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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 06:56
BUILD(DINGUE), PRIX L’ŒUVRE, 2ème ÉDITION

BUILD(DINGUE), PRIX L’ŒUVRE, 2ème ÉDITION

BUILD(DINGUE), UNE ARCHITECTURE DE VERRE QUI INTERROGE LE THÈME DU VIVRE ENSEMBLE

Le duo de verriers Anne Donzé et Vincent Chagnon vient d’être désigné lauréat de la deuxième édition du Prix L’œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France, pour son projet Build(dingue).

Le Prix L’œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France récompense une œuvre en devenir qui intègre les métiers d’art de manière particulièrement innovante et contemporaine.

Pour la réalisation de son projet d’œuvre Build(dingue), le couple de lauréats bénéficiera d’un budget de 40 000 euros et d’une campagne de communication et de diffusion de l’œuvre d’une valeur de 20 000 euros, orchestrée par la Fondation.

Elle permettra de suivre le processus de réalisation de l’œuvre et le vécu du duo impliqué dans ce projet à long terme.

En janvier 2015, l’œuvre sera dévoilée au public à la galerie Collection dans le Marais, à Paris.

Comité de sélection de la deuxième édition du Prix L’œuvre de la Fondation Ateliers d’Art de France :

- Fabien Simode, rédacteur en chef du magazine L’Œil - Marie-José Mascioni, directrice de l’ENSAAMA-Olivier de Serres - Jérôme Farigoule, directeur du musée de la Vie romantique - Côme Rémy, expert en arts décoratifs du 20ème siècle - Colette Barbier, directrice de la Fondation d’Entreprise Ricard - Aude Tahon, créatrice textile, administratrice d’Ateliers d’Art de France - Serge Nicole, céramiste, président de la Fondation Ateliers d’Art de France.

Ce projet d’œuvre monumentale, qui sera réalisé au fil des neuf prochains mois avec le soutien de la Fondation, consiste en un « quartier de verre » de neuf tours composées de cubes dans lesquels se jouent des scènes de la vie quotidienne.

À travers cette création, Anne Donzé et Vincent Chagnon abordent des thèmes récurrents de leur parcours commun : le voyeurisme dans la transparence, le vivre ensemble ou encore l’ouverture de soi et à l’autre.

crédits photographique : © Anne Donzé et Vincent Chagnon

© Gilles Leimdorfer

© Gilles Leimdorfer

BUILD(DINGUE), UNE VILLE DE VERRE

Pour leur projet Build(dingue), Anne Donzé et Vincent Chagnon, couple de verriers franco-canadiens, proposent de bâtir – presque à hauteur d’homme – neuf immeubles de verre. Chaque édifice est constitué de boîtes en verre soufflé, posées les unes sur les autres comme autant de cases ou « d’appartements » où se joueront de petites scènes quotidiennes en pâte de verre.

Si la transparence du matériau appelle à l’indiscrétion et au voyeurisme, l’organisation de ces boîtes habitées, voisines mais hermétiques, renvoie à l’isolement en milieu urbain. Un propos qui a séduit le jury. « Notre choix s’est porté sur ce projet pour ce qu’il combine : la présence des métiers d’art, la technicité mise en œuvre, la dimension plastique et esthétique mais aussi le message, une virtualité enfermante pour laquelle la multiplication des modules de verre est totalement pertinente », explique Jérôme Farigoule.

Si le projet Build(dingue) respecte les critères de sélection – innovation, modernité, faisabilité – il permet aussi de travailler le verre dans une démesure inhabituelle, ce qui a conquis Fabien Simode, membre du jury : « La minutie et la finesse d’exécution que l’on reconnaît d’ordinaire au travail du verre disparaît ici derrière une œuvre monumentale qui semble brute au premier abord. Or, il y a véritablement une technicité et un savoir-faire qui se feront oublier derrière la dimension sculpturale de l’œuvre. Il faudra s’approcher pour découvrir la qualité du travail ».

UNE ARCHITECTURE HABITÉE

Anne Donzé et Vincent Chagnon ont tout prévu. Et notamment d’inviter le futur visiteur à jeter un œil dans les cases de verre, en circulant librement au milieu de l’installation. Soit neuf buildings d’1,50 mètre de haut et d’un demi-mètre carré de base, l’ensemble s’organisant sur un espace de 3 mètres carrés.

Parmi les cases de verre qui constituent ces édifices, 36 abriteront des personnages occupés à prendre leur douche, regarder la télévision, éplucher les légumes, passer un appel depuis une cabine téléphonique, ou bien prêts à partir en voyage avec leurs bagages à roulettes.

Si Montréal, où Anne la française a rejoint Vincent le canadien, leur a inspiré ce paysage de tours de verre vaste et aéré, ce sont les flux parisiens qui les ont incités à s’interroger sur l’individualisme du monde citadin. « Des millions de personnes font la ville, mais chacun reste dans sa bulle, sans communiquer », explique Anne Donzé. « La paroi en verre transparent sert de protection à l’individu. Mais elle lui sert aussi à être vu et à se mettre en scène. Regarder au travers, c’est s’ouvrir au monde et s’observer pour un partage d’identité ».

Pour Fabien Simode, Build(dingue) rejoint la préoccupation de nombreux artistes contemporains qui « se posent la question du vivre ensemble aujourd’hui dans l’architecture des années 60 et 70, conçue à l’époque pour être porteuse d’utopie ».

© Anne Donzé et Vincent Chagnon

© Anne Donzé et Vincent Chagnon

DEUX PARCOURS, UNE RENCONTRE

Vincent, souffleur à la canne, s’est formé au Québec et en République Tchèque, tandis qu’Anne, spécialisée en pâte de verre et créatrice de bijoux contemporains, multipliait les expériences au CERFAV (Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts Verriers) à Vannes-le-Châtel, puis à l’Ecole Massana de Barcelone dont elle est sortie diplômée en Arts décoratifs, option bijou contemporain.

A quatre mains, ils ont notamment créé une collection de sacs en verre. De beaux pochons translucides et rigides faits pour transporter, contenir, préserver. Mais que l’on serait bien en peine de vider puisque contenant et contenu ne font qu’un : Vincent souffle à la canne une bulle de verre où Anne intègre à chaud un sujet en pâte de verre.

Un sachet où nage un poisson rouge, des sacs sous vide préservant les figurines Ken et Barbie... Leur pièce originelle, une mallette à souvenirs en verre et cuir, contient un hamac tendu entre une Tour Eiffel format poche et une miniature du stade olympique de Montréal et raconte comment Anne a rencontré Vincent au Canada en 2010.

Pendant des mois, le couple a travaillé sur ces emballages narratifs aussi drôles dans leurs formes et leurs intitulés (Ange (Sac)ré) que critiques dans leurs propos à l’égard d’une société qui consomme à outrance.

La collection Déballe ton sac, comme la série plus récente Déambulle, ont pris forme lors de deux résidences d’artistes au Centre d’Art du Verre de Carmaux. Elles concrétisent leur souhait d’associer leurs deux techniques respectives, chacun s’étant initié à la pratique de l’autre. Même si Vincent continue à souffler à son compte et qu’Anne poursuit de son côté son travail de création de bijoux dont elle extrapole les dimensions jusqu’à les transformer en perles à suspendre au mur.

LE GESTE IMPLACABLE DE L’ASSEMBLAGE À CHAUD

« On fusionne bien », reconnaît Anne qui évoque le métissage des cultures, le travail en commun, la vie de couple...

La fusion s’incarne jusque dans les techniques utilisées pour la réalisation des pièces. Avec un défi à relever qui confine à l’exploit : introduire les personnages en pâte de verre dans les prismes de verre soufflé. L’assemblage à chaud, longuement éprouvé pendant leurs résidences, prend ici une toute autre mesure avec le gigantisme de l’œuvre. « On travaille sur ce geste depuis quatre ans ! Nous sommes peu nombreux à travailler cette technique dans le monde du verre. Cela pourrait devenir notre signature ».

Une fois le sujet en pâte de verre libéré de son moule, nettoyé au dremel et à la mèche au diamant, il est confié aux bons soins d’un pick-up, un petit four où il monte progressivement en température.

Pendant ce temps, Vincent souffle une bulle de verre qu’il développe dans un moule en bois rectangulaire pour lui donner la forme d’une brique. Le prisme de verre soufflé est ensuite ouvert à chaud : avec mille précautions Anne y colle la saynète en pâte de verre. « Une seule goutte de sueur qui tombe du front du verrier sur le verre et la pièce se casse ! Les gestes sont chirurgicaux », explique Vincent qui veut atteindre la maîtrise parfaite de la technique et de l’esthétique.

© Antoine Brodin

© Antoine Brodin

NEUF MOIS DE CHANTIER

« Le projet nous travaillait depuis un certain temps, mais on doutait de pouvoir le réaliser dans cette envergure. Le Prix L’œuvre de la Fondation arrive au bon moment. Sans lui, le projet se serait épuisé et l’on serait passé à d’autres envies ».

Les 60 000 euros du Prix accompagneront un projet gourmand en temps et en énergie.

Trois fours (dont un four de fusion allumé en permanence) sont nécessaires à leurs manipulations de funambules du verre. Le duo s’installera à Vannes-le-Châtel, où il louera un atelier-galerie équipé juste en face du CERFAV.

L’échéancier des neuf mois oblige Anne et Vincent à anticiper avec rigueur l’alternance des pratiques : le lent travail de sculpture et de fonte des pâtes de verre et la fulgurance de l’assemblage à chaud. Des journées pour les premières, quelques minutes décisives pour le second.

Plusieurs reportages photo et vidéo permettront de suivre le processus de réalisation de l’œuvre. Anne et Vincent témoigneront de leur expériences de verriers expérimentaux en consignant leurs impressions dans un carnet de bord nourri de notes (« J’aime écrire », précise Anne), de croquis et de photos de ces dessins à la craie que les verriers, par tradition, tracent sur le sol quand les mots leur échappent pour traduire un problème technique.

2011 - 2015, LES TEMPS FORTS DE LA FONDATION

PRIX L’ŒUVRE

En 2011, année de lancement de la Fondation, le premier Prix L’œuvre était remis au sculpteur céramiste Jean-François Bourlard pour son projet Raku Punk. Durant 9 mois, la Fondation l’a accompagné pour réaliser son œuvre monumentale en céramique.

Dévoilée au public lors de la Biennale de la Création des Arts Décoratifs à Paris en 2012, Raku Punk a été exposée à la Galerie Capazza à Nançay en 2013. Elle sera à nouveau présentée du 24 mai au 15 novembre 2014 à la Maison de la Poterie de Sadirac, en Aquitaine, à l’occasion du Festival Céramique en fête.

Quant à l’œuvre du duo de verriers Anne Donzé et Vincent Chagnon, lauréat de la deuxième édition du Prix, elle sera exposée en janvier 2015 à la galerie Collection dans le Marais à Paris.

PRIX LE CRÉATEUR

En 2012, Tzuri Gueta devenait le premier lauréat du Prix Le créateur. Avec le soutien de la Fondation, il a ainsi réalisé son rêve de présenter ses créations d’inspiration organique en textile et silicone lors de l’exposition Noces Végétales dans les Grandes Serres du Jardin des Plantes à Paris de novembre 2013 à février 2014, à laquelle près de 35 000 visiteurs se sont rendus.

L’appel à candidatures de la deuxième édition du Prix Le créateur sera lancé en décembre 2014.

PRIX LA PENSÉE

En septembre 2014, la sociologue Anne Jourdain, nommée lauréate du premier Prix La pensée en 2013, verra son ouvrage Les artisans d’art en France publié, avec le soutien de la Fondation, par les Éditions Belin. L’appel à candidatures du prochain Prix La pensée sera lancé en décembre 2015.

© Pierre-Jean Grattenois

© Pierre-Jean Grattenois

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