, le dernier spécimen s’éteignant au large du détroit de Béring il y a 3 700 ans.

Le squelette d’un mammouth mis au jour à Chang-copie-1© Denis Gliksman, Inrap 

La fouille actuelle permettra de préciser l’âge du proboscidien (mammifère à trompe) et, peut-être, les circonstances de son décès – noyade ou envasement sur quelque berge de la Marne, chasse – et s’il a fait l’objet d’un charognage par des prédateurs ? La découverte d’un éclat de silex, en relation directe avec le pachyderme, montre l’intervention de l’homme sur la carcasse. Une étude tracéologique du silex déterminera son usage ; une étude archéozoologique détectera les éventuelles traces de découpe sur les os de l’animal.

Le squelette d’un mammouth mis au jour à Chang-copie-3© Denis Gliksman, Inrap

La découverte de Changis-sur-Marne est exceptionnelle, car l’association de l’homme et du proboscidien n’est avérée que sur deux sites du Paléolithique moyen en Europe de l’Ouest : Lehringen et Gröbern en Allemagne. À ceux-ci s’ajoute le site de Ranville, dans le Calvados, où un éléphant antique (Elephas antiquus) a été charogné il y a environ 220 000 ans. Enfin, les fouilles de Tourville-la-Rivière, en Seine-Maritime, ont révélé, en 2010, des aurochs, des chevaux, des ours, des lions et des panthères charriés il y a 200 000 ans par la Seine. Face à cette manne, des pré-Néandertaliens, fins connaisseurs de leur territoire, avaient opéré des prélèvements de matières animales (viande, tendons, peaux...). Dans un proche avenir, archéologues et paléontologues devront comprendre si le mammouth de Changis a été abattu par des Néandertaliens, ou si ces derniers ont charogné l’animal après un décès naturel. Cette découverte contribuera au débat qui anime la communauté scientifique autour de la capacité prédatrice de l’homme de Néandertal. L’ultime enjeu porte sur la datation précise de l’événement, par des méthodes radiométriques et chronostratigraphiques.

Le squelette d’un mammouth mis au jour à Chang-copie-4© Denis Gliksman, Inrap

La fouille de Changis-sur-Marne :

L’animal a été découvert dans une carrière de Changis-sur-Marne, à l’occasion de la fouille préventive d’un site artisanal gallo-romain, lui même remarquable. Les premiers ossements sont apparus dans le front de taille de la carrière. Face à l’intérêt de la découverte, la direction régionale des Affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France qui prescrit et contrôle les opérations d’archéologie préventive (diagnostics et fouilles) a mis en place une opération de sauvetage, menée conjointement par la Drac et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) qui réalise la majorité des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics, avec la collaboration du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris, acteur essentiel de la conservation de la nature. Il est l’une des rares institutions spécialistes de la biodiversité et, s’appuyant sur ses cinq missions - recherche, collections, enseignement, expertise, diffusion -, à appréhender les problématiques naturalistes et environnementales de manière à la fois transdisciplinaire et très spécialisée, du laboratoire de Géographie physique du CNRS de Meudon et du groupe CEMEX qui exploite cette carrière. Il s’agit de la première fouille scientifique de ce genre en France. Elle s’achève début novembre.

Le squelette d’un mammouth mis au jour à Changis-sur-Ma© Denis Gliksman, Inrap

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 07:00

souterrain-refuge-Sublaines-.jpgUn souterrain-refuge datant de la période médiévale à Sublaines…

Entre juillet et septembre 2012, plusieurs chantiers de fouilles archéologiques ont été menés à Sublaines (Indre-et-Loire) par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), structure de recherche archéologique française, sur prescription de l’État (Drac Centre). Dans le cadre de la création d’une zone artisanale par la communauté de communes de Bléré-Val-de-Cher, les archéologues y fouillent des vestiges néolithiques, antiques et médiévaux.

Parmi les témoignages de la période médiévale, un souterrain-refuge, intégralement conservé, vient d’être mis au jour. Cette découverte est rare dans le cadre de fouilles archéologiques préventives.

Le refuge d’une élite locale ?

souterrain-refuge-Sublaines1.jpg© Inrap

 

La découverte d’un pot à cuire en céramique dans le comblement du souterrain permet de dater la structure avant la fin du XIe siècle. À cette époque, des querelles opposaient les comtes d’Anjou et de Blois pour la possession de la Touraine où un important maillage d’édifices militaires était en place. On accède au refuge par un escalier creusé dans le sol. Constitué d’un réseau de couloirs et de différentes salles, le souterrain de Sublaines se développe sur plus de quinze mètres linéaires. Étroit et bas (0,50 m de large en moyenne pour une hauteur variant de 1,15 à 1,55 m), il devait servir de refuge, comme en attestent les différents dispositifs dont des « coudes » à angle droit permettant de se dissimuler et de freiner l’assaillant. Une porte clôturait l’entrée du souterrain, en bas de l’escalier, et une autre l’accès aux trois couloirs. Le souterrain pouvait également servir de lieu de stockage en protégeant les denrées des pillards. Il possède de véritables aménagements : vingt niches destinées aux lampes à huile, des bancs taillés à même le calcaire, un petit puits alimenté par la nappe phréatique, des planches destinées à niveler les sols... Autant d’éléments qui laissent supposer que ce refuge pouvait accueillir ses hôtes de manière prolongée. Cinq à six personnes – une petite unité familiale – sans doute issue de l’élite locale pouvaient y séjourner. Un petit bâtiment sur poteaux dissimulait, sous un plancher, l’entrée du souterrain à la vue d’éventuels assaillants.

souterrain-refuge-Sublaines.jpg© Inrap

Les analyses en laboratoire

Une série d’études sera prochainement menée en laboratoire. Elle permettra d’affiner la connaissance et la compréhension de ce site médiéval. Un céramologue étudiera les tessons et vases issus du comblement du souterrain, un dendrochronologue datera l’abatage des bois utilisés et un xylologue en déterminera les essences. Des datations radiométriques seront aussi entreprises. Les traces laissées par les outils et les techniques de taille renseigneront sur les modes de creusement du souterrain. L’ensemble permettra de vérifier les hypothèses des archéologues et précisera la datation de cet ensemble exceptionnel.

A Subliaines, une petite nécropole du Néolithique moyen du groupe de Chambon avait été découverte en 2004 sur un chantier de l'autoroute A85 au nord de la commune. Au même endroit, une enceinte palissadée datée de la première moitié du 5e millénaire.

Il a existé jusqu'à une date relativement récente au moins trois monuments mégalithiques sur le territoire de la commune, dont un seul subsiste actuellement, daté d'environ 1800 avant J.-C.

souterrain-refuge-Sublaines3.jpg

Un habitat de l'âge du bronze final a été trouvé sur le chantier de l'autoroute, avec un abondant matériel de céramique.

Deux tumulus ont été érigés successivement à l'âge de Fer au lieu-dit "Les Danges", le premier vers 800 avant J.-C., le second trois cents ans plus tard. Des trouvailles y ont été effectuées dès le xixe siècle mais le site n'a été fouillé scientifiquement que dans les années 1960 par l'archéologue Gérard Cordier. Bon nombre de trouvailles sont actuellement conservées au musée de Saint-Germain-en-Laye, dont une splendide urne funéraire représentant un char attelé, et un canard de bronze.

Des sites de l'époque de la Tène ont été également retrouvés sur le chantier de l'autoroute, dont une nécropole qui a livré des torques et des épées, et une très importante série de silos de très grandes dimensions.

Un puits gaulois a été également fouillé par Gérard Cordier au lieu-dit "Les Beauces". Une urne funéraire du temps est conservée à Saint-Germain-en-Laye. Sur le chantier de l'autoroute on a trouvé quelques sépultures gauloises ainsi que des fossés organisant un réseau de parcelles agricoles, avec quelques puits à eau.

L'époque gallo-romaine a laissé une villa rustica, ainsi que des restes de la voie romaine qui allait d'Amboise à Loches. Une urne funéraire de cette époque est conservée au musée de la Société archéologique de Touraine. On y trouve aussi un cimetière mérovingien, connu depuis le xixe siècle.

souterrain-refuge-Sublaines2.jpg

Au ixe siècle, un diplôme de Louis le Pieux cite Sublaines comme appartenant aux chanoines de Saint-Martin de Tours, et c'est encore le cas au moins jusqu'au xiiie siècle.

Au xiie siècle, on bâtit ou rebâtit l'église paroissiale Saint-Martin, de style roman, légèrement remaniée auxve siècle.

En 1578, le village est partagé entre un fief laïc tenu par Pierre Barétin, et un fief religieux, celui de la de la mairie, qui relève d'Amboise et de la prévôté de Courçay. Le fief dit la mairie est selon toute apparence celui de l'administrateur local des biens des chanoines, alors appelé "maire"; comme il arrive souvent, par des empiètements successifs de génération en génération, et par le principe de l'hérédité des offices, le "maire" s'est progressivement constitué une seigneurie propre aux dépens de celle des chanoines.

Deux fermes à tours rectangulaires encore subsistantes datent du xvie siècle, la ferme de Cour et la ferme de Homme.

En 1673, le fief laïc est aux mains d'un certain Gilles Déodeau.

souterrain-refuge-Sublaines4.jpg© Inrap

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 08:44

tourisme vert1La haute vallée de l'Essonne reconnue pour la beauté des paysages et de la richesse archéologique

Par décret du 26 août 2011, paru au Journal officiel du 28 août 2011, le site de la haute vallée de l'Essonne, sur le territoire des communes d'Augerville, de Malesherbes et d'Orville (Loiret) et de Boulancourt, Buthiers et Nanteau-sur- Essonne (Seine-et-Marne) rejoint la liste des 2 700 sites protégés au titre de la loi de 1930, qui représentent 900 000 ha.

Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, se réjouit particulièrement de ce classement, qui complète celui de la moyenne vallée de l'Essonne (commune de Boigneville, Boutigny-sur-Essonne, Buno- Bonnevaux, Courdimanche-sur-Essonne, Gironville-sur-Essonne, Maisse, Prunay-sur- Essonne, Vayres-sur-Essonne), intervenu en 1991. Il vient reconnaître la qualité paysagère de cette vallée et la richesse de ce territoire en vestiges archéologiques.

Ce classement fait partie d'un programme de protection des vallées franciliennes initié depuis plusieurs décennies et portant sur les secteurs les plus pittoresques et préservés de ces vallées. Désormais, tous les travaux susceptibles de modifier l'aspect ou l'état de ce site sont soumis au contrôle du ministre chargé de l’écologie ou du préfet du département.

La reconnaissance de ce patrimoine exceptionnel doit inciter le Parc naturel régional du Gâtinais français, les 2 conseils généraux du Loiret et de Seine-et-Marne, le syndicat intercommunal pour l’aménagement de la rivière et les communes concernées à œuvrer en partenariat pour préserver et valoriser le patrimoine bâti, pérenniser l’activité agricole et maintenir la diversité des milieux naturels, notamment les zones humides.

Haute Vallée de l'Essonne1 

Situé dans le Gâtinais français, le site Natura 2000 de la Haute Vallée de l’Essonne est localisé au sud de l’Île-de-France, à cheval sur les territoires des départements de l’Essonne et de la Seine-et-Marne.

La Haute vallée de l'Essonne constitue un ensemble écologique de grande importance à l'échelon du bassin parisien. Cette entité est constituée de milieux humides remarquables résultants de l'évolution de bas marais alcalins. Les coteaux sont composés d'un ensemble de milieux secs hébergeant des espèces et habitats caractéristiques, rares et, pour certaines espèces, en limite d'aire de répartition.

La Haute vallée de l'Essonne, située dans la petite région du Gâtinais, entaille un plateau calcaire recouvert de limons marno-argileux. La vallée de l'Essonne ainsi que l'ensemble des vallées sèches connectées au lit majeur entaille les horizons géologiques inférieurs constitués de sables et de grès de Fontainebleau.

Haute Vallée de l'Essonne

Le substrat et les sols associés varient fortement au sein de ce site. Ces variations se répercutent sur les milieux naturels qui présentent une diversité et une richesse remarquables. Les rebords du plateau et les versants accueillent un ensemble de milieux secs (pelouses calcaires et sablo-calcaires, landes, bois, chaos de grès) ; le fond de vallée abrite des zones humides préservées (forêts alluviales, marais, tourbières).

Composition du site :

Forêts caducifoliées  29 % 

Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana  22 % 

Marais (vegetation de ceinture), Bas-marais, Tourbières,  15 % 

Pelouses sèches, Steppes  12 % 

Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées  6 % 

Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes)  4 % 

Cultures céréalières extensives (incluant les cultures en rotation avec une jachère régulière)  4 % 

Forêt artificielle en monoculture (ex: Plantations de peupliers ou d'Arbres exotiques)  4 % 

Autres terres (incluant les Zones urbanisées et industrielles, Routes, Décharges, Mines)  4 %

Buthiers 

LE PARC NATUREL REGIONAL DU GATINAIS FRANÇAIS est situé au sud de l’Île-de-France, ce "pays des mille clairières et du grès" est depuis le 4 mai 1999 classé "Parc Naturel Régional". Il s’étend sur 63.700 hectares, couvre cinquante-sept communes (vingt-huit en Essonne et vingt-neuf en Seine-et-Marne) et sept communes "associées" représentant 72.411 habitants.

Les bourgs et les villages sont implantés principalement dans les vallées et sur les rebords des plateaux.

Les paysages variés du parc se composent de boisements (plus de 33 % du territoire), de platières gréseuses, de pelouses calcicoles et de cours d'eau. Les cours d’eau appartiennent au bassin versant de la Seine et sont représentés par la Juine, l'Essonne et l'École, et les marais associés.

Le Parc naturel régional du Gâtinais français se fonde sur une entité historique, datant de la période où le grand Gâtinais s’est partagé entre le Gâtinais orléanais, plus au sud, et le Gâtinais français, dans les limites de l’ancien Royaume de France. C’est de cette étape historique que le Parc tire aujourd’hui son appellation.

Son originalité, il la puise dans ses paysages contrastés : les bois et forêts couvrent plus du tiers du territoire et s’imbriquent avec les terres agricoles, le sable et le grès composent le sous-sol et ce dernier rend parfois l’horizon chaotique quand il affleure. Le Parc naturel régional du Gâtinais français mérite bien son surnom de « pays des mille clairières et du grès » ! Il ne faut pas oublier l’eau qui modèle les perspectives. En effet, trois rivières sillonnent le territoire, la Juine, l’Essonne et l’Ecole, et un fleuve, la Seine, le borde au nord-est.

Tous ces éléments ont favorisé l’apparition des cultures et savoir-faire particuliers : un sol sablonneux idéal pour les cultures des plantes médicinales et de l’orge brassicole, un sous-sol gréseux idéal pour construire des maisons, des chaos gréseux recherchés par les varappeurs, des paysages incomparables, des forêts et des cultures qui fournissent aux abeilles la matière première pour un miel d’exception...

C’est tout logiquement que l’orge et l’abeille ont été choisis pour constituer le logo du Parc. L’étoile quant à elle, symbolise le réseau des Parcs naturels régionaux de France, qui suivent tous la même orientation dans leurs missions de préservation et de développement raisonné.

Le grès : constructeur de villages et dessinateur de paysages

Le Gâtinais français est habité depuis des temps très reculés. Les hommes préhistoriques y ont laissé leur empreinte... Ne vous méprenez pas sur la région que vous visitez lorsque vous croiserez un menhir ou un dolmen... Vous êtes bien dans le Gâtinais français !

Le sous-sol est en effet composé de grès, les hommes

préhistoriques puisaient dans le sous-sol pour l’en extraire. Des milliers d’années plus tard, les hommes y trouvent toujours leur matière première, le grès, matériau noble à la fois doux et rude, résistant au temps et aux pas, pour construire maisons, colombiers, ponts, rues, halles... La halle de Milly-la-Forêt est un exemple de ce que les hommes construisaient au 15e siècle, savant alliage du grès (pour les socles) et du bois (pour la charpente).

Le Gâtinais français compte de nombreux villages de grès, mais cette pierre ne sculpte pas seulement les villages, elle n’hésite pas à apparaître au flanc des plateaux ou au cœur de la forêt sous forme de chaos gréseux, et forme parfois d’étranges paysages : à Larchant, par exemple, faites travailler votre imagination et découvrez l’éléphant ou la Tortue.

A Noisy-sur-école, le temps a façonné le grès pour former la Mer de Sable, étendue de sable blanc très fin, au cœur du Massif des Trois-Pignons, avec planté en son centre, un rocher nommé « le Cul-du-Chien ». Ce même massif abrite également des platières gréseuses, grandes plaques de grès, sur lesquelles se développent une faune et une flore bien spécifiques et très originales, notamment au Coquibus.

Citons l’exemple de ce petit crustacé quasiment endémique, capable de se développer quand la mare de platière est pleine, de stopper tout développement quand la mare s’est asséchée, et de reprendre sa croissance aux premières pluies...

L’eau, source de vie

L’eau dessine également les paysages du Parc naturel régional du Gâtinais français, traversé par trois rivières, la Juine, l’Essonne et l’école, et bordé au nord par un fleuve, la Seine. De nombreuses traditions y sont attachées, car l’eau a toujours été intimement liée à la vie des hommes.

L’eau est bien sûr présente avec les rivières et leurs vallées, mais on la retrouve également sous forme de mares, très présentes dans le Gâtinais français : les mares de villages, qui servaient à abreuver les animaux et constituaient des réserves, les mares de forêt, plus ou moins importantes selon les saisons, indispensables à la survie des animaux sauvages, les mares de platières, qui apparaissent après la pluie sur ces espaces de grès et disparaissent sous l’effet de l’évaporation, et enfin les mouillères, présentes surtout sur les terres agricoles, résultant d’un surplus d’eau sous-terrain ou de ruissellement des eaux de pluie. Les mares font donc évoluer le paysage au fil des saisons.

La forêt aux quatre coins du Parc

Le Gâtinais français n’usurpe pas son surnom de « pays des mille clairières et du grès », puisque où que l’on se trouve sur le territoire du Parc naturel régional du Gâtinais français, on aperçoit toujours une forêt, un bois, un bosquet.

Le Massif des Trois-Pignons, attaché à la Forêt domaniale de Fontainebleau, la forêt des Grands-Avaux et le Bois de la Commanderie constituent les massifs forestiers les plus importants du Parc, qui compte 33 % de forêt (plus élevé que la moyenne nationale qui est de 31 %).

Ce sont des lieux de promenade particulièrement agréables, avec une flore et une faune variées. Ce n’est pas sans raison que les plus grands peintres sont venus peindre le Gâtinais français dès le 18e siècle et ont fait de la Forêt de Fontainebleau la première réserve classée..Janvier 2010

Un patrimoine fragile

Il faut bien garder à l’esprit que si ces ensembles sont cohérents, si les paysages sont toujours typiques du Gâtinais français, si la faune et la flore réussissent à se développer dans nos écosystèmes, c’est uniquement parce que le territoire a trouvé un équilibre.

Ces richesses s’offrent aux pas des promeneurs pour la plus grande joie de tous.

Cependant, pour maintenir ces équilibres, pour permettre aux générations futures de bénéficier à leur tour de cette nature, il faut la préserver, en respectant les chemins et sentiers, les propriétés privées.

 Gatinais.jpg

Décret du 26 août 2011 portant classement parmi les sites des départements du Loiret et de Seine-et-Marne de la haute vallée de l'Essonne, sur le territoire des communes d'Augerville-la-Rivière, Malesherbes et Orville (Loiret) et de Boulancourt, Buthiers et Nanteau-sur-Essonne (Seine-et-Marne) 

 

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Published by Lucvieri - dans Archéologie
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