La restauration de l’Hôtel Dieu de Marseille retrace plus de 10 siècles d’histoire
Réalisation majeure de la Ville de Marseille, l’Hôtel Dieu est étroitement lié à l’histoire de la ville notamment sur l’aspect architectural hospitalière française du XVIIIème siècle.
Du Moyen Age, lorsqu’il est fondé aux alentours de 1175, sous le titre d’Hôpital du Saint Esprit, de la Renaissance à l'aube de la Révolution pour le premier Hôtel-Dieu, pendant les Temps modernes pour le second.
Tout d’abord, sous le Moyen Age, le lieu était constitué d’un assemblage de maisons communicantes s’ouvrant rue de la Roquette qui longe encore l'Hôtel-Dieu actuel. Dans ces maisons, on y trouve à côté des chambres des enfants et des nourrissons, une salle d'hommes de 60 lits et une salle de femmes de 30 lits, deux celliers, un réfectoire, une cuisine, une grande loge à cochons, que l'on revend parfois, une écurie pour deux ou trois bêtes de somme, que l'on loue à l'occasion. Devant l'établissement s'étend son cimetière. Cet institut a été créé par l'esprit de charité chrétienne des négociants et des armateurs marseillais. L’hôpital jouera un rôle important dans l’histoire politique de Marseille dès le XIIème siècle puisque la confrérie du St-Esprit, à laquelle adhèrent les élites de la ville et est gérée par les recteurs de l'hôpital rachète les parts de la ville aux membres de la famille vicomtale.
Au XIIIème siècle et au début du XIVème siècle, l'hôpital du St-Esprit ne connaît point de problèmes de trésorerie. Il possède des propriétés, des immeubles et hérite de dons perpétuels, du vin, du pain, animaux fermiers, rentes… Il bénéficie de collectes, de redevances notamment payées par les pêcheurs. Mais des jours sombres font leur apparition au XIVe et XVe siècles. Ces jours plus funestes surviennent avec la chute des Royaumes chrétiens de Syrie, la perte de St-Jean-d'Acre, la guerre contre Gênes et aussi les pillages que la guerre de Cent ans entraîne en Provence, jusque dans la vallé de l'Huveaune. Routiers de l'archiprêtre, Anglais d'Henri de Transtamare, bandes de Raymond de Turenne sévissent tour à tour. Longtemps Marseille se défend grâce à ses fortifications.
C'est en 1432 que survient un drame affreux : Chassé de Naples par la Maison d'Anjou, Alphonse d'Aragon veut se vanger. Le 14 novembre, sa flotte est dans les Iles. Or, les malheurs du temps ont désarmé la ville. Elle n'a que 360 soldats. Les Espagnols se heurtent aux deux chaînes. Celle du nord que Forbin défend, résiste, mais celle du sud cède et toute la flotte s'engouffre dans le port. La ville subit un pillage inouï. Tout est massacré, volé, violé, et des barils de poix destinés au calfatage des navires permettent d'allumer un incendie qui brûle 4000 maisons !Rien n'est épargné et l'hôpital St-Esprit est souillé d'affreuse façon. L'économe doit suspendre tout service alimentaire et après six jours s'en va acheter chez un boulanger de la rue Caisserie une table de pain pour 5 sous 4 deniers.
A cette époque la ville est si pauvre que ses édiles doivent se réfugier à l'hôpital St-Esprit. Le Palais de Marseille qui s'érige juste derrière, menaçant ruine, a été évacué. Aussi les délibérations du Conseil de ville se font-elles à partir du 24 février 1347 dans une salle du premier étage, la salle verte où l'on a installé une estrade, 15 banquettes et deux grandes armoires à documents. Le Conseil va s'y réunir pendant 134 ans jusqu'au 12 août 1481.
Du reste, l'hôpital ne reçoit plus grand monde. Plus d'étrangers attirés par l'activité du port et plus de miséreux, ils sont morts. Certains jours, il n'y a qu'un malade et la moyenne quotidienne n'est que de 12. Pourtant, en 1402-1403, les frais sont passés à 1 042 florins. Ils ont doublé en 50 ans.
Au XVIème siècle, l’hôpital sera agrandi et recevra les malades de l'hôpital St-Jacques-de-Galice qui sera fermé. Le 23 juillet 1593, Viguier, recteurs, consuls et notables décident de réunir les deux hôpitaux « qui seront perpétuellement et inséparablement unis et incorporés et qu'à cette fin sera continuée la fabrication de nouveaux bâtiments ». Le nouvel hôpital s'appelera Hôtel-Dieu La première pierre est posée le 8 septembre 1593. Ainsi l’Hôtel-Dieu présente un bâtiment en L dont l'entrée au sud donne par « l'oustau dei treiglie Escalie » sur une placette, élargissement de la rue des Bannières. La porte franchie, on pénètre dans une cour triangulaire très animée par les poules qui picorent, les enfants qui jouent et le linge qu'on étend. La construction a 2 étages sur arcades. Les services généraux sont au rez-de-chaussée ainsi que l'apothicairerie. Deux escaliers donnent accès aux salles des malades et à celles des enfants trouvés et des nourrices. Au sud, la chapelle ferme la cour.
Les salles de chirurgie sont dans les bâtiments ouest, les hommes au premier étage, les femmes au second. Il y a 30 grands lits dans chacune. Les salles de médecine plus grandes, sont dans le bâtiment principal. De grandes fenêtres dispensent l'air et la lumière. Il n'y a point là de « lits noirs » comme à l'Hôtel-Dieu de Paris.
Même si beaucoup de maladies n’étaient pas traitées, les lépreux étaient parqués à l'hôpital St-Lazare. Le mal des ardents et le scorbut, souvent confondus, y étaient parfois envoyés. Les maladies vénériennes, considérées comme la punition d'une vie impie, étaient chassées aussi. Mais les recteurs s'inquiétaient fort de l'atteinte des enfants trouvés et de leurs nourrices qu'ils ne pouvaient chasser et qu'ils n'osaient traiter au mercure.
La peste, dès le Moyen Age, fut isolée dans divers lazarets et les infirmeries construites au XVII siècle près du rivage de la Joliette s'efforcèrent d'endiguer la contagion. En vain, tous les hôpitaux de Marseille en furent envahis lors de toutes les épidémies et l'Hôtel-Dieu n'échappa pas à ce destin.
On sait que Marseille et son terroir fur plusieurs fois décimés; 30000 morts en 1629. On avait pris conscience qu'il fallait fermer les portes de l'Hôtel-Dieu, surtout pour protéger les enfants. En 1661 il y eut peu de victimes. Mais l'épidémie de 1720 introduite à Marseille par le Grand-St-Antoine en fit près de 60000. On sait que le verrou des « Infirmeries » occasionna celle-ci, à cause des tissus vendus à ses portes, par des marins contaminés. Le 14 juillet 1720, les échevins avaient prévenu le Régent et les commissaires des ports du royaume, que la contagion était aux infirmeries.
L’Hôtel-Dieu sous les temps modernes… Un nouvel Hôtel-Dieu va naître sous LouisXV et LouisXVI, toujours au même emplacement. Lorsque Daviel fréquentait le premier Hôtel-Dieu,il avait du contempler les plans du futur hôpital dessinés par Mansard- Hardouin le neveu.
En 1753 tout commence par l'achat autour de l'hôpital de 26 maisons pour 23000 livres qui a été décidé lors d'une réunion extraordinaire des échevins et des recteurs sous la présidence de Mgr de Belsunce, âgé de 82 ans.
La première pierre est posée dès le 13 septembre. Le Conseil de la ville a voté une subvention de 30000 livres et d’autres dons affluent, 20000 livres de Catherine Ourssian, 4000 livres du marquis de Muy, 50 000 livres de Louis Borely ex-pacha du Caire, 50 000 livres de Remusat, 50 000 livres d'Ann Smith, une Anglaise ! C'est vers 1880 que l'édifice que nous connaissons est terminé.
La vocation de l'hôpital St-Esprit ne fut jamais abandonnée au cours des siècles et l'Hôtel-Dieu la respecta.
On avait toujours entretenu des nourrices à des tarifs variables. 6 à 10 sous jusqu'en 1349, brusquement 35 livres en 1408 et à nouveau 16 à 17 sous en 1434. Au XVIIe siècle, on donnait 1409 livres pour 50 enfants. Les enfants étaient placés en nourrice. Ils portaient au cou un cordon de soie bleue auquel était suspendue l'effigie du Saint Esprit. Monsieur Vincent futur saint Vincent de Paul, venu à Marseille en 1692 pour juger du sort affreux des forçats, avait fort admiré cette œuvre marseillaise vieille de 5 siècles et s'efforcera de la réaliser à Paris.
Ces enfants étaient, évidemment, victimes d'une effroyable mortalité. Il en mourait 5 sur 21 en 1321, 31 sur 41 en 1621, 168 sur 278 en 1710. Mais il en restait beaucoup et en 1762 l'Hôtel-Dieu à la charge de 2 000 enfants.
Par la loi du 11 juillet 1794, la Révolution dépouille tous les établissements, 423 charitables français de leurs biens et par conséquent de leur moyen d'existence en les nationalisant.
A Marseille, les 3 hôpitaux qui subsistent, l'Hôtel-Dieu, la Charité et l'hôpital St-Lazare vont connaître des jours pénibles et la Municipalité devra en prendre la charge. Ce n'est qu'au XIXe siècle que seront construits la Conception et l'hôpital Ste-Marguerite.
Ainsi pour conserver ce joyau historique de Marseille, ce patrimoine proposera un complexe hôtelier de 5 étoiles.
Respecter l’histoire mais se soucier des générations futures, Offrir au plus grand nombre la beauté d’un site mais accueillir des clients exigeants dans une atmosphère feutrée, Répondre aux besoins d’une ville dont le dynamisme accélère sans cesse le développement...
La réhabilitation de l’Hôtel Dieu en hôtel 5* répond à des problématiques complexes. Pour y parvenir, la ville de Marseille a désigné un groupement de sociétés, comprenant pour investisseur, le groupe AXA représenté par AXA Real Estate, pour gestionnaire InterContinental et pour promoteur, Altarea Cogedim. Associés aux architectes et décorateurs, Agence Bechu et Tangram Architectes et Jean-Philippe Nuel, le programme a pu être imaginé et verra le jour fin 2012.
Un nouvel avenir pour le quartier et pour la ville. Situé dans le 2ème arrondissement de Marseille, 6 place Daviel, à proximité immédiate du vieux port, sur le piémont de la colline du Panier, plus ancien quartier de la ville, l’Hôtel-Dieu présente des façades, une toiture, des coursives extérieures et des escaliers monumentaux extérieurs du bâtiment principal bénéficiant d’une inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH).
L’enjeu de la restauration a été d’intégrer et de valoriser ce patrimoine dans la construction de l’hôtel InterContinental, avec la création de bâtiments neufs, d’aménagements extérieurs, de voiries, d’espaces verts et d’un parking.
Le programme hôtelier prévoit 194 clés et toutes les commodités qu’offre un établissement de prestige (spa, parking, restaurants...). La livraison en fin 2012, répond aux attentes touristiques qui ne cessent d’augmenter et qui font écho au fort dynamisme et à l’actualité de Marseille.
Parallèlement aux travaux de l’hôtel, un immeuble neuf de 85 logements, 165 places de parking enterrées et 3 commerces ont vu aussi le jour sur la parcelle située à l’arrière de l’hôtel, donnant sur la rue des Belles Ecuelles, pour une livraison prévue début 2013.
L’InterContinental Marseille s’avère être un vaste projet à multiples facettes, porté par des énergies créatrices, curieuses et ambitieuses. Souci de l’environnement et respect du patrimoine sont les mots d’ordre pour la construction de ce lieu résolument tourné vers l’avenir.
Hôtel DIEU : Première restructuration hôtelière certifiée Haute Qualité Environnementale :
L'Hôtel DIEU s'inscrit comme un projet pilote en France en étant la première restructuration hôtelière faisant l'objet d'une certification Haute Qualité Environnementale (NF HQE).
Faire cohabiter l’histoire et l’avenir dans une démarche de développement durable:
Conserver des monuments protégés, les valoriser et y intégrer la modernité et la technologie dans une démarche de développement durable, tels sont les enjeux de cet extraordinaire chantier. AXA Real Estate et Altarea Cogedim ont souhaité aller plus loin encore, en vue d’obtenir la certification « NF Bâtiments Tertiaires – Démarche HQE!, Hôtellerie ». Cela signifie que l’ensemble du projet est décomposé en 3 phases: programme, conception et réalisation.
Sur le chantier de l’Intercontinental Marseille, tous les moyens financiers, techniques et humains sont mis en œuvre pour parvenir à ce niveau de qualité. 14 cibles sont ainsi prises en compte.
Pour les phases Programme et Conception, les cibles classées Très Performantes sont :
- intégration dans le site (cible1)
- chantier propre (cible 3)
- entretien/maintenance (cible 7)
- confort visuel (cible 10)
- confort olfactif (cible 11)
- qualité de l’eau (cible 14)
Les cibles classées Performantes sont :
- choix des matériaux (cible 2)
- gestion de l’énergie (cible 4)
- gestion des déchets (cible 6)
- qualité de l’air (cible 13)
Au-delà du quartier, c’est toute une ville qui se révèle, forte de son actualité. Capitale Européenne de la Culture en 2013, ville de tourisme et de congrès, Marseille souhaite accompagner son évolution démographique et sociologique, recevoir ses touristes et entrainer ses habitants dans cette dynamique. Parmi les projets, révélateurs de cet élan, nous pouvons citer les Terrasses du Port, le Musée Regards de Provence, le Palais Longchamp, le fort Saint-Jean, la rénovation du Stade Vélodrome ou encore le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée.
L’InterContinental Marseille sera doté de :
- 194 clés dont 15 suites
- une brasserie
- un restaurant gastronomique
- un lounge bar
- un spa enseigne DEEP NATURE de chez Algotherm
- un espace culturel
- une centre de conférences
- une piscine intérieure
- un fitness
- un parking enterré de 54 places
Chiffres clés
Surfaces
23 200 m2 SHON (dont environ 5 000 m2 de bâtiments neufs pour l’hôtel) Environ 7 000 m2 SHON pour le programme logements
InterContinental Marseille, Hôtel
194 chambres, dont 15 suites 1 brasserie 1 restaurant gastronomique 1 lounge bar
1 spa Deep Nature / Algotherm 1 espace culturel 1 centre de conférences 1 piscine intérieure
1 fitness 1 parking enterré
Logements neufs
85 logements 165 places de parking enterrées 3 commerces
Chantier
Certification HQE visée
Entreprise générale : EIFFAGE CONSTRUCTION PROVENCE
Adresse
6, place Daviel - 13002 Marseille (Hôtel) Rue des Belles Ecuelles - 13002 Marseille (Logements)
Calendrier du projet
Obtention des autorisations : entre août 2007 et décembre 2008 Lancement des travaux préparatoires : 14 janvier 2010 Démarrage des travaux : 14 avril 2010 Livraison prévue : fin 2012 pour l’hôtel et janvier 2013 pour les logements